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dimanche 9 avril 2006

De la culture de mort à sa promotion et défense

Dimanche, 9 Avril 2006
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De la culture de mort à sa promotion et défense

Philippe Delbauvre

Tribune libre
De la culture de mort à sa promotion et défense
L'une des erreurs majeures des analystes politiques lus ici ou là consiste à affirmer qu'il existe un mal franco français qui épargnerait les autres pays européens et autres contrées occidentales, ou à l'opposé que globalement les choses iraient ici plutôt bien, le danger venant d'une invasion à venir. Dans le cas de la première hypothèse, un regard objectif sur la santé de nos voisins montrent qu'à l'évidence les problèmes sont là bas les mêmes et qu'ainsi, considérer que la France n'est qu'une tumeur locale au milieu d'un continent sain est une absurdité qui ne résiste pas à l'analyse. En ce qui concerne l'invasion, j'ai bien l'impression que les assaillants sont dans la place et AU POUVOIR, et qu'aucun pays hors d'Europe n'a l'envie ni les moyens de rejouer à notre encontre les expériences de 1914 ou de 1939. On peut ne pas être d'accord: chacun a le droit d'être ridicule.

L'élection de Benoit XVI ne nous a pas laissés insensibles: il nous fallait chercher dès son arrivée à comprendre où l'Eglise allait aller et en vertu de quels choix doctrinaux. Ce fut l'occasion pour moi d'avoir de nombreux échanges à ce sujet avec un ami d'outre Manche afin d'essayer de prévoir le comportement à venir du Saint Siège. Malheureusement, nous n'avions pas tort dans nos analyses d'alors comme nous allons le constater par la suite. Que le Vatican tende la main à ceux que l'on appelle intégristes n'est en soi pas une mauvaise chose: c'est toujours cela de gagné face à la modernité. Toutefois, je crains fort que ce geste n'est pour unique but que de se rallier des islamophobes conséquents (ce que je réprouve), tout en se gardant bien d'en retirer les précieuses analyses quant au misonéisme (ce que j'attends). L'archevêque de Paris vient de s'exprimer au sujet du CPE à l'occasion du pélerinage des étudiants à Chartres. Ce n'est guère réjouissant.

Ainsi:

"Le blocage des institutions démocratiques, l'intimidation, le vote forcé, les décisions enlevées à l'arraché, la destruction des outils intellectuels, livres et instruments de travail, tout cela a fonctionné en Europe au XXè siècle, en Allemagne et en Russie. Notre démocratie devrait avoir honte de voir resurgir en son sein les fantômes des totalitarismes"

L'archevêque de Paris croit donc aux fantômes. Je doute sincèrement que cette notion fasse partie intégrante de la théologie catholique. Il est pourtant vrai que ces phénomènes ont existé au 20 ème siècle. Le premier problème est que nous sommes au 21 ème. Le second est que ces mêmes phénomènes ont existé bien avant et que l'Eglise fût experte en la matière. Je ne lui reproche pas son passé, mais son oubli: cela me rappelle Robert Hue déclarant qu'au parti communiste on aimait la démocratie.

Et de poursuivre:

"La liberté et la démocratie se méritent et se construisent par notre engagement à les rendre possibles et effectives. Pour qu'elles soient vivables, il faut que des hommes et des femmes de conviction soient déterminés à s'engager pour les soutenir et les faire grandir".

et

"Quand on me dit que les AG sont manipulées et les décisions arrachées par des minorités d'influence, je me demande si on n'abandonne pas le terrain en laissant dépérir les organisations démocratiques''.

On constate ici un appel à l'engagement des catholiques en politique pour maintenir les actuelles structures démocratiques. On ne nous dit pas en quoi elles sont légitimes ou plus simplement bonnes. Le terme de ''démocratie'' est devenu le sésame qui permet d'ouvrir les coeurs. Ainsi l'archevêque met ses pas dans ceux des artistes, chanteurs, intellectuels, rappeurs et bien pensants. Il serait temps que les membres du clergé fassent l'effort de se renseigner au sujet de la désaffection qui touche partis politiques et syndicats et autres structures démocratiques avant d'en faire l'apologie.

Ce qui est connu d'un étudiant de premier cycle en sociologie devrait l'être d'un archevêque.

Et de conclure:

"des hommes et des femmes de votre âge, et culturellement bien moins équipés que vous, ont combattu et combattent parfois jusqu'au don de leur vie pour obtenir des élections démocratiques et promouvoir un fonctionnement social qui respecte aussi les minorités".

Tous en choeur: ''we are the world, we are the children''. (Voir paragraphe précédent). N'importe quel politique aurait pu énoncer la même phrase et c'est en cela qu'il s'agit d'une catastrophe: l'Eglise n'offre aucune alternative alors que c'est justement ce que l'on attend d'elle. Catholique, je demanderais le retour à la catholicité rayonnante. Je couperais les ponts avec toute forme de collaboration avec le monde profane. Je pointerais du doigt les tares d'un système qui se mondialise ainsi que l'absence de contrepoids idéologique. Je me ferais procureur chargeant une structure politico-économique dont les vices touchent tant de familles françaises.

Il semblerait que l'Eglise ait déjà postulé la victoire du capitalisme. Et le syllabus ? Et rerum novarum ? Et la tradition ?

Jean Marie Lustiger faisait remarquer que la société dans laquelle nous vivions était une culture de mort.

Je regrette déjà Jean Marie Lustiger.



samedi 1 avril 2006

Du capitalisme en général et de son mondialisme en particulier

Samedi, 1 Avril 2006
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Du capitalisme en général et de son mondialisme en particulier

Philippe Delbauvre

Tribune libre
Du capitalisme en général et de son mondialisme en particulier
Georges Bush, suite à une nouvelle déclaration, vient de me pousser une fois de plus en direction du clavier afin d'écrire quelques unes de mes réflexions.

Mettons les choses au clair: à en entendre certains, notamment '' l'intelligentsia '' française, l'homme serait un débile profond inapte à défendre les intérêts de son pays.

Voire. On avait fait le même constat au sujet d'un de ses prédécesseurs, en l'occurence Ronald Reagan qui fut élu en 1980. Or, une décennie plus tard l'union soviétique s'effondrait plaçant ainsi les Etats Unis sur la dernière ligne droite qui permet le contrôle planétaire. Pour un simple ''cowboy'' et accessoirement acteur raté, c'était là une incontestable réussite. La puissance américaine ne s'étant pas agrandie, il n'en découle pas la naissance d'une hyperpuissance comme on le dit trop souvent, mais plutôt la fin d'un équilibre qui permettait aux puissances moyennes de jouer, si elles le souhaitaient, la carte de la troisième voie. Méfions nous donc des jugements d'intellectuels autoproclamés qu'à l'évidence l'histoire ne cesse de contredire. Pour ma part, je juge le résultat de la politique étrangère de Georges Bush sans me poser la question de savoir s'il est lettré ou pas.

