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dimanche 25 avril 2010

Des électrons libres du système



Par Alain Rebours


Bien sur que nous approuvons. Les déclarations d'Eric Zemmour ou de Michel Onfray, sans déclencher notre enthousiasme, énoncent des vérités que le Système aimeraient voir tues et que nous n'avons pas cessé de clamer. Pour autant la lucidité est de rigueur.

Michel Onfray est davantage un historien de la philosophie qu'un philosophe. Il s'est construit son petit domaine à l'aide d'une université populaire dont on ne sait pas grand chose, ainsi qu'avec des ouvrages à succès qui se vendent assez bien au tout venant. Pour autant, Onfray n'est ni Derrida, ni Ricoeur. Il hante les plateaux de télévision et les studios de radio sans être aucunement inquiété et ses hôtes ne subissent aucune foudre gouvernementale.

Ainsi donc Freud serait un usurpateur. Mais cela fait très longtemps que nous le savons même si, encore une fois, c'est une vérité très bonne à dire et très agréable à entendre. Qui ignorait et ce depuis des lustres que le concept d'Oedipe n'était pas universel ? Certainement pas les ethnologues qui sont sans doute les mieux placés pour en juger. Cela fait aussi longtemps, décidément, que la psychanalyse est en recul au profit de la très scientifique psychiatrie qui ne résume pas elle, l'Etre d'une personnalité, à l'histoire du contenu de sa culotte.

Freud est désormais un sujet d'histoire de la philosophie où il va rejoindre les très nombreux imposteurs intellectuels qui peuplent cette discipline.

Le cas Zemmour est quelque peu différent ne serait-ce qu'en raison de la notoriété qui est la sienne. Il semblerait à l'entendre que la délinquance actuellement en France soit très colorée et qu'ainsi une corrélation pourrait être établie entre appartenance ethnique et criminalité. La belle affaire. Cela fait belle lurette, que Dupont, le Français moyen, en est intimement convaincu. Il suffit d'ailleurs pour s'en convaincre de se procurer les statistiques de la population carcérale ou de consulter un fichier de police. N'est-il pas vrai au demeurant que d'un point de vue musical, ce sont les groupes ethniquement marqués qui font l'apologie de la violence ? Chacun sait et il y a une malhonnêteté intellectuelle à prétendre le contraire. Que ce phénomène ne soit pas du à l'appartenance raciale par elle même mais à des conditions sociales désastreuses, nous le savons tout autant. Encore faudrait-il savoir pourquoi on permet de telles conditions et pourquoi a t-on continuer d'inviter, familles incluses, des populations que nous n'étions plus depuis longtemps capables d'accueillir. S'agit-il de remplir des colonnes dans les tableaux de statistiques ou de s'offrir des ventres féconds ?

Eux là haut savent, ici bas nous subodorons.

La position que nous devons avoir face à ces électrons libres du Système se doit d'être un mixte de bienveillance et de distance. Bienveillance parce qu'après tout ce sont des vérités qui sont dites et que cela nous arrange sachant qu'elles ne nous font pas peur. La distance s'explique quant à elle par plusieurs raisons. D'une part, il ne faut pas oublier qu'Onfray est un socialiste au sens large du terme avec ce que cela peut supposer comme compromissions. Oui à sa critique de Freud mais à cela seulement jusqu'à nouvel ordre. Ce n'est pas le Système qu'il a attaqué mais simplement une des figures parmi des milliers de la philosophie. Zemmour est sur un terrain plus sensible qui peut faire songer à un engagement de type politique. Dans les faits, il constate et c'est tout: nul malheur ne lui est arrivé.

Et c'est bien ici que le bât blesse: dans les deux cas, aucun sujet fâcheux n'a été abordé. Ce n'est pas par exemple Israël qui a été attaqué par Zemmour qui aurait très bien pu, s'il l'avait souhaité, évoquer les crimes de guerre ainsi que les crimes contre l'humanité commis par Tsahal. Onfray en temps que philosophe, pouvait lui rejoindre une telle croisade. Aucun des deux ne s'est mouillé, assurés qu'ils étaient d'être sanctionnés en cas de réel courage.

