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jeudi 21 janvier 2010
Réflexions sur le Front national
Par Philippe Delbauvre
Ils sont nombreux à haïr le Front national.
Ne serait-ce que parce qu'ils ne connaissent ce mouvement que par ouïe dire et qu'ils n'ont ainsi pas fait l'effort de se documenter sérieusement. Ceux là changeront parce, les faits étant têtus, ils finiront bien sous la contrainte des évidences par reconnaître que ce qu'avait déclaré sous les huées des méchants Jean Marie le Pen, s'est avéré vérifié, le temps passant.
Et puis, il y a les autres. Ceux qui, dès le départ savaient, et qui ont menti, hurlé avec les hyènes, sali le député combattant. Ceux là savent et sont des professionnels de la politique qui, sans elle, ne seraient d'ailleurs rien. Ils disposent des analyses statistiques, des rapports qui les font appartenir à la frange des Français la plus au fait de la détestable situation dans laquelle se trouve notre pays. Feignant d'ignorer leurs lectures, ils mentent. Encore.
L'extrême gauche et ses coteries, parce qu'elle a davantage combattu le fascisme que le capitalisme, les pauvres des pays communistes en témoignent, n'en pouvait plus d'avoir à se passer, une fois la seconde guerre mondiale terminée et le fascisme enterré, de son faire valoir de prédilection. Qu'importe, le fascisme étant mort, il fut de facto ressuscité sous les traits d'un Front national dont tant les politologues sérieux que Lionel Jospin ont pourtant attesté qu'il n'avait rien de fasciste. Qu'importe, puisque l'important n'était, on l'aura compris, pas de combattre un fascisme depuis longtemps décédé, mais de passer aux yeux de l'opinion publique comme les défenseurs d'une liberté pourtant aucunement menacée. Ridiculisée par ses multiples expériences historiques au pouvoir, l'extrême gauche préfère s'attaquer mollement au capitalisme omniprésent et durement à un fascisme qui n'existe pas.
Mais après tout, si ce n'est la désinformation, qui n'est pas au demeurant une politique de gouvernance, l'extrême gauche n'est pour rien ou si peu dans la détestable situation qui est celle dans laquelle la France s'enlise. Tel n'est pas le cas en ce qui concerne tant la droite que la gauche pour utiliser une terminologie aujourd'hui désuète. Parce qu'en effet, le temps de la bipartition opérée en vertu de socles idéologiques bien distincts est révolu. Les Français le savent très bien, eux qui finissent par reconnaître que quel que soit le vainqueur de l'élection, la politique poursuivie reste la même. Auparavant c'était par le moyen de la cohabitation, passage obligé en raison des résultats, que gauche et droite travaillaient ensemble. Aujourd'hui, on s'en va ponctionner dans le capital humain de l'autre certaines individualités, ravies de l'aubaine. Et dans ce beau monde, personne n'y trouve à redire puisque c'est l'intérêt de tous de se serrer les coudes. Nul ne doute que si la gauche gagne en 2012, on verra au sein du gouvernement de gauche des hommes de droite.
A quoi bon dans ces conditions voter à « gauche » ou à « droite » ?
Comment ne pas voir l'aspect révoltant de la nomination du socialiste (sic) Strauss Kahn au Fmi (sic) ?
Qui peut encore croire au distinguo gauche/droite ?
Ce système, faussement bicéphale, est appelé au Front national, le système Umps. Ni la gauche, ni la droite ne sont aujourd'hui aptes à conduire une politique alternative à celle que nous connaissons. Que vous votiez pour l'une ou pour l'autre, et vous le savez, ne changera fondamentalement rien. Faire un choix entre les deux dans ces conditions, c'est toujours donner un satisfecit au gouvernement en place et ce, quelle que soit sa couleur. Autrement exprimé, les combats politiques bien réels auxquels nous assistons ne concernent plus les idées (ah! 1981) mais les places et avantages liés.