Incontestablement, le bilan est bien plus que positif si l'on prend pour critères de réussite ceux de l'hôte de la maison blanche, ce qui me semble être la moindre des choses dès lors où l'on souhaite faire preuve d'honnêteté intellectuelle. Que l'armée américaine soit embourbée en Irak est exact mais il ne faut néanmoins pas pour autant oublier que ce pays ne se situe pas dans le voisinage géographique immédiat des usa. En clair, à l'approche du but adverse les états unis ne parviennent pas à concrétiser. C'est certes bien dommage pour eux mais nullement catastrophique, loin de là. D'autres points ont été marqués ailleurs. A commencer par la reconnaissance quasi universelle de la victoire du capitalisme qui, à titre d'exemple, a poussé Marie Georges Buffet à affirmer qu'il était désormais envisageable d'abandonner l'idée communiste. Pour une première secrétaire du Parti, ce n'est pas rien.

Revenons à notre brave texan qui poursuit sa route et engrange les succès. L'innondateur par imprudence vient de nous expliquer que les états unis se doivent de rester un pays d'immigrants. Et personne ne réagit dans les milieux nationalistes. Comme s'il s'agissait là que d'une déclaration banale qui ne méritait pas en elle même une analyse. Or c'est justement ce que je compte faire.

Beaucoup de nos concitoyens ont en tête la catastrophe économique qui fût celle du communisme. Souhaitant un modèle plus performant mais aussi poussés par des vents porteurs, ils font ainsi en réaction l'apologie du monde libéral tout en espérant maintenir la cohésion nationale. Ainsi, la nation serait nationale, la patrie patriote et l'économie dynamique. Tout serait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes (possibles ?). Malheureusement, nous disposons de résultats provenants d'autre pays qui sont davantage avancés que nous dans la voie libérale et qui viennent contester cet optimisme. Ainsi l'Angleterre de Tony Blair dont on nous vante les succès (quels chifffres ??) est devenue la championne européenne en matière de décomposition du tissu social. C'est avant tout là bas et pas en France que la pauvreté fait des ravages. A tout le moins, pas avec une telle ampleur chez nous. On peut dire qu'il est possible de jauger l'authenticité du fait national à l'intérêt porté par l'ensemble de la communauté à ses plus démunis. J'ai l'intime conviction et en cela je suis soutenu par Marx en personne (Manuscrits de 1844) que le joug féodal était bien moindre que le libéral. Un fait n'est pas contestable, savoir que la libéralisation en France depuis trente ans a engendré tous les fléaux que nous connaissons aujourd'hui. Que partout où la cigue financière a été administrée et cela quelles que soient les traditions locales, les nations ont été désagrégées.

Alors oui à l'évidence, les états unis se doivent de rester un pays d'immigrants. Parce que la structure est capitaliste, mais aussi parce que pays d'immigrants il ne peut que stimuler l'individualisme donc le libéralisme. En découlent le communautarisme, le pluriculturalisme et évidemment la délinquance pour ceux qui ne se seront pas adaptés: il s'agit là du prix à payer. Car si le capitalisme est producteur de richesses, il a aussi un coût. Le choix du moi hédoniste qui est la caractéristique sociale propre au libéralisme ne peut que mener à la dissolution de la nation. Ainsi on est surpris de constater que dans les grands clubs sportifs européens aucun joueur n'est originaire de la ville représentée. Faut t-il l'être ? Du tout. Ces structures sportives sont capitalistes et sont gérées en tant que telles. Il leur faut impérativement des résultats ce qui signifie à l'évidence qu'il vaut mieux prendre ce qui se fait de mieux quitte à aller le chercher ailleurs. Les plus grands clubs sont presque tous les plus riches et les plus riches sont bien souvent les plus grands. Alors bien entendu, ils gagnent. Mais qui gagne ? Et l'autochtone ? La victoire a un prix elle aussi. Transposé à l'échelle nationale, il ne reste plus qu'à effectuer le parallèle entre le joueur étranger et le travailleur étranger. Joueurs et travailleurs ne sont pas mécontents de leurs situations malgré le mal du pays mais qu'en pensent les joueurs et travailleurs nationaux ? Quel est le grand bénéficiaire ? En quoi de bons résultats d'une entreprise française nous concernent t-ils puisque c'est la même qui s'établit à l'étranger pour employer à moindre coût et dès lors favorise le chômage français ? Voilà la question que l'on ne se pose pas et bien à tort.

Là réside probablement la plus grande erreur de nombre de nationalistes français qui persistent à défendre un système économique qui se trouve aux antipodes de l'intérêt national. Paradoxalement, le commmunisme a mieux défendu les valeurs nationales que ne le fait le capitalisme. Ni immigration, ni hédonisme, foi intacte et même revigorée, chômage quasi inexistant. Soyons clairs. Je perçois à l'avance le sourire de ceux qui me connaissent bien et qui doivent songer à mon anticommunisme. Je ne fais que constater les faits avec le plus grand plaisir dès lors où ils me permettent de remettre en cause des idées reçues. Je maintiens donc mon opposition farouche à ces deux matérialismes qui ont tout laminé sur leurs passages. Encore faut t-il remarquer que l'un a disparu alors que l'autre prospère (sic). C'est ce qui, pour beaucoup, n'a pas été fait. L'erreur communiste a été stratégiquement de poser que les contradictions du capitalisme le pousserait à sa perte. C'est justement grâce au jeu de ses contradictions.

Que le capitalisme sort toujours indemne en dressant les intérêts particuliers les uns contre les autres. On ne s'étonnera donc pas de la constitution de lobbies dans nos sociétés dont les rivalités en fragmentant la nation sont encouragés par le capitalisme. Ce dernier a dès lors beau jeu de donner la parole à tous en vue d'orchestrer la cacophonie. Il en résulte des oppositions bien connues: homme/femme, parents/enfants, hétérosexuels/homosexuels, pour/contre etc ...

Ainsi l'individu (et non la personne) se trouve ravi de s'être exprimé et d'avoir projetté son moi. Qu'en reste t-il pour la commmunauté ?

Une autre erreur du communisme est d'avoir postulé que l'impérialisme était le stade suprême du capitalisme. Cela présuppose que dans les pays au capitalisme avancé, le politique précéde l'économique. Or j'ai bien l'impression qu'aujourd'hui les équipes gouvernementales sont aux ordres des dirigeants économiques. En témoignent le démantèlement de la fonction publique, la diminution des prestations sociales, le refus d'intervenir dans les conflits d'entreprises etc. Plus grave, les grandes entreprises outre le fait qu'elles emploient des non nationaux, utilisent aussi des capitaux étrangers: elles sont donc redevables. Enfin, les états unis sont t-ils prêts à aller à l'encontre des intérêts de microsoft ?

