Vendredi, 11 Mai 2007 |
Pour des miettes ?
Philippe Delbauvre | Étranger |
La zone d’influence naturelle de la France est ce qu’on appelle communément l’Europe. Durant toute son histoire c’est, à quelques exceptions près, les mêmes pays avec qui nous avons des rapports, qu’ils soient d’alliance ou de conflictualité. Ainsi l’Angleterre, l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne, la Pologne ou la Russie sous ces dénominations ou sous d’autres ont été des partenaires historiques.
Longtemps dominante sur le continent, la puissance démographique sous Napoléon n’étant pas à négliger, la France va progressivement perdre son statut supérieur et voir émerger et l’Allemagne et la Russie.
Même après la première guerre mondiale et sa défaite, l’Allemagne est incontournable et la Russie devenue Union Soviétique quant à elle se prépare un destin.
On peut toujours mettre en valeur la qualité face à la quantité mais seulement jusqu’à à certain point. Le machinisme, l’industrialisation à outrance font que l’Union Soviétique dépassera la France. Plus grave, l’aviation mais aussi la rapidité croissante des navires se traduisent dans les faits par une diminution des distances. Dans ces conditions, les Etats Unis peuvent entrer en scène puisqu’à l’évidence ils disposent de tout : potentiel démographique, industrie, ressources énergétiques, …
Ce qu’avait compris le général de Gaulle qui célébrait la France éternelle c’est que certaines éternités sont paradoxalement limitées dans le temps et qu’en conséquence si notre pays se voyait enfermé dans un bloc anonymement, il en mourrait. D’où cette intelligence stratégique postulant une troisième voie, favorisant les contacts réciproques avec les non alignés et refusant de manière impérative la vassalisation au profit de l’un des deux grands.
L’Union soviétique s’est effondrée et humainement nous n’allons pas nous en plaindre. Néanmoins, la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui est beaucoup plus difficile à gérer que celle de naguère. Alors qu’auparavant il était facile de rester à l’écart tout en nouant des contacts avec des pays du tiers monde, nous nous trouvons aujourd’hui face à ce que l’on a désormais coutume d’appeler l’hyperpuissance. Celle ci dispose d’une structure militaire appelée Otan qui n’a cessé de se développer alors que dans le même temps le pacte de Varsovie avait disparu. La libération de l’Europe de l’Est a évidemment modifié le centre de gravité du bloc : la France n’en est que plus excentrée et avec de nouveaux européens convertis à l’atlantisme.
Le choix de Nicolas Sarkozy est celui des Etats Unis. Admettons pour la commodité de l’analyse que ce choix puisse être le bon.
Soyons sincères avec nos compatriotes, le budget de l’armée a fait les frais de la chute du mur et qu’à titre d’exemple, il y aura un jour ou l’autre une majorité de gendarmes dans le personnel militaire. Si chacun a sa fonction, on ne peut que douter de certaines valeurs combatives. Plusieurs régiments d’élites ont été dissous à commencer par des troupes parachutistes. Ces dernières ont besoin d’avions de transport pour être larguées. Ils font défaut.
Ce qui signifie que nous n’avons pratiquement rien à apporter aux américains en terme militaire pour leur expansionnisme à venir. Si des soldats français (en nombre restreint et membres de troupes d’élite) sont en Afghanistan, c’est avant tout pour parfaire leur entraînement en se confrontant au combat dans ce qu’il a de réel.
N’ayant rien à apporter nous ne recevront pratiquement rien comme dédommagement. Les américains, et c’est normal, se réserveront la plus grosse part, et éventuellement laisseront des miettes aux pays de l’Otan. Miettes à partager parmi tous ces pays. Autrement exprimé, la France n’aura rien ou presque. En revanche, elle cessera d’être considérée comme une puissance autonome, ce qui lui a permis d’obtenir le respect de pays comme la Chine, l’Inde, les pays arabes, la Russie, etc.. Il nous faudrait donc, sous prétexte d’une participation à un mythique mais également meurtrier Far East renoncer à tout ce prestige, à tout cette grandeur qui honore notre pays et ses habitants ?
Pour des miettes ?
Une grande politique consisterait à extrapoler la moyenne que fut celle de Jacques Chirac et de s’en retourner à notre passé glorieux.
Les maux dont souffrent notre pays sont la conséquence d’un modèle socio-économique qui nous vient d’Amérique. Entre les violences scolaires, l’extrême pauvreté, la carence du vocabulaire, la surcharge pondérale, les prisons pleines et les violences ethniques, tout y est.
Tout en sachant cela Nicolas Sarkozy s’en va fièrement serrer la main de Bush et refuser celle de Poutine. Au nom des droits de l’homme. J’ignorais que ceux ci avaient pour symbole emblématique Abou Ghraib et Guantanamo.
Un Poutine qui au passage pourrait permettre de renouer la très ancienne alliance franco-russe afin de voir grand. Puissance moyenne, la France dispose en cela de tout pour attirer la sympathie. Ce ne sont ni les Chinois, ni les Russes qui ont à nous craindre. En ce qui concerne les puissances moyennes ou mineures, parce que la France n’est pas écrasante, elle peut susciter l’intérêt de beaucoup. C’est un secret de polichinelle que de dévoiler que le conseil permanent de l’Onu est appelé à s’élargir. Voilà qui n’est ni l’intérêt de la France, ni celui de la Russie, ni de la Chine. Encore une alliance qui s’impose puisqu’à l’évidence la notion de veto disparaîtra au profit de celle de majorité. Inutile d’annoncer l’orientation géopolitique des nouveaux venus. A nouveau, c’est une France qui recule en perdant ses moyens de pression.