Cours d'histoire, séminaire, colloque, documents, émissions à l'appui on apprend ce que furent les Justes.

C'était avant hier.

Qui sont les Justes aujourd'hui ?

Un fait divers qui est un fait politique



Par Philippe Delbauvre


Tout commence par une histoire d'argent. Une femme en niqab se fait contrôler par des motards puis verbalisée d'une amende bien indolore au motif que son champ de vision était restreint du fait de son accoutrement. Bien évidemment, on peut déjà gager que l'intention de sanctionner financièrement était dès l'origine existante et ce afin de faire rentrer des deniers dans les caisses de l'Etat. Bien évidemment, et pour les mêmes raisons, les Français normaux, sont eux aussi astreints à l'hypersurveillance et à d'éventuelles sanctions pour des motifs que l'on qualifiera parfois de légers.

En ce sens, ceux qui ont vu dans la verbalisation de l'ostentatrice femme musulmane une réaction ferme de l'actuel gouvernement contre ce que certains appellent sans rire, l'islamofascisme, se sont trompés. Le policier verbalisateur a suivi les consignes qui n'étaient que de faire rentrer de l'argent dans l'escarcelle d'un pays dans lequel le gouvernement gère mal. Le reste n'est que de la récupération de l'information, revue et corrigée, présentée comme défense du droit des femmes et de l'identité française.

Le fait divers est en réalité un fait politique et c'est le Front National qui est visé. Front national, vous l'aurez remarqué qui était curieusement absent des plateaux de télévision le soir des dernières élections. De quoi cela est-il le nom si ce n'est de la censure ? Cette dernière, outre l'aspect non déontologique qui se doit d'être souligné, était d'autant moins acceptable que le héros du jour n'était autre que le Front National lui même puisque d'une part il atteignit 17,5% des voix au second tour dans les régions ou il s'était maintenu, le tout en engrangeant de nouveaux suffrages entre les deux tours. En fait, le Front National embarrasse aujourd'hui tant à droite qu'à gauche, ce qui fait de lui la cible de tous les acteurs politiques. A droite parce que dans les conditions actuelles, la droite qui a perdu les dernières élections les aurait gagnées si elle avait accepté la main tendue; la gauche parce qu'elle perd des électeurs qui rejoignent jour après jour le mouvement national. Comment d'ailleurs peut-on plaire à l'électeur sincèrement de gauche en ayant pour candidat naturel Dominique Strauss Kahn qui est le grand argentier du monde capitaliste ?

Je n'ai nullement l'intention d'indiquer comment traiter les problèmes posés par l'islam radical ou non dans le cadre de cet article. Il n'empêche. Je me dis qu'ils sont nombreux, et de plus en plus, les Français qui ont une idée sur la question, saturés qu'ils sont par une coexistence non pacifique qui tourne parfois à la guerre chaude.

Le mari de la dame au niqab aurait plusieurs épouses et toucherait des allocations de manière indue. Cela a fait rire beaucoup de Français qui connaissent bien des exemples de situations similaires sans que les pouvoirs publics, pourtant bien placés pour savoir et souvent prévenus, ne se sentent interpellés. Là encore, il y a décalage entre les faits invoqués et la réalité. La chasse très médiatique à « le musulman » ne traquera jamais tous les polygames cachés dans la forêt.

Effet d'annonce aussi que de déclarer que le contrevenant pourrait être déchu de sa nationalité française. Encore faudrait-il que le droit s'applique, ce qui supposerait que le personnage constitue un danger pour la France. Autant exprimer de suite des doutes quant à la possibilité d'une telle mesure.

