Philippe Delbauvre
Pas un hasard si le Front National dans le cadre de une élection cantonale partielle a dépassé la barre de 40% des voix. Et les analystes, pourtant spécialistes du fait politique, de continuer malgré toute logique, de commettre des erreurs d’interprétation : le score du Front National qui va à l’encontre du front des nantis et autres profiteurs, ne serait pas grave, au simple motif que l’abstention est particulièrement importante. C’est là oublier, faute majeure, que c’est justement dans les classes les plus opprimées, à commencer par celles auxquelles on donne l’aumône via le Rsa, qui pour l’instant résignées – le fameux « lumpenproletariat » de Marx – que l’abstention est la plus forte. Qui peut espérer que les plus démunis, ceux la même qui souffrent le plus de la délinquance et de la misère, pourraient constituer un éventuel réservoir pour ceux qui, de droite comme de gauche, mènent la politique désastreuse que l’on sait depuis plusieurs décennies, politique dont ils sont les premières victimes ?
Contrairement à ce qu’affirmée par les uns et les autres, « experts » et « spécialistes », toujours convoqués pour exprimer « la voix de son maître », l’abstention NUIT au Front National. Et si d’aventure on rendait le vote, via le suffrage universel, obligatoire, ce serait alors le grand déferlement, la vague qui balaierait tout sur son passage. Par voie de conséquence, que les tenants de la gauche caviar ou de la droite blafarde, puisse s’inquiéter d’un Front National à 25% est tout bonnement ridicule : d’une part parce que cela permettrait de nettoyer les écuries d’Augias, ce dont notre pays a bien besoin, d’autre part parce que désormais au vu de l’avenir désespérant qui s’annonce dont les Français commencent à prendre conscience, 25% au profit du Front National, apparaîtra dans un avenir pas si lointain, comme de basses eaux.
Fatalement, cela devait arriver, au motif que les successifs gouvernements et majorités, quelles que soient leur étiquette, n’ont cessé depuis des décennies de se définir avant tout comme opposés au Front National. Cela sachant que toutes les politiques, menées par les uns et les autres, furent un désastre pour la France et les Français. Ainsi donc, se profile à l’horizon, une bipartition politique dans la France de demain : le Front National d’un côté et ceux qui s’y opposent de l’autre. Ils ont tous cru que le Front National ne serait jamais autre qu’un petit réservoir de voix, utilisable par exemple pour culpabiliser la droite ou pour battre la gauche au second tour : ils se sont trompés. Aussi bien les derniers scrutins que les sondages ou enquêtes d’opinion, nous montrent aujourd’hui que le Front National n’est pas une simple tranche électorale que l’on pourrait instrumentaliser.
Plus grave pour les tenants du Système qui pensaient pouvoir toujours rester au pouvoir, comme si nous vivions dans le cadre d’une monarchie héréditaire, le fait Front National, c'est-à-dire la reprise en main des destinées de notre pays par les Français eux-mêmes, n’est pas spécifiquement français. Un peu partout en Europe, ce sont les voix des peuples qui se font entendre contre les pouvoirs en place. Et ce n’est pas un hasard si à l’échelle de l’actuelle direction européenne, on vante désormais la suppression des referendums sur l’ensemble du continent européen : ceux là mêmes qui vantent la liberté, l’étouffent. Et pourtant, c’est justement cette liberté là, la plus essentielle peut être, dont on songe à priver les Peuples.
Ce n’est pas un hasard si la rédaction a jugé bon de mettre en ligne dans la rubrique politique, un texte signé de Christian Vanneste posant certaines questions qui sont maintenant de la plus grande actualité. Pas un hasard non plus si Sarkozy, mais aussi Copé, ne ferment plus de façon définitive la porte au Front National ; même Fillon, centriste de toujours, incarnant l’aile gauche de l’Ump, croyant tromper son monde en jouant le renard charmant le corbeau, s’y met. L’Ump est menacée d’explosion : en la jouant trop à droite, ils perdront leur électorat centriste qui s’en ira rejoindre les loosers que sont Borloo et Bayrou. Qu’ils viennent par trop se recentrer et ils ressembleront, encore plus, à la pseudo-gauche qui exerce depuis 18 mois, et très mal, le pouvoir. Quant à la gauche, ce ne sont pas les rivalités internes qui la minent, mais le corps électoral qui la quitte, eau sincère qui fuit de l’outre trouée socialiste. A titre d’exemple, les écolos gouvernementaux – vous savez, ceux qui en forêt sont incapables de citer le nom des différents arbres et de d’attribuer les chants des différents oiseaux à chacune des espèces - même s’ils tentent de masquer leurs suceries, font carpette, avalant des anacondas. Même le front de gauche, qui a fait de la lutte contre le Front National son leitmotiv, rend service au Front National : qui croit aider Melenchon en fustigeant en permanence l’actuel gouvernement ? S’il croit bénéficier à l’avenir de ses vindictes, il se trompe lourdement puisque c’est le Front National qui fera la récolte des voix.
Ah, le bel arc en ciel dont tous les Français vont pouvoir bénéficier !