Carl LANG : “Il faut décoloniser la France et l’Europe”
Le 13 septembre, dans un hôtel situé à deux pas de la statue de Jeanne d’Arc place des Pyramides à Paris, Carl Lang a annoncé sa candidature à la présidentielle de 2012. Soutenu par la NDP de Robert Spieler, le MNR d’Annick Martin, le président du Cercle national des combattants Roger Holeindre, le président de France Résistance Pierre Descaves, tous présents dans la salle, le chef du Parti de la France a expliqué les raisons de son engagement.
Nous l’avons rencontré pour qu’il nous explique le sens de sa démarche.
RIVAROL: Pourquoi êtes-vous candidat à la présidentielle?
Carl LANG:
Après un examen attentif de la situation politique en France, il nous
est apparu urgent d’engager un processus de refondation
de la droite nationale et européenne. Cette reconstruction comprend
plusieurs étapes: la présentation d’un candidat à la présidentielle et
la mise en place d’une structure confédérale de
rassemblement des nationaux pour les législatives de juin 2012.
Cette refondation se fait à la fois sur la forme et sur le fond. Nous ne
croyons pas à des structures qui accordent les pleins
pouvoirs à une personnalité sans contrepoids ni dialogue en interne.
Cette forme autoritaire et centralisée a montré ses limites ; nous
croyons à une démarche collégiale et confédérale. Sur
le fond nous entendons afficher clairement nos convictions, nos
valeurs et nos principes. Or aujourd’hui aucun des candidats déclarés ne
se réclame de la droite nationale et européenne. Nicolas
Sarkozy est le candidat de la droite ultra-libérale, européiste et
mondialiste, Dupont-Aignan est un candidat qui se veut gaulliste, Mme Le
Pen se dit ni de gauche ni de droite, elle se déclare
même plus à gauche qu’Obama et se dit proche du socialiste Arnaud
Montebourg! Nos idées et nos valeurs n’étant pas représentées, il était
naturel et légitime que je sois candidat.
R.: Quels sont les axes de campagne que vous allez développer ?
Carl LANG :
Notre campagne a deux mots d’ordre: décolonisation de la France et de
l’Europe car notre pays et notre continent font
face depuis plusieurs décennies à un processus massif et destructeur
de colonisation migratoire, économique, financière, culturelle et
reconquête nationale et européenne dans tous les domaines.
Pendant longtemps nous avons mené des batailles de résistance
nationale. Il faut aujourd’hui engager tous azimuts une bataille
politique de reconquête.
REFUS DE LA CULTURE DE MORT
Reconquête culturelle, identitaire et
spirituelle d’abord. Il faut affirmer le droit du peuple français à
rester lui-même et défendre de manière intransigeante
notre patrimoine national, nos valeurs de civilisation. Refusant
tout discours laïciste, nous entendons rappeler la tradition chrétienne
de la France.
Reconquête sociale, familiale et
démographique. Au-delà de la dette financière, il faut répondre à la
dette démographique de notre pays. Nous devons réaffirmer le
rôle essentiel de la famille dans notre société. Nous proposons la
mise en place d’un statut de la mère de famille, nous entendons défendre
le modèle familial conforme à la tradition française et
chrétienne et fondé sur le mariage d’un homme et d’une femme, nous
nous opposons totalement aux idéologies de mort (avortement,
euthanasie…) Nous prônons la défense de la vie de la conception à
la mort naturelle, du mariage traditionnel et nous refusons
catégoriquement toutes les formes subversives de destruction du modèle
familial (Pacs, mariage et droit d’adoption pour les
homosexuels…)
Notre pays étant écrasé par le poids
de la dette et des déficits publics, en matière sociale nous sommes par
ailleurs favorables non pas seulement à la préférence
nationale mais à l’exclusivité nationale. Les aides sociales et
familiales doivent en effet être réservées en France aux familles
françaises .
MISE EN PLACE D’UNE TVA SUR LES PRODUITS IMPORTÉS
Reconquête économique et budgétaire.
Il est temps de sortir la France d’un état de fait post-socialiste,
quasi-collectiviste ou étatiste. Nous avons un potentiel de
redressement économique en nous appuyant sur l’initiative privée,
sur l’entreprise, sur le risque, en sortant de l’Etat Providence, de
l’étatisme, du fiscalisme, bref en tournant le dos à
trente-cinq ans de quasi-socialisme. Face au dogme du libre-échange,
à la dictature du marché ouvert, il faut mettre en œuvre une régulation
financière et commerciale, une redéfinition des règles
du commerce mondial de sorte que nos produits fabriqués en France
puissent redevenir compétitifs. Il faut produire français en France avec
des Français en permettant aux entreprises d’être
libérées du coût des charges sociales qui sont insupportables. Je
propose que soit mise en place une TVA spécifique sur les produits
d’importation qui permettrait de financer notre système de
protection sociale et de libérer le travail du poids des cotisations
sociales.
Outre le principe de régulation des
échanges, il faut réaffirmer la préférence communautaire qui est depuis
longtemps abandonnée, mettre en place une étroite
surveillance financière. Il faut différencier les banques de dépôt
et les banques d’affaires. La frontière entre les deux doit être nette
afin que les épargnants ne soient pas lésés. L’Etat doit
contrôler les activités bancaires et, si le besoin s’en fait sentir,
peut même nationaliser telle ou telle banque. Il faut affirmer aussi le
principe de responsabilité budgétaire. Depuis 1974
tous les budgets de l’Etat ont été déficitaires. Aujourd’hui l’impôt
sur le revenu sert à payer les intérêts de la dette. Nous ne pouvons
plus continuer ainsi. Au lieu d’augmenter les impôts, ce
qui est imbécile, il faut réduire les dépenses publiques. Sait-on
que le coût de l’immigration est de 70 milliards d’euros par an?
