Mardi, 10 Juillet 2007 |
Dénonçons le parti unique aux deux facettes !
Philippe Delbauvre | Politique |
Il est devenu habituel d'assister après chaque élection présidentielle à des ralliements, au profit du vainqueur du moment, de femmes ou d'hommes engagés auparavant dans un parti ou un syndicat alors qu'ils étaient à l'origine issus des rangs du camp adverse. Tout en sachant que les raisons permettant d'expliquer ce phénomène ne manquent guère, force est de constater, dès lors où l'on ne souhaite énoncer que les deux principales, que doivent être alors mentionnés d'une part l'intérêt personnel fréquemment imagé par la formule « aller à la soupe » et d'autre part le sentiment de se croire indispensable au bien public : dans les deux cas, et chacun en conviendra, c'est d'égocentrisme dont il s'agit.
Ce qui choque dans le cas présent, c'est à dire suite à la dernière consultation électorale, ce n'est pas tant le ralliement à ce que l'on appelle couramment la droite de nombre de personnalités dites de gauche mais plutôt son ampleur. Cette dernière présente d'ailleurs deux facettes : si elle est le fait d'un nombre anormalement élevé de figures politiques, elle l'est aussi en raison de la valeur emblématique de certains des recrutés.
L'exemple le plus révélateur est celui de Bernard Kouchner, fondateur de l'association « médecins sans frontières », qui fut déjà ministre dans le passé et bien sur sous la gauche, et qui, ne l'oublions pas, avait fait montre de ses ambitions pour la magistrature suprême lors des toutes dernières présidentielles. Voilà qui n'est pas rien.Hubert védrine, qui vient d'être chargé de mission, dispose lui aussi d'un curriculum vitae assez élogieux. Et lui aussi est un homme estampillé à gauche de longue date.Jean Marie Bockel, quant à lui, vient de la gauche profonde (Ceres) et fut secrétaire d'état et ministre voici plus de vingt ans. Quelqu'un qui, même s'il n'est pas par trop connu du grand public, fut donc aussi un homme d'importance au sein du parti socialiste.En ce qui concerne Jack Lang, il apparaît déplacé de présenter l'homme tant il est connu de la France entière. Là encore, il s'agit d'un mandarin, issu de la partie gauche du terroir de gauche au sein du parti socialiste. S'il n'a pas encore été nommé, il semblerait toutefois qu'il est actuellement « approché » en vue d'une mission quelconque. C'est lui aussi un ancien candidat à la candidature lors des dernières présidentielles.Voilà qui clôt la partie consacrée aux recrues de choix en terme de symbole.
Le constat n'est pas anodin.
Il existe également une autre catégorie de ralliés dont les éléments, s'ils ne bénéficient pas de la même expérience politique ni de la même notoriété que ceux que nous venons de passer en revue, suscitent suite à leur choix de cheminer avec la droite, l'étonnement en raison de leurs engagements passés.
C'est le cas de Martin Hirsch qui est avant tout lié aux yeux du grand public à l'association Emmaüs symbolisant l'engagement chrétien de gauche. Que le président d'une telle structure aille travailler avec l'actuel gouvernement ne peut que laisser songeur ; l'homme n'est d'ailleurs pas qu'un boutiquier pour pauvres puisque disposant d'expériences dans les allées du pouvoir comme directeur de cabinet ou comme conseiller.Fadela Amara a gravité dans l'orbite d'associations comme « ni putes ni soumises », la « fédération nationale des maisons des potes » et« sos racisme » qui sont toutes les trois solidement et dès l'origine, enracinées à gauche.Malek Boutih est lui aussi issu du même terroir mais n'aurait été pour l'instant qu'approché.
Ces deux dernières personnalités, anciens opposants résolus à la politique du karcher, peuvent être considérées comme la caution des néo Français à l'actuel pouvoir et sont d'autant plus utiles qu'ils viennent de la dite gauche qui, comme chacun se doit de le savoir puisqu'on ne cesse de nous le faire entendre, est une bénédiction pour les populations issues de l'immigration. Une gauche qui malgré ses multiples majorités à l'assemblée n'a pas trouver le moyen de diversifier les composantes ethniques ou confessionnelles de l'enceinte. Les principaux concernés devraient en prendre acte.
