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samedi 11 novembre 2006

La Russie reviendra

Vendredi, 10 Novembre 2006


La Russie reviendra

Philippe Delbauvre

Étranger
La Russie reviendra
Ainsi s’exprimait le général De Gaulle à une époque où le rideau de fer était tombé poussant de nombreux analystes à pronostiquer la durée de l’Union soviétique sur le long terme. Le chef d’état français invariablement utilisait le vocable de ‘Russie’ songeant à l’histoire sur le long terme qui selon lui finirait par avoir raison du communisme et ainsi ferait renaître de ses cendres le pays des tzars.

Le mur est tombé et l’ancien empire russe n’est certes plus ce qu’il était. Qu’importe, les Russes sont revenus et c’est pour les Européens d’aujourd’hui et de demain l’essentiel.

Paradoxalement ce retour ne semble pas apprécié de tous et pour prendre un seul exemple, tout se passe comme si le Russe anciennement malade du communisme et convalescent pouvait à nouveau rechuter et éventuellement contaminer. L’épidémie fut si longue que pour nombre d’esprits, tout se passe comme si le mur de Berlin n’était pas tombé ou comme si l’habitude aidant, il faille continuer de voir derrière le Russe le possible Rouge. Chez certains c’est pathologiquement incurable et c’est la raison pour laquelle il serait vain de vouloir expliquer.

Géostratégiquement, la Russie c’est globalement trois frontières.

La Chine.

La zone sud qui s’étend de la Syrie à l’Afghanistan.

La zone Ouest qui est l’Europe.

Ces trois zones n’en font qu’une : il suffit d’utiliser la clef américaine pour ouvrir ce paradoxe.

La Chine est le grand pays de l’Asie et bien évidemment membre du conseil permanent de l’Onu. Les Chinois savent très bien qu’ils sont directement visés par l’expansionnisme américain à long terme. Les relations sino-russes ne peuvent donc que se développer.

La zone sud est actuellement le grand divertissement américain. On peut être certain que la tentative d’invasion du Liban récemment n’avait pour but que d’être un marchepied en direction de la Syrie. On obtient ainsi une bande continue qui d’Ouest en Est comprend la Syrie, l’Irak, l’Iran et l’Afghanistan. Deux de ces quatre pays sont déjà occupés, le Pakistan est sous contrôle. On comprend le danger pour les Russes qui voient s’ériger progressivement dans des zones pétrolifères et musulmanes une barrière américanisée susceptible de faire main basse sur les denrées du sous-sol mais aussi de développer des troubles au sein même du sud de la Russie. La chine a bien évidemment perçu ce danger dont elle peut être elle-même la victime puisque les ressources naturelles lui font défaut.

Le flanc Ouest n’est guère plus réjouissant et l’on comprend désormais mieux le maintien de l’Otan malgré la disparition du pacte de Varsovie : l’Otan anticommuniste est devenue russophobe. Ses plus acharnés défenseurs sont justement ceux qui naguère appartinrent au bloc soviétique. Ce sont ces nationalismes là que jouent les Etats Unis afin d’établir un cordon sanitaire entre l’Europe dans sa version actuelle et la Russie. Parce qu’en fait le pire cauchemar que pourrait connaître Washington serait de voir se constituer l’axe Paris-Berlin- Moscou et cela d’autant plus s’il était assorti d’une entente avec Téhéran et Pékin.

Cela bouge à Moscou qui désormais freine pour le plus grand profit de Téhéran. C’est aussi le cas à Pékin ou madame Rice vient de se faire envoyer poliment sur les roses. Pékin qui sur l’affaire iranienne est également très circonspect.

Les dirigeants européens comme d’habitude réfléchissent ou font semblant de le faire. Peut être espèrent-ils, à tort, rallier les nouveaux ou futurs arrivants dans l’union à l’Europe qu’ils souhaitent. A tort. Ces derniers sont pro-américains pour des raisons historiques que l’on peut certes comprendre mais qui n’en feront jamais politiquement des continentaux.

L’avenir passe par Moscou.



mardi 31 octobre 2006

Réflexions sur l’inter-nationalisme nationaliste

Lundi, 30 Octobre 2006


Réflexions sur l’inter-nationalisme nationaliste

Alain Rebours

Tribune libre
Réflexions sur l’inter-nationalisme nationaliste
Le terme d’internationalisme prête à confusion. Suite probablement au très célèbre « Prolétaires de tous les pays, unissez vous ! » et par extension à la bannière rouge du communisme, cette expression est devenue synonyme de mondialisme, d’universalisme et en conséquence de négation des frontières.

Il s’agit là pourtant d’un abus de langage doublé d’une extrapolation douteuse.

L’internationalisme est le regroupement des partis partageant la même doxa au sein de chaque nation.

Il représente le primât de la pensée politique sur la pensée de la nation.

« Pensée de la nation » qu’il ne faudrait pas assimiler à pensée nationale évidemment mais plutôt à la pensée au sein de la nation.

Les religions sont majoritairement internationalistes. Le Catholicisme, le Protestantisme ou l’Islam en sont. Leur vocation est d’ailleurs mondialiste. Reposant sur des communautés fortes dans certains pays, elles nouent entre elles des attaches en vue de propager leur foi. Certaines sont mieux armées que d’autres : la centralisation (Catholicisme) ou le support d’une hyperpuissance (Protestantisme) sont des atouts non négligeables.

Les choix idéologiques sont également internationalistes. Les partis socialistes sont membres d’une internationale à titre d’exemple. De même le parlement européen ne regroupe pas les députés par nationalité mais par affiliation idéologique. Sont ainsi créés des groupes politiques que l’on dit transnationaux afin de ne pas les qualifier d’internationalistes suite à la réputation du terme ; qu’importe cette précaution, ils le sont dans la réalité.

Une pensée strictement nationale n’aurait aucun sens en vertu du fait que les avis sont justement pluriels : il s’agirait d’un dogme.

Ainsi, le non que l’on ne peut qualifier de français sous peine d’exclure 45 % de la communauté nationale a influé sur les pays non français. Tout comme le oui à Maastricht que l’on ne peut non plus qualifier de français pour les mêmes raisons a eu des conséquences similaires.

Il existe donc, simplement pour prendre le contexte européen et cela dans chaque pays, des partisans et des opposants à l’Europe. Ceux qui perdront seront justement ceux qui refuseront l’alliance internationale et qui ne bénéficieront pas en conséquence de la dynamique ainsi créée.

On peut avoir des choix idéologiques que l’on souhaite promouvoir tant dans l’espace français que dans l’espace européen. Même pour les hexagonaux stricts la victoire de tel ou tel dans un pays voisin ne les laisse pas indifférents. C’est la raison pour laquelle on trouve sur les sites informatiques, quand bien même nationalistes, des liens vers d’autres mouvements réputés proches mais non français.

C’est d’ailleurs le contraire qui serait inquiétant : cela justifierait le nombrilisme que l’on prête aux français ce qui ne serait pas une catastrophe ainsi que l’isolement idéologique ce qui serait bien plus inquiétant. Cela montrerait aussi que n’aurait pas été vus que les problèmes qui se posent aux français se posent aussi aux autres. Impardonnable.

Seul contre tous, on est fou ou génie : pas avec la même proportion.

Les entreprises nationales ont vécu. Il est donc inutile de vouloir défendre une société qui quand bien même disposant d’un nom bien de chez nous est passée dans l’escarcelle étrangère. Un économisme nationaliste ou un patriotisme économique n’ont jamais été que des slogans électoralistes dépourvus de réalité économique. Ne s’y laissent prendre que les démunis du bulbe rachidien ou ceux dont le cerveau est localisé à l’endroit du biceps où se forme la boule.