Ce sont, selon les sources, 367 à 2000 femmes qui portent la burqa en France. Soit au plus 20 par départements. Autant exprimer que le problème est marginal. Là encore le gouvernement biaise et se dote d'un écran de fumée afin, afin de tenter de récupérer l'électorat du Front National, d'essayer aussi de faire passer au second plan les problèmes sérieux qui se posent au pays ainsi qu'à ses habitants.

samedi 6 février 2010

NPA et UMP, même combat


Par Philippe Delbauvre


Bien vu le facteur. Olivier Besancenot vient de saisir la perche que lui avait tendu l'Ump; cette dernière n'était d'ailleurs plus vraiment crédible en tant que mouvement de droite depuis que les socialistes, par l'intermédiaire de Vincent Peillon, ont avoué ne rien avoir d'essentiel à ajouter au discours de Monsieur Besson (Umps). Pour exister en politique aux yeux de l'électorat, il faut un opposant afin que mutuellement on puisse se faire mousser. Il en fut par exemple ainsi sous la quatrième république dans laquelle gaullistes et communistes marchèrent comme larrons en foire. Faute de parti socialiste, l'Ump vient de se trouver avec le Npa un adversaire qui va lui permettre de sortir son artillerie. Et réciproquement. La bipartition factice est dès lors retrouvée, ce afin de mystifier les Français.

Evidemment, Besancenot qui est désormais au centre de l'actualité, dispose de nouveau de la main. Alors que son mouvement semblait s'essouffler, voilà pour lui l'occasion de refaire surface. Réciproquement, l'Ump est ravie de voir le Npa remonter, ce au moment où les socialistes semblaient avoir le vent en poupe. Il va de soi qu'un Npa fort a les moyens, s'il le souhaite, de faire perdre à la gauche que nous qualifierons de démocratique, plusieurs régions. Voilà pourquoi il y a collusion entre l'extrême gauche et le pouvoir, et ce malgré les divers noms d'oiseaux à venir.

Alors que le débat passionné sur l'identité nationale a presque cessé, la candidature d'une femme voilée, dont le logo est Npa, risque de relancer la polémique. C'est ce que veulent les uns et les autres, enfin ceux soucieux d'attirer les caméras. Il est tout de même surprenant que ce soit chez des communistes que l'on trouve vanté au point de l'exhiber, un signe ostentatoire de religion, symbole comme chacun sait, de vestige du féodalisme théocratique.

Certains me feront remarquer qu'Olivier Besancenot n'est pas plus communiste que moi, et ils n'auront pas forcément tort. Peu importe, l'essentiel est ailleurs: si c'est une bonne chose pour les politiques que d'être sous les feux de la rampe, c'en est aussi une que d'aller à la pêche aux voix. Avec cette femme voilée, c'est bien évidemment l'électorat musulman qui est ici courtisé à l'aide d'un signe fort qui bien entendu, comptons sur le pouvoir, va faire des vagues. N'oublions pas que l'Ump lors des prochaines échéances cherche simplement à limiter la casse: un non succès de la gauche (hors extrême gauche) suffira à combler le gouvernement.

J'ai, et à plusieurs reprises, effectué une mise en garde que je réitère ici: sachant que la majeure partie de l'électorat populaire nous revient de droit, il est nécessaire que nous ne le perdrions pas, volé qu'il serait par des spécialistes de l'agitation et de la propagande. Le travail politique sur le terrain dans les milieux populaires est vital.

jeudi 21 janvier 2010

Réflexions sur le Front national


Par Philippe Delbauvre


Ils sont nombreux à haïr le Front national.

Ne serait-ce que parce qu'ils ne connaissent ce mouvement que par ouïe dire et qu'ils n'ont ainsi pas fait l'effort de se documenter sérieusement. Ceux là changeront parce, les faits étant têtus, ils finiront bien sous la contrainte des évidences par reconnaître que ce qu'avait déclaré sous les huées des méchants Jean Marie le Pen, s'est avéré vérifié, le temps passant.

Et puis, il y a les autres. Ceux qui, dès le départ savaient, et qui ont menti, hurlé avec les hyènes, sali le député combattant. Ceux là savent et sont des professionnels de la politique qui, sans elle, ne seraient d'ailleurs rien. Ils disposent des analyses statistiques, des rapports qui les font appartenir à la frange des Français la plus au fait de la détestable situation dans laquelle se trouve notre pays. Feignant d'ignorer leurs lectures, ils mentent. Encore.