Jean-Pierre Jouyet est lui un haut fonctionnaire, spécialiste de l'économie, connu pour sa science du capitalisme, ce qui l'a peut être poussé à prôner un rapprochement avec François Bayrou suite à l'appel des Gracques.Éric Besson , pour clore l'énumération, dispose d'un profil similaire mais se trouve en plus élu doublement et avec le label socialiste comme maire et comme député.
Il ne s'agit plus de quelques fantassins isolés, passés à l'ennemi pour bénéficier des avantages de la victoire, mais d'une véritable hémorragie que la simple ambition personnelle ne peut plus à elle seule expliquer. Alors ?
Cela fait bien longtemps qu'ici nous affirmons, quitte à ne pas être compris ou entendu, que la bipartition gauche/droite n'existe plus. Ce que l'on avait appelé en 1982 la pause, n'a pas cessé d'être prolongée depuis. Ce que l'on appelle aujourd'hui au parti socialiste la refondation qui serait selon ses cadres nécessaire, n'est pas l'acceptation du système libéral - c'est fait depuis longtemps - mais l'aveu de celle ci. Il s'agit donc pour la gauche de reconnaître qu'elle n'est pas une alternative mais une équipe de remplacement qui alternera au gré des suffrages. Si nombre de Français pensent encore que le clivage traditionnel reste pertinent, les politiques quant à eux savent très bien que la donne a changé. Ces ralliés ne sont donc pas des traîtres à la Cause mais vont agir au sein de ce gouvernement comme ils l'auraient fait si la gauche avait été élue. Ce que Nicolas Sarkozy appelle l'ouverture, ce n'est pas l'advenue d'un courant de gauche au sein de sa majorité, mais l'arrivée de personnalités issues de la gauche partageant ses convictions qui sont libérales : ce n'est pas la même chose. Détail révélateur, la position à l'égard d'Israel a fait choisir Bernard Kouchner plutôt qu'Hubert Védrine pour le Quai d'Orsay, pourtant l'un comme l'autre issus de la gauche, justement parce qu'il y avait là une différence essentielle quant à la conception de la politique étrangère.
On est donc en train de s'acheminer vers un système non politique où pour exercer le pouvoir, deux formations vont s'affronter de manière non idéologique puisque les programmes seront approximativement les mêmes, quoique que l'on fera d'un côté comme de l'autre absolument tout pour les différencier afin de rester crédible aux yeux de l'électeur.
Dénonçons le parti unique aux deux facettes !
Ce qui choque dans le cas présent, c'est à dire suite à la dernière consultation électorale, ce n'est pas tant le ralliement à ce que l'on appelle couramment la droite de nombre de personnalités dites de gauche mais plutôt son ampleur. Cette dernière présente d'ailleurs deux facettes : si elle est le fait d'un nombre anormalement élevé de figures politiques, elle l'est aussi en raison de la valeur emblématique de certains des recrutés.
L'exemple le plus révélateur est celui de Bernard Kouchner, fondateur de l'association « médecins sans frontières », qui fut déjà ministre dans le passé et bien sur sous la gauche, et qui, ne l'oublions pas, avait fait montre de ses ambitions pour la magistrature suprême lors des toutes dernières présidentielles. Voilà qui n'est pas rien.Hubert védrine, qui vient d'être chargé de mission, dispose lui aussi d'un curriculum vitae assez élogieux. Et lui aussi est un homme estampillé à gauche de longue date.Jean Marie Bockel, quant à lui, vient de la gauche profonde (Ceres) et fut secrétaire d'état et ministre voici plus de vingt ans. Quelqu'un qui, même s'il n'est pas par trop connu du grand public, fut donc aussi un homme d'importance au sein du parti socialiste.En ce qui concerne Jack Lang, il apparaît déplacé de présenter l'homme tant il est connu de la France entière. Là encore, il s'agit d'un mandarin, issu de la partie gauche du terroir de gauche au sein du parti socialiste. S'il n'a pas encore été nommé, il semblerait toutefois qu'il est actuellement « approché » en vue d'une mission quelconque. C'est lui aussi un ancien candidat à la candidature lors des dernières présidentielles.Voilà qui clôt la partie consacrée aux recrues de choix en terme de symbole.