Il est donc urgent que les nationalistes relisent TOUS les penseurs de la mouvance.

Evola, Maurras, Sorel, Peguy, Junger, ....

Peut être faudrait t-il les lire plus simplement.

Ils sont tous anticapitalistes



mercredi 22 mars 2006

CPE les nervis du système reprennent du service

Mercredi, 22 Mars 2006
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CPE les nervis du système reprennent du service

Philippe Delbauvre

Politique
CPE les nervis du système reprennent du service
Les lecteurs qui ont pris l'habitude de consulter le site voxnr.com, tant la première page que le forum ont pu constater que je n'ai pas varié dans mes prises de position politique. Anti-système j'étais, anti-système je reste. Ils ont pu également noter l'attention toute particulière que je porte à Nicolas Sarkozy en raison de son américanophilie non dissimulée ainsi qu'à la gauche suite à la rupture avec un projet d'essence sociale qui fut abandonné voilà presque un quart de siècle. Ni le petit homme de droite, ni la gauche, ne sont des alternatives aux maux dont souffre notre pays et plus généralement l'occident.

Le projet du CPE n'est en rien définitif. Il instaure une précarisation qui dans le cadre de l'économie libérale est certes un plus, mais qui va vite s'avérer insuffisante. Il faudra donc que les gouvernants aillent bien au delà s'ils souhaitent réellement participer à la course de longue haleine que nous impose la concurrence économique. Il leur faudra donc se délester des fardeaux qui pèse sur l'activité libérale. Ces surcharges pondérales sont bien connues des français et pour cause: ils y tiennent. Ils ont pour nom "retraite", "conditions de travail", "smic", "temps de travail", "sécurité sociale", etc... C'est tout cela que l'on est en train de jeter à la mer progressivement (ce qui est habile politiquement) de manière à ce que la pilule puisse passer. En conséquence, le CPE n'est pas une catastrophe en lui même, mais simplement le prolongement d'une politique qui se propose d'aller bien plus loin. Il en va de même pour le déremboursement des médicaments qui petit à petit s'accélère de façon à ce qu'un jour nous finirons tous par nous rendre compte que, la privatisation étant effectuée, il ne nous reste plus qu'à recourir à l'assurance.

Certaines classes d'âge ont connu leurs manifestations bien avant celles qui font l'actualité aujourd'hui. La gauche en a fait les frais suite à la défense de l'école privée en 1984 mais aussi suite à l'opposition des jeunes et enseignants à l'ami de Lionel Jospin qui n'était autre que Claude allègre ministre de l'éducation nationale de son état. La droite a du elle aussi passer sous les fourches caudines des vagues étudiantes. On peut songer à 1986 qui se clôtura par le retrait du projet Devaquet ou à l'ambition balladurienne du CIP qui ne connut pas de meilleur sort. En cela, le renvoi dos à dos de ce qui alternativement se nomme majorité ou opposition et que l'on persiste bien à tort à appeler gauche ou droite s'impose. Systématiquement, c'est un zéro pointé qui sanctionne de détestables copies gouvernementales.

La gauche et la droite rivalisent d'incompétence lorsqu'il s'agit de répondre aux légitimes aspirations des jeunes. Je crains que la motivation de ceux ci ne soit pas aussi importante que ce que l'on a coutume d'affirmer. En effet, un projet dit de gauche sera brocardé par les étudiants dits de droite et réciproquement. Or les jeunes, dans leur majorité ne croient plus à la politique. Cela explique que les grèves et blocages ne sont que le fait de minorités qu'elles soient de droite ou de gauche suivant l'époque. On pourrait se réjouir de l'attitude de l'étudiant représentatif qui attend que les événements se passent en considérant que cette inaction est la conséquence délibérée d'un choix, les politiques n'étant plus pris au sérieux. Malheureusement il n'en est rien. Il s'agit simplement d'une soumission à un système qui, parce que hédoniste, n'est pas sans avantages. Quitte, et trop tard, une fois arrivé sur le marché du travail à crier au scandale en découvrant les affres du chômage ou des conditions de travail. Ceux qui en revanche sont politisés sont ravis de l'aubaine. Ainsi, les manifestant de droite sont systématiquement qualifiés de fascistes. Au même titre que les manifestants de gauche sont affublés du qualificatif de stalinien ou autre nom d'oiseau. Je ne conteste pas le droit à la lutte contre le bolchevisme international ou la peste brune, chacun à l'évidence ayant droit à son dada. Je m'interroge sur l'existence et la survie de l'un comme de l'autre.

Pour ma part, je suis intimement convaincu que ces deux idéologies politiques ont disparu de l'espace politique français ou ne subsistent qu'à l'état résiduel. L'instrumentalisation de ces deux phénomènes politiques fait justement la joie d'un système bien satisfait que l'on ne pratique pas son analyse. C'est donc au monde libéral que rendent service les étudiants de gauche en soutenant leur joujou politique, tout comme c'est au même monde libéral que rendent service les étudiants de droite pour les mêmes raisons. Bien peu en ont conscience. Quand bien même le projet du CPE serait abandonné, une gauche victorieuse en 2007 le réhabilitera sous un nom et une forme différente. Aider l'opposition si ce n'est pas pour affaiblir le pouvoir est dans ce cas ridicule.

Peut être aussi faudrait t-il se pencher sur les réactions de la galaxie nationaliste que l'on inféode à tort ou à raison à l'extrême droite. Beaucoup ont suivi de très loin les émeutes de novembre, attitude qui nous a bien fait sourire si l'on tient compte de leurs propos bellicistes. Le conflit inter-ethnique ou la guerre civile n'ont pas eu lieu. Nous l'avions dit, écrit et nous avions raison. De la même façon, les émeutes étudiantes ne déboucheront pas sur le grand soir. Quand bien même, si tel était le cas, compte tenu du fait que les différentes orientations des membres du réseau radical convergent néanmoins vers une attitude résolument anti-système, nécessité pour nous serait de prendre le train en marche pour le diriger sur une voie conforme à nos idées. En cela, les manifestants en dépit de leur naïveté politique, s'ils ne sont pas nos amis ne sont pas non plus nos ennemis. On m'objectera peut être qu'ils nous considèrent eux comme la "frange la plus réactionnaire de la bourgeoisie". Peu nous importe, ce sont les mêmes qui, fustigeant le capital ou le mondialisme, ont voté Rocard puis Jospin et se préparent séduits à voter Ségolène. La cohérence n'est donc pas leur fort. Ils affaiblissent le gouvernement et c'est l'essentiel. Déplacé donc, d'être terrorisés ou de de s'attendre à l'établissement de kolkhozes.

