Par Philippe DELBAUVRE
On
sait le suicide de Dominique Venner. Son acte se suffit à lui même.
Cependant, ce serait lui faire offense que de ne pas exploiter, dans
les délais les plus brefs, son sacrifice. Ce geste prémédité et
volontairement obscène (1), a dynamité l'enceinte sirupeuse bâtie
par les tenants du Système, media en tête. Puisque légalement, il
ne pouvait plus, comme nous tous , dire depuis longtemps, Dominique
Venner a décidé de faire. Et c'est tout le ciel rose que l'on nous
impose au quotidien, villages à la Potemkine nous signifiant notre
bonheur obligatoire, tapissés de mièvrerie imbécile, qui s'est
hier déchiré.
Dans
une société où très rapidement une information chasse l'autre, où
l'on s'efforce de prohiber la mémoire au motif d'une vie végétative
vécue au jour le jour, l'acte, quand bien même exceptionnel,
disparaît rapidement des souvenances et des écrans. Dominique
Venner n'a rien, par son geste, terminé. Au contraire, il est
nécessaire de bien comprendre que son souhait était d'écrire un
préambule, prélude à une renaissance. Ne rentrons donc pas, de
grâce, dans le monde du culte ou de la glorification: ce serait
cette fois ci réellement le tuer et l'enterrer.
Il
a allumé la mèche; soyons la poudre !
- Obscène: Étymologie et Histoire: 1534 «qui révolte la pudeur (paroles, livres)» (A. Milesius, Fantastiques batailles des grands rois Rodilardus et Croacus, l. I, chap.5, p.35).Pudeur: 1673 « retenue qui empêche de manifester ses sentiments, ses idées » (Boileau, Epîtres, III, 5 ds Œuvres, éd. F. Escal, p. 110: Si toûjours dans leur ame [des Protestants] une pudeur rebelle, Prests d'embrasser l'Eglise, au Presche les rappelle).