Inutile de s’émerveiller et de considérer que le remède est là. Si la convergence avec l’ami étranger est une condition nécessaire, elle n’est malheureusement pas suffisante. Nécessaire pour ne pas être contraint, isolé de l’histoire et en panne sur la route de l’avenir, de ressasser de génération en génération un passé peu être glorieux mais dépassé.

L’internationalisme nationaliste puisque c’est de cela qu’il s’agit peut être abordé de deux façons.

En tout premier lieu son intérêt est défensif. Coalition de tous les nationalistes contre ce qui menace leurs spécificités nationales. Et l’Europe est motif à griefs. Pour tous les nationalistes. Faudrait-il se réjouir suite à l’adhésion de la Turquie qui se précise de l’arrivée de nombre de ses ressortissants en Allemagne, pays d’accueil naturel ?

Au motif du passé dépassé ? Ce serait oublier que de l’Allemagne à la France, il n’y a pas loin.

Les délocalisations dont on nous parle ne font pas davantage plaisir ailleurs qu’ici.

Les pays européens ont tous leur culture propre actuellement dégradée par le prêt à pensée télévisuel, cinématographique, libéral.

De même le recul du bien être est généralisé.

Washington via Bruxelles nous impose son World ou way of life.

Les nationalistes en Europe ne peuvent rester indifférents.

La convergence entre mouvements régionalistes et nationalistes doit également être amplifiée. Pas tous les régionalistes à l’évidence mais certains d’entre eux. C’est à nouveau une autre conséquence de l’idée d’inter’. Chaque culture nationale est-elle même plurielle. Vrai en France, vrai à l’étranger. Une capitale située à un demi millier de kilomètres n’a pas à organiser la vie d’un village.

L’autre façon d’aborder l’internationalisme nationaliste ne consiste plus à valoriser l’aspect défensif comme dans un premier temps mais à privilégier le côté offensif.

On ne peut en effet défendre éternellement sans finir par prendre un coup fatal. Il faudra bien qu’un jour sous peine d’être réduit à ne plus être qu’une étoile sur le drapeau américain les peuples d’Europe prennent leur destin en main en s’émancipant de leur détestable tutelle.

En conséquence, laisser un peu de soi dans le cadre d’une confédération vaut certainement mieux que de poursuivre sur la pente qui va tout nous faire perdre


lundi 30 octobre 2006

Ségolène, Laurent et Dominique

Lundi, 30 Octobre 2006
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Ségolène, Laurent et Dominique

Philippe Delbauvre

Politique
Ségolène, Laurent et Dominique
J'ai pris le temps d'observer les trois spécimen que l'on avait sortis de leur enclos ce mardi soir et dont parlait Philippe Randa. Enfin un petit peu. A mi parcours. J'étais plongé dans un bon livre et n'avais guère l'envie dans sortir. Comme de plus j'ai passé l'âge de la fascination pour le cirque et que de mon temps les animaux étaient plus sympathiques. J'ai quand même fini par mettre le marque page et je me suis connecté.

Les deux mâles traînent lamentablement et très loin derrière la femelle. Il fallait bien que ça chauffe pour récolter quelques points. Pour ceux qui n'ont pas vu, ils n'ont rien perdu si ce n'est la saine détestation du système ambiant. Que c'était politicien, faux, costume de ville par dessus et treillis au dessous, sourire au coin des lèvres et couteau entre les dents. Ils se détestent. S'appellent par leur prénom mais se détestent. Cordialement. On se tutoie chez les socialistes : je te hais.

Je pourrais comprendre si vraiment il y avait un choix de société alternatif qu'un d'entre eux aurait à proposer mais là rien. Ils sont d'accord sur presque tout : on peut même dire qu'ils sont d'accord sur tout puisqu'ils veulent aussi être investis. Le problème est que chacun veut être investi : trois pour une place.

Laurent Fabius était mal habillé. Il eût fallu un bleu de travail et un foulard rouge. Vif. Il a découvert à son âge le socialisme. Le vrai, l'authentique. Apologie du service public, de l'état, du vote des étrangers. La vraie gauche présentée avec une tête qui ne va pas avec. Il a dit 'Bon Dieu' ce qui n'est pas bien, d'une part parce que ça ne se dit pas, d'autre part parce que ce n'était vraiment pas naturel : et qu'en plus ça se voyait.Son 'programme' doit coûter très cher. Alors que l'économie libérale européenne pousse à la fermeture des établissements publics, il voudrait en ouvrir d'autres. Avec quels moyens ? Actuellement les libéraux ne diminuent pas le nombre de fonctionnaires par plaisir mais à des fins d'équilibre budgétaire.

On peut en effet ouvrir des bureaux de poste, des écoles, des prisons (euh : construire pas ouvrir), des hôpitaux.. Mais cela a un prix. Evidemment on a rien su du financement. En revanche, le baratin social, les droits de l'homme, la liberté .. Des mots.Le tout avec des envois d'ascenseur à son ami Dominique avec qui il a tout intérêt à s'entendre pour faire baisser la dame.

Dominique lui c'est autre chose. C'est la gauche qui a pris du ventre et qui l'âge aidant tente de prendre de la hauteur. Autant Laurent jouait le Che autant Domi la faisait paternaliste. Une assemblée avec des pouvoirs (on ne sait pas lesquels), un président engagé contrairement à Lolo qui lui le verrait avec plus de distance.Et à nouveau le baratin habituel qui ne casse pas trois pattes à un canard. A l'école il faut apprendre, le chômage doit être vaincu, la délinquance c'est pas bien, l'homosexualité c'est chouette .. Mais sur un ton assez . sénatorial. Quelque chose entre Barre et Poher si vous pouvez imaginer. Comme lolo il donne un exemple de son coin à lui. Un bon exemple évidemment. Il aime pas non plus la dame.

En fait Lolo c'était le tribun et Dodo c'était l'intello.

Pour deux économistes il est surprenant qu'ils n'aient pas chiffré leurs propositions et expliqué comment dans l'Europe libérale ils vont faire passer la galette qui fait office de pilule.

La dame.

Ils ont été méchants. Ce qui n'est pas forcément intelligent.

Sincèrement, c'est elle que je préfère. Fabius est à contre-emploi et cela se voit et Kahn est déjà sur les hauteurs.

Elle, son registre est différent. Elle en dit des conneries, mais elle en dit. C'est justement ce qui me plait. Conseil des ministres publics, jury populaire, peine de prison effectuée dans un cadre humanitaire. Justement elle amuse. Vous y croyez vous à la révolution prolétarienne de Fabius ?

Vous ne trouvez pas que Strauss Kahn est aussi athlétique que Raffarin ? Et bien elle, elle me divertit. Et je pense que pour nombre de français c'est pareil.

Seg (entre socialistes on peut se permettre) elle mélange la droite et la gauche, la carte scolaire, la prévention et la répression, et avec un peu de chance la politique étrangère se jouera aux dés. Avec les deux autres c'est déjà joué.

J'allais oublié : elle n'a rien chiffré.



Sur le problème turque

Lundi, 30 Octobre 2006
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Sur le problème turque

Philippe Delbauvre

Étranger
Sur le problème turque
La Turquie s’est rappelée à nous suite au débat législatif visant à interdire toute discussion au sujet de ce que l’on appelle le génocide arménien. Ouvrons de suite une parenthèse : il serait temps de songer à réunir enfin une commission de spécialistes dont le but serait de donner une définition des termes et surtout de ceux qui peuvent conduire certains français devant les tribunaux. Si vert c’est vert et que rouge c’est rouge et que chacun sait établir clairement la différence entre les deux on peut alors légitimement les poursuivre pour justement être passé au rouge. Si en revanche et c’est le cas pour le terme de génocide dont la définition varie d’un spécialiste à un autre, sachant que l’on ne sait pas de quoi l’on parle puisque à l’évidence l’idée intuitive que l’on peut en avoir est applicable à certains peuples et pas à d’autres, alors plus aucune poursuite ne peut être engagée sous peine de parvenir alors à la notion d’orange qui en fonction du juge du moment devient très clair ce qui l’apparente au vert ou au contraire très foncé ce qui en fait un rouge flamboyant.

