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mercredi 27 juillet 2016

Les réactions de Voltaire et Dostoïevski aux attentats




Evitons de commenter le golpe d’Erdogan ou les attentats (les tueries plutôt non ?) ; félicitons le Figaro, qui explique que les terrasses (ces terrasses qui exaspéraient tant Ortega Y Gasset) sont à nouveau pleines à Nice ; et François Hollande, qui remonte déjà dans les sondages.
Et lisons Voltaire sur la Turquie :
« Pendant cette conversation, la nouvelle s’était répandue qu’on venait d’étrangler à Constantinople deux vizirs du banc et le muphti, et qu’on avait empalé plusieurs de leurs amis. Cette catastrophe faisait partout un grand bruit pendant quelques heures. Pangloss, Candide et Martin, en retournant à la petite métairie, rencontrèrent un bon vieillard qui prenait le frais à sa porte sous un berceau d’orangers. Pangloss, qui était aussi curieux que raisonneur, lui demanda comment se nommait le muphti qu’on venait d’étrangler. « Je n’en sais rien, répondit le bonhomme, et je n’ai jamais su le nom d’aucun muphti ni d’aucun vizir. J’ignore absolument l’aventure dont vous me parlez ; je présume qu’en général ceux qui se mêlent des affaires publiques périssent quelquefois misérablement, et qu’ils le méritent ; mais je ne m’informe jamais de ce qu’on fait à Constantinople ; je me contente d’y envoyer vendre les fruits du jardin que je cultive. »
Et je citerai après Voltaire le brillant contributeur anonyme d’un site ami (les crises-fr). Voici ce qu’il écrit, plus malin que ceux qui gueulent contre le terroriste de service ce soir-là:
« Mais plus choquant encore, il expliquait qu’on s’y “habitue”, et que si aujourd’hui tout le monde met un petit mot touchant sur profil Facebook, même si c’est parfaitement inutile voire contre-productif, au fur et à mesure du tempsles gens “intègrent” ces faits comme faisant partie du paysage quotidien, et élèvent leur niveau de tolérance.
Après tout, si ce n’était pas le cas, on aurait des manifestations plus importantes que pour la loi travail pour sortir de l’Otan, arrêter de soutenir Daesch etc…et pourtant, tout le monde s’en contrefout Donc, demain, ce sera un attentat par mois au lieu d’un tous les six mois et un par an auparavant. »
En attendant un par semaine.
Je voulais aussi citer Dostoïevski après ce lecteur moins hébété que la moyenne, qui a compris que les Français se laissent tuer parce que les Français sont déjà morts, pour reprendre le titre d’un film célèbre ; 80% d’entre eux environ sont morts en tant que Français et en tant qu’individus ; et c’est pour cela qu’ils rééliront Hollande ou qu’il éliront le vieux Juppé, qui fera la guerre à la Russie, à la Syrie et à l’Irak – en attendant la Chine – pour plaire à son sponsor américain.
C’est dans la maison des morts (Dostoïevski) :
« L’homme est un animal vivace ! on pourrait le définir : un être qui s’habitue à tout, et ce serait peut-être là la meilleure définition qu’on en ait donnée ».
Car on peut vivre en enfer et s’y habituer ; on en fera même payer l’entrée au bourgeois, a dit Léon Bloy.