Par Philippe Delbauvre
Ainsi donc le verdict des grands électeurs est tombé
et le Sénat, pour la première fois depuis le début de la cinquième république,
bascule à gauche. Cela n’avait au demeurant rien de surprenant puisque cette dernière
accumulait les victoires locales les unes après les autres tant et si bien que
la présidence de Nicolas Sarközy durant son quinquennat aura été marquée par
des défaites en série que, semble t-il, seul son départ, pourra y mettre fin.
Bien évidemment les militants stupidement de gauche ou
de droite sont, suivant leur orientation, ravis ou navrés des résultats de
cette dernière élection : stupidement parce que les deux blocs que l’on
nous propose à chaque élection et qui nous sont vantés comme alternatifs par
les media qui conditionnent les cerveaux des membres du corps électoral, sont
en réalité interchangeables.
En ce sens, la prise de contrôle du Sénat par la
gauche ne peut en elle-même que nous laisser dans l’indifférence. De plus, nous
savons d’ailleurs que les lois provocatrices votées naguère par la gauche
furent avalisées avec le temps par la droite.
En revanche, d’un point de vue tactique, il en va
autrement.
Sachant le discrédit qui frappe l’actuel locataire de
l’Elysée, y compris chez ses propres électeurs, et en tenant compte que les
prévisions économiques ne sont pas au beau fixe, il semblerait que sauf bourde
catastrophique, la gauche remportera la prochaine élection présidentielle. S’en
suivra des législatives qu’elle gagnera de la même façon, suite à l’inertie
prise.
C’est donc de tous les pouvoirs dont disposera la
gauche tant à l’échelle locale que nationale. Or, l’attente du corps électoral
est particulièrement vive, qui se traduit par la volonté de
« changement », terme majeur de la campagne de 1981, et réutilisé ces
dernières semaines.
En ce qui nous concerne, nous savons pertinemment que
la gauche ne ménera pas de politique alternative à celle de l’actuel
gouvernement puisqu’elle est liée aux mêmes impératifs économiques et budgétaires
de ce que l’on a coutume d’appeler la droite.
Fatalement donc, la gauche échouera et le corps
électoral s’en détournera. Mais cette fois ci, elle ne pourra plus en imputer
la faute à un Sénat droitier ou à des assemblées locales hostiles. En conséquence,
puisque la gauche dispose désormais de tous les leviers politiques, c’est elle
et elle seule avec tous les moyens qui sera jugée.
En ce qui nous concerne, nous devons dès maintenant
lancer une campagne pronostiquant l’échec à venir des nouveaux locataires
politiques tout en n’omettant pas de souligner ce que fut le Sarközysme et la
mouvance qu’il représente.
Un boulevard s’ouvre à nous !