En matière économique, il faut aussi
promouvoir le savoir et le savoir-faire et entreprendre à cet effet une
grande réforme de la formation continue. Il faut aussi
affirmer le principe de l’indépendance énergétique et alimentaire de
la France. L’agriculture est une activité stratégique et nous devons
protéger le monde paysan. La reconquête économique
implique enfin la mis en œuvre de la préférence nationale et
européenne à l’embauche.
Reconquête de la sécurité intérieure
pour que soit rétabli l’ordre public. La loi doit être appliquée
rigoureusement dans tous les domaines et les délinquants
étrangers systématiquement expulsés.
Reconquête de la souveraineté
nationale. Nous souhaitons en effet construire une Europe des patries.
Nous refusons l’Europe fédérale et centralisée. L’Europe doit
être à géométrie variable et ne pas être un carcan. Elle doit être
respectueuse de la souveraineté et de l’identité des nations qui la
composent.
Reconquête diplomatique avec une
politique étrangère qui soit conforme aux intérêts de la France et de
l’Europe dans le cadre d’une grande Europe des nations
souveraines et des peuples libres. Le monde tel qu’il existait au
lendemain de la Seconde Guerre mondiale a disparu avec l’effondrement de
Berlin et de l’Union soviétique. Pourtant nos dirigeants
agissent encore aujourd’hui comme si nous avions toujours affaire au
bloc Est-Ouest. Or nous n’avons pas à défendre les intérêts
géostratégiques des Etats-Unis. En ce sens, nous condamnons la
participation de notre pays à la guerre en Afghanistan et en Libye.
Le recours à nos forces armées n’est légitime que lorsque notre défense
intérieure ou extérieure est directement mise en cause,
lorsque nos intérêts vitaux sont en jeu ou lorsque des
ressortissants français à l’étranger sont menacés. Plutôt que de nous
aligner sur l’Oncle Sam, il nous paraît urgent de mettre en place des
relations de partenariat privilégié avec la Russie.
ABROGATION DE LA LOI GAYSSOT
Reconquête institutionnelle et
démocratique. La France est certes une République, mais certainement pas
une démocratie. Il serait urgent de rétablir la démocratie
représentative : lors de toutes les élections (muncipales,
territoriales, législatives, européennes) le système proportionnel
intégral doit s’appliquer de sorte que toutes les composantes de
l’opinion soient enfin représentées dans les diverses assemblées. Il
est par ailleurs évident qu’il faudra aussi abroger d’urgence la loi
Gayssot, législation liberticide qui est le fruit d’une
véritable dictature de la pensée.
R. : Votre comité national de
soutien est présidé par Fernand Le Rachinel qui par le passé a ramené
beaucoup de signatures à Jean-Marie Le Pen. La
barre des cinq cents paraphes n’est-elle pas pour vous un obstacle
infranchissable?
C. L. : En
effet, Fernand Le Rachinel, ancien député, conseiller général honoraire
de La Manche, meilleur ouvrier de France, a
accepté de présider mon comité de soutien et il aura un rôle actif
dans la campagne et notamment dans la collecte des parrainages. J’ajoute
que le vice-président est Daniel Duhamel, commandeur de
la Légion d’honneur, médaillé militaire, commandeur de l’Ordre
national du mérite, croix de guerre TOE, sept citations, deux fois
blessé et qui a été conseiller régional du
Nord-Pas-de-Calais.
S’agissant de la collecte des
signatures, sachant qu’il y a eu trois candidats trotskistes en 2002, on
ne voit pas pourquoi le seul candidat qui se revendique de la
droite nationale et européenne n’aurait pas ses signatures. Même si
c’est difficile, nous allons nous battre avec foi et énergie.
R. : Au fond qu’est-ce qui
vous distingue de Marine Le Pen qui, le 12 septembre, vous a qualifié de
«candidat d’extrême droite» ?
C.L. : Que
Mme Le Pen utilise à notre endroit le langage de l’extrême gauche et de
SOS-Racisme, c’est son affaire. Pour notre part
nous ne nous positionnons pas par rapport à telle ou telle
candidature, nous défendons nos convictions et nos principes. Mais il
est vrai qu’au-delà de questions de comportement et de mode de
fonctionnement, nous avons au moins quatre divergences majeures avec
Mme Le Pen. D’abord sur la question des valeurs: elle est pour la
laïcité, nous sommes contre. Nous sommes par ailleurs
clairement pour la défense de la vie et de la famille traditionnelle
et le refus de la culture de mort. Ensuite sur les questions
économiques, même si pour nous l’Etat doit bien sûr avoir un rôle
de régulation, nous ne sommes pas pour autant étatistes,
collectivistes et dirigistes. Nous croyons à l’initiative privée, à la
libre entreprise et à la nécessaire réduction des charges et des
impôts. Ensuite nous insistons sur la dimension européenne de notre
combat. Nous ne sommes plus en 1911 où la France avait des colonies et
était l’une des trois puissances principales au monde.
Notre pays a un rôle majeur à jouer en Europe et, tout en veillant à
la défense de ses intérêts et au maintien de sa souveraineté, il ne
doit pas s’isoler. Nous affirmons clairement notre
attachement à la civilisation européenne et chrétienne et notre
volonté de décoloniser notre pays.
Propos recueillis par Jérôme Bourbon.