Lundi, 30 Octobre 2006 |
Sur le problème turque
Philippe Delbauvre | Étranger |
La Turquie s’est rappelée à nous suite au débat législatif visant à interdire toute discussion au sujet de ce que l’on appelle le génocide arménien. Ouvrons de suite une parenthèse : il serait temps de songer à réunir enfin une commission de spécialistes dont le but serait de donner une définition des termes et surtout de ceux qui peuvent conduire certains français devant les tribunaux. Si vert c’est vert et que rouge c’est rouge et que chacun sait établir clairement la différence entre les deux on peut alors légitimement les poursuivre pour justement être passé au rouge. Si en revanche et c’est le cas pour le terme de génocide dont la définition varie d’un spécialiste à un autre, sachant que l’on ne sait pas de quoi l’on parle puisque à l’évidence l’idée intuitive que l’on peut en avoir est applicable à certains peuples et pas à d’autres, alors plus aucune poursuite ne peut être engagée sous peine de parvenir alors à la notion d’orange qui en fonction du juge du moment devient très clair ce qui l’apparente au vert ou au contraire très foncé ce qui en fait un rouge flamboyant.
Si le français est censé ne pas ignorer ce qui va bientôt devenir le million de textes de loi, il aimerait au moins connaître la signification des mots les constituant.
Retour donc à la Turquie dont l’entrée dans l’Europe si elle n’est pas encore d’actualité brûlante commence à nous être servie à point ce qui va nous permettre quelques réflexions à froid.
Géographiquement la Turquie dispose de plusieurs pays frontaliers comme la Grèce ou la Bulgarie qui sont situés à l’Ouest mais d’autres aussi sur le versant que nous appelons Est comme la Syrie, l’Irak, l’Iran, l’Azerbaïdjan (de manière quelque peu cocasse (sic) - voir une carte), l’Arménie et la Géorgie. De plus, baignée au sud par la mer Méditerranée et au nord par la mer noire, elle est mise en contact avec la Russie, l’Ukraine et la Roumanie : elle occupe donc une position clé. Exprimons les choses clairement : la Turquie se situe entre Nord et Sud et Entre Est et Ouest.
Il en est du terme Europe comme celui de génocide : chacun y va de sa définition et très majoritairement en fonction de ses intérêts ou conceptions.
Ainsi il y a la notion d’Europe géographique : on voit de quoi il s’agit globalement et on peut très bien intellectuellement parce que c’est une entité continentale, en exclure la Grande Bretagne. De même on ne voit pas pourquoi géographiquement on n’inclurait pas la Russie dans la l’Europe pour la même raison, pays dans lequel on a du mal à situer la frontière qui fait la séparation d’avec l’Asie. Si Moscou est à l’Est d’Ankara, la Turquie est bien plus au sud mais pourtant moins que l’Italie. A moins que l’étroit Bosphore suffise à placer la Turquie en Asie. Vous avez dit simple ?
Historiquement, la situation n’est pas plus claire. Que les turcs viennent d’Asie est avéré. Tout comme les indo-européens d’Europe.
Certains présocratiques vivaient dans l’actuelle Turquie ce qui peut légitimement nous faire penser que la civilisation juive, chrétienne et hellène qui est la notre a son terroir situé bien plus proche de la Turquie que de la France. Qui n’a pas entendu parler des scythes, des thraces, des phéniciens, des mèdes, des perses, de Babylone mais aussi de Constantinople (sic) ?
La Grèce a émergé puis ce fût le tour de Rome : le centre de gravité s’est déplacé vers l’Ouest. Peu importe, les origines sont à l’Est.
L’histoire s’est développée avec une chrétienté d’occident et une autre d’orient au prétexte de la querelle du filioque. Les orthodoxes sont à l’Est et les hétérodoxes ( ?) à l’Ouest. Faut-il pour autant exclure les grecs ? L’empire ottoman va ensuite se constituer et essaimer dans tout le bassin méditerranéen. C’est vrai de l’Afrique du nord de toutes les côtes de la mer noire des pays comme la Bulgarie, la Serbie, la Roumanie, la Grèce. Déjà à cette époque et dès le seizième siècle la Turquie est l’alliée de la France face aux Habsbourgs. On connaît ensuite les liens diplomatiques privilégiés que nouera l’Allemagne avec ce pays. La Turquie regarde davantage dans son histoire vers l’Ouest que vers l’Est.
