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jeudi 11 octobre 2007

Des heures en plus

Jeudi, 11 Octobre 2007



Des heures en plus

Philippe Delbauvre

Politique

Des heures en plus
Il n’est pas certain que le gouvernement ait été bien inspiré en légiférant dans le domaine du monde du travail au sujet des heures supplémentaires. Comme à l’accoutumé on cherche, tout en maintenant dans la mesure du possible les salaires au plus bas, à stimuler la consommation de manière indirecte, de façon à favoriser l’offre d’emplois. Salaires impérativement fixés, il ne restait donc plus qu’à inciter à travailler davantage afin de gagner plus pour stimuler la consommation. Ainsi, même si les ressources – pour ceux qui bénéficieront de la loi – augmenteront, il ne s’agit pas d’une augmentation de salaire avec tout ce qu’elle aurait pu apporter.

Les mécanismes de l’économie étant retords, la loi va se traduire par des effets pervers qui semblent en haut lieu ne pas avoir été perçus. C’est le cas par exemple en ce qui concerne l’équilibrage entre l’augmentation des heures supplémentaires de 10 à 25 % et l’exonération des charges sociales. C’est ainsi que ce sont les grandes entreprises qui bénéficieront des aspects positifs de la mesure alors que les petites seront, elles, pénalisées. Voilà qui est assez paradoxal puisque chacun sait que ce sont les petites qui se créent le plus et qui embauchent alors que ce sont les grandes qui licencient et qui délocalisent. On peut décemment s’interroger s’il s’agit ici d’une volonté délibérée ou d’une méconnaissance à Bercy où on ne manque pourtant pas d’experts. On peut aussi imaginer que ces heures supplémentaires majorées permettent à l’entreprise de ne pas augmenter les salaires, la direction arguant d’une augmentation générale des revenus.

Rien ne permet d’affirmer que ces heures supplémentaires relanceront l’activité économique comme on semble le postuler. En effet, afin d’effectuer ce surplus, il est nécessaire qu’il y ait travail, qui justement, lui, fait défaut. Si dans certains secteurs où il y a pénurie de main d’œuvre, cette loi peut être dans certains cas une chance, dans d’autres elle restera sans effets. Il faut également ajouter que plus d’un salarié sur trois effectue déjà des heures supplémentaires, ce qui limite d’autant la marge de manœuvre.

Une chose est certaine, c’est que cette loi coûte d’ores et déjà cher alors que les résultats n’ont que peu de chance d’être probants. Rien n’indique, en conséquence, qu’elle ne disparaîtra pas dans un délai assez court ou que le cadeau accordé soit compensé, suite à son inefficacité, par un nouvel impôt sous forme de taxe ou équivalent.


Article publié sur http://www.voxnr.com/