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vendredi 9 août 2013

Orientations

Philippe Delbauvre
Orientations 
On ne répétera jamais assez que les bisbilles entre structures de la mouvance ne sont principalement le fait que de certains chefs, soucieux de voir perdurer leur groupe, mais aussi de ne pas perdre le contrôle de leurs troupes suite à l’éventuelle émergence de ce qui serait une grande confédération voire une fusion. Membre décidé de la grande fraternité des « affreux » depuis plusieurs décennies, j’ai eu l’occasion durant tout ce temps d’échanger avec toutes les composantes des milieux nationaux, nationalistes et assimilés. Je suis donc très bien placé pour savoir que ce qui nous rassemble – tout au moins à la base et en ce qui concerne nos détestations – dépasse de beaucoup ce qui nous sépare. Je sais aussi que chacun dispose de sa clef de voûte de prédilection, constituant la colonne vertébrale de sa pensée politique.

Je suis aujourd’hui convaincu que le grand pas en avant ne pourra être effectué que si justement, nous cessons tous de mettre en exergue le violon d’Ingres qui caractérise chaque groupement (ethnie, religion, Europe, nation,…) pour passer à l’offensive en nous présentant comme fondamentalement d’opposition. En clair, il ne s’agirait donc plus d’affirmer sous la forme d’un Bejahung mais plutôt d’être ceux qui osent dans une société dont il faut bien admettre qu’elle est assez consensuelle, dirent haut et fort, Non. Cela n’empêcherait nullement des recherches internes quant au violon d’Ingres de chacun. Stratégiquement, il faudrait donc, non plus défendre comme on le fait depuis si longtemps – à commencer donc par nos convictions propres - mais bien d’attaquer, en l’occurrence bien sur la structure en place.

Pour ce faire, celle-ci doit être étudiée en détail, ce qui le plus souvent n’est pas réalisé. Si le fait eschatologique le plus souvent nous échappe – laissons aux diseuses de bonne aventure, la lecture et l’interprétation des lignes de la main – il n’en est pas de même quant à l’étiologie. L’absence de lectures dont je veux bien reconnaître qu’elles sont abstruses, obère la connaissance réelle des fondements essentiels de la société dans laquelle nous vivons. Or, nous savons très bien que l’idée intuitive, spontanée que nous nous faisons d’un sujet d’étude est le plus souvent tout à fait différente, de celle à laquelle nous parvenons, à posteriori, c'est-à-dire après un travail pointu. En ce sens – nulle envie chez moi de pousser le lecteur à se convertir au communisme - nous nous devons de pratiquer, une fois les ouvrages fondamentaux lus et assimilés, une étude au quotidien, comme le faisaient naguère les marxistes – devenus depuis jean-foutre –, de la société contemporaine. Il ne s’agit nullement de simplement se contenter d’énoncer les faits réels, bien sur occultés par les media volontairement soumis aux ordres du pouvoir en place, mais bien de les incorporer de façon cohérente à une matrice explicative. Celle-ci ne doit nullement être posée à priori – démarche des doctrinaires et autres idéologues – mais développée parce que progressivement découverte suite à la prise en compte de l’ensemble de la base de donnée empirique.

Le fait arabo-musulman par exemple, presque totalement délaissé voici une trentaine d’années, est aujourd’hui omniprésent au point d’occulter toutes les autres problématiques. Il m’est venu l’idée voici bien longtemps que ce fait que beaucoup considèrent comme une tare, peut tout aussi bien être perçu comme un grand avantage. Je l’avais d’ailleurs écrit voici plusieurs années. Si ce fait n’était, il y a fort à penser que la mouvance serait aujourd’hui en terme de suffrages bien proche du zéro. En tant que tel, si nous avions la possibilité de faire disparaitre nos chers indésirables à l’aide d’une baguette magique, nous ne devrions surtout pas le faire sous peine de scier la branche sur laquelle nous sommes assis.

Je persiste à penser que le fait arabo-musulman n’est somme toute que secondaire dans le monde actuel, y compris en France, seuls les américains et leurs affidés prétendant le contraire. On ne compte au demeurant plus les séries télévisées américaines où l’ennemi arabe et/ou musulman est désigné alors que l’on sait paradoxalement les très nombreuses alliances qui ne datent pas d’aujourd’hui entre Etats-unis et pays arabes, à commencer par les plus radicaux d’entre eux. Vous aurez l’occasion dans l’avenir de constater que la focalisation américaine sur le fait arabo-musulman ne perdurera plus très longtemps, remplacée qu’elle sera par la sinophobie à venir qui est d’ailleurs déjà à l’ordre du jour. On peut à ce titre constater que les reportages télévisés en France, dès lors où ils concernent la Chine mais aussi la Russie ou l’Iran, sont toujours à charge. Ce serait ainsi une grande erreur que de penser que la logique des blocs n’est plus depuis l’effondrement du mur de Berlin, la levée du rideau de fer ou la dissolution du pacte de Varsovie. Nous sommes en fait exactement aujourd’hui dans la même logique et si le combat n’oppose plus l’occident aux Rouges, il existe bel et bien à ce jour encore deux blocs dont l’un est l’occident et l’autre constitué de ceux qui s’y opposent.

La France n’a nullement changé suite à des influences internes. C’est au contraire l’adoption, tant par les gouvernements français que par les Français eux-mêmes – de grâce, minorons à ce titre la célébration bien souvent imbécile du peuple – de données étrangères, qui a progressivement modifié la nature de notre patrie. L’erreur bien compréhensible que commettent les plus jeunes – ils n’ont connu la France de jadis et nous ne pouvons leur reprocher – c’est de croire que le Français bien de chez nous ne serait nullement contaminé par le virus métèque. A ce titre, il eut mieux fallu que nous fussions envahi et dominé par une puissance étrangère – auquel cas, chacun aurait eu conscience de l’oppression – plutôt que de connaître la situation d’aujourd’hui où désormais la majorité des Français, nullement conscients du fait d’ailleurs, et le plus souvent de bonne foi, participe au quotidien à la destruction du fait authentiquement français. Nos contemporains mais aussi compatriotes sont davantage marqués par l’inculture que par la bêtise. A titre d’exemple, le fait qu’ils soient pour la majorité d’entre eux, prêts à beaucoup de sacrifices pour sauver ce qui justement devrait être détruit, nous l’indique.

Sachant cela, je pense que nous ne devons plus, comme nous avons propension à le faire, célébrer le ghetto. Bien beau d’avoir une page personnelle facebook avec pour « amis » presque uniquement des membres de la mouvance. Je sais le fait agréable et rassurant. Mais nullement politique. Ce qu’il faudrait au contraire faire, c’est via un centre d’intérêt commun qui n’est pas politique, nouer contact avec des personnes nullement politisées. Et par la suite très progressivement surtout, aborder discrètement la politique. Cette dernière est prosélytisme et nullement commémoration ou repli sur soi.


« Formule de mon bonheur : un oui, un non, une ligne droite, un but. » F. Nietzsche.