Ethniquement un grec représentatif est moins éloigné d’un turc représentatif qu’un suédois typé d’un italien typé.
La religion est un critère de différenciation incontestable. C’est un pays musulman de longue date.
Ce n’est pas dans un simple article que l’on trouve de quoi se forger une culture solide. Les livres sont faits pour ça. En revanche il y a quelquefois matière à réflexions. Après lecture et relecture il est évident que la Turquie est un pont, une passerelle entre l’Europe et l’Asie. Elle n’appartient ni à l’une ni à l’autre ce qui va permettre à ceux qui le souhaiteront de sombrer dans la caricature afin de justifier un choix effectué à priori :
C’est un pays musulman.
Les lois sur le port du voile sont plus dures que celles de France.
C’est un pays qui n’a aucun lien culturel avec nous.
Héraclite était d’Ephèse
Ils sont arriérés.
Les femmes turques ont eu le droit de vote avant les françaises.
Il est inutile de poursuivre puisque les arguments parleront d’eux même lorsqu’on les entendra.
En revanche reste posée la question du pourquoi de la volonté de faire entrer la Turquie dans l’Europe. La présence de ce pays au sein de l’Otan semble une excellente raison puisque très majoritairement l’Europe est atlantisée. On ne voit pas pourquoi nos dirigeants n’accepteraient pas un frère. Les américains y poussent aussi. Evidemment. La Turquie parce que musulmane et proche géographiquement de pays dont l’influence pourrait la déstabiliser est un sujet d’inquiétude pour nos amis d’outre atlantique. Son entrée dans l’Europe l’attacherait définitivement au camp occidental et ainsi la stabiliserait.
De plus en cette période de chômage et de vide démographique, la Turquie nous offrirait 2.4 enfants par femme et 75 millions d’habitants. La forte communauté turque en Allemagne constituerait un bon premier centre d’accueil. Comme la France dispose déjà d’îlots, voilà qui nous permettrait de bénéficier d’une nouvelle main d’œuvre qui tirerait les salaires vers le bas ce qui est un bien pour l’économie, main d’œuvre ravie de l’aubaine par rapport à ce à quoi elle est habituée.
Voilà une immigration très bien choisie.
Si le français est censé ne pas ignorer ce qui va bientôt devenir le million de textes de loi, il aimerait au moins connaître la signification des mots les constituant.
Retour donc à la Turquie dont l’entrée dans l’Europe si elle n’est pas encore d’actualité brûlante commence à nous être servie à point ce qui va nous permettre quelques réflexions à froid.
Géographiquement la Turquie dispose de plusieurs pays frontaliers comme la Grèce ou la Bulgarie qui sont situés à l’Ouest mais d’autres aussi sur le versant que nous appelons Est comme la Syrie, l’Irak, l’Iran, l’Azerbaïdjan (de manière quelque peu cocasse (sic) - voir une carte), l’Arménie et la Géorgie. De plus, baignée au sud par la mer Méditerranée et au nord par la mer noire, elle est mise en contact avec la Russie, l’Ukraine et la Roumanie : elle occupe donc une position clé. Exprimons les choses clairement : la Turquie se situe entre Nord et Sud et Entre Est et Ouest.
Il en est du terme Europe comme celui de génocide : chacun y va de sa définition et très majoritairement en fonction de ses intérêts ou conceptions.
