Le
déni des réalités par nos sociétés sous l’emprise des médias
politiquement corrects et des politiciens pratiquant l’art de plaire et
du mensonge avec pour seule fin d’être réélus, est l’explication
principale de notre décadence.
Le
libre échange mondialiste comme l’a très bien démontré Maurice Allais
n’est rien d’autre que le suicide économique des pays occidentaux,
l’Allemagne, au-delà des apparences, ne devant être que le dernier pays à
connaître à son tour ce sort peu enviable. Alors que le discours
dominant du journalisme proclame depuis trois décennies que le
protectionnisme européen est le mal absolu, les travaux de Paul Bairoch à
Genève et de nombreuses universités américaines (industrialisation de
l’Asie, Tariff Growth factories…) aboutissent à un résultat inverse. Quant à la théorie de Ricardo, elle ne vaut que dans un monde stable et figé du XVIIIe
siècle faisant abstraction des mouvements internationaux de capitaux de
notre monde actuel, des taux de change qui peuvent varier de 50 % et de
la mise en œuvre des technologies de pointe dans les pays à bas
salaire. La désindustrialisation et le chômage structurel tant aux
États-Unis (17 % au-delà du taux officiel de 9,1 %) qu’en Europe
témoignent enfin du déni des conséquences catastrophiques pour les
peuples du libre échangisme mondialiste qui ne fait que le bonheur des
sociétés multinationales. Enfin, le symbole même de la ligne Maginot qui
a parfaitement joué son rôle est un déni historique des réalités; par
là même on instille dans nos esprits l’idée fausse qu’il est inutile de
réagir et de songer à se défendre ! La seule erreur en 39-40 a pourtant
été de ne pas continuer la ligne Maginot jusqu’à Dunkerque et de ne pas
avoir de divisions mécanisées blindées. Les Allemands avaient la ligne
Siegfried qui elle aussi a magnifiquement fonctionné et coûté de
nombreuses vies aux Alliés fin 1944 – début 1945 !
De
même nos élites nient les réalités de la disparition programmée de la
langue française qu’ils trahissent, comme Valérie Pécresse et tant
d’autres, du matin jusqu’au soir, d’une façon éhontée. Selon Claude
Hagège du Collège de France, « avant un demi-siècle, les langues autres
que l’anglais auront disparu en Europe ou, alors, se seront
provincialisées ». Les réalités, c’est le stupide accord de Londres
signé sous la présidence de Nicolas Sarkozy qui fait de
l’anglo-américain la langue des brevets de l’Europe. Les réalités, c’est
qu’en 1945, 95 % des jeunes Italiens étudiaient le français; ils
représentent moins de 30 % aujourd’hui et le français n’est même plus
enseigné comme première langue en Italie ! La réalité, c’est que la
langue française est envahie par les armées du sabir anglo-américain qui
la ravagent comme les armées anglaises ravageaient la France pendant la
Guerre de Cent Ans et que, si rien ne change, l’on se dirige à terme
vers une nouvelle Louisiane !
Il
m’a fallu attendre un grand nombre de printemps pour apprendre que,
contrairement à tout ce que j’ai pu voir depuis que je suis sur cette
Terre, selon la théorie du « gender », autre énormité qui nous
arrive directement des États-Unis, la masculinité et la féminité ne
seraient pas déterminées par le sexe de la personne, mais par la culture
: bref, on ne naîtrait pas homme ou femme, mais on le deviendrait !
Cette folle théorie heurte le sens commun le plus élémentaire et son
grand ennemi est la nature, la loi naturelle que l’on veut bizarrement
nier tant il est facile de jongler et de dire n’importe quoi dans le
monde virtuel des idées…
Que
l’on songe également aux cocoricos démographiques français, soi-disant
champions d’Europe de la natalité qui nient la réalité, à savoir la
perte du caractère blanc et européen du peuple de France avec un taux de
fécondité des femmes européennes de 1,7 enfants par femme, soit moins
que le taux de reproduction d’une population à l’identique qui doit être
de 2,1, tandis que l’invasion en cours continue avec un taux de
natalité des populations immigrées d’origine extra-européenne de 3,4.
Les médias en ne publiant que des chiffres globaux, nient les
catastrophiques réalités démographiques.
En
matière d’immigration, les bien-pensants à l’humanisme exacerbé, comme
le remarque Jean Raspail, déclinent à l’infini les valeurs républicaines
oublieux que la France est une « patrie charnelle » qui existait déjà
bien avant 1789, avec des frontières; ils n’arpentent pas assez souvent
les couloirs parisiens du métro ou du R.E.R. pour constater l’invasion
en cours ! La réalité, c’est que les naissances d’origine
extra-européennes représentent 17 % des naissances aujourd’hui et
qu’elles atteindront 30 % en 2030 et 50 % en 2050, si rien ne change !