L'extrême gauche et ses coteries, parce qu'elle a davantage combattu le fascisme que le capitalisme, les pauvres des pays communistes en témoignent, n'en pouvait plus d'avoir à se passer, une fois la seconde guerre mondiale terminée et le fascisme enterré, de son faire valoir de prédilection. Qu'importe, le fascisme étant mort, il fut de facto ressuscité sous les traits d'un Front national dont tant les politologues sérieux que Lionel Jospin ont pourtant attesté qu'il n'avait rien de fasciste. Qu'importe, puisque l'important n'était, on l'aura compris, pas de combattre un fascisme depuis longtemps décédé, mais de passer aux yeux de l'opinion publique comme les défenseurs d'une liberté pourtant aucunement menacée. Ridiculisée par ses multiples expériences historiques au pouvoir, l'extrême gauche préfère s'attaquer mollement au capitalisme omniprésent et durement à un fascisme qui n'existe pas.

Mais après tout, si ce n'est la désinformation, qui n'est pas au demeurant une politique de gouvernance, l'extrême gauche n'est pour rien ou si peu dans la détestable situation qui est celle dans laquelle la France s'enlise. Tel n'est pas le cas en ce qui concerne tant la droite que la gauche pour utiliser une terminologie aujourd'hui désuète. Parce qu'en effet, le temps de la bipartition opérée en vertu de socles idéologiques bien distincts est révolu. Les Français le savent très bien, eux qui finissent par reconnaître que quel que soit le vainqueur de l'élection, la politique poursuivie reste la même. Auparavant c'était par le moyen de la cohabitation, passage obligé en raison des résultats, que gauche et droite travaillaient ensemble. Aujourd'hui, on s'en va ponctionner dans le capital humain de l'autre certaines individualités, ravies de l'aubaine. Et dans ce beau monde, personne n'y trouve à redire puisque c'est l'intérêt de tous de se serrer les coudes. Nul ne doute que si la gauche gagne en 2012, on verra au sein du gouvernement de gauche des hommes de droite.

A quoi bon dans ces conditions voter à « gauche » ou à « droite » ?

Comment ne pas voir l'aspect révoltant de la nomination du socialiste (sic) Strauss Kahn au Fmi (sic) ?

Qui peut encore croire au distinguo gauche/droite ?

Ce système, faussement bicéphale, est appelé au Front national, le système Umps. Ni la gauche, ni la droite ne sont aujourd'hui aptes à conduire une politique alternative à celle que nous connaissons. Que vous votiez pour l'une ou pour l'autre, et vous le savez, ne changera fondamentalement rien. Faire un choix entre les deux dans ces conditions, c'est toujours donner un satisfecit au gouvernement en place et ce, quelle que soit sa couleur. Autrement exprimé, les combats politiques bien réels auxquels nous assistons ne concernent plus les idées (ah! 1981) mais les places et avantages liés.

Dans ces conditions, on comprendra parfaitement pourquoi gauche et droite tirent à boulets rouges sur un Front National dont le seul tort est d'être patriote: il n'y a pas d'arrangements possibles, de combinaisons possibles, mais surtout en cas de victoire du Front national c'est une toute autre politique qui serait menée qui, de facto mettrait fin au Système faussement démocratique dans lequel nous vivons.

Au demeurant, quand bien même les hommes du système Umps voudraient changer le cap qu'ils ne le pourraient pas: les contraintes internationales du capitalisme mondial auquel ils adhèrent les rivent au fauteuil des orthodoxies économiques. N'est ce pas si souvent que Bruxelles sermonne ? Les emplois que l'on nous dit perdus ne sont-ils pas en réalité déplacés à l'étranger ?

Il va de soi que si je n'ai pas évoqué les écologistes c'est parce que ce n'est qu'une courroie de transmission du parti socialiste. Bien évidemment, l'Ump a, elle aussi, ses réseaux et son mouvement écologiste. C'est bien ce que j'avais exprimé plus haut en évoquant l'équivalence de ces deux blocs qui, en réalité, n'en font qu'un. Bien évidemment les combats auxquels prennent part les écologistes sont musclés: mais c'est pour les places.

Rien de fondamental ne distingue un écologiste d'un Ump même si la base l'ignore.

