C’est
toujours une source d’effarement pour un athée de constater à quel
point les passions théologiques s’enflamment pour… RIEN !
Première constatation : si une divinité existe, on voit mal comment l’espèce humaine, minable et dépourvue de pouvoir numinal (si l’on veut bien accepter ce néologisme forgé à partir du mot latin Numen : puissance divine) pourrait la « mettre à mort ». La modestie, autant que le bon sens devraient permettre d’éviter des querelles absurdes.
Deuxième constatation : pour un chrétien de stricte obédience (ce qui exclut diverses sectes proto-chrétiennes et monophysites), Jésus de Nazareth fut l’incarnation du verbe divin, dont le sacrifice fut offert à son divin père en rémission des péchés de l’ensemble de l’humanité… il est évident que les Nazaréens dirigés par Jacques le Juste, demi-frère de Jésus et premier évêque de Jérusalem, ni les Ébionites dirigés par Siméon, cousin de Jésus, frère cadet de Jacques le Mineur et 2e évêque de Jérusalem, n’acceptèrent jamais la notion de divinité de leur parent et maître spirituel.
Quelle est l’origine de l’accusation grotesque, résumée par l’adjectif déicide, et de cette bagarre d’experts-inexperts ?
Effectivement d’antiques chrétiens, ignares autant que fanatiques, ont déliré sur la phrase de l’ex-pharisien, ex-fanatique juif, Saül de Tarse, devenu Paul, qui dans sa Première épître aux Thessaloniciens déplorait les persécutions des premiers chrétiens par les Juifs, écrivant (II, 15) : « Les Juifs ont mis à mort le Seigneur Jésus ». Cette phrase, mal interprétée, a permis à Justin de Naplouse, au IIe siècle, qui se disait Samaritain d’origine ethnique, d’inventer l’accusation de « peuple déicide » et à l’exalté Origène, né en Alexandrie, de la répandre au IIIe siècle.
Jamais l’Église catholique n’a entériné cette absurdité. Depuis Grégoire le Grand au VIe siècle, la position des papes intelligents (tous ne l’ont pas été) fut de s’opposer à ce délire de (mauvais) théologiens. Pour eux, la chose était claire : le Christ est venu sur Terre pour y être supplicié en rédemption des péchés de l’ensemble de l’humanité souffrante. Le Concile de Trente a repris et amplifié la position de saint Grégoire.
Pour un catholique respectueux du dogme en vigueur, c’est tout être humain fautif qui est en partie responsable de la crucifixion de Jésus de Nazareth, quand bien même la condamnation à la peine de mort fut prononcée à la demande du Grand Sanhédrin de Jérusalem par le préfet romain de Judée-Samarie, procurateur des biens de l’empereur pour ces provinces.
Et, apparemment, Poncius Pilatus ne ratifia la condamnation qu’avec hésitation, après avoir consulté Hérode Antipas, le tétrarque (roitelet) de Galilée, souverain théorique de Jésus, et à la demande d’une foule de fanatiques juifs massée devant son palais-forteresse, s’il faut en croire trois des quatre Évangiles canoniques… après tout, Marc (alors adolescent et fils de l’aubergiste où la Cène avait été consommée, puis confident de l’apôtre Pierre), Matthieu et Jean furent des témoins oculaires et auditifs de cette infamie.
Dans ses Antiquités juives (XVIII-3, 63,64), le renégat « Flavius » Josèphe, toujours prêt à glorifier son peuple, affirme que Jésus de Nazareth fut condamné à mort par Pilate, mais « sur incrimination des hommes du plus haut rang parmi nous ». Au VIe siècle, comme si ses rédacteurs voulaient aggraver les haines religieuses, le Talmud dit de Babylone, dans le paragraphe 43a du livre Sanhédrin (de la 4e partie du Talmud, intitulée Nézirim ou dommages) reprend l’histoire du « magicien Jésus », le Nazaréen, « pendu à Jérusalem, la veille d’une Pâque », à la demande du Sanhédrin.
La première malédiction fut juive. En l’An 85 de notre ère, le second Gamaliel, celui de Yabné (ou Yavné), a conseillé d’inclure dans la prière quotidienne, sabbat excepté, du Schmone Esre, en annexe aux Dix-Huit Bénédictions (et demandes à Yahvé), une malédiction à l’encontre des hérétiques et des Nazaréens, sans que le terme de nazaréen soit explicité, car il pouvait désigner, au Ier siècle, aussi bien les premiers chrétiens que les partisans de Jacques le Juste, soit des esséniens refusant d’admettre la divinité du Messie et sa résurrection.
Jean XXIII, démagogue et masochiste (il avait beaucoup à faire pardonner dans sa vie privée), a omis de rappeler l’origine juive de la première malédiction qui entraîna la chrétienne par réciprocité peu charitable.
Mais, dans la déclaration spéciale concernant le peuple juif, et en dépit des demandes insistantes d’observateurs rabbiniques, appuyées par des prélats masochistes ou ignorants, les pères conciliaires de Vatican II refusèrent de mentionner, pour l’annuler, l’accusation de peuple déicide… pour l’excellente raison que jamais l’Église catholique n’avait ratifié cette stupidité.
On pourrait peut-être enterrer cette vieillerie, non sans reconnaître qu’elle fit des ravages chez les simples d’esprit et qu’elle tua… comme l’ont toujours fait les dogmes religieux.
