Gustin Sintaud ♦
Voilà deux sujets d’assez proche actualité qui peuvent s’associer pour ouvrir une étonnante réflexion automnale, sans pour autant se comparer, tant ils ne pourront se rejoindre en ce qu’ils revoient, pour l’un, à une profondeur rituelle pleine de sens, pour l’autre, à un problème sociétal plus superficiel et trivial.
La beauté fleurie des cimetières en Europe enchante, au lendemain de la grande fête païenne de Samhain, ou de la Toussaint, très chrétienne, soit qu’il s’agisse de noter l’arrivée des premiers frimas qui présagent de l’imminence du rude hiver, et, en même temps, de célébrer les défunts regrettés, soit de célébrer tous le saints du paradis et la fête des morts. Ces deux fêtes veulent rendre un indéfectible hommage aux disparus, en ranimant leur souvenir pour un travail de mémoire, ou en affirmant la présence de ces chers absents, par-delà leur trépas et leur disparition physique.
Le second sujet qui, cette année, fait la une des médias, peut plus intriguer pour l’importance qu’on s’acharne à lui donner : « le harcèlement sexuel ». L’objectif recherché semble de générer, à partir d’un fait divers, l’enclenchement d’une particulière dénonciation de faits certes très regrettables, d’abominables comportements totalement condamnables, mais avec la sourde volonté d’en faire une abusive généralisation, et de s’apitoyer, une fois de plus, sur la désastreuse condition féminine, face à l’abjecte supériorité masculine.
Dans cette véritable néo-croisade du tout bien contre le mal absolu, plus rien ne se retient ni se modère ; le déraisonnable, en une curée exécrable, ne se canalise plus, et se répand en tous sens, même en des champs annexes surprenants, de totale incongruité, comme cette remise en cause haineuse d’une grammaire et d’une syntaxe du français comme totalement et anormalement «sexistes », à reprendre sans plus tarder pour correction définitive, au nom d’un égalitarisme forcené.
Cet actuel combat à outrance, lancé contre le satanique harcèlement sexuel, n’est pas sans rappeler le djihad islamiste,tout du moins par ses formes excessives. Il dénonce et veut tout détruire. La dénonciation même la plus aveugle,la plus mensongère ou loufoque est à priori, lavée de toute immoralité. Dans cette ruée au lynchage sauvage, on se félicite d’avoir déclenché une litanie de récits dantesques où les plus révoltants, lus et relus, sont rapportés souvent anonymement partout, encore et encore, avec une sorte d’extrême jouissance pathologique de genre pornophile …. Ce sont abondances de détails, étonnamment clairs et fort précis, bien frais, malgré les temps de prescription pour des faits souvent très anciens.
Depuis cette explosion hargneuse d’égéries très aigries, le moindre regard un peu trop chaleureux, le plus petit clin d’œil coquin, la moindre parole enflammée de mâle en mal d’affection sont d’ignobles atteintes à la dignité féminine, de violeurs potentiels en constant besoin de rut. Tout rapprochement manifeste, pour recherche de tendresse ou d’érotisme, d’hommes vers des femmes, ne se drevra donc plus qu’après coup de foudre discret !!! Frappés d’ignominie désormais, le sentimentalisme exprimé, le romantisme charmeur, et l’immémoriale cour qui se faisait entre personnes de sexes opposés, même la plus pleine de courtoisie !
L’humanité se verrait alors condamnée pour toute la bestialité des hommes ; elle est définitivement retranchée du règne animal et, résolument privée des lois de l’éthologie, avec ses rituels d’approches intersexuelles, ses danses de persuasion avant accouplements, ses insistances provocatrices, si évocatrices, que les mâles sont tenus de produire pour gagner la faveur des femelles ; dans bien des espèces, ce type de besoins vitaux s’expriment même par d’épiques affrontements, parfois mortels. A jamais, pour l’espèce humaine ne seront certainement plus tolérés les candides compliments adressés par les hommes aux femmes, leurs poèmes insidieux ! Les mêmes mauvais esprits y verraient des marques du harcèlement sexuel. Que la vie, en perdant tous ces attraits, va devenir triste, bien plus sépulcrale que celle des immobiles résidents de nos tombeaux, si peu fleuris et soignés, hors les temps des lemuriae modernes !
C’est ainsi que le vieux féminisme lui, non inhumé, tente de retrouver des couleurs, mais bien moins chatoyantes et moins lumineuses que celles des chrysanthèmes, des pensées, des cyclamens disposés avec amour sur des dalles ou monuments mortuaires, lustrés pour l’occasion. Combien le recueillement du rite, pour s’adresser aux défunts, est beau, plein de dignité, comparé au bien lamentable déferlement d’agressivité de femelles en furie, accompagnées de véhéments moralisateurs.
Pourquoi , quand il semble si urgent de féminiser, pour signifier des femmes, les noms arrêtés au genre masculin, comme pour s’insurger contre la règle grammaticale où l’accord impose le choix de l’abominable genre « machiste », pourquoi donc, dans les allées de nos nécropoles, au même rigoureux alignement que celui des colonnes de nos dictionnaires, n’effacerait-on pas le nom du cadavre qui gît là ? Plus rien ne différencierait aussi strictement le genre ou le sexe de l’incinéré ou de l ‘incinérée, de l’inhumée ou de l’inhumé que l’on a disposé(e) là.