Le Front national a aussi d'autres ennemis qui le calomnient et qui n'ont pas encore été mentionnés. Ils sont le plus souvent situés tant à gauche qu'à droite du Front national.

La partie droite est composée majoritairement d'individus d'ailleurs peu connus qui se situent sur la voie, quand ils n'y sont pas, de la marginalisation. Ils reprochent au Front national une modération un peu comme à l'autre extrémité on lui fait grief d'extrémisme. Dans les deux cas, c'est ridicule et les deux critiques s'annulent.

On peut considérer qu'ils sont irrécupérables et d'ailleurs personnes n'en veut.

La partie gauche, quant à elle, dispose de moyens bien plus importants. La raison en est que de par son attitude qui vise à faire éclater le Front national, son positionnement intéresse l'Ump comme le Ps qui verraient d'un très bon oeil la fin du Front national. Ils sont reconnaissables par leur engagement régionaliste extrême (appuyé en cela par l'Union européenne) et par leur islamophobie irrationnelle (appuyé en cela par le Nouvel ordre mondial – choc des civilisations). Comme on le voit, même si leur engagement semble sincère, dans les faits cela se traduit par une force d'appoint au mondialisme ambiant.

Cette mouvance, pleine de bonnes intentions tout autant que de bêtises, prône la disparition du Front national afin de refaire du neuf (eux en l'occurrence). C'est ignorer que le Système Umps a accepté la montée du Front national en espérant l'instrumentaliser. A tort comme les événements l'ont montré. Et une fois le Front national disparu, le Système relancerait un autre mouvement déviant ? Qui ponctionnerait l'électorat de gauche et de droite ? C'est tout bonnement ridicule.

Et l'homme de la rue me demanderez vous ?

Il s'instruit en regardant les journaux télévisés ainsi que les documentaires. Il ne sait malheureusement pas que dans les deux cas, les dés sont pipés et que c'est le plus souvent de désinformation dont il s'agit. Quelquefois il a la chance de rencontrer un électeur, un sympathisant un militant du Front national avec qui il peut échanger et entendre ainsi un autre son de cloche.

Il arrive aussi que l'on traite un sujet à la télévision que notre homme connait (son métier, sa ville,...), ce qui lui permet de se rendre compte que dans ce cas bien précis, on lui ment.


Au demeurant, il n'est pas dupe s'il est honnête: il se rend bien compte de la différence de traitement dont font l'objet les représentants du Front National lorsqu'ils se rendent sur les plateaux de télévision. Il perçoit, même s'il en ignore les mécanismes, que c'est par centaines de milliers que des emplois viennent récemment d'être fauchés. Il voit que la France est ce quelle n'était pas à savoir plurielle, que l'on dort de plus en plus nombreux dehors, que la délinquance est - capitalisme ou pas – un fait.

Il a peut être déjà voté Front national; compte tenu de la situation, il a toutes les raisons de le refaire.

jeudi 3 décembre 2009

Retour sur une grève déjà oubliée


Par Philippe Delbauvre



Le mardi 24 novembre fut l'objet d'une grève, tant dans l'éducation nationale que dans les services de la poste. Parce que les estimations du pourcentage de grévistes oscillent selon les sources, il n'est possible de donner qu'une approximation de son suivi qui se situerait alors à peu près à hauteur de 20%, soit un salarié sur cinq. Dès lors, il est dès lors peut être souhaitable de s'interroger sur les raisons de ce que l'on peut considérer comme un échec en terme de participation.

Il semblerait que contrairement aux années 1970, période durant laquelle le déclenchement d'une grève, y compris pour un motif mineur, pouvait avoir un succès d'ampleur de prime abord surprenant, qu'aujourd'hui il ne faille nécessairement un projet gouvernemental majeur concernant une catégorie prise dans son ensemble afin de permettre une mobilisation de masse. On ne fait donc plus guère comme autrefois la grève volontiers, celle ci pratiquée naguère non sans quelquefois un certain plaisir. Celle ci est désormais vécue comme une contrainte, considérée comme une charge par la majorité des salariés.