Si le français est censé ne pas ignorer ce qui va bientôt devenir le million de textes de loi, il aimerait au moins connaître la signification des mots les constituant.

Retour donc à la Turquie dont l’entrée dans l’Europe si elle n’est pas encore d’actualité brûlante commence à nous être servie à point ce qui va nous permettre quelques réflexions à froid.

Géographiquement la Turquie dispose de plusieurs pays frontaliers comme la Grèce ou la Bulgarie qui sont situés à l’Ouest mais d’autres aussi sur le versant que nous appelons Est comme la Syrie, l’Irak, l’Iran, l’Azerbaïdjan (de manière quelque peu cocasse (sic) - voir une carte), l’Arménie et la Géorgie. De plus, baignée au sud par la mer Méditerranée et au nord par la mer noire, elle est mise en contact avec la Russie, l’Ukraine et la Roumanie : elle occupe donc une position clé. Exprimons les choses clairement : la Turquie se situe entre Nord et Sud et Entre Est et Ouest.

Il en est du terme Europe comme celui de génocide : chacun y va de sa définition et très majoritairement en fonction de ses intérêts ou conceptions.

Ainsi il y a la notion d’Europe géographique : on voit de quoi il s’agit globalement et on peut très bien intellectuellement parce que c’est une entité continentale, en exclure la Grande Bretagne. De même on ne voit pas pourquoi géographiquement on n’inclurait pas la Russie dans la l’Europe pour la même raison, pays dans lequel on a du mal à situer la frontière qui fait la séparation d’avec l’Asie. Si Moscou est à l’Est d’Ankara, la Turquie est bien plus au sud mais pourtant moins que l’Italie. A moins que l’étroit Bosphore suffise à placer la Turquie en Asie. Vous avez dit simple ?

Historiquement, la situation n’est pas plus claire. Que les turcs viennent d’Asie est avéré. Tout comme les indo-européens d’Europe.

Certains présocratiques vivaient dans l’actuelle Turquie ce qui peut légitimement nous faire penser que la civilisation juive, chrétienne et hellène qui est la notre a son terroir situé bien plus proche de la Turquie que de la France. Qui n’a pas entendu parler des scythes, des thraces, des phéniciens, des mèdes, des perses, de Babylone mais aussi de Constantinople (sic) ?

La Grèce a émergé puis ce fût le tour de Rome : le centre de gravité s’est déplacé vers l’Ouest. Peu importe, les origines sont à l’Est.

L’histoire s’est développée avec une chrétienté d’occident et une autre d’orient au prétexte de la querelle du filioque. Les orthodoxes sont à l’Est et les hétérodoxes ( ?) à l’Ouest. Faut-il pour autant exclure les grecs ? L’empire ottoman va ensuite se constituer et essaimer dans tout le bassin méditerranéen. C’est vrai de l’Afrique du nord de toutes les côtes de la mer noire des pays comme la Bulgarie, la Serbie, la Roumanie, la Grèce. Déjà à cette époque et dès le seizième siècle la Turquie est l’alliée de la France face aux Habsbourgs. On connaît ensuite les liens diplomatiques privilégiés que nouera l’Allemagne avec ce pays. La Turquie regarde davantage dans son histoire vers l’Ouest que vers l’Est.

Ethniquement un grec représentatif est moins éloigné d’un turc représentatif qu’un suédois typé d’un italien typé.

La religion est un critère de différenciation incontestable. C’est un pays musulman de longue date.

Ce n’est pas dans un simple article que l’on trouve de quoi se forger une culture solide. Les livres sont faits pour ça. En revanche il y a quelquefois matière à réflexions. Après lecture et relecture il est évident que la Turquie est un pont, une passerelle entre l’Europe et l’Asie. Elle n’appartient ni à l’une ni à l’autre ce qui va permettre à ceux qui le souhaiteront de sombrer dans la caricature afin de justifier un choix effectué à priori :

C’est un pays musulman.

Les lois sur le port du voile sont plus dures que celles de France.

C’est un pays qui n’a aucun lien culturel avec nous.

Héraclite était d’Ephèse

Ils sont arriérés.

Les femmes turques ont eu le droit de vote avant les françaises.

Il est inutile de poursuivre puisque les arguments parleront d’eux même lorsqu’on les entendra.

En revanche reste posée la question du pourquoi de la volonté de faire entrer la Turquie dans l’Europe. La présence de ce pays au sein de l’Otan semble une excellente raison puisque très majoritairement l’Europe est atlantisée. On ne voit pas pourquoi nos dirigeants n’accepteraient pas un frère. Les américains y poussent aussi. Evidemment. La Turquie parce que musulmane et proche géographiquement de pays dont l’influence pourrait la déstabiliser est un sujet d’inquiétude pour nos amis d’outre atlantique. Son entrée dans l’Europe l’attacherait définitivement au camp occidental et ainsi la stabiliserait.

De plus en cette période de chômage et de vide démographique, la Turquie nous offrirait 2.4 enfants par femme et 75 millions d’habitants. La forte communauté turque en Allemagne constituerait un bon premier centre d’accueil. Comme la France dispose déjà d’îlots, voilà qui nous permettrait de bénéficier d’une nouvelle main d’œuvre qui tirerait les salaires vers le bas ce qui est un bien pour l’économie, main d’œuvre ravie de l’aubaine par rapport à ce à quoi elle est habituée.

Voilà une immigration très bien choisie.



vendredi 20 octobre 2006

Airbus ou la défaite emblématique des nationaux-libéraux

Vendredi, 20 Octobre 2006
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Airbus ou la défaite emblématique des nationaux-libéraux

Philippe Delbauvre

Politique
Airbus ou la défaite emblématique des nationaux-libéraux
Airbus est une entreprise de construction aéronautique soumise à la concurrence. Elle se doit donc de proposer d’une part des produits de qualité mais aussi d’autre part de ne pas par trop alléger le budget de l’acheteur qui est bien souvent une compagnie aérienne ou un pays.

Chacun peut effectuer un parallèle avec la voiture qu’achète le particulier : les suspensions de qualité, les accessoires, les options, l’esthétique ont un prix ; évidemment plus on en veut et plus on paie. Si à l’inverse on achète avec pour objectif de débourser le minimum, on sera contraint de se contenter du modèle de base.

Dans tous les domaines on propose ainsi des produits dont la valeur part du modèle de base pour atteindre le modèle haut de gamme. Ainsi, mes lecteurs utilisent majoritairement du prêt à porter où les prix sont d’ailleurs très variables, alors que des tailleurs existent encore pour une clientèle très ciblée. Cette dernière n’est pas importante numériquement et si l’industrie du luxe se porte bien ce n’est pas en raison du nombre de clients mais de l’épaisseur du portefeuille permettant de s’offrir les produits proposés. Après tout, c’est tant mieux pour eux et cela d’autant plus que notre cher pays est un de ceux dont la réputation dans le domaine de la qualité est la plus reconnue.