Ainsi il y a la notion d’Europe géographique : on voit de quoi il s’agit globalement et on peut très bien intellectuellement parce que c’est une entité continentale, en exclure la Grande Bretagne. De même on ne voit pas pourquoi géographiquement on n’inclurait pas la Russie dans la l’Europe pour la même raison, pays dans lequel on a du mal à situer la frontière qui fait la séparation d’avec l’Asie. Si Moscou est à l’Est d’Ankara, la Turquie est bien plus au sud mais pourtant moins que l’Italie. A moins que l’étroit Bosphore suffise à placer la Turquie en Asie. Vous avez dit simple ?
Historiquement, la situation n’est pas plus claire. Que les turcs viennent d’Asie est avéré. Tout comme les indo-européens d’Europe.
Certains présocratiques vivaient dans l’actuelle Turquie ce qui peut légitimement nous faire penser que la civilisation juive, chrétienne et hellène qui est la notre a son terroir situé bien plus proche de la Turquie que de la France. Qui n’a pas entendu parler des scythes, des thraces, des phéniciens, des mèdes, des perses, de Babylone mais aussi de Constantinople (sic) ?
La Grèce a émergé puis ce fût le tour de Rome : le centre de gravité s’est déplacé vers l’Ouest. Peu importe, les origines sont à l’Est.
L’histoire s’est développée avec une chrétienté d’occident et une autre d’orient au prétexte de la querelle du filioque. Les orthodoxes sont à l’Est et les hétérodoxes ( ?) à l’Ouest. Faut-il pour autant exclure les grecs ? L’empire ottoman va ensuite se constituer et essaimer dans tout le bassin méditerranéen. C’est vrai de l’Afrique du nord de toutes les côtes de la mer noire des pays comme la Bulgarie, la Serbie, la Roumanie, la Grèce. Déjà à cette époque et dès le seizième siècle la Turquie est l’alliée de la France face aux Habsbourgs. On connaît ensuite les liens diplomatiques privilégiés que nouera l’Allemagne avec ce pays. La Turquie regarde davantage dans son histoire vers l’Ouest que vers l’Est.
Ethniquement un grec représentatif est moins éloigné d’un turc représentatif qu’un suédois typé d’un italien typé.
La religion est un critère de différenciation incontestable. C’est un pays musulman de longue date.
Ce n’est pas dans un simple article que l’on trouve de quoi se forger une culture solide. Les livres sont faits pour ça. En revanche il y a quelquefois matière à réflexions. Après lecture et relecture il est évident que la Turquie est un pont, une passerelle entre l’Europe et l’Asie. Elle n’appartient ni à l’une ni à l’autre ce qui va permettre à ceux qui le souhaiteront de sombrer dans la caricature afin de justifier un choix effectué à priori :
C’est un pays musulman.
Les lois sur le port du voile sont plus dures que celles de France.
C’est un pays qui n’a aucun lien culturel avec nous.
Héraclite était d’Ephèse
Ils sont arriérés.
Les femmes turques ont eu le droit de vote avant les françaises.
Il est inutile de poursuivre puisque les arguments parleront d’eux même lorsqu’on les entendra.
En revanche reste posée la question du pourquoi de la volonté de faire entrer la Turquie dans l’Europe. La présence de ce pays au sein de l’Otan semble une excellente raison puisque très majoritairement l’Europe est atlantisée. On ne voit pas pourquoi nos dirigeants n’accepteraient pas un frère. Les américains y poussent aussi. Evidemment. La Turquie parce que musulmane et proche géographiquement de pays dont l’influence pourrait la déstabiliser est un sujet d’inquiétude pour nos amis d’outre atlantique. Son entrée dans l’Europe l’attacherait définitivement au camp occidental et ainsi la stabiliserait.
De plus en cette période de chômage et de vide démographique, la Turquie nous offrirait 2.4 enfants par femme et 75 millions d’habitants. La forte communauté turque en Allemagne constituerait un bon premier centre d’accueil. Comme la France dispose déjà d’îlots, voilà qui nous permettrait de bénéficier d’une nouvelle main d’œuvre qui tirerait les salaires vers le bas ce qui est un bien pour l’économie, main d’œuvre ravie de l’aubaine par rapport à ce à quoi elle est habituée.
Voilà une immigration très bien choisie.