Il n'est pas impossible non plus qu'entre fonctionnaires dépendant d'un même ministère, la solidarité au sein de ce corps ne joue plus à plein comme naguère. C'est ainsi, que pour prendre un exemple ayant trait à l'actualité, qu'une réforme de l'histoire n'entrainera plus systématiquement de réflexes de sympathie de la part des enseignants en mathématiques. Les gouvernements peuvent donc en toute quiétude jouer sur l'individualisme ambiant pour voir torpillées le aspirations des salariés.

On doit également prendre en considération le déclin du nombre de syndiqués en France, ce qui à nouveau pose le problème de l'individualisme puisque chacun s'estime apte à se déterminer seul et à se positionner ainsi, quitte bien évidemment à se trouver, justement parce que seul, démuni alors que la dynamique de groupe s'imposerait.

Il est également plus que probable que les grèves, sachant qu'elles coutent de l'argent à ceux qui la pratiquent, ne peuvent qu'être impopulaires y compris lorsqu'on les souhaiterait. En effet, le noeud coulissant du crédit auquel nombre de nos concitoyens ont par trop recours, oblige coûte que coûte les salariés à se rendre bon gré mal gré sur leur lieu de travail quand bien même pour une raison ou pour une autre, ils ne le souhaiteraient pas. Les salariés sont désormais tenus par l'argent qui aujourd'hui se fait rare et en tirent les conséquences dans le domaine des luttes sises dans le monde du travail.

Il m'apparait également que les syndicats, comme d'ailleurs toutes les structures encadrantes (Eglise, parti, etc.) souffrent désormais d'un relatif désintérêt au sein d'un peuple plongé dans une civilisation hédoniste et individualiste.

Il faut aussi ajouter que ces structures syndicales, à plusieurs reprises, se sont déconsidérées aux yeux de beaucoup de salariés, soit de par leur politisation excessive, soit en raison de leurs compromissions avec le pouvoir en place, toutes couleurs confondues.

Dans ce conditions, il est à craindre qu'il ne faille attendre un autre krach financier pour qu'à nouveau on puisse voir fleurir comme naguère des drapeaux, cette fois ci contestataires, dans nos rues.

samedi 21 novembre 2009

Réflexions sur l'économie


Philippe Delbauvre


A l'époque de la montée en flèche du surendettement des ménages français et de la distribution d'argent pratiquée avec les conséquences que l'on sait, il est peut être bon de s'arrêter sur le concept d'économie tel qu'il peut être perçu par les nationalistes.

L'argent n'a de raison d'être que comme rétribution d'un travail convenablement effectué. Aristote, opposé à l'usure, spécifiait que l'argent ne faisait pas de petits. Saint Thomas d'Aquin, moins rigoriste, considérait quand même qu'il y a indécence à percevoir un intérêt pour avoir prêté au prochain en difficulté ce dont il avait besoin. L'argent n'est donc qu'une conséquence et nullement une finalité.

Aujourd'hui, et dans la foulée des considérations du penseur de l'école de Francfort qu'était Erich Fromm, il est un choix à effectuer entre l'avoir et l'être (1). Nul ne doute que pour les tenants du Système, de Sarkozy à Seguela, de Madoff à Dray (autre amateur de montre), il n'y ait primat de l'avoir sur l'être. Le culte du travail avec ce qu'il a d'imbécile – vie de famille restreinte, défaut d'engagement spirituel – n'est le plus souvent d'ailleurs qu'une excuse ridicule pour masquer la soif d'argent qui fut condamnée tant par les moralistes que par nos philosophes, y compris présocratiques (2).

La canaille, et c'est ici révélateur, avec son culte des voitures de marque allemande n'est bien évidemment pas en reste. Raison de plus pour que les nationalistes dont l'éthique doit être souveraine, à l'image de celle du clergé, privilégient l'être sur le paraître.

Ainsi et compte tenu de ce qui vient d'être écrit, à savoir que l'homme est faible, la main visible (3) doit être celle de l'Etat national afin qu'il pratique dans ce domaine comme dans tant d'autres une influence salvatrice. Il n'existe pas de nos jours de capitalisme qui ne soit apatride. Pas plus que de capitalisme non mondialiste. Le capitalisme, de par le fait qu'il repose sur des bases amorales, ne peut qu'apparaître immoral à l'homme différencié (4) resté sain.

