Michel Lhomme, philosophe, politologue ♦
Un sondage publié par le Messagero montre que 67 % des Italiens veulent un arrêt total des arrivées d’immigrants.
Seuls 33 % sont favorables à la poursuite de la politique d’accueil contre 43 % il y a un an. Même dans les rangs du PD (centre gauche), le parti du Premier Ministre Gentilloni, 52 % ne veulent plus d’immigrants. 61 % des personnes interrogées souhaitent même un blocus naval.
Parallèlement alors que le gouvernement veut faire voter une loi instaurant le droit du sol, un autre sondage publié le 5 juillet sur le site Termometro Politico montre que les deux tiers des Italiens y sont opposés. Pire pour les pro-réfugiés, plus de la moitié des personnes interrogées auraient parfaitement compris que le but du droit du sol est tout simplement de pérenniser sur le territoire le « remplacement ethnique ».
L’Italie est en première ligne de l’immigration africaine sur le continent. C’est elle qui, actuellement, subit de plein fouet l’afflux toujours plus important de « réfugiés » et, face à l’ampleur du problème des sans papiers, le gouvernement italien tente de réagir sur plusieurs fronts.
D’abord, il a souhaité imposer un code de bonne conduite aux ONG, révélant du coup au grand jour ce que des sites accusés d’être extrémistes avaient depuis longtemps publié. Au Conseil des Ministres de l’Intérieur de l’Union européenne qui s’était tenu cet été en Estonie, l’Italie avait indiqué qu’elle interdirait aux navires des ONG d’opérer dans les eaux territoriales libyennes les accusant de favoriser le travail des passeurs et de garde-côtes libyens. Elle exigea aussi que les navires des ONG ramènent eux-mêmes et à leurs frais les immigrants récupérés en Méditerranée, en signalant deux heures à l’avance leur arrivée dans un port de la péninsule. Ce fut alors une levée de bouclier chez les « humanitaires », en réalité véritables entrepreneurs de trafic humain dont l’action irresponsable pousse des milliers d’Africains à tenter leur chance en risquant leur vie (l’OIM, Office International des Migrations a recensé 2 206 noyades entre le 1er janvier et le 9 juillet 2017).
Alors que peut concrètement faire l’Italie face à l’invasion ? Fermer ses ports ou opter pour une solution peut-être plus radicale qu’on appelle d’ailleurs là-bas la solution « nucléaire » ?
Pour éviter les troubles sociaux majeurs qui se profilent, l’Italie serait prête à délivrer à tous les arrivants débarqués sur les côtes italiennes un titre de séjour qui leur permettrait alors de circuler librement dans tout l’espace Schengen. L’« option nucléaire » consiste à forcer tout simplement ses partenaires de l’Union à accueillir une partie des clandestins car si on reproche aux Italiens la fermeture de leurs ports, les autres pays européens dont la France se sont bien gardés, eux de les ouvrir !L’option nucléaire, c’est en fait la solution des visas temporaires. Il y a déjà eu un précédent puisqu’en 2011, Silvio Berlusconi délivra des permis de séjour temporaire à plus de vingt mille Tunisiens, forçant alors la France à rétablir des contrôles à la frontière. Si l’Italie s’engageait dans une telle procédure de titres temporaires, on compterait alors dix fois plus d’immigrants illégaux susceptibles de passer Vintimille puisqu’on évoque le chiffre de deux cent mille clandestins encore coincés en Italie et que ce chiffre est aussi le chiffre minimum des immigrés attendus pour cette année dans les ports italiens.
En 2016, il y eut plus de 180 000 arrivées, 86 121 nouveaux immigrants ont été récupérés au large des côtes libyennes, entre le 1er janvier et le 12 juillet 2017, par les navires européens. Dans tous les cas, il s’agit de jeunes hommes célibataires originaires d’Afrique noire qui viennent en Europe chercher de meilleures conditions de vie. Il y a en réalité très peu de réfugiés : ce sont tout simplement des immigrants économiques. D’ailleurs, selon le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR), seuls 30 % des personnes qui traversent la Méditerranée peuvent prétendre au statut de réfugié. On attend 200 000 nouvelles arrivées pour cette année.