Airbus fabrique des avions. On recherche dans ce domaine fiabilité et performance et non chic ou luxe. Il existe bien sur des recherches théoriques qui sont les fruits des travaux de spécialistes en thermique ou en aérodynamique par exemple mais elles ne sont pas essentielles. En effet, s’il ne faut pas prendre par trop de retard comme c’est aussi le cas dans le secteur automobile, là n’est pas l’essentiel puisque les rivaux se suivent de près (Kuhn reste d’actualité). C’est donc la facture qui au final fait la différence. On sait en effet qu’un avion est cher et que de plus, le plus souvent, une commande en comporte plusieurs dizaines d’exemplaires. Un avion est constitué avant tout de pièces métalliques et plastiques, de composants électroniques et d’autres parties de moindre importance. Cela représente un coût. Il faut également produire ces pièces et les assembler avec du personnel qui lui aussi à un coût. Pourquoi donc s’embarrasser à faire venir en France des composants qui sont construits à l’étranger ce qui engendrerait des coûts de transport d’autant plus que la main d’œuvre est beaucoup plus chère ici qu’à l’endroit où justement et les matières premières et les produits finis et le travail d’assemblage sont moins onéreux ?

La délocalisation s’impose donc.

Si on n’y recourt pas, sachant que le concurrent lui le fera, on cesse d’être compétitif et on perdra fort logiquement les parts de marché. Les directions en ont conscience. Les politiques aussi. Et encore davantage les actionnaires qui ne jurent que par le rendement de leur portefeuille d’actions conformément à logique libérale.

Est ce donc si difficile à comprendre ?

Voilà pourquoi j’incrimine à titre d’exemple le ‘nationalisme’ étrangement doublé de libéralisme dont Philippe De Villiers est un représentant mais qui semble de façon très surprenante faire école. Quelqu’un qui a lu les penseurs libéraux sait très bien que cette théorie suppose une concurrence pure et parfaite avec des consommateurs parfaitement rationnels (c’est presque aussi idyllique que du Marx). Soit, pour en revenir au vicomte quand bien même il imposerait la production localisée en France, il ne diminuerait pas la facture et l’entreprise perdrait tous les marchés parce que les produits seraient plus chers que ceux de la concurrence : vendre, c’est vendre à quelqu’un qui lui compare les prix. Ou alors il lui faudrait par l’intermédiaire d’un coup de baguette magique supprimer les frais de transport ainsi que payer le salarié français comme l’est celui du Sud Est asiatique. Voilà pourquoi les libéraux n’ont jamais eu de patrie, n’en ont pas et n’en auront jamais. Je ne leur reproche pas leur choix idéologique mais j’en veux à ceux qui font de même tout en se réclamant de la communauté nationale.

De la même manière, je ne peux que contester une autre notion que j’avais déjà fustigée à savoir celle du patriotisme économique. Cela fait certes très bien aux yeux de l’électorat mais on comprend mieux grâce au triste exemple d’Airbus les limites du concept. Vous achetez du renault ? C’est bien, mais dans le même temps cela signifie qu’à 80% vous achetez étranger puisque c’est le pourcentage moyen présent dans un modèle de cette marque. Comme encore une fois les actionnaires, qui au passage ne sont pas ‘méchants’, mais qui raisonnent simplement en terme de rentabilité ce qui est la règle dans le monde libéral, imposent leur desiderata il ne reste plus rien de la notion chère à ce que l’on appelle par convention la droite.

Egalement, on ne peut passer sous silence la réduction du temps de travail lorsqu’elle n’est pas assortie proportionnellement à la réduction des salaires. Cela pour les mêmes raisons. Dans le monde libéral, mettre en place cette pratique c’est désavantager toutes les entreprises soumises au secteur concurrentiel. Pour un même produit, c’est celui qui aura nécessité le taux horaire le plus bas qui sera le moins cher et donc le plus acheté. Cela, les employés d’Airbus ne veulent pas le comprendre pas plus que les employés des autres entreprises. Ainsi, tant que l’on travaille en France et que la structure professionnelle dans laquelle on s’investit fonctionne convenablement on ne se pose guère de questions : cela n’arrive qu’aux autres. Pourtant, c’est le secteur primaire qui a été balayé, puis le secondaire, et maintenant pour reprendre l’exemple d’Airbus les secteurs de pointe.

Jacques Chirac est en train d’intervenir et va probablement s’entretenir avec la chancelière allemande. Différer les licenciement qui sont dans le système libéral inéluctables au moins jusqu’aux présidentielles. C’est probablement François Fillon, fidèle de Nicolas Sarkozy qui non sans cynisme mais avec une logique toute libérale a prévenu qu’en aucun cas l’état ne devait intervenir. A bon entendeur …

Il est maintenant temps de conclure. N’oublions pas que la France se situe géographiquement à l’extrémité d’un continent et donc très mal placée. La seule possibilité de relancer l’emploi en France si l’on veut rester dans le cadre libéral serait de baisser les salaires au dessous de ce qui se pratique dans les pays sous développés afin de compenser les frais de transports à l’aller des matières premières et au retour des produits finis. C’est évidemment impossible compte tenu des habitudes que nous avons prises même si les baisses d’allocations logement, la baisse du remboursement de médicaments, le déremboursement d’autres, la fin de la sécurité sociale, la Csg, le Rds, vont dans ce sens. Qui accepterait d’être payé deux cents euros par mois ? On comprend que le chômage réel, c’est à dire non masqué par des chiffres amputés, est dans le système libéral une fatalité.

Un national œuvre dans l’intérêt de la communauté nationale: un national-libéral ne peut aujourd’hui à l’époque de la concurrence généralisée être national.



mercredi 11 octobre 2006

Merde in France

Mercredi, 11 Octobre 2006
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Merde in France

Philippe Delbauvre

Politique
Merde in France
Question scato on dispose aujourd’hui de sérieuses réserves dans ce pays qu’en son temps Renaud appelait l’hexagone. Il faudrait toutefois remarquer que sa prise de position était celle d’un baba cool qui fustigeait une société qu’il jugeait plutôt conservatrice et dont il n’avait pas aperçu qu’elle était devenue libérale.

Je préfère davantage évoquer le bordel ambiant ou la chienlit auxquels nous sommes confrontés tout en ne sachant pas par où commencer tant les possibilités sont nombreuses.

Une grande inspiration pour se donner du courage et c’est parti.

Nicolas Sarkozy ne peut pas rester éternellement au gouvernement sous peine d’être associé, pourtant à juste titre, à un mauvais bilan. Il se doit donc de partir assez rapidement pour disposer de toute sa liberté d’action. Dans le même temps s’il part le voilà suspecté tel le rat de quitter le navire. De là découle probablement ses prises de position provocatrices tant à l’égard de Jacques Chirac que du premier ministre. S’il était viré, cela arrangerait bien ses affaires puisqu’il pourrait ainsi, d’une part justifier de sa participation gouvernementale jusqu’à un départ qu’il prétendra ne pas avoir souhaité et d’autre part recouvrir sa liberté et de revendiquer ainsi sa désolidarisation assez rapidement du gouvernement qui va, fin de législature oblige, s’essoufler. Pour résumer l’ensemble, une opposition dans un gouvernement de la part du ministre de l’ordre c’est du jamais vu.

Dominique de Villepin, tombé très vite suite au CPE est en train de remonter. Enterré trop vite, il a pu ainsi être épargné par les critiques dans la mesure où il ne valait plus la peine politiquement d’être attaqué. Il a toute chance en cas d’effondrement de son rival d’apparaître comme l’homme authentique à droite. Erotisme côté féminin cette fois ci, Alliot-Marie se présenterait : A bon mateur …

L’Ump, toutes tendances confondues semble vouloir aider Ségolène Royal en espérant qu’elle ne tiendra pas la route. C’est un pari, et comme tel c’est assez risqué. L’électorat centriste à toute chance de préférer la candidate pseudo socialiste au nabot de service. Justement, les centristes tirent eux à boulots rouges sur la Dame puisqu’elle est la plus apte à chasser sur leurs terres. Une candidate qui dès le premier tour pourrait rallier des voix chez les modérés et faire baisser un score déjà prévu comme faible de François Bayrou. Puisqu’il est question de sondages voilà qui me rappelle De Villiers dont l’objectif était d’affaiblir le front national et ainsi de favoriser l’actuel ministre de l’intérieur qui passerait suite à la comparaison avec le vicomte pour modéré, le tout probablement en échange d’un portefeuille. A l’évidence, même si on est loin de l’échéance, c’est loupé.