La réalité, c’est que la France compte plus de 550 000 immigrés en
situation irrégulière dont le coût annuel est de 4,6 milliards d’euros
tandis que le coût global des 7,8 millions d’immigrés légaux et illégaux
est de 35 milliards d’euros par an ! Il y a là des premières économies
bien réelles à faire, quitte à donner l’ordre de tirer pour défendre nos
frontières ou rétablir l’ordre dans nos banlieues criminelles, comme
l’auraient fait tout naturellement et sans états d’âmes nos pères depuis
la nuit des temps, après sommation !
La
crise de l’endettement public et de l’euro fait penser à ce qu’a connu
l’Argentine. Tout allait très bien dans ce pays jusqu’à ce que l’on
reconnaisse subitement que c’est la faillite généralisée. L’ancien
ministre des Finances d’Argentine, Robert Lavagna, lors d’une rencontre
début juillet 2011 à Aix-en-Provence, qui était aux manettes peu après
que son pays ait répudié sa dette souveraine en 2001 – 2002 a pu
dire : « Il y a d’abord un refus de la réalité. Puis un retard à
reconnaître la crise au fur et à mesure que les déséquilibres
s’accroissent : on continue de dire qu’il s’agit d’un problème de
liquidités alors que le pays n’est plus solvable ni compétitif ». La
réalité, c’est que l’Europe traverse une crise profonde car elle gère
ses finances en s’inspirant des idées socialistes irresponsables de
Madame Aubry (surnombre de fonctionnaires, 35 h., âge de la retraite,
endettement inconscient et sans fin pour relancer la consommation au
lieu de consacrer, comme l’Allemagne, ces mêmes ressources pour muscler,
créer et développer l’offre, c’est-à-dire investir dans les
entreprises !). La réalité, c’est que la France présente des comptes en
déficit depuis trente ans quelle que soit la conjoncture économique,
qu’elle croule sous 1600 milliards d’euros de dettes et qu’avec des taux
d’intérêts aujourd’hui très faibles, elle consacre déjà 50 milliards au
paiement de ses seuls intérêts, soit davantage qu’au budget de
fonctionnement de l’Éducation nationale ! Merci Monsieur Mitterrand,
Merci Monsieur Chirac, sans oublier notre Président actuel légèrement
moins irresponsable sur le seul plan économique ! Quant à la Grèce, on a
réussi à faire passer pour solvable un pays techniquement en faillite.
L’U.E., Messieurs Sarkozy, Trichet, Strauss-Kahn, toutes les banques
françaises et allemandes, et la béni oui-oui Madame Lagarde avec sa
brillante carrière consistant à plaire dans l’air du temps anglo-saxon,
insistaient pour sauver un pays ruiné, avec un déficit budgétaire qui
représente 10 % du P.I.B. et une dette de 350 milliards qui dépasse de
150 % la richesse produite en un an ! Telle la Cigale de La Fontaine,
après avoir chanté pendant plus de trente ans, voilà venu le temps pour
les Européens (tout comme pour les Américains) de rembourser les dettes
abyssales bien réelles. Et lorsque les agences de notation font enfin
leur travail, en décrivant les tristes réalités, les mêmes bien-pensants
hypocrites qui leur avaient reproché de ne pas avoir dévoilé
l’escroquerie des « subprimes » crient au scandale en
souhaitant casser ce thermomètre inflexible, froid et accusateur qui
leur fait si peur ! L’Allemagne, elle est revenue aux quarante heures,
va faire passer l’âge de la retraite à 67 ans et a des charges
salariales pour ses fonctionnaires qui représentent 7,2 % du P.I.B.
contre plus de 13 % du P.I.B. pour la France ! Redresser la France et
les comptes français n’est donc pas compliqué; il suffit d’avoir
l’estomac et la volonté d’un de Gaulle : combattre effectivement
l’immigration extra-européenne avec une immigration zéro, la politique
du retour et une aide nataliste pour les seules familles européennes,
passer aux quarante heures, revenir à l’âge de la retraite à 65 ans de
l’avant-catastrophe mitterrandiste, diminuer le nombre des
fonctionnaires d’une façon drastique pour gagner 6 % du P.I.B.,
augmenter le budget de la défense à 3 %du P.I.B., faire preuve
d’autorité et demander aux jeunes lycéens irresponsables, endoctrinés
qui manifestent pour la retraite à 60 ans de revenir à leurs chères
études, ce dont ils ont bien besoin, vu le niveau actuel du
baccalauréat… Et, sans même parler de l’Allemagne, voyons comment la
Suède et le Canada ont réalisé leur spectaculaire redressement en
s’attaquant en particulier à l’inefficacité de la fonction publique, exit
donc les énarques carriéristes, technocrates prétentieux, ne songeant
qu’à pantoufler dans le privé, avides de privilèges cachés par les
nuages de fumées protectrices du service public, aux beaux discours
lénifiants, mais irréalistes et incapables depuis la création de
l’E.N.A. en 1945 de mettre en place des structures administratives
légères, compétitives et efficaces.
