Philippe Randa |
Vous dites viol ? Vous dites IIe Guerre mondiale ?
Ce ne peut donc être que Le Vieux fusil, ce film franco-allemand de
Robert Enrico sorti en 1975, magistralement interprété par Romy
Schneider et Philippe Noiret, dans lequel des soudards SS violent
l’épouse du médecin avant de la trucider, comme tous les autres
habitants du village… Un film dont le manichéisme ne peut que forcer
l’admiration, mais qu’importe ! Car qui oserait ensuite reprocher près
de 2 millions de femmes violées par l’Armée rouge à la même époque ?
Dont plusieurs milliers en Pologne ? Hein ? Qui ? Peut-être des
historiens allemands et polonais… et un jeune étudiant des beaux-arts de
Gdańsk, au nord de la Pologne, qui vient de mortifier les autorités
russes !
Bogdan Szumczyk n’a pourtant voulu exprimer que ses opinions pacifistes et n’y a pas été de « main morte » (c’est le cas de le dire) en représentant avec un réalisme cru le viol d’une femme enceinte par un soldat de la glorieuse Armée rouge.
« C’est un message de paix », clame le jeune sculpteur qui a exposé sa sculpture, baptisée « Komm Frau » (« Viens, femme »), de nuit, le week-end dernier, sur l’avenue de la Victoire à Gdańsk. Tout un symbole. La police n’a certes mis que quelques heures pour l’en faire disparaître, mais trop tard ! L’outrage était connu de Moscou.
« Je suis profondément choqué par cette incartade de l’étudiant des beaux-arts de Gdańsk qui a insulté avec son pseudo-art la mémoire de plus de 600.000 soldats soviétiques, morts pour la liberté et l’indépendance de la Pologne », s’étrangle d’indignation Alexandre Alekseev, l’ambassadeur de Russie à Varsovie qui attend « une réaction appropriée » des autorités polonaises. Quant à l’œuvre, elle est jugée carrément « vulgaire » et « ouvertement blasphématoire » : un soldat cramponne la victime, sur le dos, les jambes écartées, lui tirant les cheveux d’une main et de l’autre lui plaquant un revolver dans la bouche. Ainsi est mis en scène l’un des glorieux « libérateurs » de la patrie de Chopin.
« À Gdańsk, c’étaient surtout des femmes allemandes, ainsi que des prisonnières déportées polonaises ou russes, qui ont ainsi été violées par des soldats soviétiques lors de la libération de la ville en mars-avril 1945. En Russie, le sujet est très sensible. Le rôle de “libérateur” de l’Armée rouge reste un élément-clé de la doctrine de l’État et une question de fierté nationale. Le thème des atrocités commises par des soldats soviétiques en Pologne et en Allemagne à la fin de la guerre n’a jamais été vraiment débattu en Russie où il reste largement tabou », lit-on dans les colonnes de la version française du Huffington Post, dirigée par Anne Sinclair.
Ce média n’est pas le seul à commencer enfin à relater les crimes de l’Armée rouge – et notamment la pratique du viol explicitement encouragée par Staline comme moyen de terreur contre les populations –, mais c’est sans doute moins par honnêteté historique que pour ternir l’image de la Russie, et surtout celle de son actuel président Vladimir Poutine.
Quoi qu’il en soit, l’on ne peut que se réjouir d’une vision un peu moins manichéenne des horreurs qui ont eu lieu à l’époque… sans monopole aucun.
Bogdan Szumczyk n’a pourtant voulu exprimer que ses opinions pacifistes et n’y a pas été de « main morte » (c’est le cas de le dire) en représentant avec un réalisme cru le viol d’une femme enceinte par un soldat de la glorieuse Armée rouge.
« C’est un message de paix », clame le jeune sculpteur qui a exposé sa sculpture, baptisée « Komm Frau » (« Viens, femme »), de nuit, le week-end dernier, sur l’avenue de la Victoire à Gdańsk. Tout un symbole. La police n’a certes mis que quelques heures pour l’en faire disparaître, mais trop tard ! L’outrage était connu de Moscou.
« Je suis profondément choqué par cette incartade de l’étudiant des beaux-arts de Gdańsk qui a insulté avec son pseudo-art la mémoire de plus de 600.000 soldats soviétiques, morts pour la liberté et l’indépendance de la Pologne », s’étrangle d’indignation Alexandre Alekseev, l’ambassadeur de Russie à Varsovie qui attend « une réaction appropriée » des autorités polonaises. Quant à l’œuvre, elle est jugée carrément « vulgaire » et « ouvertement blasphématoire » : un soldat cramponne la victime, sur le dos, les jambes écartées, lui tirant les cheveux d’une main et de l’autre lui plaquant un revolver dans la bouche. Ainsi est mis en scène l’un des glorieux « libérateurs » de la patrie de Chopin.
« À Gdańsk, c’étaient surtout des femmes allemandes, ainsi que des prisonnières déportées polonaises ou russes, qui ont ainsi été violées par des soldats soviétiques lors de la libération de la ville en mars-avril 1945. En Russie, le sujet est très sensible. Le rôle de “libérateur” de l’Armée rouge reste un élément-clé de la doctrine de l’État et une question de fierté nationale. Le thème des atrocités commises par des soldats soviétiques en Pologne et en Allemagne à la fin de la guerre n’a jamais été vraiment débattu en Russie où il reste largement tabou », lit-on dans les colonnes de la version française du Huffington Post, dirigée par Anne Sinclair.
Ce média n’est pas le seul à commencer enfin à relater les crimes de l’Armée rouge – et notamment la pratique du viol explicitement encouragée par Staline comme moyen de terreur contre les populations –, mais c’est sans doute moins par honnêteté historique que pour ternir l’image de la Russie, et surtout celle de son actuel président Vladimir Poutine.
Quoi qu’il en soit, l’on ne peut que se réjouir d’une vision un peu moins manichéenne des horreurs qui ont eu lieu à l’époque… sans monopole aucun.