Puisque nous évoquions l'intervention de l'Etat, il faut avoir le courage de reconnaître que c'est tout naturellement vers le socialisme qu'un nationaliste doit se tourner. Qu'on l'appelle solidarisme, comme il est coutume de le faire chez les nôtres, cela n'a que peu d'importance en ce qui concerne les résultats. Ce dirigisme économique ira naturellement chercher sa source tant chez les disciples du socialisme national du dix neuvième siècle que chez les tenant du catholicisme social de Le Play.

C'est à l'Etat national d'empêcher le délocalisations, à l'Etat national de revaloriser la main d'oeuvre pour éviter l'immigration, à l'Etat national de fixer les règles de la concurrence afin de sauvegarder les petits. Pas au marché apatride.

notes

1 - Les penseurs grecs avant Socrate – Garnier Flammarion
2 - Avoir ou Etre – Robert Laffont
3 - Référence à Adam Smith
4 - Concept evolien

samedi 14 novembre 2009

vendredi 23 octobre 2009

Contre l'opposition bidon

Par Philippe Delbauvre

Les remarquables déclarations qui furent celles des dirigeants du Bloc identitaire dans le cadre de leur convention lors du dernier week end, si elles ne surprennent pas les esprits le plus souvent éclairés, ont le mérite de mettre à jour un aspect du segment politique que les journalistes assermentés qualifient, par plaisir ou incompétence, un peu trop vite à l'aide de l'expression « extrême droite ».


Par l'intermédiaire de l'expression « extrême droite », et de manière plus générale par le qualificatif « extrême », on définit une partie de l'échiquier politique qui s'oppose radicalement à la structure dominante sous la quasi totalité de ses aspects et notamment les plus essentiels. Or, les identitaires justement revendiquent cette radicalité sous peine de n'être plus crédibles, eux qui se veulent l'opposition de pointe au Système actuellement en place. Il existe dès lors un décalage flagrant, qui ne s'explique pas uniquement de manière sémantique, entre le refus de se définir en tant qu'extrémistes et le fait de revendiquer une opposition frontale et radicale.


Bien évidemment, on peut émettre l'hypothèse qu'il est difficile voire suicidaire de s'assumer aujourd'hui en politique en tant qu'extrémiste et de se définir ainsi, et qu'en conséquence, la contorsion ou le mensonge dont il s'agit ici ne viserait qu'à une abdication sur la forme, ce qui aurait au moins le mérite de préserver le fond.


Tel n'est pas le cas.


En effet, l'étude des différentes déclarations qui émanent des cadres dirigeants du bloc identitaire et non de simples militants, tant dans le fond que sur la forme, montre qu'à l'évidence il y a contradiction entre la place réelle sur l'échiquier politique et celle revendiquée par les principaux intéressés.


- Ainsi, il n'était par exemple nullement nécessaire de reprendre l'habituelle complainte sur l'antisémitisme sachant que les représentants du Système le font très bien et à satiété, sauf à vouloir via ce baisement de pied chercher à se faire adouber par la structure dominante. La contradiction entre opposition et collaboration est ici flagrante. Même Jacques Attali vient de déclarer qu'il n'y avait pas d'antisémitisme en France...


- Aurait pu être évitée également l'écologisme, quand bien même cette référence passe pour obligatoire aux yeux des hommes et femmes politiques du Système.


- N'était-il pas facile de faire référence au général de Gaulle et ainsi de rebondir lorsqu'on est pris de court par un journaliste interrogateur plutôt que de d'enterrer le nationalisme aussitôt déclaré mortifère ?


Est-on bien certain que c'est en faisant cause commune avec le très douillet Mpf, forme comme fond, que l'on fait preuve de radicalité dans l'opposition au Système ? Un Mpf qui se trouve d'ailleurs dans la majorité présidentielle (sic).