Les socialistes ont retrouvé dans leurs répertoires du Blum, du Marx, du Jaurès et du Mitterand. C’est à cela que servent leurs calepins qu’ils ne sortent qu’en période électorale. Situation simple : Montebourg, Melenchon et Cambadélis tous issus de la gauche profonde du parti ont choisi Royal, Fabius et Strauss Kahn. Les deux derniers font campagne dans la parti et la première à l’extérieur. Les militants vont avoir le choix entre des composantes proto, néo et archéo libérales : la chance qu’ils ont. Fabius considéré comme très à droite fait sa campagne très à gauche, Strauss Kahn comme très à droite du parti, très à droite, et Royal pas vraiment du parti, ailleurs. Les écologistes débattent pour savoir comment ne pas être à nouveau mangés par les socialistes : 10 motions pour 2% d’intentions de vote, c’est beaucoup pour pas grand chose. La différence entre CPNT et les écolos c’est qu’au vu des deux sites, on constate que la nature est davantage présente chez les premiers que chez les seconds. On ne parle plus de Dieudonné ce qui ne veut pas dire qu’il ne dit plus rien. Je fatigue. La vraie gauche, donc celle qui n’est que peu à droite va se réunir pour savoir s’il doit y avoir réunion au sujet d’un candidat commun. Ils sont tous d’accord mais ont tous une idée du candidat : le leur. Arlette est une candidature de rassemblement pour ceux qui rentreront à Lutte Ouvrière. Le facteur a toujours l’air gentil, Bové fume du foin, Lepage n’est pas le pape en terre d’écologie et Hulot fout la merde.

J’avais prévenu que ça allait être chiant.

J’arrête.

Vous allez en prendre pour sept mois et théoriquement vous devez être intéressés.



lundi 2 octobre 2006

Pipolisation d’aujourd’hui mais aussi d’hier: Ségolène bien sur, mais aussi les autres

Lundi, 2 Octobre 2006
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Pipolisation d’aujourd’hui mais aussi d’hier: Ségolène bien sur, mais aussi les autres

Philippe Delbauvre

Politique
Pipolisation d’aujourd’hui mais aussi d’hier: Ségolène bien sur, mais aussi les autres J’affirme que les attaques contre Ségolène Royal sont scandaleuses. Non pas que je sois un de ses thuriféraires écrivant en vue de lui porter secours, mais plutôt en raison du fait que la majorité de ses détracteurs sont les plus mal placés pour émettre un jugement en ce qui la concerne.

Les attaques dont elle est l’objet viennent de toutes les contrées politiques et prennent globalement deux formes: ce que l’on appelle désormais la pipolisation de la politique dont Ségolène Royal serait l’incarnation emblématique mais également et à un degré moindre l’absence de programme qui est, si l’on y réfléchit bien, particulièrement lié au phénomène de pipolisation. Ainsi, il n’est pas difficile de comprendre qu’à produit égal c’est le ‘packaging’ qui fait la différence’.

Commençons par l’absence de programme.

Ce n’est pas un hasard si c’est justement là que les attaques se font le moins ressentir. C’est pourtant en ces lieux que l’on peut légitimement attendre en politique un débat où il est d’ailleurs le plus facile de décrédibiliser l’adversaire tout en se démarquant avec profit soi même. Cela suppose évidemment une alternative politique a proposer. Dès lors où on n’en dispose pas, on comprend mieux le silence.

Les phrases floues n’ont jamais constitué un programme : on peut ainsi déclarer vouloir ‘aider les plus pauvres, favoriser le plein emploi, créer la France de demain qui sera riche et puissante et fraternelle’. Et j’en passe.

Qui peut ne pas être d’accord ? Viendrait-il à l’idée d’un politique de proposer le contraire ? N’est ce pas déjà de la pipolisation sous une autre forme ? S’agit-il enfin d’un programme ? Ségolène Royal en a t-elle le monopole ?

Puisque les universités d’été sont maintenant toutes terminées ou presque, il est temps de s’interroger sur l’existence de mesures phares avec chiffres, démarches, procédures à suivre à l’appui, qui ont été proposées afin de résoudre les problèmes qui se posent aux français.

En fait c’est le néant. On en revient à de très jolies phrases évoquant un avenir radieux dont la gauche à l’évidence n’a pas le monopole. Mais rien de concret. Rien de justifié. Quand d’ailleurs des mesures sont avancées, c’est toujours devant un parterre bien sélectionné avec auquel cas un discours adapté à la cible considérée.

Parenthèse 1981/1983 mise à part, tous les grands présidentiables sont économiquement libéraux ce qu’ils ne peuvent avouer : cela s’appelle un mensonge par omission. Avec préméditation.

Ou on accepte ce système avec les inconvénients qu’il suppose ce qui n’empêche pas éventuellement quelques très mineures améliorations que l’on brandira comme de ‘grandes avancées’, ou on en sort quitte à voir apparaître d’autres problèmes. En fait, ce que personne n’ose dire, c’est qu’on ne pourra pas résoudre les problèmes actuels sans sortir du système : ils lui sont inhérents. C’est d’ailleurs tant vrai que ceux ci se posent dans les autres pays et pratiquement de la même manière. Que Tony Blair a de meilleurs résultats en ce qui concerne les chiffres du chômage est juste : les chiffres, oui ; la grande pauvreté y est double qu’en France et elle ne figure pas bien évidemment dans les statistiques. Pipolisation que de prétendre le contraire.

Il est bon de rappeler qu’Alain Madelin lui aussi faisait référence à Tony Blair de façon positive.

A nouveau pipolisation, donc. Penser qu’un politique français, qui n’a pratiquement aucune marge de manœuvre sur les résultats économiques mondiaux à commencer par ceux de Etats Unis ou de l’Opep ou des pays asiatiques qui influent bien davantage que toute mesure hexagonale, puisse modifier en France la donne est tout simplement ridicule. Ce qu’il est demandé à un président français est dans ce domaine de ne pas faire de bourdes. Les conseillers sont là pour ça. D’ailleurs la majorité des grands barrons de gauche comme de droite, présidentiables ou pas sont énarques et à ce titre ont la même formation. Les bases du système sont connues et respectées puisque ces hommes ont justement été formés pour et par le système.

Autre aspect du problème, il est intéressant de constater la diversité intellectuelle des politiques des troisième et quatrième république et l’homogénéisation croissante durant la cinquième. Pourquoi au passage les scientifiques sont-ils absents de nos assemblées et du pouvoir alors que leur discipline est justement la seule qui montre ses réussites puisque les résultats techniques, qui ne sont que la conséquence des recherches théoriques, nous l’indiquent tous les jours ?

Il est vrai aussi que nombre de scientifiques sont quelque peu naïfs et appellent un chat un chat. Ce qui se traduit par un chien dans un jeu de quille. C’est ainsi que nombre d’expertises scientifiques dérangent : la pipolisation est étrangère au monde scientifique.

Sur la pipolisation au sens premier:

Des pleurs. La France d’aujourd’hui ne subit pas les traumatismes qu’elle a pu connaître dans son passé. On n’y a pourtant jamais autant versé de larmes chez les politiques.

Laguiller (élevée dans un milieu très feutré il est vrai), Besancennot (probablement membre du Rotary ou du Lions), Aubry (Caliméro : ‘c’est vraiment trop injuste’), Jospin (le trotskysme forme visiblement des tendres), Boutin (Il a pris ma bible, m’sieur). La liste serait à faire.

