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mardi 4 juin 2013

"O Liberté, que de crimes commis en ton nom !"

Par Philippe Delbauvre                                                          Le 4 juin 2013


O Liberté, que de crimes commis en ton nom !
 
 
Une commission du parlement européen vient de se prononcer la semaine dernière - J'écris en date du mardi 4 juin 2013 - pour la levée de l'immunité parlementaire de Marine le Pen. Il ne s'agit pour l'instant officiellement que d'une recommandation (sourire) et la décision finale (re-sourire) interviendra le 11 juin. C'est le parquet de Lyon qui avait ouvert une en quête préliminaire suite à une plainte du Mrap (re-re sourire).

Je souhaite étudier le fait dans cet article. En profondeur, et comme vous allez le constater, en rappelant certains principes essentiels conforme au Droit, à l'Honnêteté et à la Liberté.

La liberté est un concept philosophique qui pose bien des soucis à ceux qui l'abordent. Certains y croient (1), d'autres la postulent (2) et certains la nient (3). Je pense que pour ma part, si l'idée de la liberté de l'homme flatte notre ego (Spinoza), elle ne me semble pas moins erronée: trop de déterminismes extérieurs à l'homme s'imposent à lui pour qu'il puisse être considéré comme libre. A la limite, comme c'est le cas pour certains jeux de rôles, il faudrait, avant même le début de la partie, c'est à dire de la vie, choisir les qualités ainsi que les défaut de notre propre personnage. C'est la raison pour laquelle je pense, à titre personnel, que la marge de manœuvre de l'homme est assez restreinte.

Sans aucun doute, le type de société dans lequel on vit permet plus ou moins de libertés pour un individu. Ainsi, et ce de façon à illustrer mon propos, il n'y a pas si longtemps, par exemple une trentaine d'années, les journalistes étaient assez politisés. D'où les charrettes de journalistes nommés ou répudiés suite à un positionnement politique jugé douteux par le nouveau gouvernement en place. Jean Offredo, par exemple, présentateur du journal de soirée de Tf1 à partir de la fin de l'année 1983, doit majoritairement sa nomination au fait que le gouvernement de l'époque en chute libre dans les sondages, se devait de se recentrer; voilà qui explique la promotion de ce journaliste qui dans les faits constituait un clin d'oeil aux chrétiens de gauche qui étaient assez modérés.

Aujourd'hui, la situation a changé: les journalistes ne sont plus comme naguère communistes, socialistes, libéraux ou gaullistes mais adhèrent à ce que l'on a coutume d'appeler entre nous «Le Système», c'est à dire les fondements politico-économiques de la structure en place (rappelons au passage que les quatre principaux candidats lors des élections présidentielles de 1981 proposaient quatre modèles de société différentes alors qu'aujourd'hui Coppé, Fillon, Boloo, Bayrou et Hollande sont sur la même ligne). Cette absence d'adhésion des journalistes à un parti présente un avantage aussi bien pour les journalistes que pour les politiques. Au sujet des premiers, ils n'ont plus rien à craindre d'une alternance politique; pour les seconds, ils savent que les premiers ne les embarrasseront pas et déclameront «la voix de son maître» (4). Est-il au demeurant sain en matière de liberté que le président de la république choisisse les journalistes qui vont le questionner ? Bien évidemment, tout cela constitue une restriction de la liberté puisque les media ne sont plus le quatrième pouvoir qui a vocation à dire le vrai:

«Tout pouvoir sans contrôle rend fou.» Alain.

En France aujourd'hui, s'il y a en matière de télévision pluralité des chaînes, l'information transmise aux Français est uniforme. Bien évidemment, il y a là carence en matière de pluralité d'expression et donc de libertés. Il y a désormais tant de chaînes disponibles que tous les grands partis – une dizaine – devraient en avoir une. Quant aux chaînes actuellement existantes, il suffit de connaître qui les finance pour savoir qu'elles n'ont pas vocation à être objectives. Quant aux comportements des journalistes avec les hommes politiques, ils sont assez révélateurs. Qui méconnaît par exemple, la différence d'attitude des journalistes, selon que la personne présente sur le plateau de télévision soit du Front National ou pas ? Même les personnalités interrogées qui sont d'extrême gauche, dont certaines d'entre elles n'hésitent pas à vanter les mérites d'Action Directe, structure terroriste, ne bénéficient pas d'un tel traitement et sont plaisamment interrogées:

Le Front National, parce que français, est haï.

Dans de telles conditions, la liberté qui suppose l'information objective, n'est plus. Les lecteurs de Voxnr sont déjà conscients depuis bien longtemps de cette carence (5). Bien sur, on ne vous empêchera pas de vous teindre les cheveux en rouge et d'avoir sur le visage une trentaine de tatouages et de piercings. Celui qui se travestit ainsi, croyant faire preuve de rébellion se trompe: le gouvernement n'est nullement atteint par ce type de déguisement....

Nous sommes libres dans la France d'aujourd'hui, que si nos pensées, paroles et comportements apparaissent inoffensifs au pouvoir en place.

