Le purisme est l'affaire des esthètes, pas des politiques
Philippe Delbauvre |
Je ne pensais pas, après avoir écrit un article (1), que les faits allaient si tôt me donner raison. Je ne pouvais pas non plus imaginer que Jorg Haider allait disparaître dans les circonstances que l'on sait, depuis.
Que l'extrême droite autrichienne puisse atteindre 30% des suffrages, voilà qui ne peut que susciter l'admiration et l'envie de ses homologues européennes. Pourtant, la leçon est facile à retenir et elle peut être appliquée partout en Europe. Elle passe par le refus du dogmatisme et par la nécessaire flexibilité des prises de position politique de la mouvance.
Que Voxnr se soit fait une spécialité de l'anticapitalisme, ce n'est pas un fait nouveau. On nous le reproche assez. A tort. La récente et actuelle crise financière nous conforte dans nos prises de position. L'analyse marxienne, dont j'ai déjà fait l'apologie (2), consiste à postuler que, majoritairement, tout n'est qu'affaire de gros sous pour l'électorat. C'est tant vrai que sans une crise grave, qu'elle soit économique ou autre, les nationalistes peuvent historiquement aller se rhabiller. C'est peut être triste mais c'est vrai. Que reste t-il des contestataires en Allemagne entre 1924 et 1930 ? Presque plus rien. Le lecteur peut aller consulter l'histoire, c'est partout pareil. Désolé d'avoir désespéré Billancourt. Je ne suis pas Sartre.
Qu'il y ait des adeptes de la pensée folklorique en Autriche, c'est probable. Totalement déconnectés de la réalité, vivants entre eux, imperméables à toute forme de raisonnement logique, ils sont un fardeau pour la mouvance. C'est justement la raison pour laquelle FPÖ et BZÖ les ont cachés, tels les mongoliens dont on a honte, dans l'arrière cuisine, lors des dernières élections.
Qu'importe à Haider son attachement à l'entrée de la Turquie dans l'Europe. Le bon sens lui fait changer de cap.
Qu'importe à Strache sa célébration de l'Urvolk autrichien, la raison le mène à la défense du pouvoir d'achat.
Et ça marche !
Bien évidemment, ni l'un, ni l'autre n'ont intérieurement changé. Il ne s'agit que d'une adaptation à un système qui a ses règles et qu'on ne peut changer. Vous viendrait-il à l'idée d'utiliser les mains sur un terrain de football au motif que vous êtes un inconditionnel du ballon ovale ?
On peut d'ailleurs noter que nos adversaires ne se privent pas de ce genre de cabriole : ainsi, à titre d'exemple, les autres faisant de même, Delanoé, autoproclamé libéral et socialiste (sic), vient de déclarer vouloir « démolir le libéralisme économique ». Et sans aucune gêne.
Le purisme est l'affaire des esthètes. Pas des politiques.
"Nous n'avons pas davantage d'électeurs d'extrême droite qu'en 2006, quand ils avaient fait 15% ensemble", analysait le politologue Peter Filzmaier à la veille du scrutin. Le succès des formations d'extrême droite tient, selon lui, à "un sentiment négatif de frustration, de méfiance à l'égard de la grande coalition" gauche-droite, au pouvoir entre janvier 2007 et juillet 2008.
"Ils ont su reléguer leur rhétorique xénophobe au second plan au profit des thèmes sociaux, qui sont apparus comme la première des préoccupations des électeurs", analyse le politologue Emmerich Talos, de l'Université de Vienne.
"FPÖ et BZÖ ont aussi su capter le mécontentement vis-à-vis des partis au pouvoir, sans que tous les suffrages en leur faveur ne soient forcément motivés idéologiquement", souligne le politologue Peter Ulram.
Que l'extrême droite autrichienne puisse atteindre 30% des suffrages, voilà qui ne peut que susciter l'admiration et l'envie de ses homologues européennes. Pourtant, la leçon est facile à retenir et elle peut être appliquée partout en Europe. Elle passe par le refus du dogmatisme et par la nécessaire flexibilité des prises de position politique de la mouvance.
Que Voxnr se soit fait une spécialité de l'anticapitalisme, ce n'est pas un fait nouveau. On nous le reproche assez. A tort. La récente et actuelle crise financière nous conforte dans nos prises de position. L'analyse marxienne, dont j'ai déjà fait l'apologie (2), consiste à postuler que, majoritairement, tout n'est qu'affaire de gros sous pour l'électorat. C'est tant vrai que sans une crise grave, qu'elle soit économique ou autre, les nationalistes peuvent historiquement aller se rhabiller. C'est peut être triste mais c'est vrai. Que reste t-il des contestataires en Allemagne entre 1924 et 1930 ? Presque plus rien. Le lecteur peut aller consulter l'histoire, c'est partout pareil. Désolé d'avoir désespéré Billancourt. Je ne suis pas Sartre.
Qu'il y ait des adeptes de la pensée folklorique en Autriche, c'est probable. Totalement déconnectés de la réalité, vivants entre eux, imperméables à toute forme de raisonnement logique, ils sont un fardeau pour la mouvance. C'est justement la raison pour laquelle FPÖ et BZÖ les ont cachés, tels les mongoliens dont on a honte, dans l'arrière cuisine, lors des dernières élections.
Qu'importe à Haider son attachement à l'entrée de la Turquie dans l'Europe. Le bon sens lui fait changer de cap.
Qu'importe à Strache sa célébration de l'Urvolk autrichien, la raison le mène à la défense du pouvoir d'achat.
Et ça marche !
Bien évidemment, ni l'un, ni l'autre n'ont intérieurement changé. Il ne s'agit que d'une adaptation à un système qui a ses règles et qu'on ne peut changer. Vous viendrait-il à l'idée d'utiliser les mains sur un terrain de football au motif que vous êtes un inconditionnel du ballon ovale ?
On peut d'ailleurs noter que nos adversaires ne se privent pas de ce genre de cabriole : ainsi, à titre d'exemple, les autres faisant de même, Delanoé, autoproclamé libéral et socialiste (sic), vient de déclarer vouloir « démolir le libéralisme économique ». Et sans aucune gêne.
Le purisme est l'affaire des esthètes. Pas des politiques.
"Nous n'avons pas davantage d'électeurs d'extrême droite qu'en 2006, quand ils avaient fait 15% ensemble", analysait le politologue Peter Filzmaier à la veille du scrutin. Le succès des formations d'extrême droite tient, selon lui, à "un sentiment négatif de frustration, de méfiance à l'égard de la grande coalition" gauche-droite, au pouvoir entre janvier 2007 et juillet 2008.
"Ils ont su reléguer leur rhétorique xénophobe au second plan au profit des thèmes sociaux, qui sont apparus comme la première des préoccupations des électeurs", analyse le politologue Emmerich Talos, de l'Université de Vienne.
"FPÖ et BZÖ ont aussi su capter le mécontentement vis-à-vis des partis au pouvoir, sans que tous les suffrages en leur faveur ne soient forcément motivés idéologiquement", souligne le politologue Peter Ulram.
notes |
(2) Marxisme et mouvance nationale
Photo : Jorg Haider