
Sébastien Charléty (1867-1945), membre
de l’Institut, fut nommé recteur de l’académie de Strasbourg en 1919,
puis recteur de l’académie de Paris. Auteur de plusieurs biographies,
c’est sa contribution au développement du sport universitaire qui a fait
passer son nom à la postérité, lorsque Charléty est devenu le nom d’un
célèbre stade parisien.
C’est dans le cadre du projet éditorial
d’Ernest Lavisse, d’employer l’Histoire à la construction d’un grand
projet collectif, national et républicain, que Sébastien Charléty fut
désigné pour rédiger cette Histoire de la monarchie de Juillet
publiée pour la première fois en 1921. L’ouvrage de ce républicain
fervent paraît donc en un temps où cette monarchie de Juillet reste un
sujet sensible. La dernière fille du « roi des Français », Clémentine,
est morte en 1907, suivant de quelques années seulement ses frères les
plus âgés, le duc d’Aumale et le prince de Joinville. Et en cette année
1921, L’Action française, le mouvement royaliste doté du
journal du même nom et dirigé depuis vingt ans par Charles Maurras,
exerce un véritable magistère intellectuel dans une partie
qualitativement importante des élites françaises.
Si ce livre n’est donc pas dénué de
parti pris, il est cependant loin d’être sans intérêt et certainement
plus agréable à lire que beaucoup d’ouvrages historiques écrits
aujourd’hui. Bien documenté, ce livre nous décrit finalement une
impasse. Car cette monarchie parlementaire et libérale incarnée par
Louis-Philippe n’a plus rien de commun avec la tradition monarchique qui
a fait la France. Comme le déclare Thiers à l’époque, « le roi règne
mais ne gouverne pas », il est regardé comme « un Bourbon acceptable »,
« le fils d’Egalité, le soldat de Jemappes, le seul prince émigré qui
n’eût pas combattu sa patrie », formé par un « apprentissage
révolutionnaire ». Au moment même où s’affirment la révolution
industrielle et le capitalisme naissant, ce roi-là, pétri de
républicanisme, ne peut plus grand chose pour la France.
Histoire de la monarchie de Juillet (1830-1848), Sébastien Charléty, éditions Perrin, 576 pages, 25 euros
Source