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jeudi 22 mars 2007

Au sujet d’Airbus

Jeudi, 22 Mars 2007


Au sujet d’Airbus

Philippe Delbauvre

Politique
Au sujet d’Airbus
Airbus, et pour la seconde fois, fait l’objet de mon ire. Et à la relecture du premier article je m’aperçois non sans tristesse de la justesse des analyses d’alors qui nous ramènent à un article écrit voilà environ dix huit mois.

Il serait tentant d’approfondir ce qui fût écrit alors sur le mode bien connu de l’éternelle Cassandre qui vous l’avait bien dit, mais il est des circonstances où l’on aurait aimé s’être trompé : la politique du pire fait d’autant plus l’unanimité que lorsqu’elle s’applique aux autres.

Airbus est une entreprise européenne c’est à dire un fleuron technique de notre patrie d’aujourd’hui ou de demain. Seuls, nous ne pouvons parvenir dans certains domaines à réaliser certains projets quoique nécessaires, parce qu’ils excèdent nos capacités strictement nationales. D’où l’obligation qui nous est faite de réunir, de mettre en commun des forces afin de réaliser ce que notre petitesse nous interdit de concrétiser. Bien souvent, certains zélateurs de l’Europe, non sans arrières pensées, justifient leur choix par une volonté de présenter un modèle alternatif à celui des américains. Voici qui nous donne « afin d’établir un contrepoids à l’hégémonie américaine, l’Europe doit se constituer ». Voilà une considération particulièrement séduisante qui ne prend dans les mailles de son filet que les trop gros en esprit.

Quel intérêt avons nous à calquer le comportement Us pour justement montrer que nous sommes restés fidèles à ce que nous avons été ? Il y a là une contradiction qui ne résiste pas à l’analyse puisque l’indépendance se traduit par le libre choix de son comportement mais aussi par le fait de ne pas rentrer à fortiori dans les règles édictées par les autres. Or, force est de constater que les politiques sociales d’Airbus et de Boeing sont les mêmes.

Louis Gallois que l’on a vu sévir ailleurs s’est fendu d’une formule financière qui en dit long même si les journalistes n’ont pas cru bon de relever : Airbus n’a pas besoin d’une augmentation da capital. Autrement exprimé, ce n’est pas l’argent qui fait défaut et la structure financière de l’ensemble se porte plutôt bien. On peut déjà gager que les plans de licenciement ainsi que les déplacements des sites vont ravir les actionnaires poussant le titre vers le haut. Est ce parce que le phénomène n’est pas nouveau qu’il faut pour autant cesser de s’en offusquer ? Ici encore, c’est une logique financialiste issue d’outre atlantique qui fait la loi et qui nous est à nous, Français d’Europe ou Européens d’origine Française parfaitement étrangère.

Une logique financière contestée par les cadres selon une étude menée en date du 20 mars qui finissent par établir le constat qu’ils ne présentent aujourd’hui plus aucun intérêt sachant que tout se décide autour de la corbeille. Tout est désormais lié au monde du capital lui même et non du travail. Tout est question d’Opa et d’Ope, de fusion et d’acquisition nonobstant le travail de chacun. Si les Etats Unis passent pour le pays où il est le plus facile d’ouvrir son entreprise, et dans la journée, personne ne sait en combien de temps le repreneur peut y fermer les volets.

Les syndicats qui semblent unis et à l’échelle européenne n’obtiennent pourtant que de maigres résultats. Qu’est ce qu’un manifestation de 10 000 personnes à Hambourg ou Toulouse en comparaison de la tragédie sociale qui va advenir sur le terrain ? Face à une attaque menée par une seule tête et centralisée, les ripostes s’effectuent sur différents sites et dans des idiomes différents. Qu’est ce que vaut un débrayage de deux heures comme action coup de poing ? Là encore, il est des questions que l’on peut se poser sur la représentativité des syndicats et leur éventuelle collusion avec la direction sachant que lors du dernier référendum européen la Cgt avait dans un premier temps revendiqué le oui .

Enfin et pour conclure, on aura remarqué les remarques dénuées d’intérêt ou les silences gênés des présidentiables du système qui savent très bien que la note salée de l’avionneur n’est qu’une parmi tant d’autres qui seront à venir. Chacun y va de sa petite phrase de réconfort en indiquant bien que si la dame ou le monsieur étaient élus alors tout changerait.

Le changement ? C’était il y a plus d’un quart de siècle et ceux qui l’ont connu n’y croient plus.