Faut-il que nous soyons à l’image de ces mammifères qui attendent que les maîtres aient terminé leur repas pour nous nourrir … des restes ?
Longtemps dominante sur le continent, la puissance démographique sous Napoléon n’étant pas à négliger, la France va progressivement perdre son statut supérieur et voir émerger et l’Allemagne et la Russie.
Même après la première guerre mondiale et sa défaite, l’Allemagne est incontournable et la Russie devenue Union Soviétique quant à elle se prépare un destin.
On peut toujours mettre en valeur la qualité face à la quantité mais seulement jusqu’à à certain point. Le machinisme, l’industrialisation à outrance font que l’Union Soviétique dépassera la France. Plus grave, l’aviation mais aussi la rapidité croissante des navires se traduisent dans les faits par une diminution des distances. Dans ces conditions, les Etats Unis peuvent entrer en scène puisqu’à l’évidence ils disposent de tout : potentiel démographique, industrie, ressources énergétiques, …
Ce qu’avait compris le général de Gaulle qui célébrait la France éternelle c’est que certaines éternités sont paradoxalement limitées dans le temps et qu’en conséquence si notre pays se voyait enfermé dans un bloc anonymement, il en mourrait. D’où cette intelligence stratégique postulant une troisième voie, favorisant les contacts réciproques avec les non alignés et refusant de manière impérative la vassalisation au profit de l’un des deux grands.
L’Union soviétique s’est effondrée et humainement nous n’allons pas nous en plaindre. Néanmoins, la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui est beaucoup plus difficile à gérer que celle de naguère. Alors qu’auparavant il était facile de rester à l’écart tout en nouant des contacts avec des pays du tiers monde, nous nous trouvons aujourd’hui face à ce que l’on a désormais coutume d’appeler l’hyperpuissance. Celle ci dispose d’une structure militaire appelée Otan qui n’a cessé de se développer alors que dans le même temps le pacte de Varsovie avait disparu. La libération de l’Europe de l’Est a évidemment modifié le centre de gravité du bloc : la France n’en est que plus excentrée et avec de nouveaux européens convertis à l’atlantisme.
Le choix de Nicolas Sarkozy est celui des Etats Unis. Admettons pour la commodité de l’analyse que ce choix puisse être le bon.
Soyons sincères avec nos compatriotes, le budget de l’armée a fait les frais de la chute du mur et qu’à titre d’exemple, il y aura un jour ou l’autre une majorité de gendarmes dans le personnel militaire. Si chacun a sa fonction, on ne peut que douter de certaines valeurs combatives. Plusieurs régiments d’élites ont été dissous à commencer par des troupes parachutistes. Ces dernières ont besoin d’avions de transport pour être larguées. Ils font défaut.
Ce qui signifie que nous n’avons pratiquement rien à apporter aux américains en terme militaire pour leur expansionnisme à venir. Si des soldats français (en nombre restreint et membres de troupes d’élite) sont en Afghanistan, c’est avant tout pour parfaire leur entraînement en se confrontant au combat dans ce qu’il a de réel.
N’ayant rien à apporter nous ne recevront pratiquement rien comme dédommagement. Les américains, et c’est normal, se réserveront la plus grosse part, et éventuellement laisseront des miettes aux pays de l’Otan. Miettes à partager parmi tous ces pays. Autrement exprimé, la France n’aura rien ou presque. En revanche, elle cessera d’être considérée comme une puissance autonome, ce qui lui a permis d’obtenir le respect de pays comme la Chine, l’Inde, les pays arabes, la Russie, etc.. Il nous faudrait donc, sous prétexte d’une participation à un mythique mais également meurtrier Far East renoncer à tout ce prestige, à tout cette grandeur qui honore notre pays et ses habitants ?
Pour des miettes ?
Une grande politique consisterait à extrapoler la moyenne que fut celle de Jacques Chirac et de s’en retourner à notre passé glorieux.
Les maux dont souffrent notre pays sont la conséquence d’un modèle socio-économique qui nous vient d’Amérique. Entre les violences scolaires, l’extrême pauvreté, la carence du vocabulaire, la surcharge pondérale, les prisons pleines et les violences ethniques, tout y est.
Tout en sachant cela Nicolas Sarkozy s’en va fièrement serrer la main de Bush et refuser celle de Poutine. Au nom des droits de l’homme. J’ignorais que ceux ci avaient pour symbole emblématique Abou Ghraib et Guantanamo.
Un Poutine qui au passage pourrait permettre de renouer la très ancienne alliance franco-russe afin de voir grand. Puissance moyenne, la France dispose en cela de tout pour attirer la sympathie. Ce ne sont ni les Chinois, ni les Russes qui ont à nous craindre. En ce qui concerne les puissances moyennes ou mineures, parce que la France n’est pas écrasante, elle peut susciter l’intérêt de beaucoup. C’est un secret de polichinelle que de dévoiler que le conseil permanent de l’Onu est appelé à s’élargir. Voilà qui n’est ni l’intérêt de la France, ni celui de la Russie, ni de la Chine. Encore une alliance qui s’impose puisqu’à l’évidence la notion de veto disparaîtra au profit de celle de majorité. Inutile d’annoncer l’orientation géopolitique des nouveaux venus. A nouveau, c’est une France qui recule en perdant ses moyens de pression.
Faut-il que nous soyons à l’image de ces mammifères qui attendent que les maîtres aient terminé leur repas pour nous nourrir … des restes ?