.

.

jeudi 21 décembre 2017

2017, l’année de l’extrême droite

Le FPÖ est entré au gouvernement autrichien, couronnant une année faste.
 
Le revers de Marine Le Pen face à Emmanuel Macron pourrait occulter une réalité dont l’Europe se passerait bien : l’extrême droite n’a jamais été aussi puissante, obtenant des résultats électoraux jusqu’alors jamais atteints.

Cette montée en puissance s’est concrétisée ce week-end avec l’officialisation de la participation du parti d’extrême droite autrichien au gouvernement de Vienne.
En soi, ce n’est pas une première. Le FPÖ de Jorgen Haider avait déjà participé à un gouvernement de coalition en 2000, marquant le retour d’un parti d’extrême droite au pouvoir pour la première fois depuis 1945.
Cette participation avait déclenché une véritable tempête en Europe, le chef de la diplomatie belge de l’époque, Louis Michel, suggérant même de ne plus aller skier en Autriche.
Cette fois, ce retour aux affaires du FPÖ au pouvoir ne fait tout au plus que de petites vaguelettes, témoignant de la banalisation de l’extrême droite dans le paysage politique européen.
Et pourtant, le FPÖ de Heinz-Christian Strache ne va pas faire de la figuration au sein de la coalition du chancelier conservateur Sebastian Kurz : la formation populiste a obtenu des postes d’influence au sein du gouvernement, décrochant notamment les portefeuilles de l’Intérieur, de la Défense et des Affaires étrangères.
Le président du Conseil européen Donald Tusk ne s’est pas trop mouillé, se contentant d’exprimer sa confiance dans "l e rôle constructif et pro-européen" que jouera au sein de l’UE le nouveau gouvernement autrichien. Il a même "chaleureusement félicité" le chef du gouvernement de Vienne devenu à 31 ans le plus jeune dirigeant au monde. De quoi damer le pion à Emmanuel Macron, qui soufflera ses 40 bougies ce jeudi.
Le vainqueur de la présidentielle française l’a certes emporté haut la main en mai dernier face à Marine Le Pen, dont les faiblesses éclatantes lors de leur débat télévisé n’ont pas empêché le Front national d’enregistrer ses meilleures performances électorales grâce aussi à une droite discréditée et à une gauche en lambeaux.
Plus au nord, le Néerlandais Geert Wilders n’a pas, non plus, obtenu le résultat escompté alors que les sondages lui avaient longtemps prédit la première place du podium. Le parti d’extrême droite PVV n’en a pas moins progressé par rapport aux précédentes législatives. Toujours un peu plus haut.
Le résultat le plus marquant pour les esprits a été celui de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), obtenant 12,6 % des voix pour décrocher 92 postes de députés en septembre dernier, du jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale pour une formation de ce type.

Un résultat qui pourrait encore s’amplifier en cas de nouvelles élections anticipées si Angela Merkel ne devait pas parvenir à boucler sa nouvelle équipe, ce qui n’est toujours pas fait trois mois après le scrutin. Pas de quoi lui ouvrir les portes du pouvoir. De quoi cependant nous interpeller encore plus.

P.D.-D.
 
Source