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jeudi 9 octobre 2008

Vive la crise

Philippe Delbauvre



Vive la crise
Comme on pouvait s'y attendre, la crise financière qui vient de toucher les Etats Unis m'a réjoui.

Ne serait-ce qu'en raison de la réaction des communistes qui voient bien évidemment dans cet épisode, pourtant très ponctuel, les signes évidents des contradictions intérieures au capitalisme qui lui seront fatales. C'est bien sur une erreur stupide et le gouvernement américain vient de montrer que le libéralisme pouvait faire preuve de souplesse et d'adaptation en cas de nécessité vitale.

Néanmoins, en étant obligé de nationaliser quatre groupes face à une crise financière importante, les libéraux viennent de montrer leur limite. Le soutien massif des foules européennes à ce système économique commence à s'étioler et la peur parallèlement grandit. En nationalisant, les libéraux viennent de payer les frasques des actionnaires avec l'argent des simples contribuables. Outre la nationalisation qui remet en selle l'idée de l'état régulateur, les libéraux commettent aussi une seconde erreur en volant au secours des actionnaires qui sont ravis de l'aubaine et qui n'en espéraient peut être pas tant. La leçon a toute chance d'être retenue et les aggioteurs auraient tort de se priver de ne pas recommencer.

Reste évidemment le peuple qui, à la base, paie les pots cassés comme à l'accoutumé. Si certains cherchent outre atlantique à lui venir en aide, d'autres considèrent que suffisamment a été fait et que pour la majorité, c'est la loi du marché qui doit s'appliquer. Une chose est certaine, c'est que la sacro sainte croissante est aux Etats Unis en berne. C'est une mauvaise nouvelles pour eux ainsi que pour les économies européennes qui n'avaient pas besoin de ça. Moins de croissance en Europe, c'est moins de ressources pour les états qui ne pourront comme il le faudrait effectuer leur rôle de redistributeurs.

Or les Français ont besoin d'aide comme le montre le faible pourcentage de vacanciers cette année. Des Français qui ne peuvent même plus se permettre de faire grève, serrés qu'ils sont, par des crédits à des taux quelquefois vertigineux. C'est justement parce que le budget est calculé au plus juste que les Français sont aussi sensibles à la baisse du pouvoir d'achat. Cela ne se traduit pas pour eux par moins d'épargne mais par la disparition de certaines dépenses. On songe à nouveau aux vacances.

La manifestation au profit de la défense de la poste a ravi les syndicats au motif qu'un postier sur quatre fut gréviste. Objectivement, si la libéralisation est aussi catastrophique qu'ils le disent, il faut bien reconnaître que c'est peu. Malhonnêteté intellectuelle ou inconscience ? Mystère.

En fait je suis persuadé que les Français n'acceptent de se mobiliser que lorsqu'ils ont le couteau sous la gorge. C'est à dire au moment où il est trop tard. Attendre d'être victime d'une délocalisation pour se manifester, c'est l'assurance de perdre son emploi. Accepter dès maintenant la libéralisation d'un secteur, c'est approuver par la suite des licenciements ainsi que l'augmentation des coûts des services.

Peut être que les nationalistes feraient bien autour d'eux de sensibiliser ceux qu'ils rencontrent aux problèmes économiques qui les touchent. Peut être aussi que des campagnes d'information sont nécessaires. Je doute quand même quant à l'efficacité pédagogique exclusive de la démarche parce que je pense les Français inaptes aujourd'hui à la rébellion comme le montre l'actualité où les masses sont passives. Néanmoins, si on commençait à entendre les nationalistes parler d'économie, cela leur donnerait une toute autre crédibilité. Il n'en reste pas moins qu'un jour ou l'autre le seuil de tolérance sera franchi parce que les Français ne pourront plus faire autrement que de se révolter suite à leur propre faillite.

C'est aussi à cela que les nationalistes doivent se préparer au cas où. Il serait en effet catastrophique de laisser l'extrême gauche récupérer un mouvement de contestation majeure au motif que nous aurions laissé de côté la principale source de mécontentement des Français.