Mai 68 et les parallèles douteux. La situation serait la même aux yeux de certains alors que le phénomène est tout à fait différent. Mai 68 n'est que l'événement marquant la rupture entre deux modèles sociétaux. Il ne fut pas la cause, mais la conséquence d'un état d'esprit. La grève était généralisée et cela dans des usines où le nombre d'ouvriers étaient importants. Qui imagine aujourd'hui Jacques Chirac obligé d'aller solliciter la fidélité de l'armée dans les circonstances actuelles ? Qu'une partie de ce que l'on appelle "extrême droite" se soit portée au secours du général De Gaulle est exact mais les enjeux étaient différents. Nous étions en pleine guerre froide (où sont les chars soviétiques ?), les communistes avaient le vent en poupe (combien aujourd'hui ?) et suite au choix de l'OAS certains avaient tout intérêt au ralliement. Ils en furent d'ailleurs récompensés.

Que nous donnerait l'actuel gouvernement si nous venions à le soutenir ? Absolument rien. Tout simplement parce qu'il n'a pas besoin de soutien. Et puis avouons le, parce qu'il sait très bien, que quoiqu'il advienne, nous ne le soutiendrons pas.



dimanche 12 mars 2006

Droite et gauche, des typologies obsolètes érigées en dogme

Dimanche, 12 Mars 2006
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Droite et gauche, des typologies obsolètes érigées en dogme

Philippe Delbauvre

Politique
Droite et gauche, des typologies obsolètes érigées en dogme
Il est une mode, que l’on rencontre de plus en plus fréquemment dans les milieux que les spécialistes traditionnellement classent à droite, qui consiste à se définir comme étant de gauche. Encore faudrait t-il définir la notion, ce qui n’est jamais effectué, enfin à tout le moins jamais de façon consensuelle. Bizarre, dans ces conditions que de vouloir impérativement appartenir à ce que qu’à l’ évidence personne ne connaît.

Peut être faudrait t-il effectuer un grand bon dans le temps : nous voici ainsi revenu aux années 1960 et 1970 où l’appartenance à la gauche – avec ses goulags – était le grand sésame qui permettait d’entrer dans les milieux très selects où l’on était d’office gratifié des qualités d’intelligence, d’ouverture d’esprit … et de visionnaire (sic).

Tout le monde a évidemment le droit de se tromper (même si à l’origine, l’homme de gauche avait par définition raison). « Ah l’autogestion ! » s’exclame encore aujourd’hui Cohn Bendit, « Ah les contradictions du capitalisme qui allaient le mener à l’échec », peut t-il dire lui aussi ou l’un de ses pairs.

Amusante toute cette rhétorique aujourd’hui, maintenant que nous bénéficions du recul.

Je ne leur en veux pas. Ils étaient jeunes, croyaient penser de façon autonome, alors qu’ils n’étaient que le fruit d’un déterminisme générationnel. Comme pour chaque classe d’âge, cela va de soi.

Ce qui m’embarrasse davantage, c’est qu’au moment où les sociologues reconnaissent que la France, mais aussi l’Europe ont davantage changé en vingt ans qu’en un siècle, beaucoup sont restés sur le quai de la gare, et à l’image de la vache dans son près, semblent soucieux d’attendre un train qui est déjà passé et ne passera plus. Un tel comportement pour les plus anciens peut se comprendre. En effet, il est d’autant plus difficile de renoncer à ce à quoi on a longtemps espéré que l’on y a cru longtemps. S’expliquent peut être là, l’âge moyen du militant du parti socialiste (52 ans) ou du parti communiste (?).

Là où cela devient inquiétant, c’est lorsque des jeunes, qui par définition, n’ont pu connaître sérieusement l’atmosphère des années 60 où à tout le moins des années 70 s’en viennent ressortir du réfrigérateur, que l’on avait éteint durant quelques semaines au retour de je ne sais quelles vacances intellectuelles, une assiette de viande crue devenue forestière, que la décence interdirait de donner à n’importe quel animal de compagnie.

A l’évidence, le désintérêt pour la gauche qui frappe le pays n’a pas été compris. Que l’on ait pu y croire en 1981 (« les 23 ans d’opposition »), c’est tout à fait logique, mais qu’aujourd’hui et ce après un quart de siècle de gestion du pouvoir partagée par alternance avec la droite, on ait pu conserver le même point de vue, cela montre que l’on est passé de la croyance à la foi.

Cela fait bien longtemps que j’ai laissé à ceux qui le souhaitaient le qualificatif de gauche. Pas mécontent de l’opération, et pour cause.

Il n’a plus de droite ou de gauche : leurs adeptes sont devenus des libéraux.

Voilà très exactement le nouveau clivage : les libéraux ou les autres.

Bien peu l’ont compris.

samedi 18 février 2006

Le système politique français est en panne

Samedi, 18 Février 2006
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Le système politique français est en panne

Philippe Delbauvre

Politique
Le système politique français est en panne
On glose.

Une VI ème république.

Il y a après chaque élection législative un politique promu au perchoir dont la principale mission, nous explique t-il invariablement, est de rendre à l’assemblée sa liberté d’expression, de la favoriser et de la chérir. Et rien ne change.

Le chef de l’exécutif a vu sa fonction établie juridiquement en 1958 avant d’être confirmée en 1962. Le président de la république se situe au dessus des partis suite à une tradition solidement établie. Enfin, il est sensé l’être. Voici donc le premier problème constitutionnel et politique qui vient d’être posé. Il est malheureusement d’ampleur car il concerne directement le sommet de l’état et influe donc sur toutes les strates de la pyramide. Comment un homme politique, dont l’ascension a nécessité le passage par un ou plusieurs partis, pourrait t-il une fois élu à la magistrature suprême, oublier toutes les décennies de combats engagés au profit d’un camp ? Comment un tel homme, se choisissant un premier ministre politisé et appuyé par une assemblée qui ne l’est pas moins, pourrait t-il se placer dans la position du spectateur non engagé ? C’est déjà là pari impossible à tenir et aucun président n’a su se débarrasser de ses engagements politiques passés.

L’homme est homme. Ce qui est vrai pour le commun des mortels l’est aussi pour le président de la république. De Gaulle s’est représenté, Giscard aussi, et Mitterand, et Chirac. Pompidou est l’exception mais c’est la maladie qui en a voulu ainsi. Une élection se prépare, et à fortiori une réélection. Le président dès lors, tout en bénéficiant de sa majesté présidentielle, s’en retourne alors à ses premières amours politiciennes. Est ce conforme à ce que l’on attend de lui ? A cette position d’arbitre soucieux d’incarner la totalité du corps électoral. Dans la pratique, il faut éliminer les rivaux de son propre camp et choisir son adversaire du second tour, qui évidemment sera celui le plus facile à abattre. Qu’en pense t-on dans les chaumières ?

