« — Je n’ai rien fait d’extraordinaire,
il suffisait d’être au bon endroit au bon moment !
— Non, mon Colonel, il fallait aussi le vouloir ! »
Philippe de Parseval est l’auteur du livre Nos guerres oubliées aux éditions Dualpha.il suffisait d’être au bon endroit au bon moment !
— Non, mon Colonel, il fallait aussi le vouloir ! »
Propos recueillis par Fabrice Dutilleul.
Pourquoi ce livre ?
J’ai vécu toute mon enfance dans les ruines de la IIe Guerre Mondiale et mon adolescence a été bercée par les récits glorieux de nos soldats engagés dans les conflits d’Indochine et d’Algérie.
J’appartiens au rameau militaire d’une famille qui a servi son pays dans toutes les guerres dans lesquelles il a été engagé. Le désir de servir était donc ancré au plus profond de moi. Dès que j’en eus l’âge, je participais aux stages de préparation militaire et parachutiste et, en 1959, j’engageais mon avenir en présentant le concours d’entrée à Saint-Cyr, comme l’avaient fait douze de mes ancêtres.
J’ai publié en 2014 une histoire de l’Afrique (La Dérive du Continent Africain, Éditions Dualpha) ; histoire revue et corrigée, car j’étais excédé par la repentance permanente qu’on exigeait de nous eu égard à notre passé colonial. Dans ce même état d’esprit, il m’a semblé légitime de rendre hommage à tous les combattants, français par le sang reçu ou par le sang versé (selon le titre de la remarquable Histoire de la Légion écrite par le capitaine Pierre Sergent), qui sont tombés dans les rizières d’Indochine et dans les djebels algériens pour l’honneur de la France et la fidélité à leur engagement, sacrifices trop vite oubliés, comme s’il était honteux d’évoquer ces guerres.
On commémore tout de même en France les grandes victoires ou les grands événements des deux dernières guerres mondiales…
Certes, et notamment celles concernant la guerre de 1914-1918 dont nous célébrerons le centenaire de la victoire l’an prochain, mais les commémorations légitimes des deux conflits les plus meurtriers que l’humanité ait connus semblent estomper les événements qui ont marqué notre histoire dans les années suivantes, comme si l’on cherchait à oublier ces guerres d’Indochine et d’Algérie et leurs conséquences dramatiques pour des centaines de milliers d’hommes. Le seul souvenir qui demeure est la date du 19 mars 1962, que l’on commémore chaque année, symbole de l’abandon et du reniement de la parole donnée, dont on baptise des rues dans de nombreuses villes françaises.
Il fallait que ces choses fussent dites et c’est le but de mon livre.
Vous avez rencontré beaucoup d’officiers ayant participé aux deux conflits qui font l’objet de cet ouvrage. Pourquoi avoir choisi d’écrire plus précisément la biographie du colonel Loïc Corbel ?
En effet, j’ai eu l’occasion de côtoyer dès mon entrée dans l’armée des officiers de haute valeur, d’abord parmi mes instructeurs à Saint-Cyr dont certains avaient participé au IIe conflit mondial en activité ou dans la Résistance, et dont la plupart avaient combattu en Indochine et en Algérie. Par la suite, pendant mon service à la Légion ou dans ma carrière civile, notamment pendant les huit ans passés au Moyen-Orient dans le cadre des ventes d’armement pour le compte de la DGA (Délégation Générale à l’Armement) ou pendant la guerre du Golfe, j’ai également cheminé avec des officiers prestigieux. J’ai eu la chance en dernier lieu de faire la connaissance du colonel Corbel à l’Amicale des Anciens de la Légion étrangère de la région niçoise dont nous sommes membres tous les deux depuis de nombreuses années.
Le contact s’est immédiatement établi. Par la plus grande des coïncidences, Loïc Corbel m’avait précédé de quelques années aussi bien à Saint-Cyr-Coëtquidan qu’à la Légion et dans la branche « armement » lorsqu’il prit sa retraite et intégra une entreprise industrielle de fabrication de matériel de guerre, fer de lance des exportations françaises.
Il était écrit que vous deviez vous rencontrer…
Il y a quelques années à Nice, j’ai réussi à le faire sortir de sa discrète réserve dans laquelle le plongeait sa modestie naturelle afin qu’il évoque pour moi au cours de nombreux entretiens le témoignage lucide de ses expériences et de ses campagnes. « Je n’ai rien fait d’extraordinaire, il suffisait d’être au bon endroit au bon moment ! », me disait-il souvent. « Non, mon Colonel, il fallait aussi le vouloir ! »
Nos guerres oubliées de Philippe de Parseval, éditions Dualpha, collection « Vérités pour l’Histoire », dirigée par Philippe Randa, 344 pages, 35 euros. Pour commander ce livre, cliquez ici.