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dimanche 21 août 2005

L'isf et la solidarité...

Dimanche, 21 Août 2005
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L'isf et la solidarité...

Philippe Delbauvre

Politique
Ah, l'impôt de solidarité sur la fortune: quelle expression évocatrice ! Et quelle alliance de mots. Impôt/solidarité/fortune. Bizarre quand même. Résumons le problème politique puisqu'un l'esquisse d'un choix semble se dessiner.

Faut t-il considérer que les fortunés doivent faire preuve de solidarité ou bien doit t-on devenir solidaires des fortunés ? Quels malheureux doit t-on choisir ?

On hésite au gouvernement entre différentes ... solidarités dont certaines sont liées à une certaine parentèle et d'autres à des choix plus politiciens. En clair, ne nous y trompons pas, ce n'est pas un problème se solidarité au sens habituel du terme et encore moins une histoire de pauvreté, on l'aura compris.

Pour être soumis à ce prélèvement, il suffit de posséder au moins 732 000 euros, soit comme l'on dit dans notre terroir 500 patates. Je ne les ai pas. Vous non plus probablement. Les malfaisants pour reprendre un terme d'Audiard vont aussitôt clamer que seule la jalousie peut m'avoir contraint à aborder ce problème en ayant le point de vue qui est le mien. Que nenni ! Si l'étalage de la richesse de manière délibérée m'a toujours révolté ne serait ce que pour des questions de pudeur, j'ai toujours su qu'il existait des gens qui avaient du bien et que c'était comme cela dans l'ordre naturel des choses. Il y a en moi un vieux fond paysan qui invoque le fatum antique. Et puis l'argent, voyez vous, c'est d'un vulgaire, la preuve en est que tout le monde en veut. Et c'est bien là le problème, qui certes ne date pas d'aujourd'hui mais qui prend aujourd'hui une forme qui s'apparente au paroxysme. Dans une société de l'honneur, il faut être honorable. Et bien évidemment dans une société de consommation, il faut de l'argent. « Autres temps, autres moeurs » faisait remarquer quelqu'un depuis quelque temps décédé. L'argent est donc devenu LA valeur, quoique ayant un prix le terme est inapropprié.

J'ai menti. Par omission. Si vous disposez de 731 000 euros et de deux Picasso, vous n'êtes pas astreint à l'ISF. Idem si vous disposez d'une collection de voitures italiennes datant de l'après guerre. Les oeuvres d'art et les objets de collection ne sont pas taxés. On comprend que l'ISF touche si peu. L'investissement dans l'art permet d'échapper au supplice. La flagellation du bourgeois dans notre contrée s'effectue à l'aide d'une plume.

Alors des experts (comme Friedmann, prix nobel d'économie qui dans un autre domaine déclarait que l'euro ne se ferait jamais) vous expliquent les catastrophes que produisent cette ponction. A titre d'exemple, que des français normaux dont le patrimoine a augmenté simplement en raison du boom immobilier (qu'ils devaient condamner, comme chacun peut s'en douter), sont désormais soumis très injustement au supplice désormais. Vous en connaissez beaucoup des français normaux à 500 patates ? Il faut croire que c'est courant. Des experts vous dis je !

Autre conséquence, la fuite à l'étranger. On s'établit dans certains lieux de prédilection où la fiscalité est à moindre pression. Globalement c'est rare. Ceux qui se trouvent en haut de l'échelle ont l'ISF indolore (je précise que les 732 000 euros, c'est la version cosette chez les riches), quant à ceux qui se trouvent en bas (500 patates), leur statut ne les pousse pas à partir, la marge de manoeuvre étant trop étroite. Encore et toujours, donc, on nous raconte des bêtises. Intéressées évidemment.