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vendredi 23 mai 2008

Jeudi, 22 Mai 2008



Les Français ont-ils bien compris ce qui les attend ?

Philippe Delbauvre


Les Français ont-ils bien compris ce qui les attend  ?
Je ne sais si les manifestants de ce jeudi 22 mai ont pris la peine de potasser le sujet qui les a poussés à se mettre en grève. Les documents ne manquent pas sur la toile, consultables à souhait, non dissimulés, sachant que les organismes financiers spécialisés qui ne sont autres que ceux qui dirigent réellement notre politique dite nationale savent pertinemment que bien peu de Français prennent le temps de s’informer par leur propre soin. Le caractère festif des différentes grèves ne prête pas à sourire et serait même motif d’inquiétude. Les Français ont-ils bien compris ce qui les attend dans un futur proche ?

L’allongement à 41 ans de la durée de cotisation afin de pouvoir bénéficier de sa pension rend obsolète la retraite à 60 ans pour la plupart des jeunes Français de demain. Cela ne serait pas si grave si la vie dans le monde du travail n’avait pas changé : en effet, on sait qu’aujourd’hui le temps accordé à la durée des études a augmenté et que la recherche du premier travail prend du temps. On sait aussi que la précarité économique engendre des périodes de plus en plus importantes de chômage. On sait enfin que passé un certain âge, le retour dans le monde du travail devient illusoire. A quel âge pourra t-on demain, en tenant compte de ces conditions, partir en retraite ?

Evidemment, c’est comme à l’accoutumé une histoire de gros sous qui occasionne des problèmes sociétaux. La France est un pays qui vieillit et qui, phénomène distinct, a beaucoup de retraités. On n’apprendra à personne qu’un retraité perçoit une pension payée par ceux qui travaillent. Ceux là mêmes qui ne sont plus aujourd’hui en nombre suffisant pour financer leurs aînés. C’est la raison pour laquelle les organismes économiques ont déjà planifié un doublement de l’immigration pour les années à venir : un immigré est un atome cotisant et un consommateur (la croissance !!!). On comprendra que c’est la logique économique qui impose ses choix et que dès lors toute réponse strictement politique dans le cadre du système est inadaptée. On comprendra aussi par la même occasion que les campagnes antiracistes ne sont pas la conséquence de nobles idéaux mais une nécessité afin de garantir la stabilité du système économique et social présent.

Question d’argent – donc - qu’il va falloir résoudre puisque désormais il n’est plus temps d’éluder. Lorsqu’un budget est déséquilibré, le remède consiste à majorer les entrées et minorer les sorties ; c’est ainsi que l’on peut augmenter la durée de cotisation nécessaire, diminuer le montant des retraites, accroître l’imposition des actifs.

Il est bien beau de postuler un départ à la retraite tardif sachant que ceux que l’on appelle les seniors sont les premières victimes des licenciements et ne sont embauchés qu’en dernier lorsqu’ils le sont. On comprend le pourquoi à l’incitation au travail – en pure perte – de cette catégorie, de la part du gouvernement. On comprend aussi pourquoi les jeunes sont incités à se professionnaliser au plus vite ainsi qu’à travailler durant leurs études quitte à abandonner les humanités.

La diminution du montant des retraites déjà basses semble impossible au premier regard ( 50 % calculés sur les revenus des 25 dernières années). Pourtant, dans les organismes économiques et financiers on considère qu’une épargne réalisée tout au long de la vie et située à hauteur de 30 % du salaire pourrait fournir une bonne base pour constituer une retraite complémentaire : c’est la porte ouverte pour une baisse des montants des retraites. C’est aussi une envolée au firmament du ridicule. En effet, de plus en plus de ménages sont endettés (avec la bénédiction des gouvernements ravis de les voir consommer) et le phénomène va crescendo. C’est aussi oublier que ces 30 % ponctionnés n’iront pas dans la consommation.

Accroître la pression fiscale c’est nuire à la consommation nécessaire à la croissance.

Le problème semble donc insoluble et il y a fort à parier que se profile à l’horizon la fin des régimes de retraites au profit de la capitalisation.