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jeudi 3 décembre 2009
Retour sur une grève déjà oubliée
Par Philippe Delbauvre
Le mardi 24 novembre fut l'objet d'une grève, tant dans l'éducation nationale que dans les services de la poste. Parce que les estimations du pourcentage de grévistes oscillent selon les sources, il n'est possible de donner qu'une approximation de son suivi qui se situerait alors à peu près à hauteur de 20%, soit un salarié sur cinq. Dès lors, il est dès lors peut être souhaitable de s'interroger sur les raisons de ce que l'on peut considérer comme un échec en terme de participation.
Il semblerait que contrairement aux années 1970, période durant laquelle le déclenchement d'une grève, y compris pour un motif mineur, pouvait avoir un succès d'ampleur de prime abord surprenant, qu'aujourd'hui il ne faille nécessairement un projet gouvernemental majeur concernant une catégorie prise dans son ensemble afin de permettre une mobilisation de masse. On ne fait donc plus guère comme autrefois la grève volontiers, celle ci pratiquée naguère non sans quelquefois un certain plaisir. Celle ci est désormais vécue comme une contrainte, considérée comme une charge par la majorité des salariés.
Il n'est pas impossible non plus qu'entre fonctionnaires dépendant d'un même ministère, la solidarité au sein de ce corps ne joue plus à plein comme naguère. C'est ainsi, que pour prendre un exemple ayant trait à l'actualité, qu'une réforme de l'histoire n'entrainera plus systématiquement de réflexes de sympathie de la part des enseignants en mathématiques. Les gouvernements peuvent donc en toute quiétude jouer sur l'individualisme ambiant pour voir torpillées le aspirations des salariés.
On doit également prendre en considération le déclin du nombre de syndiqués en France, ce qui à nouveau pose le problème de l'individualisme puisque chacun s'estime apte à se déterminer seul et à se positionner ainsi, quitte bien évidemment à se trouver, justement parce que seul, démuni alors que la dynamique de groupe s'imposerait.
Il est également plus que probable que les grèves, sachant qu'elles coutent de l'argent à ceux qui la pratiquent, ne peuvent qu'être impopulaires y compris lorsqu'on les souhaiterait. En effet, le noeud coulissant du crédit auquel nombre de nos concitoyens ont par trop recours, oblige coûte que coûte les salariés à se rendre bon gré mal gré sur leur lieu de travail quand bien même pour une raison ou pour une autre, ils ne le souhaiteraient pas. Les salariés sont désormais tenus par l'argent qui aujourd'hui se fait rare et en tirent les conséquences dans le domaine des luttes sises dans le monde du travail.
Il m'apparait également que les syndicats, comme d'ailleurs toutes les structures encadrantes (Eglise, parti, etc.) souffrent désormais d'un relatif désintérêt au sein d'un peuple plongé dans une civilisation hédoniste et individualiste.
Il faut aussi ajouter que ces structures syndicales, à plusieurs reprises, se sont déconsidérées aux yeux de beaucoup de salariés, soit de par leur politisation excessive, soit en raison de leurs compromissions avec le pouvoir en place, toutes couleurs confondues.
Dans ce conditions, il est à craindre qu'il ne faille attendre un autre krach financier pour qu'à nouveau on puisse voir fleurir comme naguère des drapeaux, cette fois ci contestataires, dans nos rues.