L’assemblée nationale prête elle aussi à sourire. A quoi bon réunir des députés issus de régions différentes sachant que leurs votes ne sera que celui de leur parti ? D’ailleurs, comme c’est le cas aujourd’hui, lorsqu’il existe une majorité absolue à l’assemblée, on peut tout à fait légitimement se demander à quoi sert le vote puisque avant même le dépouillement les résultats sont connus.

Je ne souhaite pas embarrasser les plus jeunes avec des exemples lointains, cela d’autant plus que la situation actuelle se prête à une analyse. La critique est facile, les propositions sont ardues tant à définir qu’à trouver.

Alors je vais me mouiller, quitte à finir trempé.

Un seul mandat pour le président de la république me semble chose nécessaire. Cela évitera l’amorce de campagne de réélection trois avant. Cela permettra aussi de prendre des mesures impopulaires qui sont quelquefois nécessaires.

Le scrutin proportionnel est une nécessité : on ne peut laisser sans représentants FN, LCR et LO qui ont totalisé 30 % des voix en 2002.

Mieux, l’assemblée élue en 2002 l’a été dans un cadre très particulier. Elle continue de fonctionner comme si l’électorat n’avait pas changé. C’est politiquement inadmissible. Si aujourd’hui, l’UDF, compte tenu du positionnement qu’elle s’est choisi, était nécessaire à la droite pour obtenir une majorité absolue, la situation serait toute différente. On peut songer au CPE par exemple.

En conséquence, une élection au suffrage universel direct, prenant en compte la proportionnelle et renouvelant l’effectif de l’assemblée par cinquième à raison d’une fois par an, rendrait aux députés des pouvoirs qu’ils n’ont pas.

Il ne s’agit là que de pistes qu’il faudrait approfondir. Je ne pense pas bénéficier de l’assentiment de ceux qui pourtant clament haut et fort leur volonté de changement.



mardi 14 février 2006

OPA et patriotisme économique

Mardi, 14 Février 2006
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OPA et patriotisme économique

Philippe Delbauvre

Politique
OPA et patriotisme économique
L’Opa lancé Par Mittal contre Arcelor a remis au goût du jour une vieille notion qui a la faveur des français, ce que je comprends, et que l’on nomme aujourd’hui « patriotisme économique ». Exprimé clairement, ce concept est facile à comprendre. Dans le grand marché mondial, soumis au principe de la libre concurrence, seules les entreprises françaises bénéficiant de l’aide de l’état se verrait aidée financièrement en vue de pouvoir rivaliser avec des groupes concurrents.

Une première remarque s’impose : c’est illicite commercialement parlant et l’OMC interviendrait bien vite en cas d’intervention de l’état français, comme elle l’a déjà fait de par le passé. A juste titre : dans le monde capitaliste, seul le « laissez faire, laissez passer » a force de loi.

Plus grave, si la France ou les Européens venaient à remettre en cause les principes tabous de la non intervention, des mesures de rétorsion seraient immédiatement prises par d’autres états. En effet, ou la concurrence est l’affaire de tous et c’est auquel cas la règle, ou un des membres déroge plaçant ainsi les autres dans un état d’infériorité qui les contraindra eux aussi à adopter un comportement similaire. Autant prévoir que le mauvais joueur qu’est l’européen risque de perdre nombre de parts de marché sur l’ensemble des continents.

Nos chères entreprises sont à qualifier comme l’on voudra, mais elle ne sont certes pas nationales. Elles disposent d’une association appelée MEDEF dont l’un des objectifs est la libéralisation totale. L’abolition du smic serait ainsi une bonne chose tout comme des contrats à très courtes durées pour les salariés. En pleine période de chômage Nicolas Sarkozy vante les mérites d’une immigration choisie. Des infirmières seraient les bienvenues nous explique t-on. Je ne pense pourtant pas qu’il s’agisse là d’un métier inabordable intellectuellement pour des françaises ou des français motivés. On aurait pu comprendre la recherche de spécialistes scientifiques à très haut niveau, mais ce n’est pas le cas ici. En revanche, cette nouvelle arrivée d’infirmières que pourtant nous savons former et qui donnent toute satisfaction au français, va tirer les salaires vers le bas. Vous avez dit « patriotisme économique » ? Nous entendons depuis nombre d’années parler de délocalisation. Phénomène qui consiste à fermer des entreprises françaises fonctionnant avec des travailleurs français, pour les rouvrir à l’étranger avec des travailleurs autochtones. Le patriotisme économique je suppose là encore ?

L’imbrication des économies, leur interdépendance, rendent caduques l’analyse léniniste voyant dans l’impérialisme le stade suprême du capitalisme. Ce stade suprême c’est la négation même de toute appartenance nationale. Marx lui, l’avait pressenti dès ses manuscrits de 1844. Il n’est qu’à considérer le fonctionnement interne de chaque entreprise d’importance pour constater qu’elle développe son propre patriotisme, sa propre culture, son état d’esprit dont le but n’est que la cohésion interne de sa masse salariale. Qui n’a pas entendu parlé des stages de motivations, du port du badge, voire de l’uniforme. L’objet même de toute entreprise économique est de faire du profit et d’étendre son influence, en remportant d’autres marchés qui ne bénéficieront pas au français.

En revanche, il est une autre alternative. Un bloc puissant, disposant socialement d’une législation harmonieuse, suffisamment étendu afin de pouvoir être autonome dans le domaine des ressources essentielles et ainsi nous rendant autonomes par rapport à l’hydre économique. Ce bloc existe déjà virtuellement : c’est L’Eurasie.



lundi 6 février 2006

Caricature et perte du sacré

Lundi, 6 Février 2006
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Caricature et perte du sacré

Philippe Delbauvre

Politique
Caricature et perte du sacré
Je souhaiterais aborder l’épineux problème des caricatures par l’intermédiaire d’un autre angle afin de sortir des redites qui finissent à long terme par devenir lassantes. Ces images, on le sait, arrivent en pleine période de tension entre la Perse et l’occident, de sorte qu’il ne peut s’agir là du fruit du hasard. En effet, l’on n’a pas attendu les derniers événements pour caricaturer et Ben Laden et Arafat. On eût pu s’en prendre au Prophète bien plus tôt si on l’avait souhaité.

Ces caricatures sont aussi une assimilation entre Islam et guerre comme si les deux ne faisaient qu’un. Propagande, donc et par définition puisque cette première peut aisément se définir comme une caricature de l’information.

