.

.

dimanche 11 février 2007

Le peuple sent la puanteur du mensonge

Samedi, 10 Février 2007


Le peuple sent la puanteur du mensonge

Philippe Delbauvre

Politique
Le peuple sent la puanteur du mensonge
Il existe un décalage flagrant entre les idées que les français finissent par avoir dans la tête à force de matraquages médiatiques répétés malgré un point de vue initial objectif, et la réalité telle qu’elle est.

Le fléau qui est présent dans tous les esprits est celui du chômage qui reste un des problèmes majeurs de notre époque. Le français ne va pour autant pas consulter les sites officiels où l’on publie des statistiques comme l’insee, l’ofce, l’ocde ou le bit. Intuitivement pour lui les choses ne s’arrangent pas avec le temps. A l’inverse le gouvernement, chiffres à l’appui, ne cesse de se réjouir du succès de sa politique dont la conséquence serait le retour à l’emploi. Contradiction donc entre l’intuition populaire et la cérébralisation des élites. Las, on ne va pas s’en réjouir, l’étude détaillée des chiffres vient de montrer que la situation ne s’arrange pas du tout et qu’aux chiffres les spécialistes faisaient dire n’importe quoi. Le jeu, consistant à déplacer de réels chômeurs d’une catégorie à une autre, d’alimenter artificiellement l’offre de travail par des stages pour la forme en période électorale, ou à radier pour des motifs douteux, s’il influe sur les statistiques ne modifie pas la donne.

Le peuple sent la puanteur du mensonge.

Nicolas Sarkozy est un ministre de l’intérieur exceptionnel aimant ses subordonnés et aimés d’eux. Il a fait sa politique pour eux, grâce à eux et avec eux et c’est pourquoi règne l’entente cordiale entre tous les fonctionnaires de ce ministère, en tenue ou pas. Cela explique les exceptionnels résultats obtenus dans le domaine de la lutte contre la délinquance. Pourtant, malgré les chiffres auquels le français ne semble pas accorder crédit, la criminalité est perçue à la base au mieux comme non enrayée au pis comme ascendante. Ici encore et premier point de surprise les dernières élections syndicales ont permis de constater que la police n’était pas derrière son ministre et qu’elle avait plutôt énoncer un désaveu à son encontre : ce n’est absolument pas ce que l’on nous avait fait entendre mais son contraire. De même, d’autres analyses statistiques mais cette fois ci non officielles, traduisent une poussée de la délinquance que l’on a nous avait dits éradiquée. Il n’y a rien de surprenant au phénomène puisque, si les plaintes déposées dans les commissariats constituent une indication, en aucune façon elles ne sont décisives quant au jugement final à porter sachant que cela fait belle lurette que nombre de français ont renoncé à aller se plaindre pour des délits qu’ils jugent désormais mineurs parce que devenus courants : à quoi bon porter plainte pour un portefeuille volé s’il n’y a pas de carte bancaire à l’intérieur ?

Le peuple sent la puanteur du mensonge.

L’affaire d’Outreau comme à une autre époque l’affaire Gregory a mobilisé les attentions journalistiques, politiques et populaires. Journaux papiers ou télévisés, presse sérieuse ou à scandale, commentateurs d’un jour ou experts de toujours, tout et tous furent mobilisés pour la grande cause. Et au final que d’erreurs de la justice, quelle incapacité dans les enquêtes policières avaient été commises. En conséquence, la justice allait être profondément remaniée, réformée voire révolutionnée. Visiblement dans le plus grand silence puisque cette affaire d’état dans l’état ne fait pas l’ombre d’un commentaire dans la campagne électorale. Le français sait très bien que davantage de répressions il doit y avoir tout comme il sait que les conditions de vie dans les prisons relèvent de la plus grande barbarie. Il dit depuis longtemps qu’il existe une justice à deux vitesses et il sait l’absence de débat sur cette réforme alors que l’échéance approche.

Le peuple sent la puanteur du mensonge.

