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jeudi 13 juin 2019

À Bruxelles, nationalistes et populistes restent divisés


Viktor Orbán reste au PPE. Salvini et Le Pen ne parviennent pas à se joindre aux ultra-conservateurs polonais. Chacun reste dans son groupe.


Marine Le Pen et Matteo Salvini mettent en place un nouveau groupe, baptise Identite et democratie.
Marine Le Pen et Matteo Salvini mettent en place un nouveau groupe, baptisé Identité et démocratie.

Finalement, rien ne bouge ou presque. Les nationalistes et populistes resteront divisés en trois groupes. Les pourparlers menés depuis des mois ont échoué pour les raisons déjà exposées : trop d'intérêts contradictoires séparent les uns et les autres, sans compter que chacun veut rester le chef chez soi.

Viktor Orbán avait fait de Matteo Salvini son « héros », mais le leader hongrois renonce, pour le moment, à franchir le pas d'une alliance avec le Lombard. Orbán avec ses 13 eurodéputés reste chez les démocrates chrétiens du PPE, bien que sa position y soit malaisée. Son parti, le Fidesz, est officiellement suspendu et la Hongrie subira l'épreuve d'un rapport d'évaluation interne au PPE instruit par trois « sages » (dont l'ancien Premier ministre belge et ancien président du Conseil européen Herman Van Rompuy). Si les choses devaient tourner au vinaigre, il sera toujours temps de partir... Le PPE offre malgré tout une certaine protection à la Hongrie dont l'économie dépend beaucoup de Berlin.
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Le Pen et Salvini créent un nouveau groupe « Identité et démocratie »

Viktor Orbán, souvent présenté comme « l'enfant terrible » du PPE, n'avait de toute façon plus aucun intérêt à quitter le PPE compte tenu du fait que les trois groupes nationalistes et populistes du Parlement n'ont pas renversé la table. Ils demeurent minoritaires et avec moins de 25 % de l'hémicycle.

Marine Le Pen et Matteo Salvini mettent en place un nouveau groupe, baptisé Identité et démocratie. Ce sont eux qui s'en tirent le mieux en captant 73 députés représentant 9 nationalités. Une progression de plus du double de l'ancien groupe ENL (Europe des nations et des libertés) qui ne comptait que 36 membres. « C'est la plus grosse progression du Parlement », relève Nicolas Bay, ancien coprésident de l'ENF, désormais premier vice-président d'Identité et démocratie dont la présidence échoit à l'Italien Marco Zanni, de la Lega.

La russophilie de Le Pen et Salvini rebute les Polonais du PiS

Identité et démocratie a attiré à lui les Danois et Finlandais précédemment au groupe des Conservateurs et réformistes européens (ECR). Les 11 élus de l'AfD (auparavant au sein du groupe de l'Europe des libertés et de la démocratie directe) les ont rejoints, de même que les élus du parti estonien nationaliste EKRE qui participe de la coalition au pouvoir à Talinn. En revanche, le parti Brexit de Nigel Farage a décliné tout rapprochement avec Le Pen et Salvini. De toute façon, Farage n'envisage sa présence au Parlement européen que de manière temporaire puisqu'il ne s'est fait réélire qu'avec l'ambition de quitter Bruxelles au plus vite...
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En dépit de quelques rencontres avec les émissaires de Marine Le Pen et Matteo Salvini en personne, les Polonais du PiS, pilier du groupe ECR, restent braqués par la russophilie affichée de Le Pen et Salvini. Pas question pour Varsovie d'unir sa voix à un groupe qui loue le régime de Vladimir Poutine. « La prévention contre la Russie a joué, bien sûr, mais je pense que les Polonais ont préféré rester “petits mais chez eux” que “grands mais chez les autres” », analyse Nicolas Bay qui avait lui-même pris des contacts avec le PiS de Kaczynski.

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Les trois élus du parti d'extrême droite espagnol Vox (6,20 % aux européennes, en perte de vitesse) font leur entrée au Parlement, mais ils ne rejoindront pas le groupe Salvini-Le Pen au sein duquel des formations régionalistes siègent. Vox, qui milite pour l'unité espagnole et contre l'indépendantisme catalan, ne peut en effet assumer ce cousinage contradictoire. « Même s'il reste encore une petite chance qu'ils nous rejoignent, ils sont plus libéraux que nous, plus atlantistes aussi » relève Nicolas Bay. Vox est probablement sur le chemin de rejoindre le groupe ECR où ils ont plus d'affinités avec le PiS.

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