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jeudi 1 février 2007

Il fût un temps où l’on scandait : « Votez pavé »

Mercredi, 31 Janvier 2007


Il fût un temps où l’on scandait : « Votez pavé »

Philippe Delbauvre

Politique
Il fût un temps où l’on scandait : «  Votez pavé »
Je ne suis pas satisfait de la tournure que prend l’actuelle élection présidentielle et je pense être malheureusement un des rares dans ce cas et pour certaines raisons, ce qui nécessite une explication.

Les renseignements généraux constituent une police politique que bien évidemment personne n’appelle ainsi. Dans un autre domaine et pour effectuer un parallèle on appelle dommage collatéral ce qu’est une bombe égarée tombant sur une maternité. L’important, on l’aura compris, est de sauvegarder la forme. En ce qui me concerne j’appelle un chat, un chat, et je me réjouis que des spécialistes, quand bien même un jour sans bienséance ils viendraient à ma porte (ce qui pourrait arriver un jour ou l’autre), se préoccupent de la nécessaire surveillance du monde politique mais aussi des hommes disposant de responsabilités à l’échelle locale ou nationale. Ainsi, quand bien même je n’aime pas le ministre de l’intérieur, je trouve tout à fait normal que les fréquentations des différents candidats soient cosignées dans des rapports. Normal, parce que cela a toujours été le cas et le sera très probablement toujours. C’est particulièrement stupide de le nier et si le Français savait à quel point il peut être fiché ou filmé, ne serait ce que par sa banque ou d’autres organismes, il en serait sidéré.

Il est cependant tout aussi pertinent de souligner à quel point la détention d’un poste ministériel durant une campagne peut nuire à l’intérêt national. Que des députés udf rejoignent Nicolas Sarkozy voilà qui justifie le pessimisme quant à la nature humaine mais que dans le même temps des ministres, dont on est en droit d’exiger qu’ils le soient et qui ne soient que cela, préparent leur avenir en supputant telle ou telle victoire c’est de l’abus de pouvoir dont sont victimes et l’Etat et les Français. Voir par exemple le comportement du centriste Robien, ministre de l’éducation nationale, chargé de marquer le candidat Bayrou à la culotte, alors qu’il a mieux à faire puisque à l’évidence le feu couve sur lequel la gauche actuellement mal en point à tout intérêt à souffler.

Il faut également tordre le cou à cette idée que le président de la république sait tout. C’est une opinion certes fort répandue mais totalement fausse. Le président préside, ce qui signifie qu’il se trouve à la tête du conseil des ministres lui même dirigé par le premier d’entre eux. Les ministres ne sont en aucun cas des spécialistes de leur ministère avec pour simple justification le fait qu’ils changent de ministère à chaque remaniement. A l’image des chefs d’entreprise d’importance ce ne sont que des managers. Ils s’entourent, tout comme le fait le président de la république, de spécialistes, d’experts qui prodiguent les conseils sur une question donnée. Au final, après écoute des points de vue, le président comme le ministre tranche. Vous aurez bien évidemment compris que je fais référence aux fameux sous marins dont Ségolène Royal avait minoré le nombre. On fait tout un battage de cette histoire qui n’aurait pas même du être relevée. Plus grave, j’ai l’intime conviction que c’est une fois élu, lorsque la passation des pouvoirs est effectuée, c’est à dire lorsque les accords secrets et les compromissions internationales sont dévoilés que le nouveau président connaît le dessous des cartes que nous ne faisons vous et moi que subodorer.

Voilà qui me rappelle la campagne électorale de celui que Maître Verges appelle ‘le plus grand criminel de la planète’ à savoir George W Bush qui ne savait pas le nom de tel ou tel chef d’état. Cela n’était certes pas sans créer un effet comique mais depuis le clown est devenu un spécialiste de la tuerie de masse et docteur ès torture. Si le projet était d’étendre l’influence américaine dans le monde alors on peut considérer que malgré sa crasse ignorance il y est parvenu mieux que personne. Une campagne électorale n’est pas ‘Questions pour un champion’ qui n’est qu’une émission de savoir et non de culture où n’importe quel ordinateur remporterait la palme. Un président a le droit aux documents et est autre chose qu’un récitateur.

Pourtant, entre la taille du gnome et les seins très Poitou Charente (la vache !), entre l’imitateur faussement naïf vraiment engagé et les relevés d’adn sur le scooter, force est de constater qu’une fois de plus on s’américanise et jusque dans la campagne. Que nous importent les rapports du CSA puisqu’il ne dispose d’aucun pouvoir et que les media n’ont, une fois de plus, ouvert leurs portes qu’à deux candidats pré-sélectionnés. La vocation des autres n’est que de donner une crédibilité démocratique à un modèle qui au vu des chiffres ne respecte pas l’équité. Dans les régimes communistes aussi il y avait plusieurs candidats parmi lesquels on pouvait choisir : tous communistes évidemment. Où se trouve la différence ? Le droit de s’exprimer ne constitue pas une référence puisqu’on en tient guère compte comme va le montrer le retour au traité constitutionnel via le parlement.

Alors tous ces cancans de campagne sont devenus nécessaires parce que plus rien d’essentiel ne sépare les deux candidats élus par les media. On ne peut parler ni de politique, ni d’économie parce que l’accord est tacite. Etant donné qu’il est impossible de se démarquer sur les sujets essentiels, preuve qu’il n’y aura pas de rupture et que les malheurs perdureront, on recourt à la petite phrase qui n’est plus un simple artifice comme alors mais qui fait désormais office de programme à part entière.

Il fût un temps où l’on scandait : « votez pavé »