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dimanche 22 octobre 2017

Des guerrières Vikings ont existé ! La preuve par la génétique



Bernadette Arnaud ♦

L’identification d’une prestigieuse guerrière Viking par des analyses génétiques offre un nouvel aperçu de cette société. Des conclusions qui devraient amener à plus de prudence dans les généralisations effectuées concernant l’organisation sociale des sociétés du passé.

Skajlmö. C’est ainsi que les femmes armées de bouclier étaient désignées dans les mythes nordiques, à l’instar des Valkyries accompagnant l’âme des guerriers au Valhalla, le royaume des morts… Or voici que l’existence de ces femmes guerrières de haut-rang, longtemps rangées au rayon des légendes, vient d’être prouvée par des analyses ADN réalisées par des chercheurs de l’Université d’Uppsala et de l’Université de Stockholm (Suède) dans la revue American Journal of Physical Anthropology ! Ce sont des restes humains provenant de la tombe de Birka, l’une des plus célèbres sépultures Viking du Xe siècle découverte à la fin du XIXe siècle sur l’île de Björkö, près du lac Mälar, à l’ouest de Stockholm, qui ont permis cette découverte.
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Illustration d’Evald Hansen du plan original de la tombe de Birka, fouillée à la fin du XIXe siècle, en Suède.
Un prestigieux guerrier âgé d’une trentaine d’années y avait en effet été exhumé en 1880, entouré de son riche armement : épée, couteau, lance, flèches, boucliers et chevaux (une jument et un étalon). Un valeureux combattant qui s’avère donc aujourd’hui être une femme. ” Il s’agit de la première confirmation formelle par la génétique de l’existence des guerrières vikings, s’enthousiasme Matthias Jakobsson, responsable du Département de biologie de l’Université d’Uppsala dans la revue en ligne Phys.Org. “Certes, certaines femmes inhumées avec des armes avaient déjà été retrouvées mais jamais avec un équipement de ce rang, explique dans ce même article Charlotte Hedenstiema-Jonson de l’Université de Stockholm, responsable de l’étude. Les spécialistes de cette société ont toujours été assez réticents à reconnaître leur existence”.
C’est d’ailleurs cette réticence qui est à l’origine de ces analyses ADN. Un premier examen ostéologique du squelette, réalisé dans les années 1970, avait en effet déjà conclu qu’il s’agissait bien d’une femme… mais les résultats avaient alors été très controversés. Pour répondre à ces critiques, un prélèvement d’ADN a été fait sur un l’humérus (os du bras) ” mince et gracile “, et sur des dents. Résultats : l’obtention de deux chromosomes X et aucun chromosome Y ! Et les analyses ont livré d’autres détails précieux. ” Les valeurs d’isotopes de strontium retrouvées suggèrent que cette jeune-femme s’est déplacée au cours de son enfance : les modifications retrouvées entre le moment où la première molaire a fini de se former vers l’âge de 4 ans et celui au cours duquel a pointé la deuxième molaire vers l’âge de 9 ans, elle a migré vers Birka en provenance d’une région inconnue, précise l’étude. Elle présente une affinité génétique avec les habitants actuels des îles britanniques (Angleterre et Écosse), des îles de l’Atlantique Nord (Islande et les Orkneys), de la Scandinavie (Danemark et la Norvège) et, dans une moindre mesure, de l’Europe de l’Est (Lituanie et Lettonie).
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Proue de navire Viking.
La découverte de Charlotte Hedenstiema-Jonson et ses collègues ouvre la voie à une meilleure compréhension des Vikings, toujours présentés comme une société patriarcale. “Ces données suggèrent que les femmes ont pu être membres à part entière des sphères dominées par les hommes”, poursuivent les auteurs. Birka, classé au patrimoine mondial de l’humanité, était un important établissement commercial du VIIIème au Xème siècle, où s’échangeaient de l’ambre, de la cire, des fourrures, des esclaves et du fer, en particulier grâce à un réseau économique et des liens avec le Califat et l’Empire byzantin, Orient où les Vikings s’étaient aventurés, attirés par l’argent, précieux métal dont ils étaient friands. Sur les 3000 tombes dégagées à Birka depuis le XIXe siècle, seules un millier ont été explorées. Régis Boyer, spécialiste français des Vikings et des civilisations scandinaves à l’Université de Paris-Sorbonne, décédé en juin 2017, évoquait une hypothèse pour expliquer le déclin économique de Birka : la forte décrue de l’argent arabe, que les Vikings avaient jusque-là importé par centaines de milliers de pièces.
Illustration en tête d’article : Guerrière de la série “Viking“, illustrant le rôle de combattante que certaines femmes Vikings ont eu entre le VIIIe et le Xe siècle.
Source : Sciences et avenir

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