Franck Buleux
S’interroger sur le président Emmanuel Macron est naturel, n’est-il pas celui qui trace le destin national pendant, au moins, une mandature quinquennale ?
Trois mois après son investiture, j’ai souhaité rappeler ce que pensait alors le député-maire du Havre, loin d’être Premier ministre, du candidat En marche ! Emmanuel Macron. En effet, il est intéressant, pour tester la cohésion (à terme) du couple représentant l’exécutif français, de rappeler l’estime portée par Édouard Philippe à l’homme, certes seulement candidat, qui le nommera Premier ministre dès la victoire de mai 2017.
Pour ce – politiquement – proche d’Alain Juppé, à la barbe bien taillée, qui pratique la boxe (sport interdit par la Fédération sportive lorsque l’on porte un système pileux développé, mais passons sur ce sujet épineux…), le candidat issu du gouvernement de Manuel Valls n’a ni le charisme de Kennedy, ni les principes moraux de Pierre Mendès-France.
Non, pour l’ancien élu normand aujourd’hui au sommet de l’exécutif bicaméral, Macron ressemble à Macron ou, plus précisément, à Naevius Sutorius Macro, dit Macron. Ce Macron (né en 21 avant J.-C. et mort en 38) était préfet – haut fonctionnaire – devenu, à la suite d’une révolution de palais, le conseiller de l’empereur Tibère. Certains historiens indiquent que ce dévoué Macron finit par étouffer Tibère.
Le successeur de Tibère, Caligula, qui avait une relation intime avec l’épouse de Macron, finit par pousser le couple au suicide. Ce qui fut fait.
Dans un article écrit pour le quotidien Libération le 19 janvier 2017, soit avant la révélation de l’affaire qui plomba la candidature du « candidat de la droite et du centre », Édouard Philippe rappelle malicieusement cette antique histoire tout en indiquant (pour se dédouaner ?) qu’il ne « souhaite cela ni à son homonyme ni à Brigitte ». Oui, Édouard Philippe appelle l’épouse du futur Président par son seul prénom, sans doute pour réduire la portée de ce personnage à son prénom. On n’oserait pas écrire machisme…
Sans souhaiter la bunkerisation du couple Macron et le suicide comme expression finale d’une volonté politique fondée sur la trahison, Édouard Philippe, doux maire de la ville normande la plus peuplée, n’hésite pas à évoquer cette méthode de fin de vie.
Rappelons que le livre Suicide, mode d’emploi écrit par Claude Guillon et Yves le Bonniec, paru en 1982 aux éditions Alain Moreau, fut interdit à la vente en France pour « incitation au suicide ». Mais Édouard Philippe, dont le jeunisme est un atout déclaré, n’était même pas encore, à cette époque, militant chez les jeunes (sic) rocardiens.
Macron, le nôtre, est, pour son futur collaborateur, l’expression du populisme patricien. Et Dieu sait que le terme « populisme » est chargé d’une énergie on ne peut plus négative. Heureusement que le sectateur Philippe ajoute que le candidat Macron plaît « à ceux qui n’aiment ni Fillon, ni Le Pen ». C’est probablement le cas de ce juppéiste, partisan du « ni, ni » (ni Fillon, ni Le Pen), mais le 19 janvier dernier, il n’en a pas encore conscience. L’homme de Sablé est encore favori. Ce choix se concrétisera après l’affaire dite Pénélope. Comme quoi l’esprit ne vient pas toujours si rapidement aux « bien nés ».
Pour l’héritier d’Antoine Rufenacht, ancien directeur de campagne de Jacques Chirac en 1995 et « tombeur » des communistes au Havre la même année, Emmanuel Macron « n’assume rien mais promet tout »… Laissons-lui la paternité de ce message et abstenons-nous de le commenter.
Pour le sage du Havre, le candidat Macron est le « promoteur des autocars », à la fois « juvénile » et « cynique ». Quel portrait !
Heureusement que notre futur Premier ministre étale sa culture de l’Antiquité romaine pour nous rappeler que la traduction latine « En marche ! » est ambulans.
Depuis, Édouard Philippe, pourfendeur du « banquier technocrate » (je le cite toujours…) est monté dedans. À grandes enjambées…
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