Bernard Plouvier
Première constatation : si une divinité existe, on voit mal comment l’espèce humaine, minable et dépourvue de pouvoir numinal (si l’on veut bien accepter ce néologisme forgé à partir du mot latin Numen : puissance divine) pourrait la « mettre à mort ». La modestie, autant que le bon sens devraient permettre d’éviter des querelles absurdes.
Deuxième constatation : pour un chrétien de stricte obédience (ce qui exclut diverses sectes proto-chrétiennes et monophysites), Jésus de Nazareth fut l’incarnation du verbe divin, dont le sacrifice fut offert à son divin père en rémission des péchés de l’ensemble de l’humanité… il est évident que les Nazaréens dirigés par Jacques le Juste, demi-frère de Jésus et premier évêque de Jérusalem, ni les Ébionites dirigés par Siméon, cousin de Jésus, frère cadet de Jacques le Mineur et 2e évêque de Jérusalem, n’acceptèrent jamais la notion de divinité de leur parent et maître spirituel.
Quelle est l’origine de l’accusation grotesque, résumée par l’adjectif déicide, et de cette bagarre d’experts-inexperts ?
Effectivement d’antiques chrétiens, ignares autant que fanatiques, ont déliré sur la phrase de l’ex-pharisien, ex-fanatique juif, Saül de Tarse, devenu Paul, qui dans sa Première épître aux Thessaloniciens déplorait les persécutions des premiers chrétiens par les Juifs, écrivant (II, 15) : « Les Juifs ont mis à mort le Seigneur Jésus ». Cette phrase, mal interprétée, a permis à Justin de Naplouse, au IIe siècle, qui se disait Samaritain d’origine ethnique, d’inventer l’accusation de « peuple déicide » et à l’exalté Origène, né en Alexandrie, de la répandre au IIIe siècle.
Jamais l’Église catholique n’a entériné cette absurdité. Depuis Grégoire le Grand au VIe siècle, la position des papes intelligents (tous ne l’ont pas été) fut de s’opposer à ce délire de (mauvais) théologiens. Pour eux, la chose était claire : le Christ est venu sur Terre pour y être supplicié en rédemption des péchés de l’ensemble de l’humanité souffrante. Le Concile de Trente a repris et amplifié la position de saint Grégoire.
Pour un catholique respectueux du dogme en vigueur, c’est tout être humain fautif qui est en partie responsable de la crucifixion de Jésus de Nazareth, quand bien même la condamnation à la peine de mort fut prononcée à la demande du Grand Sanhédrin de Jérusalem par le préfet romain de Judée-Samarie, procurateur des biens de l’empereur pour ces provinces.
Et, apparemment, Poncius Pilatus ne ratifia la condamnation qu’avec hésitation, après avoir consulté Hérode Antipas, le tétrarque (roitelet) de Galilée, souverain théorique de Jésus, et à la demande d’une foule de fanatiques juifs massée devant son palais-forteresse, s’il faut en croire trois des quatre Évangiles canoniques… après tout, Marc (alors adolescent et fils de l’aubergiste où la Cène avait été consommée, puis confident de l’apôtre Pierre), Matthieu et Jean furent des témoins oculaires et auditifs de cette infamie.
Dans ses Antiquités juives (XVIII-3, 63,64), le renégat « Flavius » Josèphe, toujours prêt à glorifier son peuple, affirme que Jésus de Nazareth fut condamné à mort par Pilate, mais « sur incrimination des hommes du plus haut rang parmi nous ». Au VIe siècle, comme si ses rédacteurs voulaient aggraver les haines religieuses, le Talmud dit de Babylone, dans le paragraphe 43a du livre Sanhédrin (de la 4e partie du Talmud, intitulée Nézirim ou dommages) reprend l’histoire du « magicien Jésus », le Nazaréen, « pendu à Jérusalem, la veille d’une Pâque », à la demande du Sanhédrin.
La première malédiction fut juive. En l’An 85 de notre ère, le second Gamaliel, celui de Yabné (ou Yavné), a conseillé d’inclure dans la prière quotidienne, sabbat excepté, du Schmone Esre, en annexe aux Dix-Huit Bénédictions (et demandes à Yahvé), une malédiction à l’encontre des hérétiques et des Nazaréens, sans que le terme de nazaréen soit explicité, car il pouvait désigner, au Ier siècle, aussi bien les premiers chrétiens que les partisans de Jacques le Juste, soit des esséniens refusant d’admettre la divinité du Messie et sa résurrection.
Jean XXIII, démagogue et masochiste (il avait beaucoup à faire pardonner dans sa vie privée), a omis de rappeler l’origine juive de la première malédiction qui entraîna la chrétienne par réciprocité peu charitable.
Mais, dans la déclaration spéciale concernant le peuple juif, et en dépit des demandes insistantes d’observateurs rabbiniques, appuyées par des prélats masochistes ou ignorants, les pères conciliaires de Vatican II refusèrent de mentionner, pour l’annuler, l’accusation de peuple déicide… pour l’excellente raison que jamais l’Église catholique n’avait ratifié cette stupidité.
On pourrait peut-être enterrer cette vieillerie, non sans reconnaître qu’elle fit des ravages chez les simples d’esprit et qu’elle tua… comme l’ont toujours fait les dogmes religieux.
Bernard Plouvier