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samedi 3 mars 2007

De la candidature de François Bayrou

Samedi, 3 Mars 2007


De la candidature de François Bayrou

Philippe Delbauvre

Politique
De la candidature de François Bayrou
Si on est persuadé que les sondages d’opinion ont un sens, c’est à dire s’il symbolise l’humeur exacte des Français, alors on ne peut que croire à l’embellie que connaît actuellement la candidature de François Bayrou.

Un personnage qui n’est pas un néophyte en politique puisqu’il fut par trois fois ministre de l’Education nationale ce qui est très valorisant mais assez peu diversifié : s’il avait eu en charge le ministère de la famille, il aurait eu le même parcours que Ségolène Royal. Alors que la madone des laïcs a pu percer suite à son effacement, le bearnais a fait tout ce qui était possible pour se faire remarquer, sans grands succès jusqu’à aujourd’hui. Le centre n’existe toujours pas politiquement malgré tous ses efforts et n’est pas prêt de se faire. On peut d’ailleurs noter que la virulence qui est la sienne à l’encontre de l’actuel gouvernement est assez récente et qu’elle date de l’époque où la dame de Poitou Charente commençait à émerger.

Il n’est pas inutile de se référer à un article écrit voici dix huit mois où nous nous demandions à quoi servait l’Udf. Fondamentalement rien n’est à modifier à l’analyse effectuée à cette époque parce que les raisons invoquées restent toutes aussi pertinentes aujourd’hui. Ce parti reste coincé entre une droite, qui n’a plus sa spécificité nationale que lui conférait le gaullisme, et une gauche ayant rompu les ponts avec toute forme de dirigisme économique.

Idéologiquement, parce qu’il appartient au segment dont les extrémités sont constituées par les deux grands partis, il lui est impossible de proposer une alternative. Economiquement, parce qu’il prône comme ses deux adversaires le libéralisme, le montant du budget restera à peu près le même, empêchant dès lors toute réforme d’importance, ce qui fait qu’il sera contraint de poursuivre les travaux de Jospin/Raffarin dans leurs droites lignes.

Ce qui fait sa force actuellement, c’est la reprise d’une idée majeure des nationalistes à savoir celle du rassemblement de tous les Français par delà les étiquettes politiciennes. Si François Bayrou était nationaliste cela se saurait et osons l’expression, cela se verrait. Evidemment il est souhaitable de mobiliser toutes les énergies mais pour autant, compte tenu de la structure politico économique de notre pays, même avec les meilleurs représentants, qu’ils soient de droite ou de gauche, l’échec serait flagrant.

L’idée émise de prendre en cas de succès un premier ministre de gauche pose un problème sémantique. En effet, il ne pourrait nommer un homme issu de la gauche qu’à la condition qu’il l’ait quittée puisqu’on ne peut imaginer un parti socialiste devenu subitement bayrousien. Si certains hommes sont prêts à quitter la rue de Solferino par simple ambition personnelle, le mouvement de François Hollande ne suivrait pas. Ce serait d’ailleurs folie que de le faire sous peine, en cas de succès d’être aspiré par les centristes et en cas d’échec d’être associé au triste bilan.

Ce serait aussi un boulevard ouvert à l’émergence d’une force à gauche du parti socialiste qui aurait beau jeu de crier à la trahison.

Des élections législatives auraient lieu avec peut être un nouveau label comme par exemple union pour la majorité présidentielle sociale (Umps) regroupant ceux voulant être la voix du nouveau président à l’assemblée. Il n’empêche que ni les élus de gauche, ni ceux de droite n’ont intérêt à quitter leur étiquette d’origine pour la simple raison qu’il n’est pas flatteur d’être un élu législatif godillot de l’exécutif et surtout rattaché objectivement à un parti squelettique. Les parlementaires Umps seraient très probablement minoritaires à l’assemblée et une cohabitation surviendrait. Voilà peut être le pourquoi du fait que François Bayrou, s’il a admis la possibilité de la nomination d’un premier ministre de gauche, n’en a pas pour autant écarté celle d’un premier ministre de droite. Il a simplement omis de préciser qu’il y aurait coexistence et que suivant l’orientation ministérielle choisie, conséquence d’une majorité à l’assemblée, on aurait à nouveau un Raffarin ou un Jospin disposant de tous les pouvoirs d’un premier ministre.

Néanmoins dans ce cas de figure, François Bayrou serait président et c’est peut être là le seul but de la démarche.