Le constat n'est pas anodin.
Il existe également une autre catégorie de ralliés dont les éléments, s'ils ne bénéficient pas de la même expérience politique ni de la même notoriété que ceux que nous venons de passer en revue, suscitent suite à leur choix de cheminer avec la droite, l'étonnement en raison de leurs engagements passés.
C'est le cas de Martin Hirsch qui est avant tout lié aux yeux du grand public à l'association Emmaüs symbolisant l'engagement chrétien de gauche. Que le président d'une telle structure aille travailler avec l'actuel gouvernement ne peut que laisser songeur ; l'homme n'est d'ailleurs pas qu'un boutiquier pour pauvres puisque disposant d'expériences dans les allées du pouvoir comme directeur de cabinet ou comme conseiller.Fadela Amara a gravité dans l'orbite d'associations comme « ni putes ni soumises », la « fédération nationale des maisons des potes » et« sos racisme » qui sont toutes les trois solidement et dès l'origine, enracinées à gauche.Malek Boutih est lui aussi issu du même terroir mais n'aurait été pour l'instant qu'approché.
Ces deux dernières personnalités, anciens opposants résolus à la politique du karcher, peuvent être considérées comme la caution des néo Français à l'actuel pouvoir et sont d'autant plus utiles qu'ils viennent de la dite gauche qui, comme chacun se doit de le savoir puisqu'on ne cesse de nous le faire entendre, est une bénédiction pour les populations issues de l'immigration. Une gauche qui malgré ses multiples majorités à l'assemblée n'a pas trouver le moyen de diversifier les composantes ethniques ou confessionnelles de l'enceinte. Les principaux concernés devraient en prendre acte.
Jean-Pierre Jouyet est lui un haut fonctionnaire, spécialiste de l'économie, connu pour sa science du capitalisme, ce qui l'a peut être poussé à prôner un rapprochement avec François Bayrou suite à l'appel des Gracques.Éric Besson , pour clore l'énumération, dispose d'un profil similaire mais se trouve en plus élu doublement et avec le label socialiste comme maire et comme député.
Il ne s'agit plus de quelques fantassins isolés, passés à l'ennemi pour bénéficier des avantages de la victoire, mais d'une véritable hémorragie que la simple ambition personnelle ne peut plus à elle seule expliquer. Alors ?
Cela fait bien longtemps qu'ici nous affirmons, quitte à ne pas être compris ou entendu, que la bipartition gauche/droite n'existe plus. Ce que l'on avait appelé en 1982 la pause, n'a pas cessé d'être prolongée depuis. Ce que l'on appelle aujourd'hui au parti socialiste la refondation qui serait selon ses cadres nécessaire, n'est pas l'acceptation du système libéral - c'est fait depuis longtemps - mais l'aveu de celle ci. Il s'agit donc pour la gauche de reconnaître qu'elle n'est pas une alternative mais une équipe de remplacement qui alternera au gré des suffrages. Si nombre de Français pensent encore que le clivage traditionnel reste pertinent, les politiques quant à eux savent très bien que la donne a changé. Ces ralliés ne sont donc pas des traîtres à la Cause mais vont agir au sein de ce gouvernement comme ils l'auraient fait si la gauche avait été élue. Ce que Nicolas Sarkozy appelle l'ouverture, ce n'est pas l'advenue d'un courant de gauche au sein de sa majorité, mais l'arrivée de personnalités issues de la gauche partageant ses convictions qui sont libérales : ce n'est pas la même chose. Détail révélateur, la position à l'égard d'Israel a fait choisir Bernard Kouchner plutôt qu'Hubert Védrine pour le Quai d'Orsay, pourtant l'un comme l'autre issus de la gauche, justement parce qu'il y avait là une différence essentielle quant à la conception de la politique étrangère.
On est donc en train de s'acheminer vers un système non politique où pour exercer le pouvoir, deux formations vont s'affronter de manière non idéologique puisque les programmes seront approximativement les mêmes, quoique que l'on fera d'un côté comme de l'autre absolument tout pour les différencier afin de rester crédible aux yeux de l'électeur.
Dénonçons le parti unique aux deux facettes !