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jeudi 21 décembre 2017

L'Union européenne est intraitable avec la Pologne et indulgente avec l'Autriche

Chaque jour, Vincent Hervouet traite d’un sujet international.

Le nouveau chancelier autrichien sera tout à l’heure à Bruxelles. Il veut rassurer les Européens. La moitié de ses ministres sont du FPO d’extrême droite, dont ceux des Affaires étrangères, de la Défense et de l’Intérieur.

Sebastian Kurtz a rendez-vous avec Jean-Claude Junker et avec Donald Tusk. Ils ont l’un et l’autre l’âge d’être le père du jeune Kurtz, 31 ans record mondial pour un dirigeant occidental. C’est avec la prudence d’un père hésitant à donner un conseil à un de ses fils qu’ils ont réagi.  Pour parler simple, les deux Présidents la bouclent. Evidemment, cela fait un sacré contraste avec le vacarme des dirigeants Européens en l’an 2000. Après des mois d’impasse, un cabinet de coalition à Vienne avait permis à quelques inconnus d’extrême-droite de devenir ministres. Le fascisme en loden avait été dénoncé. Une quarantaine mise en place. Tout contact politique interdit. Jacques Chirac était très remonté. Même les pâtissiers viennois et leurs croissants furent déclarés indésirables à la fête de Noel devant l’hôtel de Ville de Paris. L’idéologue du FPO dénonça le Napoléon de poche qui régnait à l’Elysée ! Il est aujourd’hui ministre de l’Intérieur à Vienne !

Le cordon sanitaire des Européens n’a pas tenu longtemps

 Six mois. Mais l’unité du FPo aussi s’est fissurée à l’épreuve du pouvoir et il a mis dix ans à se reconstruire, en expurgeant ses membres trop libéraux, trop provocants ou trop corrompus. La France a été la plus obstinée mais la présidentielle de 2002 a été un retour de boomerang pour tous ceux qui avaient dénoncé la bête immonde.
Depuis, les mouvements populistes ont réalisé des percées un peu partout en Europe. Notamment depuis le début de l’année. Scores historiques en mars aux Pays bas et en Bulgarie, en mai en France où Marine Le Pen a fait deux fois mieux que son père, en septembre en Allemagne ou l’Afd a fait entrer près d’une centaine de députés au Bundestag. Les ressorts ne sont pas forcément les mêmes. Mais l’immigration est partout une question clef. Le sentiment de dépossession et le ressentiment contre les élites. Et cette angoisse chauffée à blanc par l’émotion que suscite le terrorisme.

L’Autriche est le pays qui a accueilli le plus de migrants après la vague de 2015.

Bruxelles citait l’Autriche en exemple. Mais le jeune Kurtz a été élu sur un programme qui fait tout pour dissuader les immigrés extra-européens. Cela explique qu’aujourd’hui les dirigeants européens se taisent. La question des migrants polarise toutes les contradictions européennes. On l’a vu au conseil européen, la semaine dernière. Le problème des quotas de réfugiés reste d’ailleurs insoluble. Mais la Commission campe dans le déni. Elle traine devant la Cour de Justice la Pologne, la Hongrie et la république tchèque qui veulent bien payer mais refusent d’accueillir davantage d’étrangers. C’est un sabre de bois. Il exaspère les opinions publiques qui sont prêtes à se mettre un loden, à manger des croissants et à trouver du talent au jeune Kurtz.