En
matière de défense, au-delà des rodomontades sarkoziennes, la réalité ,
c’est que la France, avec un effort insuffisant de 1,5 % du P.I.B. (5,1
% sous le général de Gaulle), des régiments qui fondent comme neige au
soleil, et des équipements militaires prototypes, devient une puissance
militaire de second ordre, un valet de l’O.T.A.N. ! La réalité, suite à
l’intervention en Libye, c’est que l’amiral Pierre Forissier, chef de la
marine, a insisté publiquement le 10 juin 2011 sur les contraintes de
« régénération » des équipements et des hommes. Elles feront que si
l’opération libyenne dure jusqu’à la fin de 2011, il faudra se passer de
l’unique porte-avions français en 2012. Il est en effet du devoir d’un
chef militaire de dire les choses telles qu’elles sont quand il y va du
maintien des capacités opérationnelles dans la durée et de la vie des
hommes et des femmes qui sont sous ses ordres. Quant à la défense
européenne qui devait être la contrepartie de la réintégration de la
France dans l’O.T.A.N., la réalité, c’est que le président Nicolas
Sarkozy, après son passage en force devant le Parlement pour faire
avaler la pilule, nous a illusionné une fois de plus, que le sujet est
enterré, suite à l’éternelle opposition britannique, et que la cellule
de planification opérationnelle du Q.G. européen à Cotenbergh dans les
environs de Bruxelles qui comprend en tout et pour tout huit personnes,
n’a jamais été utilisée, même pour l’intervention au Tchad !
En
ce qui concerne la folie droit-de-l’hommiste propre à notre époque, en
opposition totale avec l’histoire vécue depuis qu’il y a des hommes
sur terre, nous citerons seulement le très réaliste Joseph de
Maistre : « J’ai vu dans ma vie des Français, des Italiens, des Russes.
Je sais même grâce à Montesquieu qu’on peut être persan; mais quant à
l’homme, je déclare ne l’avoir rencontré de ma vie; s’il existe, c’est
bien à mon insu (1) ».
Nous vivons donc la folie de l’« Irrealpolitik
» avec les pertes des valeurs de la famille, de la patrie, de
l’effort, du dépassement de soi, du travail, de l’autorité, du devoir,
bref tout ce qui a fait la grandeur de la France depuis les débuts de
son histoire jusqu’à la perte de son Empire ! À ce déni des réalités
salvatrices des valeurs traditionnelles et des faits, ont succédé
l’individualisme, l’hédonisme matérialiste, l’irresponsabilité, la
repentance, le droit-de-l’hommisme, les envolées lyriques humanistes,
style Bernard-Henri Lévy, qui nous conduisent à la décadence. Les
Européens occultent délibérément les réalités ethniques, géographiques,
identitaires, démographiques, économiques, historiques, considérées
comme des résidus du passé. De Gaulle parlait de « la lampe merveilleuse
qu’il suffirait de frotter pour voler au dessus du réel ». Cioran, lui,
au-delà du déni des réalités, dans deux ouvrages écrits en 1956 et
1964, avec des sentiments prémonitoires, nous aide à mieux réaliser le
malaise existentiel de l’Européen : « Pauvre Occidental ! La
civilisation, son œuvre, sa folie, lui apparaît comme un châtiment qu’il
s’est infligé et qu’il voudrait à son tour faire subir à ceux qui y ont
échappé jusqu’ici (2) ». « Les traces du barbare qu’il fut, on les
chercherait en vain : tous ses instincts sont jugulés par sa décence. Au
lieu de le fouetter, d’encourager ses folies, ses philosophes l’ont
poussé vers l’impasse du bonheur (3). » « Nous nous illusionnons à
propos de l’idéal du bien vivre qui n’est que la manie des époques
déclinantes (4). »
Marc Rousset
Notes
1 : Joseph de Maistre, Considérations sur la France, 1797.
2 : Émile-Michel Cioran, La Chute dans le temps, Gallimard, 1964, p. 36.
3 : Émile-Michel Cioran, La Tentation d’exister, Gallimard, 1956, p. 30.
4 : Idem, p. 27.
Via EUROPE MAXIMA