Tout à fait logiquement et avec une certaine naïveté les musulmans dans leur majorité ont protesté. Si les catholiques français l’ont fait à leur époque (la dernière tentation du Christ), c’est en revanche minoritairement. Cette différence n’est pas la conséquence d’une plus grande tolérance en milieu catholique mais d’une perte de la foi : si Dieu s’est fait homme, qu’il est mort sur la croix et s’est trouvé ressuscité, si en conséquence ce phénomène unique dans l’histoire est avéré, alors tout homme croyant ne peut accepter une caricature de l’idéal qui le fait vivre.

Un heureux hasard m’a fait relire un livre de Mircea Eliade dont le titre est « Le sacré et le profane ». Alors que je songeais aux caricatures, l’ouvrage m’est revenu l’espace d’un instant en tête, ce qui a modifié le cours de mes réflexions.

Au delà, de l’habituelle polémique entre la liberté d’expression et le respect du à chacun se trouve tout autre chose, enfoui, auquel personne ne me semble avoir songé. La liberté de la presse étant elle aussi cadenassée depuis bien longtemps. Inutile d’aborder également la liberté d’opinion, pensée unique oblige.

Ce qui se trouve enfoui, pour ne pas dire enterré n’est autre que le Sacré.

Les occidentaux ont perdu ce concept depuis nombre de décennies ce qui explique leur incompréhension lorsqu’il sont confrontés à d’authentiques croyants, ou plus simplement à certains élèves des grandes écoles militaires dont les traditions sont sacrées justement. Les profanes, même s’ils exportent très facilement leur modèle sociétal ont très probablement perdu ce qui les mettait en contact avec le supramonde : le Sacré grandit l’homme et le place au dessus des contingences simplement matérielles. Mais aussi, il impose aussi à l’homme une humilité dont l’occidental est aujourd’hui dénué. L’individualisme en est la cause majeure. Le Sacré est inclus dans le religieux tout en le débordant. Ainsi, la fidélité au drapeau est bien davantage une fidélité à une représentation par l’étoffe qu’au drapeau lui même. Ce que l’on appelle la garde au drapeau et qui est constituée des six hommes en protection situés autour de lui, bénéficie d’une législation particulière : tout soldat membre de la garde se doit y compris par l’usage de son arme d’empêcher quiconque de venir toucher l’étendard.

Je peux comprendre la surprise du lecteur suite à la lecture de ces informations. Il peut apparaître surprenant qu’effleurer un drapeau puisse coûter un coup de baïonnette. Voilà pourtant là une des conséquences du Sacré. Il est des objets auxquels on ne touche pas, des rites que l’on ne modifie pas, des valeurs qui, parce qu’elles sont au delà du temps, ne peuvent être atteintes. La relative liberté d’expression n’est que la conséquence de plusieurs lois, plusieurs fois modifiées. Donc, par définition, non sacrées.

Je n’ai imagé qu’à l’aide d’un exemple : il en est d’autres.

On peut certes accepter l’avortement, mais on se doit de comprendre que pour certains, la vie même avant la vie est sacrée.

On peut aller visiter athée une église en vue de contempler ses splendeurs, mais c’est déjà là une atteinte au Sacré.

L’indissolubilité du mariage est aussi sacrée. L’était.

Je ne souhaite pas par là montrer que l’Islam est homogène : on peut être musulman d’autant de manières que l’on est chrétien. Une chose est aujourd’hui certaine : c’est probablement cette perte du Sacré chez les occidentaux qui engendrent l’incompréhension de nos contemporain



dimanche 5 février 2006

Un conflit qui prêterait à rire...

Dimanche, 5 Février 2006
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Un conflit qui prêterait à rire...

Philippe Delbauvre

Étranger
Un conflit qui prêterait à rire...
Si les enjeux n’étaient pas si importants, le conflit larvé qui oppose l’Iran à l’Occident au sens où l’entend Alain De Benoist prêterait à rire. En effet, après avoir fait la guerre en Irak (sans l’avoir déclaré) en raison d’un arsenal puissant dont on sait aujourd’hui qu’il n’existait pas (cf le suicide de l’un des experts), voici que les Etats Unis et leurs complices se préparent à attaquer l’Iran pour une éventuelle possession d’armes qu’il pourrait le cas échéant avoir, mais qu’il n’a pas.

Sourire de l’homme lucide.

Il y a bien sur le fameux choc des civilisations nous expliquant un panarabisme envahisseur dont il serait préférable de nous prémunir en l’attaquant de manière préventive. A leur époque, le soviétiques utilisaient la même rhétorique : nous sommes pacifiques parce que communistes alors que le capitalisme a pour stade suprême l’impérialisme. Donc nous déclenchons la guerre pour nous protéger.

Cela ne peut se traduire à long terme si l’on souhaite la tranquillité communiste que par une domination planétaire. Le shèma américain est exactement le même.

Jamais les Etats Unis n’ont été aussi puissants, jamais leur modèle sociétal n’a été autant exporté.

Le problème est qu’ici il ne s’agit pas d’un pays arabe, la Perse n’étant pas de souche sémitique. Il me semble même qu’une longue guerre a opposé Irak et Iran dans un passé proche. Pour un européen qui raille l’américain ne sachant pas placer la France sur une carte, arabe et perse c’est la même chose. Qu’il aille donc demander leurs avis aux principaux intéressés. Il risque d’être mal reçu par les uns comme par les autres. Idem pour les turcs assaisonnés à la même sauce, à tort encore une fois, bien entendu. En conséquence le président iranien ne sera jamais un chef de file comme Nasser ou Khadafi qui ne purent jamais d’ailleurs concrétiser leurs rêves.

Penser d’ailleurs que nombre de pays arabes, sous prétexte qu’ils sont peuplés d’arabes, ont maintenu leur propre culture est un leurre : on ne compte plus les musulmans alcoolisés et si le porc est prohibé, il a ravi là bas bien des palais.

On trouve au sud de la Méditerranée des jeunes gothiques, des rockers, portable à la main qui se réjouissent à regarder des séries américaines. Ainsi dans l’Afrique du nord, on peut déjà considérer que l’implantation américaine est faite et qu’en conséquence un soulèvement arabe généralisé est impensable.

En conséquence, suite à la normalisation libanaise, la progression vers l’est se poursuit. Restent donc la Syrie, l’Irak et l’Iran. Voilà qui explique, et la guerre dans le pays de Saddam Hussein, et les pressions sur la Syrie qui vont crescendo, et enfin maintenant les menaces concernant l’Iran.

On a du mal à comprendre comment des puissances nucléaires s’arrogent moralement le droit d’interdire à un pays de bénéficier du même avantage. C’est un premier point qu’il fallait souligner. On imagine mal par ailleurs l’Iran frapper Israel nucléairement : d’une part parce que les palestiniens seraient eux aussi touchés, ceux là même qui viennent de porter le Hamas au pouvoir, d’autre part parce qu’une telle action engendrerait une riposte immédiate. On constate comme ce fut le cas pour l’Irak, l’absurdité de l’argumentation.

