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vendredi 2 décembre 2011

K.O. Paetel, national-bolchéviste


VIA VOXNR

K.O. Paetel, national-bolchéviste
 
Luc Nannens

K.O. Paetel, national-bolchéviste
 
Encore un écrivain politique que l'on exhume de l'oubli : Karl Otto Paetel ; mais pourquoi avait-il été oublié ? Tout simplement parce qu'il était totale­ment inclassable. Grâce aux profes­seurs Wolfgang D. Elfe et John M. Spalek, son autobiographie, Reise ohne Uhrzeit (Voyage sans montre) a été rééditée en Allemagne.

Qui fut Karl Otto Paetel ? Né le 23 novembre 1906 à Berlin, il a été très tôt fasciné par les mouvements de jeunesse du début du siècle, qui tentaient d'échapper aux "déserts de pierre", c'est-à-dire aux villes surgies à la suite de la révolution industrielle. Dès 1927, sa vocation de journaliste et de théoricien politique se confirme. Formé par les mouvements de jeunesse, Paetel ne demeure pas moins une sorte d'individualiste. Il refusera toujours toute fermeture au discours de l'Autre. Il lit, commente, assimile les livres, brochures, pamphlets des révolutionnai­res de tous horizons qui marquaient la vie politique et intellectuelle de l'Allemagne de Weimar.

De ce travail naît une vision politique épurée de tout conformisme, une brillan­te synthèse des contraires apparents, tels le communisme orthodoxe et le national-socialisme hitlérien. L'œuvre politique et idéologique de Paetel traduit ainsi, avec celles d'Ernst Niekisch et d'Otto Strasser, la quintes­sence de son époque. Elle était trop en avance sur son temps pour avoir pu se concrétiser effectivement dans la cité.

L'apogée du travail idéologique de Paetel réside dans son Manifeste national-bolchéviste de janvier 1933, dirigé contre Hitler, à qui il reproche d'entretenir des relations suivies avec l'Église Catholique et avec les éléments les plus réactionnaires de la société allemande. Aux Nazis, il reproche égale­ment d'oublier la traditionnelle orienta­tion russophile de la diplomatie prussien­ne. Paetel, en effet, a retenu le communautarisme des soviets mais nié l'économisme et le déterminisme marxistes. Il a perçu la puissance révolu­tionnaire du nationalisme mais rejeté tout dogmatisme raciste.

Son refus "national-gauchiste" de l'hitlé­risme, l'assassinat, lors de la Nuit des Longs Couteaux de juin 1934, de certaines de ses relations, le conduiront en exil. À Prague d'abord, en Scandina­vie, à Paris et, enfin, à New York. ce sont ces pérégrinations douloureuses que relate Reise ohne Uhrzeit. En lisant ce journal, on se rend compte de ce qu'a été le véritable anti-fascisme, si différent de celui des salonnards occidentaux.

Après la guerre, Paetel a écrit de nombreux ouvrages historiques sur le personnalité d'Ernst Jünger, sur les idéologies de l'ère weimarienne et sur le national-bolchévisme.Il est mort le 4 mai 1975, à l'âge de 69 ans.

♦ Karl O. Paetel, Reise ohne Uhrzeit : Autobiographie, Herausgegeben und bearbeitet von Wolfgang D. Elfe und John M. Spalek, The World of Books Limited, London / Verlag Georg Heintz, Worms, 1982, 300 p.
notes
Source : Vouloir n°5, 1984.