Pipolisation.

Arrêtons nous sur le dernier cas. Christine Boutin a pleuré à l’assemblée. Elle s’est apitoyée volontairement selon moi. Elle a reçu des fleurs. Envoyées par Laurent Fabius, président de l’assemblée à l’époque, sans que la démarche ne soit officielle. Mais paradoxalement ‘on’ a su. Pourquoi ?

Pipolisation.

VGE s’est invité en son temps, président de la république, chez un français très modeste où il a pu déguster des œufs sur le plat. Raison invoquée : prendre la température populaire. Or, s’il est un type de français qui connaît bien cette température et au jour le jour, c’est bien le politique.

La raison est bien différente : pipolisation.

La théorie de la grande unification est réalisée en politique. Tous contre Jean Marie Le Pen puisqu’il est démagogue, autre nom pour pipolisateur. Ce qui n’empêche pas certains de lui avoir ouvert l’accès des émissions de radio bien avant 1984 ainsi que de l’assemblée nationale par la suite. Ce qui n’empêche pas d’autres y compris dans les milieux centristes d’avoir noué des alliances locales assez juteuses. Autre forme de pipolisation. On constate toujours et c’est valable pour l’ensemble du phénomène le primat du dire ou du monter sur le faire, conséquence de la pipolisation.

Elisabeth Guigou après son accident de santé a reçu chez elle journalistes et photographes. On la voit sur une photo assise sur une modeste chaise (elle doit être pauvre), triste, esseulée, et pieds nus (privée de souliers ?). Impact de la photo ?

Sachant qu’un politique a un droit de regard sur les photographies mais aussi sur les déclarations avant publication, ce n’est pas là hasard.

Pipolisation.

Fin de la cravate chez les politiques pour faire peuple, mais aussi ouvert (sic), détendu.

Pipolisation.

Là encore, la liste serait longue à établir. Je laisse le lectorat la compléter sachant qu’il y a du travail puisque les exemples abondent.

Certains dans ce système échappent majoritairement au phénomène.

Mendes France, Rocard, Barre, Delors et quelques autres.

Pourquoi n’ont-ils pas percé ? Pourquoi n’ont-ils pas atteint le niveau auquel ils pouvaient légitimement prétendre ?

Répondre à la question c’est aussi expliquer le pourquoi de la nécessaire pipolisation dans la structure politique qui est la nôtre dès lors où un politique veut progresser : les programmes étant équivalents, comme écrit plus haut, seule la pipolisation peut faire la différence. Il ne faudrait pas oublier que suite au décès du chien des Bush (rip), il y eût un communiqué officiel de la maison blanche pour annoncer la nouvelle au peuple américain. On ne manque pas outre atlantique d’acteurs ou de chanteurs engagés politiquement ou exerçant un mandat. Ils sont évidemment élus suite à leur nom et non à leur programme. C’est un phénomène qui apparaît déjà en France même s’il ne s’agit qu’un début.

On pourra être surpris du fait que je n’ai pas abordé le très médiatique phénomène Sarkozy. Et pour cause : souhaitant imager mon point de vue à l’aide de plusieurs exemples, je me suis concentré sur le peloton pipole. Quitte à ignorer l’échappé bien loin devant.

mardi 19 septembre 2006

La mort annoncée de la Sécurité sociale

Mardi, 19 Septembre 2006

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La mort annoncée de la Sécurité sociale

Philippe Delbauvre

Politique
La mort annoncée de la Sécurité sociale
Ce début d’automne marque l’ouverture officieuse de la campagne électorale pour l’élection présidentielle de 2007. Les socialistes viennent de réunir leurs présidentiables et les diverses composantes de la gauche alternative se scrutent pour savoir quel serait le candidat unique (qui ne sera pas), le plus apte à les représenter. Dans le même temps la gauche qui fût si tolérante avec le pouvoir libéral dans l’hémicycle durant cinq ans se lance dans une bataille homérique contre la fusion Edf-Gdf qu’elle eût pourtant été la première à pratiquer si elle avait été au gouvernement. L’important est probablement que l’électeur ne retienne de cette histoire que les dizaines de milliers d’amendements déposés, preuve (sourire) que la gauche est restée la gauche. Il serait à ce titre d’ailleurs judicieux d’effectuer une analyse stylographique : comparer le nombre de fois où le qualificatif de ‘socialiste’ est utilisé lorsque le parti de Monsieur Hollande est au pouvoir et lorsqu’il est dans l’opposition. L’enseignement que l’on en tirerait serait que dès lors où l’on a les tripes à gauche, il ne faut pas voter socialiste.

Je souhaite aborder un problème essentiel auquel les français n’ont pas été sensibilisés. Si la lutte contre le libéralisme et ses effets dévastateurs commença avec Vichy, elle fut poursuivie à la libération par d’audacieuses mesures souvent inspirées du régime précédent. La plus célèbre et probablement la plus chère aux cœurs des français est très certainement la sécurité sociale. Outre évidemment la protection sociale, elle est aussi un facteur d’homogénéisation nationale, de solidarité entre les générations ainsi que de ciments entre les différentes classes sociales ; en cela elle est davantage qu’une institution économique : elle est le symbole de la communauté nationale où chacun est acteur tout en bénéficiant de l’aide de tous.

Cet article est un faire part. J’avoue déroger à la bienséance en annonçant le décès à venir alors que le médecin légiste n’a pas encore signé l’acte mais puisqu’il s’agit de la vérité…

La sécurité sociale se meurt depuis de nombreuses années et n’est maintenue en vie qu’artificiellement. A plusieurs reprises, l’Europe a rappelé l’obligation faite à la France de se conformer aux règles qui sont appliquées dans les autres pays. L’injection létale surviendra rapidement après les élections présidentielles : ne pas réveiller un peuple qui dort !

Evidemment c’est au nom de la liberté que le meurtre est commis. J’ouvre au passage une parenthèse afin de rappeler que les idées de liberté, de sécurité, de bonheur constituent autant de filets dans lesquels systématiquement les naïfs se font prendre. Ici c’est de la liberté d’assurance qu’il s’agit suite à deux directives européennes en date du 18 juin et du 10 novembre 1992. Elles ne furent pas appliquées en France. Celle ci fût en conséquence condamnée en 1999. Par ordonnance du 22 avril 2001 avec l’accord du parlement de l’époque (quel était-il ?), le gouvernement rappela la législation européenne. A savoir que désormais nul n’est obligé de cotiser aux régimes de sécurité sociale. Alors que dans le passé récent, les récalcitrants étaient poursuivis c’est désormais l’inverse qui prévaut. En conséquence, tout français peut attaquer un organisme gérant si on lui conteste le droit qui lui est donné de s’assurer par l’intermédiaire de l’assurance privée.

L’assurance privée peut tout prendre en charge. Elle permet déjà d’échapper à la CSG ainsi qu’à la CRDS. Elle permet de s’assurer contre la maladie, contre le chômage, pour la retraite. Voilà qui dans un premier temps ne peut que satisfaire ceux qui disposent d’un revenu important. Evidemment pour les autres c’est une autre histoire. Dans le monde du chacun pour soi où la pieuvre capitaliste étend toujours davantage ses tentacules, l’opération va avoir du succès. Les cadres seront les premiers à s’y atteler. Nombre de retraités aussi. Le reste lentement, pour ceux qui en auront les moyens, suivra. Plus les départs s’accentueront et évidemment moins il y aura de cotisants. Le système connaissant déjà des avaries, il coulera très vite.

Nous connaissons tous les assurances. Elles indemnisent quand … elles ne peuvent pas faire autrement.