Toutes ces prises de position pourraient passer comme étant de bévues faites à chaud si elle n'avait été reprises le lendemain sur Novopress: les prises de position sont donc assumées et c'est bien d'une rupture d'avec une

certaine radicalité revendiquée dont il s'agit.


mercredi 21 octobre 2009

Une question de valeurs



Par Christian Bouchet


Une question de valeurs L’affaire Roman Polanski, puis l’affaire Frédéric Mitterrand, auront sans doute eu un avantage inattendu, celui de procéder, une fois de plus, à un partage des eaux.

Ainsi, a-t-on pu voir la totalité des islamophobes médiatiques, les dénonciateurs habituels du voile, des atteintes portées au droit des femmes, etc., les Alain Finkielkraut, les Caroline Fourest, et tous les autres, se ranger, comme pour la parade, derrière Polanski et Mitterrand.

Dans le même temps, toutes les structures musulmanes qui comptent, ont dénoncées les agissements pédophiles du cinéastes et du ministre. Le site Oumma.com, par exemple (et ce n’est qu’un exemple parmi de très nombreux autres), s’est indigné de « l’indécence » de Mitterrand « s’apitoyant devant les caméras sur le cas Roman Polanski » avant de dénoncer « la tour d’ivoire des nantis décadents » et « l’immoralité qui frappe ces intouchables du pouvoir, lesquels sont à ce point dénués du sens de l’honneur qu’ils ne démissionnent jamais. »

Sensiblement au même moment, un club de football de sensibilité musulmane a eu le courage de faire ce qu’aucun club de gaulois n’avait jusqu’alors osé : refuser de jouer un match contre une équipe revendiquant haut et fort son inversion sexuelle.

Me sont alors revenues à l’esprit ces lignes de Gilbert Comte, parues dans le numéro du printemps 2006 du magazine Eléments : « Quand à la droite, mes propos sonnent sans doute à ses oreilles comme du chinois ou du bambara. Aux familles bourgeoises apeurées qu’elle rassemble parfois électoralement, je souhaite seulement d’avoir encore assez d’énergie pour produire des “grands frères” sourcilleux comme il faut l’être sur l’honneur, à commencer par celui des filles. L’immigration a transplanté aux périphéries de nos villes des peuples restés encore très traditionnels. Ils y subissent depuis trente ans l’agression d’une modernisme destructeur sous toutes ses formes, à commencer par la permissivité et la domination de l’argent. Si la droite clabaudeuse avait été autre chose que ce qu’elle est, c’est-à-dire un ramassis de petits bourgeois bruyants mais apeurés, c’est là qu’elle aurait envoyé des missionnaires, afin d’y lever des secours. Mais il lui aurait fallu une audace qu’elle n’imagine même pas dans ses ronrons de nonagénaires. »

Comme en écho, je me suis aussi souvenu qu’Alain Soral, alors qu’il était encore au Front national, s’était risqué à écrire: « La culture musulmane ne produit pas des délinquants drogués et suicidaires, mais des hommes élevés dans des valeurs. Des valeurs de dignité et de respect qui ressemblent beaucoup, finalement, à celles qu’on inculquait aux hommes de France, et à moi-même, avant la déferlante du néo-matriarcat à l’américaine importé par mai 68. »

Je n’en tirerai nullement la conclusion que nous devrions baisser la garde face à l’islam, et tout particulièrement face à certaines de ses manifestations les plus rétrogrades et les plus contraires aux mœurs européennes, mais je ne peux m’empêcher de penser, une fois de plus, que nous ne devons pas nous tromper dans la désignation de l’ennemi.

Rappelons-le, encore et encore, l’ennemi principal, ce n’est pas celui que le système nous désigne, ce n’est pas celui que l’on pourrait nommer l’ennemi de confort (l’immigré, le musulman, la femme voilée, etc.), mais c’est le système en lui-même et ses suppôts, ses Finkielkraut et ses Fourest...

Si la mouvance nationale ne prend pas garde à cela, elle finira comme la droite hollandaise anti-immigrée que sa haine de l’islam a conduit successivement à se donner à un homosexuel militant puis à un ami d’Ariel Sharon et d’Ehoud Olmert. Certains en prennent déjà le chemin, on l’a vu le week-end passé en Provence, pour ma part je n’en serai pas.

samedi 3 octobre 2009