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mercredi 3 octobre 2007

Un nouveau décalogue

Mercredi, 3 Octobre 2007



Un nouveau décalogue

Philippe Delbauvre

Politique
Le phénomène a pris une telle ampleur que le syndicat des familles a, en Italie, jugé bon d’établir un nouveau décalogue – terme révélateur de l’ampleur de la crise - consacré au sujet et que voici :

1- La télévision n'est pas un appareil électroménager comme les autres : il faut l'utiliser à petites doses.
2- L'homme (et sa famille) ne vit pas que de T V.
3- Ne pas parquer ses enfants devant le téléviseur ; ils ont besoin d'adultes avec qui apprendre à juger ce qu'ils voient.
4- La télécommande devrait être utilisée seulement par les infirmes : changer de canal à tout bout de champ empêche de réfléchir sur ce qu'on voit.
5. La stupidité et le mauvais goût restent tels sur l'écran de télévision : ce sont des marchandises à refuser.
6. La publicité télévisée est presque toujours fascinante mais pas souvent respectueuse des valeurs de la famille ; elle vous fait désirer la vie d'autres gens (ou bien celle que la famille ne peut se permettre).
7. La télévision ne doit pas tuer la lecture et la conversation.
8. Si la famille s'ennuie, ne pas penser d'abord à allumer la télévision ; la maison et le monde sont riches de moyens de passer le temps avec joie.
9. Les anciens, muets devant le téléviseur allumé, ne communiquent plus aux jeunes leur richesse d'expériences..
10. Rappelle-toi que derrière l'écran de télévision, il peut toujours y avoir quelqu'un qui a décidé de te faire penser comme lui.

Il est peut être judicieux de rappeler ici que Patrick le Lay, pdg de Tf1, avait jugé bon de déclarer en 2004 et sans aucune gêne que le métier de TF1 c'est d'aider Coca-Cola à vendre son produit et que "Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible".

Or si nous passons 3h30 en moyenne devant le petit écran par jour et en considérant que l’espérance de vie est approximativement de 72 ans, on peut alors en déduire que c’est 7x72/48 c’est à dire plus de 10 ans que nous passons en moyenne durant notre existence dans la position du spectateur, le plus souvent gobeur.

Justement, voilà qui explique la progressive disparition de la table de la salle à manger dans les maisons anglaises et américaines puisque chacun mange bien souvent de la nourriture malsaine, seul et désormais dès son retour, qui du sport, qui du travail, et bien évidemment dans le canapé devant la télé.

Les conséquences sont évidemment nombreuses et il est pratiquement impossible de toutes les énumérer.

1/ La dislocation de la famille au premier chef et ce pour de multiples raisons.
- Les repas pris en commun sont de moins en moins nombreux.
- Le silence est souvent de rigueur lorsque le petit écran est allumé.
- La présence de plusieurs postes au sein d’une même maison facilite l’isolement physique et la multiplicité des chaînes l’isolement intellectuel.
2/ Les enfants sont astreints à se comporter en adultes en se trouvant obliger de gérer leur temps en fonction des leur utilisation du petit écran. Réciproquement, les adultes s’ébahissent devant des programmes bien souvent conçus pour des enfants ou des adolescents. (Exemple pris au domaine internétique, la fascination pour les émoticônes animés chez les plus de 40 ans relève de la thérapie).
3/ Le recul du sens relationnel puisque la lucarne met entre parenthèses les nécessaires apprentissages du dialogue.
4/ La modification mais aussi l’appauvrissement du vocabulaire.
5/ La perte de l’esprit critique.
6/ Le formatage puisque les produits publicisés, les émissions de divertissement et les informations sont souvent élaborés par les mêmes groupes financiers.
7/ L’assiduité au petit écran favorise la surcharge pondérale.

Liste que je vous laisse compléter.

Evidemment, beaucoup énoncent que s’ils ont la télévision, ils ne la regardent pas. Ou si peu. Juste pour les informations et les documentaires. Or toutes les statistiques montrent le contraire. Autre refrain, la télévision allumée n’aurait pour seul objet que de maintenir une présence. Il s’agit dans ce domaine de mauvaise fois caractérisée.

Pourtant l’Eglise s’était inquiétée et donc à juste titre.

L’encyclique de Pie XII « miranda prorsus » confirmée par la lettre apostolique motu proprio « Boni Pastoris » de Jean XXIII témoignaient de l’inquiétude de la hiérarchie catholique face au phénomène qui allait crescendo.
C’est ainsi que :

« Parmi les techniques appartenant à cette dernière catégorie, le cinéma, la radio, et la télévision ont pris, à notre époque, un développement extraordinaire.

Motifs qu’a l’Eglise de s’y intéresser.

A peine furent-elles mises en œuvre que l'Église les reçut non seulement avec une joie particulière, mais aussi avec la prudence vigilante d'une Mère, afin de protéger de tout péril ses fils engagés sur la voie du progrès.

Cette sollicitude dérive de la mission même que lui a confiée le Divin Rédempteur, car les techniques nouvelles ont, comme il est clair, une puissante influence sur la manière de penser et d'agir des individus et des communautés. » (Miranda prorsus 1957)

Mais aussi : « Nous avons en outre volontiers admis en Notre présence les diverses catégories professionnelles du monde du cinéma, de la radio et de la télévision afin de leur exprimer Notre admiration pour les progrès étonnants de ces arts dont ils sont les promoteurs, pour leur rappeler leurs responsabilités, relever les mérites, prévenir les dangers dans lesquels ils peuvent aisément tomber, indiquer l'idéal élevé qui doit éclairer leur esprit et gouverner leur volonté. » miranda prorsus 1957

« Sensible aux graves problèmes posés par ces techniques audiovisuelles de diffusion, si puissantes sur les esprits, dans le domaine de la moralité publique, de la propagation des idées et de l'éducation de la jeunesse, Nous désirons faire Nôtres et confirmer les exhortations et les dispositions de Notre même Prédécesseur et contribuer à faire de ces moyens que la divine Bonté a mis à la disposition des hommes des instruments de bien.

Personne n'ignore en effet les grands possibilités que le cinéma, la radio et la télévision offrent pour la diffusion d'une plus haute culture, d'un art digne de son nom et surtout de la vérité. » (Boni Pastoris 1959)

« Nous devons toutefois déplorer avec tristesse les périls et les dommages moraux provoqués assez souvent par des spectacles cinématographiques et des transmissions de radio et de télévision qui attentent à la morale chrétienne et à la dignité même de l'homme.

Nous adressons donc à chacun des responsables de ces productions ou transmissions Notre paternel et pressant avertissement à suivre toujours les impératifs d'une conscience droite et délicate, comme il convient à qui est investi d'une mission très grave d'éducation. » (Boni Pastoris 1959)

Inquiétudes au point de créer une Commission Pontificale spécialisée.

Aujourd’hui, c’est à dire un demi siècle plus tard, qui avait raison ?


Artile publié sur http://www.voxnr.com


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