Nous savons très bien que les demeures qui peuvent être efficacement assurées contre le vol sont justement celles qui ne sont pas cambriolables. De même le code de la route des assurances n’est pas le même que celui de l’état ; c’est ainsi que la police peut vous considérer en droit et votre assureur en tort.

La raison d’être de l’assurance n’est pas de vous aider mais de faire de l’argent ce qui ne relève pas du même esprit.

Un état ne peut connaître la faillite et disparaître ; une société d’assurance ou autre le peut parfaitement.

Les fusions acquisitions se poursuivent : tôt ou tard si le processus n’est pas enrayé, il y aura malgré de multiples enseignes, un seul dirigeant : il n’est aucunement souhaitable de se retrouver sous la tutelle d’un organisme privé qui dès lors aura tout le loisir une fois parvenu en situation de monopole d’augmenter ses tarifs.

D’ailleurs, quoique contraire au principe de libre concurrence, l’alignement des prix est un phénomène courant.

Alors ?

Merci à la très libérale Europe facteur de bonheur et d’avancées sociales.

Merci aux hommes politiques de nous avoir tant éclairés depuis une quinzaine d’années (le début du processus remonte à 1992).

Et de continuer à le faire durant cette campagne présidentielle.



mercredi 13 septembre 2006

Un sophisme économique

Mercredi, 13 Septembre 2006
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Un sophisme économique

Philippe Delbauvre

Politique
Un sophisme économique
Il ne s’agit pas d’affirmer que l’on s’achemine vers la suppression du Smic. On peut néanmoins constater que les libéraux (c’est à dire la gauche et la droite) tentent d’optimiser le système économique actuellement en place qui fait encore la part trop belle à des gâchis financiers que constituent à leurs yeux à titre d’exemple le rmi ou les prestations sociales.

Ainsi, le smic est un frein à l’emploi. C’est évidemment juste. Si les comportements économiques veulent être expliqués avec cohérence, il faut les analyser à la fois côté employeur que côté employé. L’intérêt du premier est de donner le minimum, celui du second d’obtenir le maximum. Il s’agit d’une évidence qu’il est tout de même nécessaire de rappeler avant toute étude. Il est en effet exact que l’on ne peut embaucher que si l’on dispose au moins, en surplus de la part que l’on se réserve, du minimum légal charges comprises. En conséquence on ne le peut pas si on ne possède, pour prendre un exemple, que de 70 % dudit minimum. Avec cette même somme, on le pourrait si minimum il n’y avait pas. Raisonnement imparable.

Donc on en déduit dans la poursuite de cette logique que la suppression du smic est un bien pour les employeurs qui peuvent désormais plus facilement embaucher, mais aussi pour les chômeurs qui trouveront ainsi davantage d’offres d’emploi. Toujours juste à l’évidence.

Ce que les tenants de cette révolution, qui pour certains sont tout aussi naïfs que généreux, c’est que cette logique ne fait pas du tout l’affaire de nombre de travailleurs. Il va de soi que ceux qui sont rémunérés au smic sont ici directement concernés puisque la baisse des salaires qui s’en suivra les touchera de suite. Il en est de même pour ceux dont le salaire est indexé sur le smic ; que l’on soit rémunéré à 70% ou à 140 % du smic, dès lors où salaire minimum il n’y a plus, le résultat sera le même : la baisse d’une rémunération déjà par trop modeste. Il faut également prendre en compte ceux qui dix heures par semaine travaillent et sont payés au smic : qu’adviendra t-il d’eux ? Voilà un paragraphe tout aussi cohérent que les précédents mais que l’on ne trouvera pas dans les analyses libérales.

Evidemment on suggère quelquefois une compensation grâce à une solidarité à maintes reprises évoquée mais jamais définie. Et pour cause. Qui sera solidaire ? Plus vulgairement, qui paiera ? Pas les entreprises puisque l’objet de la mesure consiste justement à les alléger financièrement. Pas l’état puisque son objectif ainsi qu’en témoignent ses désengagements aux échelles locales et nationales est de faire des économies pour s’aligner sur les autres modèles européens souvent plus libéraux et paupérisateurs (voir Royaume Uni). Pas les cadres véritables que l’on souhaite protéger via une diminution fiscale sous peine de les voir s’expatrier. Donc une solidarité payée par ceux qui devraient en principe en bénéficier : ceux qui n’appartiennent pas à une des catégories déjà mentionnées. Ou on fait payer ceux pour qui financièrement la vie n’est pas rose à l’aide par exemple d’une taxation indirecte pratiquement invisible politiquement et très douloureuse financièrement, où il n’y aura pas de solidarité. Et donc, pas de compensation.

A qui donc en définitive profite sincèrement la suppression du smic ?

Amen.

On peut très honnêtement reconnaître que ceux qui n’ont pas d’emploi pourront éventuellement en avoir un. Enfin, pour certains d’entre eux. C’est vrai. Si au smic on associe la base 1000, pour un travail effectué à cette rémunération, une suppression pousserait les offres à la hausse avec dans le même temps une mensualité à la baisse : qui prend à 900 ? 800 ? 700 ? Dans la tête d’un patron normal, conscient de ses intérêts (la nature humaine étant ce qu’elle est), l’idée de commencer directement à 300 vient naturellement ; s’il y a preneur c’est tout bénéfice, sinon augmenter progressivement. C’est tout simplement ce que l’on appelle la loi du marché. Dans la continuité du raisonnement précédent, il va de soi que le rmi ne peut qu’être revu à la baisse : on ne peut pas payer autant voir davantage celui qui ne travaille pas que celui qui travaille.

Les rmistes aussi vont être contents.

Amen.

Dernière étape, pour contraindre démocratiquement (c’est à dire intelligemment) ceux qui viendraient à rechigner, l’idée d’immigration choisie. Superbe expression qui sous entend :

Premièrement : que ceux qui vont venir ne sont pas méchants et ne doivent pas être amalgamés avec ceux que l’on connaît : si ce n’est pas faux, rien ne prouve qu’à long terme cela le devienne : on a déjà donné.

Deuxièmement : que ceux qui vont venir correspondent exactement aux profils manquants ici et qu’en conséquence personne d’ici ne sera lésé. Et là c’est faux. Parce que les offres fluctuent au cours du temps, parce que bien évidemment on n’a pas fait le recensement de tout ce qui pourrait manquer, parce qu’on a suffisamment de millions de chômeurs à employer.

Non ?

Si.

Hors sujet ? Du tout. A nouveau le but est de tirer conformément à la logique libérale les salaires vers le bas. On sait très bien que les praticiens étrangers travaillant dans la dite fonction publique hospitalière sont moins bien rémunérés que les français. Autre façon de pousser ces derniers à partir un jour ou l’autre vers un secteur privé appelé à se développer et bien plus attractif financièrement. On revient donc à la ‘légitime suppression’ du smic. Tout est cohérent pour celui qui veut voir.

L’enfer est pavé de bonnes attentions.

Ici, elle sont de plus mauvaises.

mardi 5 septembre 2006

Rien ne va plus, tout est ouvert

Mardi, 5 Septembre 2006
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Rien ne va plus, tout est ouvert

Philippe Delbauvre

Politique
Rien ne va plus, tout est ouvert
Les événements récents me contraignent à reprendre un article d’Alain Rebours, disponible dans les archives pour la lecture, afin de le réadapter au contexte actuel.

Sur le forum de ce même site je m’étais à l’époque particulièrement investi dans un fil consacré au CPE où le plus souvent je prévoyais quelques jours à l’avance le devenir du phénomène, tâche d’autant plus aisée que le processus à quelques variantes près reste toujours le même. Le premier ministre ne s’est depuis jamais remis politiquement de ces manifestations et reste à ce jour (la précision est d’importance) condamné à espérer un bouleversement hypothétique de la donne sans pour autant en être l’acteur.

