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samedi 28 avril 2018

Fake news sur l’évacuation de Tolbiac : l’hallucinante justification de Gérard Miller

Le 20 avril, la faculté de Tolbiac, occupée depuis le 26 mars, est évacuée par les forces de l’ordre. La rumeur naît bientôt qu’un étudiant aurait été grièvement blessé. Mort, peut-être. Mort, non, mais « dans le coma », assure une représentante de l’UNEF. La rumeur enfle, se répand sur les réseaux sociaux. Mais la préfecture de police publie, en fin de journée, un communiqué précisant qu’« aucun blessé grave […] n’a été recensé », information confirmée le lendemain par l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris. 

Rien d’étonnant dans cette affaire, explique, à 20 Minutes, le directeur de l’UFR Culture et Communication à l’université de Paris VIII : « C’est une stratégie très classique de dramatisation des faits. On se complaît volontiers dans la peur, dans l’effroi que peut provoquer l’évacuation policière. C’est aussi une technique de cohésion de groupe, la dramatisation est un moyen de faire bloc psychologiquement contre l’ennemi supposé. » » 

Une analyse de bon sens que Gérard Miller devrait méditer. Mais voilà, le psychanalyste est aussi cofondateur du Média, web-télé créée par des « Insoumis ». Et Le Média a publié la vidéo d’une certaine Leila, étudiante à Tolbiac, qui décrit « un gars, devant les grilles, avec la tête complètement explosée, une flaque de sang énorme »… pour avouer très vite à Libé qu’elle n’est « pas un témoin visuel ». Et pour cause : la scène est complètement imaginaire, le seul blessé a été brièvement hospitalisé pour des douleurs au coude. L’erreur est humaine et le sensationnel se vend bien. Le Média aurait pu, comme certains de ses confrères, faire amende honorable. Un gentil petit mea culpa et l’affaire était classée.
Mais qui dit mea culpa dit faute. Or, Gérard Miller nie qu’il y ait eu faute. Tout au plus une « info inexacte vite corrigée ». Et même un dommage collatéral de l’héroïsme journalistique : « Lorsqu’on prend le risque de recueillir les témoignages de gens qui ont vécu un événement traumatisant, on prend le risque d’avoir des témoignages qui peuvent se révéler inexacts, imprécis. » Néanmoins, poursuit notre champion de la fake news, « il est décisif que les témoins des événements puissent parler avec leur façon de faire, avec leur émotion, avec parfois leurs inexactitudes qu’on soulignera ». Inexacte, imprécise, cette vision horrifique d’une « tête explosée » baignant dans une « flaque de sang énorme » inventée de toutes pièces ? Des « inexactitudes qu’on soulignera », cette accusation mensongère grave à l’encontre des policiers, relayée pendant plusieurs jours ?
Mais au diable les détails, à la fin ! Si les faits sont faux, l’idée est juste :
« Sur le fond, la violence policière, c’est ça que les étudiants ont traduit à leur façon et c’est ça qu’il fallait effectivement transmettre largement. »
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Et tant pis si le directeur du site de Tolbiac a expliqué à 20 Minutes que « l’opération de police a été menée avec beaucoup de finesse ». Une version des faits qui contrarie peut-être Gérard Miller ? Je n’ose lui suggérer de s’allonger sur son divan et de se raconter son enfance pour tenter de s’expliquer cette animosité contre les forces de l’ordre. Mais j’aurais bien envie de conseiller de changer de métier à ce journaliste qui vomit les « défenseurs de l’exactitude ».

Christine Célérier 

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