A contrario, il est des prises de position qui constituent pour la structure en place un casus belli. Et on trouve de nombreux exemples: ainsi la loi Fabius-Gayssot qui postule par exemple que certains sujets historiques N'ONT PAS LE DROIT d'être débattus, les politiques se substituant aux historiens déclarés incompétents dans leur propre discipline; ainsi le referendum concernant le traité de Lisbonne dont le résultat fut, dans les faits, annulé. Ainsi l'interdiction d'appartenir à une race – la volonté de diriger des êtres transparents ? - puisque le terme « race » est désormais interdit dans la constitution par une assemblée presque exclusivement... blanche. Moi qui suis profondément admiratif devant blancs, arabes, noirs et asiatiques, je suis outré du fait du racisme de l'actuel gouvernement, avec les complicités de l'opposition, niant aux différentes catégories précitées leur droit à avoir une couleur de peau; ainsi, l'interdiction d'ouvrages à la vente ainsi qu'à l'exposition, de certains ouvrages. Ainsi, puisque journalistes et politiques font cause commune, l'absence d'émissions où seraient interrogés ceux qui contestent la version officielle – si celle-ci est vraie, certaines lois de la physique sont fausses ! - des attentats du 11 septembre 2001. Ainsi l'obligation de porter un casque pour les utilisateurs de deux roues. Sans casque, en cas d'accident, les frais médicaux sont plus importants: est-ce la pression effectuée par assurances et mutuelles, incarnant le monde de l'argent, c'est à dire la clef de voûte du Système ? Et qu'on ne vienne pas me répondre que «c'est pour notre bien»: si tel était le cas, pourquoi alors accepter la surpopulation carcérale, les récurrents viols en prison, l'absence de toit pour de nombreux Français, les carences quantitatives dont souffrent de nombreux enfants, etc ?) .

On constate qu'il existe donc un profond décalage entre ce que le Système prétend être, et ce qu'il est réellement. Si les gouvernements n'ont de cesse de rappeler démocratie, droits de l'homme et libertés, c'est peut être parce que: 1/ ça n'est pas si flagrant que ça (il ne me viendrait pas à l'idée d'aller répétant que l'eau mouille). 2/ Il ne faudrait absolument pas que les Français en viennent à douter. Evidemment, les tenants du Système vous répondront que c'est vraiment pour le bien des Français:

«Toujours parler paix, toujours penser guerre.» Napoléon.

« L'esclavage prend de graves proportions lorsqu'on lui accorde de ressembler à la liberté. » Ernst Jünger.

« La liberté ne peut être que toute la liberté ; un morceau de liberté n'est pas la liberté. » Stirner.

On ne s'étonnera donc pas (6) que madame Taubira s'en prenne à Marine le Pen sur un terrain d'ailleurs non français et même anti-français (c'est aussi le cas pour tous les pays d'europe qui sont dans leur essence, menacés) qui est celui du parlement européen. Bien sur, si c'était Marine le Pen qui avait agressé madame Taubira, on aurait alors crié au racisme... Faut-il rappeler qu'une levée d'immunité parlementaire présuppose une présomption de culpabilité ? En effet, si on ne considère pas que le parlementaire est présumé coupable, on ne lèvera pas son immunité...

C'est au motif d'un dépôt de plainte concernant l'incitation à la haine raciale que Marine le Pen serait poursuivie parce que la présidente du Front national avait comparé en décembre 2010 les prières de rues musulmanes à l'Occupation. A moins d'être raciste, on ne peut assimiler l'islam qui est une religion à une race:

Des musulmans, il en est de toutes les couleurs.

Quant à la comparaison, elle doit être considérée en tant que telle et il est judicieux de se référer au dictionnaire intitulé couramment «Le Littré» (7). Avouons que le terme de comparaison nous apparaît après la lecture du dictionnaire comme bien flou. Je puis moi aussi madame Taubira, comparer le plaisir que j'ai à faire pipi (comme cela fait du bien quand on en a réellement envie !) avec celui éprouvé à l'écoute d'une cantate de Bach (Un délice !). N'allez pas croire Madame, que j'aille faire pipi dans le lecteur dvd ou que la musique du divin musicien émane du fond de la cuvette des toilettes... En aucun cas, comparer ne signifie mettre un signe d'égalité:

Il ne viendrait à l'idée de personne de comparer un structure avec elle même.

Par définition donc, on ne peut comparer que deux structures différentes.

Exit du même coup le motif de la plainte !

Qui peut croire que madame Taubira l'ignore ? On peut donc en déduire, madame Taubira étant saine d'esprit à l'évidence, que le motif du dépôt de plainte ainsi que de la levée de l'immunité parlementaire est tout autre. On en revient donc à la notion de procès d'intention. Alexandre Zinoviev ainsi que d'autres dissidents soviétiques ont écrit dans leurs ouvrages que dans le cadre du système totalitaire soviétique, il fallait, non pas que le pouvoir en place prouve la culpabilité d'une personne mais que c'était à celle-ci de prouver qu'il n'était pas coupable des accusations portées par le Pouvoir. Moi qui de coutume insiste sur le rôle majeur de l'Etat, je me demande objectivement, s'il est bien sain que dans le cadre d'un différend entre un représentant gouvernemental, surtout ministre de la justice, et une personne humaine, de recourir à la justice dont les acteurs sont rémunérés par le gouvernement et dont fait partie, en plus l'accusatrice. N'est ce pas là un cas flagrant de conflit d'intérêt ?

