Par Philippe Delbauvre
Il est une mode, certes pas nouvelle, sur laquelle il
serait bon de s’interroger, à savoir celle qui consiste à s’islamiser au nom de
la résistance au Nouvel Ordre Mondial.
Evolien, je suis par voie de conséquence un opposant
résolu à ce que les sociologues appellent la postmodernité voire
l’hypermodernité, caractérisée par le vide spirituel ainsi que par le triomphe
du matérialisme via la société de consommation. C’est là, paradoxalement une
victoire après coup du marxisme qui récolte les fruits de son travail de sape
effectué durant plus d’un siècle. Inutile de rappeler les accointances que mon
lecteur connaît bien entre capitalisme et communisme, justement considérés
comme les deux face d’une même médaille. Religion, dont l’étymologie de vient
pas de « relier » mais de « tourné vers Dieu », à part
entière, l’islam peut nous rendre compréhensif à son égard sachant que ses
membres représentatifs ne se limitent pas à l’ici bas mais s’inscrivent
volontairement au-delà du monde phénoménal.
Pour autant, je tiens à effectuer une sévère mise en
garde quant à la démarche de la conversion à l’islam qui, à bien des égards,
est un non sens.
1/ Objectivement, on peut se demander en quoi des
personnalités fières de leurs origines européennes, fierté qui a motivé leur
engagement politique, décident volontairement de s’acculturer en embrassant une
religion dont la spiritualité est géographiquement arabique et par voie de
conséquence nullement européenne.
2/ L’un des facteurs d’union et de construction de
l’Europe fut justement, par réaction, l’opposition à l’islam. Cela fut vrai
géographiquement tant au Sud (Espagne) qu’à l’Est (Turquie). En ce sens,
l’islam représente bien une ligne de fracture entre ce qui est européen et ce
qui ne l’est pas. Peut être pourrait-on me reprocher l’importance que je porte
au passé si ces convertis ne se réclamaient pas aussi du passé afin de
justifier leur conversion : on ne défend pas l’identité européenne en
adhérent à une religion qui lui est totalement étrangère et qui, au moins dans
le passé, lui fut opposée.
3/ Puisqu’il vient d’être question du passé, je
comprends très bien ce que fut l’apologie d’une alliance euro-arabe et donc
musulmane face aux deux empires matérialistes que constituèrent à une certaine
époque tant les Etats-Unis que l’Union soviétique. Si ce positionnement pouvait
éventuellement se justifier à une certaine époque, tel n’est plus le cas depuis
au moins deux décennies (date de la levée du rideau de fer).
4/ On n’a pas le droit dès lors où l’on fait preuve
d’honnêteté intellectuelle de feindre d’ignorer la durable collusion entre
régimes musulmans et Nouvel Ordre Mondial : les exemples marocains et
saoudiens sont ici révélateurs. Il en est pratiquement de même pour les
différents pays de la péninsule arabique.
5/ Faisons fi maintenant du passé afin de nous
intéresser à la situation au présent. La célébration de ce que certains ont
appelé printemps arabes fut justement effectuée par les tenants du nouvel ordre
mondial et l’Arabe d’Afrique du Nord ne rêve, pour l’instant, que de la société
de consommation à laquelle, lui aussi, il espère avoir droit.
6/ L’actuelle démocratisation de plusieurs pays arabes
qui se fait dans l’euphorie , risque fort, via le suffrage universel,
d’engendrer des conséquences catastrophiques pour les Européens. La
rémunération en Afrique du Nord a déjà atteint un tel niveau que les
populations concernées ne peuvent concurrencer une main d’œuvre asiatique à vil
prix. De surcroît, les habitants de ces pays sont particulièrement jeunes, ce
qui risque fort de se traduire dans les urnes par des votes extrêmes suite au
chômage endémique non résolvable. Dans le même temps, les fondamentalistes
musulmans effectuent un maillage social d’importance et attendent leur heure.
7/ D’un point de vue spirituel, puisque les raisons
politiques invoquée qui sont analysées plus haut ne sont pas cohérentes, je
m’étonne de conversion à l’islam de la part de catholiques qui n’ont, pour la
plupart, pas pris le temps de connaître leur propre religion. Il existe
suffisamment de nuances entre les différents penseurs catholiques pour que
chacun puisse y trouver son joyau. Que, dans le cadre de la Foi, on privilégie
le sentiment et Saint Augustin comblera le lecteur. Qu’un catholique soit
davantage épris de rationalité et le Thomisme lui procurera tout ce dont il a
besoin.
8/ En dernier lieu, si l’on est vraiment rebelle au
Catholicisme tout en se réclamant de l’Europe, alors il vaut mieux pour
d’évidentes raisons historiques, se référer au paganisme qu’à l’islam.