« De mon temps, quand j’étais jeune, on allait à certains endroits de la rivière où on y pêchait des écrevisses. On y voyait beaucoup de poissons parce que l’eau était claire sans que l’on ait besoin ni d’en rajouter ni de construire des stations d’épuration. »

En ce qui me concerne, les écrevisses n’existaient déjà plus le poisson assez rare ne pouvait plus se voir et il nous fallait faire de longues ballades pour s’en aller quérir dans certains petits étangs salamandres et tritons que nous élevions, une fois capturés, chez nous.

N’importe quel homme du terroir, enraciné dans son milieu naturel, a vu l’évolution et depuis fort longtemps. La disparition ou la prolifération de certaines espèces se constatent sans chiffres. Pourtant et très longtemps le silence fut de rigueur. Evidemment, tremblante de la vache ou du mouton, épidémie aviaire montraient que les choses n’allaient plus. On énonce alors que c’est factuel, conjoncturel, ponctuel. Pourtant, devant l’urgence on se décide à alarmer au niveau mondial ceux qui justement savaient et qui pour tout remerciement se voient désormais gratifiés d’une taxe écologique. On reconnaît chez les élites qu’il n’est pas normal que la banquise fonde, que les animaux n’hibernent plus, que certaines plantes fleurissent en janvier, que la pollution urbaine cause plus de cancers que le tabac (pas encore avoué), que certains animaux marins sont désormais présents sur notre littoral alors qu’on ne les avait jamais vuS. Comme si ils ne le savaient pas !

Le peuple sent la puanteur du mensonge.

L’abbé Pierre est mort sans pouvoir résoudre le problème dont il avait fait la clef de voûte de sa vie. Parce que chrétien catholique cohérent, il s’était abstenu de toute forme de violences, raison probable de son échec. Sa mort fut l’occasion d’un hommage des mêmes élites. Quelques semaines auparavant le gouvernement s’était décidé à intervenir et à agir efficacement sans doute parce que cette fois ci la situation était gravissime pour les sdf. Je ne connais que mal la terminologie des élites mais à l’évidence, c’était ‘grave de grave de chez grave’ ce qui explique le déclenchement du plan grand froid par exemple. Le français n’a pas compris parce qu’il sait que cela fait longtemps qu’il y a des sdf, que l’hiver est cette année assez doux et que deux degrés en dessous de zéro n’est pas pour lui susceptible d’être qualifié de grand froid. Il sait surtout que nous sommes en campagne électorale et que cela explique bien des choses.

Le peuple sent la puanteur du mensonge.

Les experts ont unanimement reconnu que le président de la république avait fait une effroyable bourde - elles semblent naître en hiver – en indiquant que si l’Iran disposait de la bombe nucléaire ce ne serait pas une catastrophe puisque si les perses souhaitaient l’utiliser à l’encontre d’Israel, le missile à peine parti, un contre tir israélien serait immédiatement déclenché rasant Téhéran. Le français à l’origine assez décontenancé par l’advenue de cette nouvelle arme a très vite compris que les pays qui en disposaient n’étaient jamais attaqués et n’attaquaient jamais ceux qui la possédaient. Il a très bien compris que l’arme nucléaire a été un gage de paix. En revanche, il n’a pas du tout compris pourquoi cette déclaration dont il partage le fond a été rectifiée ni pourquoi elle a été autant condamnée.

Le peuple sent la puanteur du mensonge.

J’écris après avoir lu l’article de Philippe Randa situé ci dessous consacré à Bhl. Voici un penseur qui a choisi, comme beaucoup d’experts, Sartre contre Aron alors que le français préférait le second au premier. Evidemment le français a choisi celui qui écrivait lisiblement et qui avait raison à celui qui utilisait un langage alambiqué et qui avait tort, Billancourt ou pas. Bhl c’est aussi la gauche marxisante dont le français n’a jamais voulu. C’est également aujourd’hui un reconverti au libéralisme, idéologie dont le français ne veut pas davantage. Peut être parce que le français rejette les théories fumeuses, élaboration des élites, toujours conçues aux dépends du peuple mais en se réclamant de lui tout en étant présentées comme propices à satisfaire ses intérêts.