Assurément, l'objet de la plainte n'a nullement pour but de défendre la communauté musulmane, celle-ci étant suffisamment dénigrée par nombre des séries télévisées issues d'outre atlantique qui inondent nos écrans dans lesquelles les américains sont les bons, les méchants étant arabes et/ou musulmans (il y aurait matière à écrire un ouvrage comparant l'actuel système gouvernemental et la défunte Urss). Ce, avec l'accord tacite des différents gouvernements qui se sont succédé depuis des lustres. Ces séries, à fort contenu propagandiste, sont islamophobes et arabophobes.

Le but de la manœuvre est tout simplement de FLINGUER l'étoile montante dans le paysage politique français qu'est Marine le Pen dont on sait par l'intermédiaire des politologues qu'elle ratisse de plus en plus large, ce au profit de tous, y compris des musulmans français. On en revient donc à la première partie de cet article dont la longueur n'était pas le fait du hasard où j'y exprimais que la liberté dont nous jouissions dans la France d'aujourd'hui était tout à fait relative. On a bien compris que les Français avaient le droit de voter sur le segment qui s'étend de l'Ump jusqu'au parti socialiste inclus mais surtout pas pour le Front National. Souvenez vous du tabac (10%) qu'ont fait les trotskistes lors de la présidentielle 2002. Le gouvernement était, probablement via les renseignements généraux, conscient de cette montée en puissance. C'est la période où fut orchestrée, aussi bien la campagne à l'encontre d'Olivier Besancennot au motif de son supposé antisémitisme (il en a pleuré sur un plateau de télévision) que celle mise en place contre Arlette Laguiller, la structure «Lutte ouvrière » étant postulée comme secte....

« O Liberté, que de crimes commis en ton nom ! ». (9)
 
Notes:

1 - «Il y a deux types d'hommes, ceux qui croient et ceux qui raisonnent.» Diderot.

2 - Sartre par exemple, vante, non sans «mauvaise foi», la liberté absolue de l'homme. (Ironiquement, l'idée de «mauvaise foi» est un concept sartrien.).

3 - Pour prendre deux exemples, Spinoza (Lire l'éthique - Folio essais -) ou Schopenhauer (Lire l'essai sur le libre-arbitre - Rivages poche -).

5 - Le sujet a déjà été développé à de nombreuses reprises, la dernière fois ici: http://www.voxnr.com/cc/politique/EFyZplFFylVgEQJbpb.shtml

7 - Alexandre Zinoviev (1922, 2006): dissident soviétique dont je conseille vivement la lecture et dont les titres de ses ouvrages sont révélateurs: partie de plaisir et informations objectives sont assurés: Les Hauteurs béantes, L'Âge d'Homme (1976) L'Avenir radieux, L'Âge d'Homme (1978), L'Antichambre du paradis, L'Âge d'Homme (1979) Notes d'un veilleur de nuit, L'Âge d'Homme (1979) Sans illusions, L'Âge d'Homme (1979) Cette fiction dite scientifique in Univers (anthologie périodique) n°17, ed J'ai Ju, 1979 (ISBN : 978-2-277-11958-6) Nous et l'Occident, L'Âge d'Homme (1981) Le Communisme comme réalité, L'Âge d'Homme (1981) Homo sovieticus, L'Âge d'Homme (1982) La Maison jaune, L'Âge d'Homme (1982) Ni liberté, ni égalité, ni fraternité, L'Âge d'Homme (1983) Katastroika, L'Âge d'Homme (1984) Le Héros de notre jeunesse, L'Âge d'Homme (1984) L'Evangile pour Ivan, L'Âge d'Homme (1984), « 1984 » et 1984 in Science-Fiction 2 : politique, éd Denoel, juin 1984, (ISBN : 978-2-207-33002-9) Va au Golgotha, L'Âge d'Homme (1986) Para bellum, L'Âge d'Homme (1987) Le Gorbatchévisme, L'Âge d'Homme (1987) Ma maison, mon exil, L'Âge d'Homme (1988) Vivre, Éditions de Fallois (1989) Confessions d'un homme en trop, Olivier Orban (1990), Perestroïka et contre-perestroïka, Olivier Orban (1991) Tsarville, Plon (1992) L'Occidentisme - Essai sur le triomphe d'une idéologie, Plon (1995) (Lire le texte intégral) La Grande rupture, L'Âge d'Homme (1999) Gaités de Russie, Éditions Complexe (2000) 5La suprasociété globale et la Russie, L'Âge d'Homme (2000).

9 - Phrase prononcée par Madame Roland, née Philippon (1754-1793) sur l'échafaud.
 
 
Article posté sur Voxnr