VIA POLEMIA
C’est
ce jeudi 8 décembre que le projet de loi sur le droit de vote des
immigrés sera examiné — et sans doute voté — au Sénat par la nouvelle
majorité socialiste. Avec d’autant plus d’enthousiasme que 61% des
Français (soit 6% de plus par rapport à un précédent sondage, réalisé en
janvier 2010) y seraient favorables selon une enquête BVA publiée le 28
novembre par Le Parisien. Le quotidien populaire note avec
satisfaction que « l’acceptation du droit de vote des étrangers a tout
particulièrement augmenté auprès des sympathisants de droite (+ 15
points), même si ceux-ci y restent majoritairement opposés ». Sans
surprise, les électeurs du Front national y sont ainsi hostiles à 61%
cependant que 58% des sympathisants du Nouveau Centre d’Hervé Morin
seraient au contraire prêts à partager leur isoloir avec des étrangers.
Du moins, selon BVA. Comme tous ses homologues sondagiques,
cet organisme observe en effet une certaine rigueur en matière
politique car les chiffres des enquêtes d’opinion doivent correspondre
peu ou prou à ceux qui sortiront des urnes sous peine pour les instituts
spécialisés de perdre toute crédibilité, mais se montre beaucoup plus
laxiste quand il s’agit des questions de société, aucune sanction
n’étant alors à craindre.
Faux problème et gadget électoral
1981-2011, voici donc trente ans que,
d’élection en élection, resurgit le spectre du droit de vote aux
élections locales des étrangers en situation régulière. Une mesure,
allèguent ses partisans, déjà en vigueur dans plusieurs pays européens
(Suède, Danemark ou encore Pays-Bas) dans lesquels, soutiennent ces bons
apôtres, elle n’aurait apporté aucun bouleversement. Pourtant, un
Marocain est devenu maire de Rotterdam, l’un des principaux ports
européens, et tout indique que cette mesure aboutirait également chez
nous, vu la concentration de certaines communautés, à faire tomber dans
l’escarcelle d’édiles musulmans, voire islamistes, une bonne partie des
communes de la Seine-Saint-Denis, des villes du Nord comme Roubaix et
plusieurs arrondissements marseillais. Pas moins !
Le problème est donc très sérieux ; ce
droit de vote démesurément élargi — dans le même temps où les
autochtones se voient systématiquement retirer peu à peu tous leurs
droits spécifiques, en raison de l’inique mise hors-la-loi de la
préférence nationale — est pourtant un faux problème, ce qui ne
l’empêche pas d’être régulièrement agité par des politiciens en mal de
victoire.
- à gauche, (où Mitterrand se garda bien d’inclure cette sensationnelle nouveauté dans la Constitution bien que les 110 Propositions du PS lui en aient fait obligation) parce que cela permet de se montrer « fidèle à sa mission humaniste » et ouvert aux (prétendus) exclus ;
- à droite, parce qu’agiter ce chiffon rouge permet de rallier à son panache tricolore le bon peuple resté national et français toujours.
Ainsi Nicolas Sarkozy qui, en 2005, dans une tribune du Monde,
se disait, « sur la base de la réciprocité », favorable au vote des
étrangers vivant depuis cinq ans sur notre territoire, affirmait
solennellement le 23 novembre 2011 devant quelque trois mille maires
réunis en congrès que « le droit de voter et le droit d’être élu dans
nos territoires doit demeurer un droit attaché à la nationalité
française ».
2 millions de néo-Français de plus en 14 ans !
Mais c’est justement en cela que le
droit de vote des immigrés aux élections locales est un faux problème et
un gadget électoral. Car, n’en déplaise à l’UMP et à M. Sarkozy
lui-même, la nationalité française est bradée, avec plus de deux
millions de néo-Français créés entre 1995 et 2009. Le chiffre a bondi,
sous les deux dernières présidences, de 95.410 naturalisés en 1995 à
133.479 en 2009, avec un pic de 165.140 en 2004 ; M. Sarkozy était alors
ministre de l’Intérieur.