Ainsi plus de différence marquée ! Vive l’égalité !
Les deux occupations majeures de ce début de Novembre 2017, même si elles apparaissent toutes deux cycliquement, dans un très respectueux souci de date et de devoir, pour la première, dans une fréquence assez inattendue, pour l’autre, plus tributaire des opportunités factuelles, elles n’occupent pas identiquement les esprits : les irritées pleines de hargne qui se défoulent, jour après jour, aimeraient ne point devoir profiter du fort support médiatique qui les promeut, pour que leurs si fondamentales revendications participent du même type de sympathique réflexe dont bénéficient les restes de feus les parents et amis.
Il faut rendre grâce à cette humaine mesure, à la belle harmonie entre tout ce qui est sensé, sérieux, qui fera toujours assurément la différence en raison, entre un banal feu de paille, même étendu et actif, et un pilier important d’une indéniable culture : l’éphémère s’étouffera rapidement, quand bien même, ici et là, quelques pyromanes aimeront le ranimer et l’attiser pour en jouir, alors que le solide basique, constituant se perpétuera normalement.
Que le professeur des écoles et l’enseignant de lettres ne se tracassent point trop néanmoins ; le français qu’ils enseignent ne sera pas autant travesti que les passionarias féministes le voudraient, avec la grande complaisance journalistique, très gourmande d’intempestives bousculades pour futilités, et avec l’absurde soutien de vains linguistes en défaut d’originalité !
Il fut déjà bien tenté d’imposer, pour signifier le genre féminin, l’utilisation des déterminants réservés au féminin : la, une, ma, ta, sa, cette, tout …., devant un substantif insolemment masculin ; depuis on ne dit plus exclusivement : « madame le ministre », mais peut s’entendre : « la ou une ministre », par exemple. Qu’on mette ou non un e final à « député(e) pour mieux marquer que le député en question a ou non besoin de braguette à son pantalon, est-ce que cela a détruit trop l’ensemble cohérent notre belle langue ? Et quant certaines aberrations orales ou orthographiques bousculeraient plus encore la rigoureuse et confortable logique pour la concision de notre français comme clair et précis moyen de communication, elles prêtent bien plus à la moquerie, aux sarcasmes, comme pour : « la professeure » de plus en plus proposée, avec l’inquiétante féminisation généralisée de l’enseignement ; c’est bien moins bizarre et acoustiquement choquant que : « la professeuse » ou « professoresse » pour des vicieux et vicieuses de la provocation sans borne !!! De même, l’effroyable : « pêcheuse » en féminin de pêcheur, pour une taquineuse de fretin ou goujon, vaudrait mieux que l’inadmissible : « pêcheresse », puisque « pécheresse » est confisqué pour le féminin du pécheur en eaux troubles. Chers enseignants, du primaire et du secondaire, vous continuerez, il faut l’espérer, pour vos enseignements de langue et de littérature à préférer l’expression : « femme écrivain » classique, à l’horrible néologisme à cette mode révolutionnaire : «écrivaine » dont la phonétique évoque tant la vanité de l’écriture !!!
Pour rompre là avec ce sujet aux ridicules exemples se perdant à l’infini, une forte marque qui a caractérisé le harcèlement sexuel contemporain, sur les réseaux sociaux, par un slogan qui lui a offert une incidence importante en évoquant un animal très prisé pour ses valeurs nutritionnelles : « Balance ton porc ! » peut inquiéter dans cette actualité qui fait se télescoper, l’incroyable verdict du 2 novembre 2017, d’une trop naïve clémence, pour un djihadiste insolent, vomissant ouvertement France, Français, République et Histoire françaises, en outre mentor en radicalisation islamiste de son jeune frère, le tueur Mohamed Mérah. Ce télescopage étrange, avec la très prochaine date du 31 Novembre lors de laquelle se perpétue traditionnellement, dans toute l’Europe, l’abattage du cochon nourrisseur : « à baconel », pour confection de charcutailles appréciées, et salaisons en vue de grasses bombances, l’année à venir durant.
Ce rapprochement, de totale opposition conceptuelle que l’on note avec le regain de slogans défensifs européens : « Dans le porc tout est bon » et « Ne touche pas à mon cochon ! », ouvre sur un questionnement, moins facile que fondamental, entre ce qui est enraciné et qui convient parfaitement, et ce qui tente insidieusement de s’insinuer pour s’imposer, issu autant de folles lubies que du monothéisme moyen-oriental, absolument étranger,tout aussi inadéquat et inadapté, ici en vieux et doux pays de France, intrinsèquement européen et essentiellement patriarcal.
L’esprit français européen se trouve attaqué de toutes parts dans le seul but de le détruire, à travers la diabolisation du porc, ce cochon domestiqué, qui conserve, chez nous, la valeur de sagesse sacerdotale du sanglier sauvage de nos forêts.