Marc Rousset
Le
taux directeur américain vient d’être relevé par la Fed d’un quart de
point supplémentaire, à 2,25 %, et devrait atteindre 3 % à fin 2019.
Selon la BCE, une première hausse des taux pourrait intervenir à l’été
2019. Les taux ont donc commencé à monter et ce sont toujours eux qui
ont été à l’origine des six dernières crises dans le monde, de 1980 à
2008. Depuis 2009, le S&P 500, l’indice américain le plus
représentatif de la bulle des actions, a été multiplié par quatre, en
progressant de 700 à 2700, tandis que l’indicateur préféré du
célébrissime milliardaire américain Warren Buffet, le ratio
capitalisation boursière/PIB, a atteint 1,4, dépassant sa valeur de
seulement 1 pendant la crise des subprimes de 2008, et le niveau le plus élevé jamais atteint jusqu’à présent de 1,36 lors de la crise Internet de l’année 2000.
Les
élections européennes de mai 2019 vont faire l’objet de vives tensions
car elles se présentent comme un référendum européen sur l’Union
européenne, sur l’immigration, pro ou anti-Macron et Merkel. Il semble
que les populistes s’acheminent vers une victoire écrasante qui va
bouleverser l’Europe. Macron et Merkel, s’ils sont désavoués par les
peuples, n’auront plus qu’à choisir entre le statut de zombie ou la
démission. En Allemagne, la montée en puissance de l’AfD semble
irrésistible puisque ce parti serait déjà le n° 2, avec plus de 18 % des
votes, ayant dépassé le SPD avec, comme slogan leitmotiv, la démission
de Merkel : « Merkel muss Weg ! »
En
France, Macron est en chute libre, avec un état de l’économie française
de plus en plus préoccupant. Il n’y a pas que l’État souverain ; les
ménages et les entreprises françaises affichent également des records
d’endettement. Fin mars 2018, l’Hexagone affichait le ratio de dette
privée le plus élevé de la zone euro, soit 131 % du PIB. L’endettement
des particuliers atteint 93 % de leur revenu disponible, soit 58 % du
PIB. Quant aux entreprises françaises, elles sont aussi les championnes
de l’emprunt, avec un taux d’endettement qui représente 73 % du PIB, 56 %
de la dette ayant été octroyés à taux variable, ce qui entraînera
immanquablement des faillites en série si les taux augmentent. La charge
de la dette française, malgré les taux d’intérêt ridicules actuels,
soit 42 milliards d’euros, représente déjà le 2e poste du
budget français derrière l’Éducation, et bien devant le malheureux
budget croupion de l’armée française. La dette publique française de
2.300 milliards d’euros représente aujourd’hui une dette vertigineuse de
34.208 euros par Français, qui ne sera jamais remboursée.
Il
suffit de la faillite d’une seule banque telle que Deutsche Bank en
Allemagne, UniCredit, Intesa Sanpaolo en Italie, avec trop d’obligations
souveraines et de créances pourries à leur bilan, du défaut de
l’Italie, de l’Espagne ou de quelques pays émergents pour qu’un krach
boursier s’ensuive avec une augmentation des taux d’intérêt et une
succession de faillites en série d’entreprises et de banques dans le
monde entier.
L’Italie
est devenue la poudrière officielle de l’Europe, suite au budget trop
dépensier de la coalition Ligue-5 étoiles. Les craintes d’une nouvelle
crise du type grec en dix fois plus grand sont fondées. Le taux
d’intérêt à dix ans de l’État italien vient de bondir jusqu’à 3,29 %,
soit un écart de 2,80 % avec le taux d’intérêt des emprunts allemands.
L’Allemagne
est la grande gagnante de la zone euro, suite au laxisme socialiste
décadent non compétitif de la France et des pays européens du Sud, avec
ses excédents de biens exportés qui se traduisent par une créance à
l’actif de la Bundesbank vis-à-vis des autres banques centrales
européennes. Mais il s’agit d’une simple promesse comptable TARGET2 des
autres pays de la zone euro de rembourser ultérieurement avec des
surplus d’exportations de biens et services vers l’Allemagne. Encore
faudrait-il s’assurer qu’il y aura effectivement, un jour, des excédents
des autres pays de la zone euro vers l’Allemagne sinon, de gagnante,
l’Allemagne pourrait alors devenir le « dindon de la farce ». En cas
d’explosion de la zone euro, de banqueroute de la Grèce, de l’Espagne,
de l’Italie et de la France, les créances TARGET2 de 1.000 milliards
d’euros de la Bundesbank, soit environ la moitié du PIB annuel français,
devraient normalement être payées en or ou en dollars par les banques
centrales débitrices pour solde de tout compte, mais il est probable
qu’elles ne seront jamais réglées par des pays tels que la Grèce ou
l’Italie.