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lundi 6 juillet 2015

5 juillet 1962 à Oran : un crime d’État



 Manuel Gomez
 
3000 Européens massacrés sous les yeux du général Katz et sur ordre du chef de l’État français de l’époque, de Gaulle. Ce chiffre de plus de 3.000 morts et disparus a été enregistré par Mme Sallaberry, militaire de carrière en poste au bureau des exactions. Le colonel Fourcade a témoigné sous la foi du serment, déclarant avoir assisté en début de matinée, ce 5 juillet, à l’entretien téléphonique entre le général Katz, qui informait le chef de l’État que dans toute la ville se perpétrait un massacre au « faciès blanc », et de Gaulle, qui lui a donné l’ordre criminel le plus formel : « Surtout, ne bougez pas ! »

Erreur


Le général Katz a décidé dans la matinée de survoler la ville en hélicoptère. Voici le témoignage du pilote : « Nous survolons la ville, partout des gens qui fuyaient et des cortèges de bras en l’air, escortés par des ATO (auxiliaires de l’armée nationale populaire) ou des civils en armes. Nous avons survolé le Petit Lac, là aussi une foule compacte bras en l’air, des gens qu’on faisait entrer dans l’eau et qu’on abattait froidement. J’ai hurlé : “Mon général, on abat des gens, je vois l’eau qui devient rouge de sang”. Le général m’a répondu : “Retour à la base”. »

Les Européens étaient escortés jusqu’au commissariat central, où ils étaient torturés et tués mais également vers le Petit Lac et la ville nouvelle. Ce massacre s’est poursuivi jusque vers 17 heures.

Ce 5 juillet, un jeune appelé qui montait la garde dans une guérite d’une caserne oranaise vit venir à lui un groupe de Français affolés, hommes, femmes et enfants, tous terrorisés, qui le suppliaient d’ouvrir les grilles fermées. Il n’avait pas les clés. Il a appelé, supplié qu’on ouvre les grilles d’urgence… Mais déjà les tueurs avaient rejoint le groupe. Ces gens, hommes, femmes, enfants, ont été égorgés sous ses yeux, alors qu’ils s’agrippaient aux grilles fermées à double tour. Il n’a pas pu utiliser son fusil non chargé pour leur porter secours. Cet homme a témoigné et fait ce récit horrible en pleurant… « Depuis, je ne peux plus passer une nuit sans me réveiller en tremblant, avec les cris et les râles de ces pauvres gens dans les oreilles… »

Le père de Laparre de Saint Sernin a témoigné dans un livre remarquable, Journal d’un prêtre en Algérie, dans lequel il relate plusieurs épisodes de l’agonie sans nom qui fut imposée aux Français d’Oran. Dans ce livre, cet homme d’Église relate avoir recueilli et soigné un malheureux Algérien frappé de terreur depuis qu’il avait, involontairement, assisté, au Petit Lac, à la décapitation à la hache d’un couple et de leur petit garçon d’environ cinq ans. Les appels au secours, les supplications et les prières à la Vierge de Santa Cruz de ce couple résonnaient encore aux oreilles de ce témoin. On est pris de frissons en lisant de telles monstruosités.

Et surtout, ce dernier souvenir, ce père qui a raconté avoir retrouvé son fils de 18 ans pendu à un crochet de boucher aux abattoires d’Oran, après avoir été torturé et égorgé.

Le lieutenant Rabah Kheliff fut le seul officier français qui a eu le courage de désobéir aux ordres criminels de sa hiérarchie en se portant au secours de Français pourchassés et massacrés. Il a sauvé des centaines de vies et son témoignage est accablant. Le général Katz l’a convoqué et sanctionné : « Si vous n’étiez pas un Arabe, je vous casserais. » Le lieutenant Kheliff a été sur le champ muté et rapatrié en métropole.

Cette déclaration du chef de l’État, de Gaulle, témoigne de sa complicité dans ce crime d’État
La France ne doit plus avoir aucune responsabilité dans le maintien de l’ordre après l’autodétermination. Elle aura le devoir d’assister les autorités algériennes, mais ce sera de l’assistance technique. Si les gens s’entre-massacrent, ce sera l’affaire des nouvelles autorités.

Sans être Nostradamus, voici l’oracle du maréchal Juin :
Que les Français, en grande majorité, aient, par référendum, confirmé, approuvé l’abandon de l’Algérie, ce morceau de la France, trahie et livrée à l’ennemi, qu’ils aient été ainsi complices du pillage, de la ruine et du massacre des Français d’Algérie, de leurs familles, de nos frères musulmans, de nos anciens soldats qui avaient une confiance totale en nous et ont été torturés, égorgés, dans des conditions abominables, sans que rien n’ait été fait pour les protéger, cela je ne le pardonnerai jamais à mes compatriotes. La France est en état de péché mortel, elle connaîtra un jour prochain son châtiment !

Ce jour est-il arrivé ?
Notes

Témoignages recueillis par l’historienne Geneviève de Ternant et Anne Cazal, déléguée générale de « Véritas » 

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