Dès lors il faut s’interroger sur la volonté perse de s’armer : on ne s’arme que si l’on se sent menacé, l’hypothèse d’une attaque iranienne étant écartée.

L’Iran c’est 10 % des réserves pétrolières, ce qui n’est pas peu. C’est également un pays frontalier de l’Afghanistan situé à l’est où les américains sont déjà présents. En prenant le contrôle du pays comme c’est le cas en Irak, l’isolement de l’Afghanistan et de la Syrie serait assuré. Ainsi, du Liban jusqu’au Pakistan toute l’étendue passerait sous contrôle américain. Mais l’Iran, c’est aussi la mer Caspienne et tous ses débouchés. Le Kazakhstan, le Turkménistan, la Georgie et la Russie via la Tchétchénie. On comprend mieux désormais l’acharnement de La Russie à Grozny où ailleurs afin de conserver cet accès qui est essentiel pour eux. Un heureux hasard fait que ces pays sont justement des zones pétrolifères. On comprend également que Moscou prête attention aux plaintes iraniennes. Le dirigeant du Kremlin n’a aucune envie de voir arriver les américains à leurs frontières, pas plus d’ailleurs de voir monter une éventuelle poussée de l’Islam dans son voisinage. D’où la valse hésitation moscovite.

Tout cela, les dirigeants perses en ont bien conscience. Je ne suis pas loin de penser que la déclaration du dirigeant souhaitant la destruction de l’entité sioniste ne soit qu’une mise en condition de son peuple afin de mieux le préparer à la guerre. Celle ci est désormais probable en raison des explications données ci dessus. Les déclarations fracassantes, l’Islam, le terrorisme ne sont que des prétextes brandis par les Etas Unis pour parvenir à leurs fins : Contrôler tout le flanc sud de la Russie, s’emparer de tous les gisements, mais aussi s’approcher de la Chine.

On en est là.



samedi 28 janvier 2006

Et qui va garder les enfants ?

Samedi, 28 Janvier 2006
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Et qui va garder les enfants ?

Philippe Delbauvre

Politique
Et qui va garder les enfants ?
Ségolène Royal est issue d’une portée de huit enfants. Les familles nombreuses, on le sait bien, sont dans leur majorité, membres du prolétariat ou alors de de la bourgeoisie catholique et pratiquante. Il va de soi aussi qu’à l’image de la plupart des représentants élus, elle n’est pas représentative de son électorat. Fille d’un colonel d’artillerie dont certaines accointances étaient pétainistes, elle est donc issue d’un milieu favorisé comme le sont la plupart des socialistes. Je ne prétends pas qu’elle eut un père comme Jacques Delors comme ce fut le cas pour Martine Aubry, mais nous sommes donc bien dans les mêmes eaux en ce qui concerne l’appartenance à la hiérarchie sociale. Jacques Delors dont elle devait se sentir proche puisqu’elle signa plusieurs appels émanant de ses clubs.

Milieu gaullo pétainiste catholique et provincial qui nous rappelle immédiatement François Mitterand dont la famille avait les mêmes caractéristiques. Les deux se cartent au parti socialiste lorsqu’il n’ont plus guère le choix, (l’ancien président n’était pas membre lors de la prise de contrôle du parti à la fin du congrès d’Epinay). Elle le fit vers la trentaine ce qui montre un engagement tardif. Les ressemblances en terme de parcours semblent s’arrêter là. Lui, quoique juriste de formation est avant tout un lettré dont les connaissances étaient encyclopédiques et la culture reconnue. En ce qui la concerne, c’est tout à fait différent : licence d’économie, sciences po et ena : savoir sur tout mais très superficiellement. Parcours stéréotypé et devenu presque obligatoire pour celui qui souhaite exercer des responsabilités importantes sachant que l’école formate ses produits en fonction des besoins du moment.

Le parcours politique est assez classique lui aussi : adjointe au maire, puis député et enfin conseillère régionale avant de prendre la présidence en battant Jean Pierre Raffarin au moment où celui ci était en pleine déconfiture politique, ce qui ne fut donc pas une pas une prouesse. Elle a donc, au même titre que les autres bénéficié de la vague rose, conséquence du mécontentement généralisé.

Des présences dans plusieurs ministères mais comme adjointe (on utilise aussi le terme délégué), dans le cadre de l’enseignement ou de la famille. En revanche son seul poste de ministre fut à … l’environnement. C’est aussi le plus ancien : 1992/1993 durant un an environ. Parcours qui la aussi diverge avec celui de François Mitterand qui avait un palmarès autrement plus fourni et qui ne fut pas le seul à être dans le même cas depuis.

On ne peut donc que s’interroger sur l’engouement qu’elle suscite qui contraste avec un parcours des plus moyens qui ne peut expliquer un tel phénomène. J’ai pris acte du sondage la créditant de 57 % de français susceptibles de voter pour elle. Auraient t-ils été 80 % à se dire susceptibles de voter pour Jacques Chirac avant les élections présidentielles de 2002 ? A l’évidence non et c’est pourtant ce qui est arrivé. D’autre part, lorsqu’on est dans la mouvance socialiste on peut recueillir facilement toute la sympathie de la gauche et une partie du centre droit. Retirez donc à la gauche lutte ouvrière et d’autres ultras et ajoutez une partie de l’électorat centriste et vous constaterez que le chiffre de 57 n’a rien de surprenant.

Autre explication, Ségolène Royal ne clame rien. Quel souvenir peut t-on avoir d’elle, y compris au sein de son propre parti ? En cela elle n’est ni Martine Aubry, ni Elisabeth Guigou. Membre du parti socialiste certes mais ne participant pas aux joutes et débats d’idées internes. Il en va de même à l’extérieur : aucune déclaration fracassante aucun conflit à l’assemblée. Elle est pacsée et soutient la cause homosexuelle mais attention, interdit le port du string à l’école. Elle a compris humainement les émeutiers de novembre mais a envisagé dans le même temps le rétablissement du service militaire alors qu’elle sait pertinemment qu’il a été supprimé parce qu’il ne pouvait plus être maintenu.

Les exemples sont multipliables à souhait. Après la pensée unique c’est l’arrivée de la pensée molle et floue.

