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mercredi 27 avril 2011

Du débat organisé par l'ump sur la laïcité

Le débat organisé voici une quinzaine de jours au sujet de la laïcité a fait un flop suite à l’absence de nombreux élus estampillés UMP qui voulurent, en raison de désaccords internes non dénués d’intérêts, prendre leur distance avec Jean François Copé.

Les propositions annoncées (1) sont conformes au bon sens et méritent en conséquence l’approbation. Le problème ne réside donc pas là, mais plutôt dans la mise en pratique, ainsi que dans la volonté réelle de les voir être appliquées. Or, l’attente que l’on a d’un gouvernement ne réside pas dans l’énoncé de promesses, mais bien dans leurs concrétisations.

Chacun a pu constater que ce débat n’arrivait pas par hasard. Il va de soi que le gouvernement a, par l’intermédiaire de la publication de nombreux sondages indiquant une forte poussée du Front National, pris conscience du danger que ce mouvement commençait à constituer. Non seulement Nicolas Sarkozy a perdu les voix qu’il avait ponctionnées au Front en 2007, mais, de surcroît, il semble que nombre d’électeurs anciennement UMP ont pris désormais fait et cause pour Marine le Pen : ce débat n’était donc pas désintéressé.

Il n’a pas échappé non plus au lecteur conscient que ce débat censé poser le problème de la laïcité n’était en fait qu’une attaque en règle contre l’islam et, en conséquence, à l’encontre des Arabes, puisque nombre de Français considèrent ces deux notions comme interchangeables. Là encore, la volonté de ne pas laisser au Front National le champ libre est manifeste.

Si les gouvernements d’hier et d’aujourd’hui ont plaidé en faveur de l’immigration pour des raisons majoritairement économiques quoiqu’ils puissent en dire, ils ne souhaitent pas pour autant voir les spécificités des nouveaux arrivés préservées. C’est ainsi que l’on veut bien des Arabes et/ou des Musulmans à condition, bien sûr, que ceux ci cessent, ne serait-ce que dans leur accoutrement d’être arabes et/ou musulmans. Bien évidemment, c’est une illusion que d’avoir cru que tous les Arabo-Musulmans quitteraient tous leurs traditions diverses. S’il ne faut pas mésestimer le nombre d’Arabo-Musulmans formatés par la postmodernité, on ne doit pas non plus ignorer, même si elles sont minoritaires au sein de cette communauté, les revendications en termes de pratique religieuse ou le port d’accoutrements qui, à l’évidence, n’ont rien de français ou d’européen.

Les gouvernements se trouvent désormais confrontés à des problèmes qu’ils n’avaient pas prévus, à savoir, par exemple, les communautarismes linguistiques, religieux ou ethniques. À titre d’exemple, il est bien difficile pour un gouvernement d’un pays laïc de faire construire un lieu de culte à l’usage des Musulmans. Mais il n’est pas plus aisé d’accepter que des rues entières servent de lieu de prières...

Le danger majeur est celui de la société plurielle telle qu’elle existe aux États-Unis et que nous copions de plus en plus tant en terme d’économie, de melting pot ainsi que de positionnement géopolitique. Ne pas se reconnaître dans les choix fondamentaux de la France de ces dernières décennies, c’est tout simplement faire des États-Unis l’ennemi principal, l’anti-modèle à combattre. A ce sujet, ils sont malheureusement peu nombreux, ceux qui, pointant les dysfonctionnements de notre société, remontent jusqu’à la source américaine. L’Arabo-Musulman fait un bon bouc émissaire et évite de faire le nécessaire travail intellectuel qui, pourtant, s’impose.

Je n’ai jamais considéré, parce que j’ai une bonne connaissance tant livresque qu’empirique du monde arabo-musulman, que leurs représentants avaient pour objet, en s’installant en France, d’islamiser notre pays ou de le conquérir via la pression démographique. Il s’agit là d’un phantasme, d’une explication qui se veut rationnelle, mais dont le seul objet est de masquer une peur qu’engendre la prise de conscience de l’altérité. Et la diminution de la pratique religieuse et la diminution de la natalité chez les arabo-musulmans constituent un fait marquant, bien connu des sociologues des religions. Il ne s’agit d’ailleurs pas d’une spécificité française, puisque le même phénomène appert aussi dans les pays d’Afrique du Nord, qui muent à grande vitesse. Ceux qui ne le savent pas fréquentent trop les meetings et manifestations et pas assez les bibliothèques...

Philippe Delbauvre.

(1) http://www.liberation.fr/politiques/01012329790-cope-presente-26-propositions-sur-la-laicite-avant-le-debat-de-l-ump


http://sebastien.derouen.over-blog.com/article-islamisation-fantasmes-et-realite-ou-ce-qu-il-faut-penser-du-debat-sur-la-laicite-de-l-ump-et-du-flop-qu-il-a-connu-72361806.html