Face aux migrants, la résistance italienne des communes
En décembre 2016, un accord avait été conclu entre le Ministère de l’Intérieur italien et l’Association nationale des Communes italiennes (Anci) : ces dernières entérinaient l’accueil des migrants à la condition de ne jamais dépasser un rapport de 2,5 immigrants pour mille habitants. Sur les 8000 municipalités à avoir signé cet accord, 5 500 ont déjà décidé de fermer leurs portes aux « réfugiés ». Dans 2 500 communes d’accueil, la moyenne des centres est déjà de trois immigrants pour mille habitants.Dans la ville portuaire et touristique de Civitavecchia, près de Rome, quand le Ministre de l’Intérieur italien a étudié dernièrement la possibilité d’y installer un « hotspot », centre d’accueil et de tri des immigrants, ce fut une levée de boucliers comme en Sicile où un maire appela ses concitoyens à bloquer avec leurs voitures l’arrivée d’un nouveau groupe électrogène pour un centre d’accueil qui avait pourtant été déclaré fermé un an plus tôt. Idem à Pordemone en Vénétie, en Sardaigne (protestations contre la réouverture de prisons désaffectées en vue d’y loger des « migrants »). En fait, si le gouvernement de Paolo Gentilloni fait autant pression sur ses voisins en appelant à la solidarité européenne, c’est qu’il connaît le ras-le-bol croissant des Italiens et ce malgré les appels suicidaires à la charité du pape face à une immigration qui n’a rien d’humanitaire mais est bien de fait une immigration de colonisation.
Face aux migrants, un changement de stratégie ?
Le 2 août, le Parlement italien a autorisé sa marine de guerre à intervenir aux larges des côtes libyennes. L’objectif des navires de cette mission aurait été de soutenir les garde-côtes libyens face aux passeurs afin de leur permettre de refouler les « migrants » vers la côte. Ce serait effectivement un véritable changement de stratégie qui contredirait la politique d’accueil jusque là systématiquement développée. Néanmoins, elle suppose le développement de camps en territoire libyen or ces camps sont actuellement inexistants.En réalité, nous doutons fortement de la bonne volonté du gouvernement italien qui semble électoraliste, une diversion politique faite avant tout pour tenter de faire baisser une exaspération populaire grandissante de toute l’Italie. Ce qui nous convainc d’un tel jeu de dupes, c’est la fin de non recevoir du gouvernement italien à la lettre du 20 juillet du groupe de Višegrad (V4) qui proposait une aide financière et matérielle pour stopper l’arrivée des immigrants africains. Or que proposait justement Višegrad ? Il souhaitait sécuriser la frontière méridionale de la Libye, y créer des centres d’accueil et de tri, former les garde-côte libyens, renforcer le Bureau européen d’appui en matière d’asile (l’EASO) afin de pouvoir trier correctement les demandeurs d’asile authentiques avant leur entrée dans le territoire européen.
La lettre des Premiers ministres du V4 (Hongrie, Tchéquie, Slovaquie et Pologne) n’a reçu en Italie que le soutien de la Ligue du Nord qui a d’ailleurs vanté la manière dont le V4 a fermé en 2016 la route des Balkans. De plus, le code de conduite des ONG n’est qu’un code de conduite et justement pas une loi, le gouvernement italien a lui-même déclaré qu’il « n’est pas prévu de sanctions en cas de non-respect » ! On le voit la position officielle de l’Italie est plutôt contradictoire.
Pourtant, selon l’ancien chef d’état-major italien, Vincenzo Santo, il ne suffirait que de quelques jours pour mettre fin militairement à l’invasion africaine, la zone à contrôler étant beaucoup plus restreinte qu’on ne le pense. Selon le général, il suffirait de bloquer les bateaux des ONG pour empêcher qu’ils n’entrent dans les eaux libyennes et d’aller ensuite frapper les passeurs-esclavagistes avec les forces spéciales . Encore faut-il une volonté politique !
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