Or, ces 2 millions de néo-Français, très
majoritairement originaires d’Afrique (62,7 % de l’ensemble, dont 41,2%
de Maghrébins) et parents de millions d’enfants bientôt inscrits
automatiquement sur les listes électorales, non seulement votent à toutes
les élections, mais se font élire — ou nommer — aux postes les plus
prestigieux. Ainsi, parmi quantité d’autres, on trouve les députés
européens Fodé Sylla et Alina Boumedienne-Thierry ou la nouvelle
vice-présidente du Sénat, l’Algérienne Bariza Khiari qui, depuis son
arrivée au Palais du Luxembourg en 2004, a multiplié les propositions de
lois favorables à ses congénères, par exemple pour leur faciliter
l’accès aux professions libérales ou privées encore réglementées.
Et des ministres, parlons-en :
- le Togolais mitterrandien Kofi Yamgnane (plus tard candidat à la présidentielle dans son pays d’origine, ce qui en dit long sur son intégration !) ;
- la Sénégalaise également socialiste puis sarkozyste Rama Yadé ;
- l’Algéro-Marocaine Rachida Dati, titulaire de surcroît d’un ministère régalien, celui de la Justice ;
- mieux ou pis encore : parmi les candidats déclarés à la présidentielle 2012 figurent deux naturalisés, le Béninois Patrick Lozès, président (en délicatesse avec la justice pour détournement de subventions publiques) du Conseil Représentatif des Associations Noires de France et dont le slogan « Ne votez plus blanc » s’adresse explicitement aux allochtones; et bien sûr la Norvégienne Eva Joly dont le conseiller très spécial Serge Coronado, fils de réfugiés chiliens anti-Pinochet, n’est français que depuis 1994.
Paris, ville ouverte aux étrangers
Or, répétons-le, ce mouvement-là si
lourd de conséquences n’a cessé de s’accélérer sous le mandat de
Nicolas Sarkozy. Ce qui lui valait en 2009 les éloges du site marocain yabiladi.com
: alors que « le Royaume-Uni et l'Allemagne ont diminué l'octroi de
nationalités à hauteur de -21% et -16% respectivement (…) la France est
le pays européen où le plus d'étrangers ont été naturalisés en 2008 :
137.000, contre 129.000 au Royaume-Uni et 94.000 en Allemagne », le
Maroc arrivant « en tête des pays d'origine des nouveaux nationaux ».
D’où le satisfecit, dont on se passerait bien, accordé par le site
chérifien : « En termes absolus, la France est bien le pays le plus
ouvert sur le plan des naturalisations », avec « 2,1 naturalisations sur
1000 citoyens ».
« Les naturalisations explosent à Paris », titrait de son côté le quotidien Aujourd’hui en France
le 3 mai 2010 en précisant que, grâce à « la récente simplification des
démarches », le nombre des étrangers naturalisés français, 4000 au
cours du seul premier trimestre 2010, « a doublé dans la capitale par
rapport au premier trimestre 2009 ». Résultat, selon la préfecture de
police de Paris, dans la seule capitale, « environ 16.000 ressortissants
étrangers pourraient acquérir la nationalité française d'ici à la fin
de l'année, soit une augmentation de 52% par rapport à l'année dernière
».
Substitution de population, substitution d'électorat
Cinquante-deux pour cent d'augmentation,
voilà qui va changer toute la donne raciale, sociologique et politique
dans la ville dont on chantait naguère « Paris, c’est une blonde » ! Et
la cadence n’a pas fléchi depuis, la France ayant délivré en 2010 près
de 200.000 autorisations de long séjour — une croissance de 9,7% par
rapport à 2009 bien que l'immigration de travail n’ait quant à elle
progressé que de 1,8% — dont les heureux bénéficiaires ont vocation à être naturalisés au plus vite.
Ainsi s’opère en douce, sans que le
citoyen ordinaire s’en doute puisque chaque préfecture fait sa petite
cuisine sur son petit réchaud et qu’on ne dispose plus de chiffres
globaux mais uniquement de données départementales, beaucoup plus
difficiles à obtenir et à additionner, ce qu’il faut bien appeler une
substitution de population, et donc d’électorat. Ainsi donc il n'est
plus besoin pour ce faire de modifier la Constitution par voie de
référendum, avec tous les aléas qu’une telle opération comporte. Qu’on
se souvienne du « non » de mai 2005 au projet de nouvelle Constitution
qu’avaient pourtant plébiscité sondés et partis politiques !
Claude Lorne