Dans ces conditions, on comprendra parfaitement pourquoi gauche et droite tirent à boulets rouges sur un Front National dont le seul tort est d'être patriote: il n'y a pas d'arrangements possibles, de combinaisons possibles, mais surtout en cas de victoire du Front national c'est une toute autre politique qui serait menée qui, de facto mettrait fin au Système faussement démocratique dans lequel nous vivons.
Au demeurant, quand bien même les hommes du système Umps voudraient changer le cap qu'ils ne le pourraient pas: les contraintes internationales du capitalisme mondial auquel ils adhèrent les rivent au fauteuil des orthodoxies économiques. N'est ce pas si souvent que Bruxelles sermonne ? Les emplois que l'on nous dit perdus ne sont-ils pas en réalité déplacés à l'étranger ?
Il va de soi que si je n'ai pas évoqué les écologistes c'est parce que ce n'est qu'une courroie de transmission du parti socialiste. Bien évidemment, l'Ump a, elle aussi, ses réseaux et son mouvement écologiste. C'est bien ce que j'avais exprimé plus haut en évoquant l'équivalence de ces deux blocs qui, en réalité, n'en font qu'un. Bien évidemment les combats auxquels prennent part les écologistes sont musclés: mais c'est pour les places.
Rien de fondamental ne distingue un écologiste d'un Ump même si la base l'ignore.
Le Front national a aussi d'autres ennemis qui le calomnient et qui n'ont pas encore été mentionnés. Ils sont le plus souvent situés tant à gauche qu'à droite du Front national.
La partie droite est composée majoritairement d'individus d'ailleurs peu connus qui se situent sur la voie, quand ils n'y sont pas, de la marginalisation. Ils reprochent au Front national une modération un peu comme à l'autre extrémité on lui fait grief d'extrémisme. Dans les deux cas, c'est ridicule et les deux critiques s'annulent.
On peut considérer qu'ils sont irrécupérables et d'ailleurs personnes n'en veut.
La partie gauche, quant à elle, dispose de moyens bien plus importants. La raison en est que de par son attitude qui vise à faire éclater le Front national, son positionnement intéresse l'Ump comme le Ps qui verraient d'un très bon oeil la fin du Front national. Ils sont reconnaissables par leur engagement régionaliste extrême (appuyé en cela par l'Union européenne) et par leur islamophobie irrationnelle (appuyé en cela par le Nouvel ordre mondial – choc des civilisations). Comme on le voit, même si leur engagement semble sincère, dans les faits cela se traduit par une force d'appoint au mondialisme ambiant.
Cette mouvance, pleine de bonnes intentions tout autant que de bêtises, prône la disparition du Front national afin de refaire du neuf (eux en l'occurrence). C'est ignorer que le Système Umps a accepté la montée du Front national en espérant l'instrumentaliser. A tort comme les événements l'ont montré. Et une fois le Front national disparu, le Système relancerait un autre mouvement déviant ? Qui ponctionnerait l'électorat de gauche et de droite ? C'est tout bonnement ridicule.
Et l'homme de la rue me demanderez vous ?
Il s'instruit en regardant les journaux télévisés ainsi que les documentaires. Il ne sait malheureusement pas que dans les deux cas, les dés sont pipés et que c'est le plus souvent de désinformation dont il s'agit. Quelquefois il a la chance de rencontrer un électeur, un sympathisant un militant du Front national avec qui il peut échanger et entendre ainsi un autre son de cloche.
Il arrive aussi que l'on traite un sujet à la télévision que notre homme connait (son métier, sa ville,...), ce qui lui permet de se rendre compte que dans ce cas bien précis, on lui ment.
Au demeurant, il n'est pas dupe s'il est honnête: il se rend bien compte de la différence de traitement dont font l'objet les représentants du Front National lorsqu'ils se rendent sur les plateaux de télévision. Il perçoit, même s'il en ignore les mécanismes, que c'est par centaines de milliers que des emplois viennent récemment d'être fauchés. Il voit que la France est ce quelle n'était pas à savoir plurielle, que l'on dort de plus en plus nombreux dehors, que la délinquance est - capitalisme ou pas – un fait.
Il a peut être déjà voté Front national; compte tenu de la situation, il a toutes les raisons de le refaire.