Romain Gueugneau - Alexandre Counis
Alors qu'elle risque ce mercredi soir d'être renversée par les députés de son propre parti, la Première ministre a promis de « se battre de toutes ses forces » et compte bien « finir le travail sur le Brexit ».
Combative, jusqu'au bout. Alors
qu'elle pourrait être renversée ce soir à l'occasion d'un vote de
défiance lancé par les députés de son propre parti, Theresa May
a averti ce mercredi matin, dans une courte déclaration prononcée
devant Downing Street, qu'elle se battrait « de toutes ses forces » et
comptait bien « finir le travail » sur le Brexit.
Elle
a aussi prévenu que si elle devait quitter son poste, son remplaçant «
n'aurait pas le temps de renégocier » avec l'Union européenne et que
cela risquerait de « retarder, voire d'arrêter le Brexit », dont
l'entrée en vigueur est prévu pour le 29 mars 2019.
Les députés Tories ont adressé un nombre suffisant de lettres, soit au
moins 48, pour déclencher un vote de défiance au sein du parti contre la
Première ministre britannique, a confirmé ce mercredi Graham Brady, le
président du « comité 1922 », un comité interne au parti où ne siègent
pas les députés ayant une fonction ministérielle.
Cette annonce intervient au surlendemain du report du vote du Parlement
sur l'accord de divorce avec l'UE. Une décision qui visait à épargner à
Theresa May l'humiliation d'un rejet massif du texte par les députés,
mais qui a encore attisé la colère des « MPs » de son propre camp. Le
vote contre Theresa May aura lieu ce soir entre 18 et 20h (heure de
Londres).
Une première tentative avortée
Il s'agit d'un nouveau coup dur pour la locataire du 10 Downing Street, qui était mardi en tournée dans les capitales européennes
pour tenter d'obtenir des garanties supplémentaires sur l'accord de
divorce avec Bruxelles. Il y a trois semaines, elle avait réussi à
repousser une première tentative de « putsch » au sein de son parti. Le
député Jacob Rees-Mogg, chef de file des hard Brexiters à la Chambre des communes, était à la manoeuvre. Mais le compteur était resté bloqué autour de 25 lettres. Cette fois-ci, les « putschistes » tories auraient donc réussi leur coup en déclenchant la procédure.
Il leur reste néanmoins à convaincre 158
députés conservateurs sur 315 de voter contre la Première ministre. Si
Theresa May perdait ce vote, elle devrait démissionner de son poste de
chef du parti conservateur, et quitter le 10 Downing Street.
« Beauty contest »
Un
« beauty contest » serait alors organisé dès lundi au sein du parti
pour la remplacer. A charge pour les députés « tory » de sélectionner,
parmi les prétendants, deux candidats... en votant autant de fois que
nécessaire pour éliminer à chaque fois les moins bien placés. Les
militants du parti seraient alors sollicités pour départager les deux
finalistes, en arbitrant leur duel par un vote.
Mais
attention : si Theresa May gagnait le vote de défiance lancé à son
encontre, elle serait en revanche intouchable pendant un an. Autrement
dit, aucun nouveau vote de défiance ne pourrait être lancé contre elle
dans les 12 mois qui viennent.
Romain Gueugneau et Alexandre Counis (à Londres)