Elle bénéficie aussi de la féminisation du pouvoir dans les sociétés occidentales. Comme Hillary Clinton aux Etats Unis ainsi qu’Angela Merkel en Allemagne. A la différence près que Ségolène Royal joue de sa féminité, présente son enfant le lendemain de l’accouchement aux photographes et caméras, et bien sur bénéficie d’un physique et d’un sourire qui lui permet d’attirer les sympathies. Ne s’étant pas compromise (il y a bien l’histoire des collaboratrices non rémunérés entrainant condamnation en 1999 avec rejet de l’appel en 2005 mais enfin), on ne retient d’elle rien de rédhibitoire de sorte qu’il ne subsiste que le présent. On écoute alors un femme agréable qui possède d’office la sympathie de la gauche ne serait ce que par opposition à la droite, mais aussi de celle d’une partie de l’autre hémisphère politique, sensible d’une part à certains propos non conformistes que l’on peut trouver à droite ainsi que d’autre part et encore une fois par la féminité.

2007 ? C’est loin. Seuls les trois derniers mois comptent. Il faut savoir ce que jugera bon de choisir le parti socialiste le moment venu. Là concernant, elle a tout intérêt à faire durer le phénomène, tout en prenant de la distance, ce qu’elle a réalisé en se déplaçant au Chili et snobant de facto le dixième anniversaire de François Mitterand dont la mort à l’époque l’avait fait pleurer. Les larmes sèchent. Ainsi sont les hommes, ainsi sont les femmes. En revanche, il lui faut absolument cesser cet engouement médiatique qui va l’user prématurément.

Une chose me semble certaine : rien n’explique politiquement cet engouement. On peut déjà dire que Ségolène Royal incarne parfaitement ce qu’est devenue la politique dans le système actuel : primat du contenant sur le contenu, influence prépondérante des média sur le corps électoral, flou quant aux orientations économiques, politiques aux orientations économiques, politiques et gépolitiques. C’est la « star politic » où l’affectif primaire prime sur le cérébral.



mardi 10 janvier 2006

Mitterrand, dix ans après

Mardi, 10 Janvier 2006
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Mitterrand, dix ans après

Philippe Delbauvre

Politique
Mitterrand, dix ans après
On a été rassemblé en fin de semaine dernière à Jarnac. On pouvait craindre le pis et il est arrivé.

Je n’ai jamais aimé les mariages tout comme les enterrements : on y rencontre souvent un unanimisme qui me donne la nausée. Dans le premier cas, la bonne humeur est une nécessité et dans le second il faut y adopter la mine du même nom. On peut résumer l’ensemble assez facilement : il faut adopter le comportement stéréotypé que l’on attend de vous, même si cela ne vous enchante guère. Et il faut en rajouter. La mariée était épanouie, le marié attendait très délicatement son heure et tous les invités s’amusaient bien.

Je ne sais si à Jarnac il s’agissait d’un mariage ou d’un enterrement. Peut être faut t-il envisager une troisième solution qui serait celle d’un baptême : Il y avait ce dimanche en effet comme un avant goût de célébration, d’intronisation d’un nouveau venu portant les espoirs de demain de la grande vieille qu’est la Sfio. Bien entendu, les ténors du parti socialiste étaient présents, il eût d’ailleurs été offensant et risqué de ne pas y être : les absents ont toujours tort.

En effet, je doute que le dixième anniversaire de la mort du personnage historique que fût François Mitterrand, cause de ce rassemblement, avait pour objet central une simple commémoration. Les têtes étaient ailleurs et je n’apprends rien au lecteur si ce n’est au naïf que ce n’est certainement pas le cœur qui est frappé d’hypertrophie dans ces milieux. A Jarnac les forces maléfiques ont permis ce que l’on ne pensait pas croyable pour un être sain d’esprit : toucher une deuxième fois l’héritage. En cela la coterie assemblée était indécente. Cela n’explique pas le pourquoi du possible.

Un sondage effectué récemment plaçait François Mitterand en tête des présidents de la V ème république. Réjouissances à gauche donc. Pourtant l’analyse donne de tout autres résultats. Il fut lourdement sanctionné et aux législatives de 1986 et à celles de 1993. Dans les deux cas, il y eût déferlante de la droite, atténuée dans le premier par une proportionnelle tardivement et peu honnêtement votée. C’est dès le début de 1982 que les premières élections locales marquent le premières défaites de la gauche. Des faits qu’il fallait rappeler, surtout aux plus jeunes. François Mitterand a été apprécié seulement après sa mort et cela représente donc un échec personnel pour ses deux mandats. Où se trouve donc cette justification de la gloire posthume qui est aujourd’hui la sienne ? Il faut analyser et l’amont et l’aval. Après lui, accède au pouvoir Jacques Chirac qui n’a jamais atteint 20 % des voix à un premier tour d’élection présidentielle, et qui mène une politique économique rejetée par les français sans disposer, à l’évidence du charisme de son prédécesseur. De plus, avec le temps, on a tendance à enjoliver, à oublier les mauvais côtés alors que le chiraquisme est lui, vécu au quotidien. L’échec patent aujourd’hui de l’un renforce la mémoire positive de l’autre même si au vu des résultats, le constat est le même.

Si maintenant on se place avant 1981, on retrouve Valery Giscard D’Estaing qui n’a jamais été apprécié des français : trop technocrate, trop coincé : qui plus est, ses conceptions politico-économiques à la tête de l’Europe en font un Chirac plus libéral. Pour le général de Gaulle, le problème est différent : démographie oblige, toute une partie de l’électorat qui l’a connu est décédée et toute une partie vivante aujourd’hui ne l’a pas connu au pouvoir. Le décès du général remonte à trente cinq ans et en des temps de zapping, cela fait long.

Un autre phénomène entre en ligne de compte : le général de Gaulle n’est plus revendiqué par la droite alors que François Mitterand l’est par la gauche.

Et l’électorat de gauche ne peut se référer qu’à lui et pas un autre. Quand l’on sait enfin que le président socialiste a particulièrement soigné son dernier départ pour mieux préparer son entrée dans l’histoire, on comprend mieux.

Détail amusant, les bonnes années pour les français comme le reconnaissent les spécialistes furent les années Pompidou. Donc, encore une fois les sondages ….

Le constat est donc là, François Mitterand serait aujourd’hui le numéro un. Acceptons la sentence. L’intelligentsia de gauche était présente et chacun y est allé de sa petite phrase. Lionel Jospin a salué le grand homme. C’est ce même personnage qui disait que sur les années Mitterand, il y avait droit d’inventaire. Vous aviez oublié ? J’ai bien fait de le rappeler. Mazarine semble avoir une prédilection pour Laurent Fabius : un soutien ? François Hollande a fait remarquer que premier secrétaire, François Mitterand avait eu du mal à s’imposer. Est ce une façon de justifier ses déboires ou de défendre son épouse attaquée par Michel Rocard, adversaire de toujours de l’ancien président, qui a émis des doutes la concernant et fait clairement l’apologie de Dominique Strauss Kahn ?

Alors bien évidemment ils étaient tous venus pour lui. Vous vous souvenez de ce que je pense de ce type de cérémonie ?