Ce que l’on appelle désormais par convention la gauche n’a pas d’alternative à proposer. Elle ne peut, sous peine de se ridiculiser, évoquer un flot de nationalisations ou une relance de la consommation que l’appartenance de la France au système économique mondial empêche. S’il est possible de se permettre un petit écart par rapport à l’orthodoxie économique, lequel parce que petit ne changerait fondamentalement rien, les règles édictées doivent être néanmoins scrupuleusement respectées. Les intègres et naïfs socialistes de 1981 l’ont assez vite appris comme le savent ceux qui ont connu la période ou s’y sont intéressés. Au même titre qu’en tennis la balle ne peut rebondir au plus qu’une seule fois avant relance ou qu’en football de la main le ballon il ne faut pas toucher, on ne joue pas avec les impératifs catégoriques économiques du règlement capitaliste. Si néanmoins on venait à souhaiter le faire afin de remédier aux problèmes qui se pose dans le monde occidental c’est une révolution qu’il faudrait entamer et non une réforme qui en tant que telle resterait prisonnière du carcan et en conséquence vouée à l’échec.

Les cadres de la gauche en sont parfaitement conscients. Les militants beaucoup moins. Et le peuple quasiment pas puisque l’on ne cesse de lui répéter qu’il n’existe pas d’autres alternatives. On peut ainsi expliquer facilement le pourquoi de l’absence réelle de programme au sein de la gauche sachant que les phrases très généreuses mais bien évidemment floues et très générales n’en constituent pas un. On comprend mieux le succès de Ségolène Royal qui est un succès de personne et non d’idées. On comprend aussi le rejet dont elle fait l’objet de la part d’une partie des militants socialistes qui ont bien saisi qu’avec elle une politique authentiquement de gauche n’était pas à espérer. L’erreur de ces militants est de croire qu’un autre candidat pourrait proposer une autre alternative. Ce n’est donc pas idéologiquement que ce que l’on appelle la gauche peut battre lors des prochaines présidentielles, ce que l’on appelle la droite. Il s’ensuit qu’une victoire ne peut qu’emprunter un autre chemin avec par exemple et pour clore ce paragraphe un succès de personnalité.

A huit mois de l’échéance il va de soi que les paramètres commencent progressivement à se fixer. Il faut à la gauche affaiblir le gouvernement en espérant atteindre par ricochet Nicolas Sarkozy. Voilà chose ardue puisque quand bien même membre du gouvernement ce dernier n’a jamais cessé de faire entendre sa différence. Que l’équipe ministérielle donne l’impression d’une réussite et le ministre de l’intérieur s’en réclamera. Qu’elle donne le sentiment d’un échec et il aura beau jeu d’affirmer que tout en y participant il avait fait entendre un autre son de cloche. Il faut donc à la gauche ajouter autre chose à son armement qui à ce jour semble inadapté.

La gauche a toujours su jouer dans son histoire de l’impact des manifestations de rue. Encore une fois, les manifestations à l’encontre du CPE lui ont permis de marquer des points et de couler définitivement (je me méfie par expérience du terme) le premier ministre. Le secteur public, grand mobilisateur devant l’éternel, n’est plus ce qu’il était. Cela s’explique entre autre par la dépolitisation des nouvelles classes d’âge mais aussi par le recrutement de plus en plus massif de non titulaires qui ne disposent que de contrats précaires et qui ont tout intérêt, s’ils veulent espérer leur travail garder, à se tenir tranquille. Il suffit de se renseigner sur l’évolution de la Sncf comme de la poste pour s’en rendre compte.

Il est en revanche un secteur qui reste politiquement dangereux pour tous les gouvernements et qui n’est autre que celui de l’enseignement.

A cela plusieurs raisons.

Le corps enseignant certes moins syndiqué qu’auparavant possède encore l’esprit de corps. C’est là où l’esprit corporatiste est l’un des plus développés. C’est aussi une des valeurs sures dans l’électorat de ce que l’on appelle la gauche. C’est d’ailleurs tant vrai qu’un ministre de gauche n’a guère à craindre d’eux à moins de tenir des propos particulièrement provocateurs comme l’avait fait Claude Allègre. Ce sont majoritairement des fonctionnaires dévoués à la cause du parti sans pour autant être socialistes ( ‘ Les socialistes ont le coeur à gauche et le portefeuille à droite ’) et quantitativement important. Comme de plus la grève est chez eux une seconde nature (dès lors où une mesure vient d’un gouvernement dit de droite), ils maîtrisent parfaitement le sujet et sont donc efficaces. C’est aussi une catégorie directement liée au monde estudiantin qui est non politisé dans sa majorité mais dont les représentants le sont. Là encore phénomène de masse, donc impressionnant mais aussi perçu comme sympathique par nombre de français qui ont l’occasion de se rappeler leur jeunesse et qui ne peuvent avoir de griefs à l’encontre des ‘petits’ qui à l’évidence sont globalement dépourvus d’arrières pensées. Si suite à un coup de matraque, un enseignant est envoyé comateux à l’hôpital, le français désapprouve. Si c’est un jeune étudiant depuis peu majeur, c’est l’indignation pour ne pas dire la révolte. Cette affection sélective ne bénéficie pas aux enseignants souvent décriés par les français. Il n’empêche qu’à défaut de constituer la poudre ils peuvent très bien en être la mèche : c’est d’ailleurs une habitude.

On ne peut ainsi que comprendre les réunions prévues le 6 septembre (donc dans deux jours puisque j’écris en date du 4) entre enseignants en vue de préparer la manifestation du 28 prélude à quatre jours de grèves dans le meilleur des cas. Voilà qui nous amène donc début octobre et au retour à la vie des facultés qui elles aussi, n’en doutons pas, sont déjà prêtes à intervenir. A quoi servent les fameuses longues vacances si ce n’est à préparer les actions à venir qui ‘spontanément’ adviendront peu après la rentrée ? Il ne faut pas disposer d’une intelligence lumineuse pour comprendre que les plans ont déjà été élaborés et que les deux mouvements en apparence différents vont converger et se fondre.

Comme de plus le problème de la non régularisation est posée et que la responsabilité en incombe directement au ministère de l’intérieur qui est dans cette histoire le premier visé, il n’est pas difficile d’imaginer que la défense de la veuve et de l’orphelin va être à maintes reprises évoquée. Loi des séries, le ministre de l’éducation nationale est un Udf favorable à l’Ump. Est-il nécessaire d’expliquer que François Bayrou va être ravi de l’aubaine et saisir la chance qui va lui être offerte de faire entendre sa différence aussi bien à l’encontre de son rival mais aussi du gouvernement ? Il va de soi que le front national qui est en hausse dans les sondages va jouer le rôle qui est le sien : de Villiers maintenant rejeté par l’opinion elle même, tout ce qui peut arriver de mal au gouvernement et surtout à Nicolas Sarkozy ne peut que profiter au menhir. Un quelconque cas de bavure ou de déclaration malencontreuse imputables au ministre de l’intérieur ne constitue t-il pas la dernière chance qui s’offre à un Ump de faire ou de refaire surface ?

Désormais, comme on le dit au jeu : ‘rien ne va plus’. Tout est ouvert.

Le CPE n’était pas la solution. L’opposition en elle même au CPE non plus.

Le programme présidentiel de Nicolas Sarkozy dont il n’a dévoilé que la face émergée est détestable. Celui des candidats socialistes est inexistant, ce qui constitue un mieux. Faute de grives …

Que les manifestations à venir ne poseront pas les vrais problèmes, j’en suis convaincu. Il n’est pas cependant impossible qu’elles soient décisives en ce qui concerne les prochaines élections présidentielles