13 novembre 2011
La
crise actuelle et les chutes des bourses mondiales sont dues à la
conjonction de l’insuffisance du plan européen de sauvetage grec et à la
bombe à retardement de l’Oncle Sam.
L’architecture
du deuxième plan de sauvetage grec reste bancale. L’Europe présente un
programme excessivement complexe, là où les investisseurs attendaient
une feuille de route simple. Sa portée demeure réduite au seul cas grec;
or c’est du traitement réservé à Lisbonne, Madrid et Rome que dépend
l’avenir de la zone euro ! Le deuxième plan de sauvetage grec est avant
tout un succès diplomatique de Nicolas Sarkozy à la Pyrrhus; il offre
un répit à l’union monétaire, mais n’apporte pas de fond à la crise des
endettements souverains.
Par
ailleurs la dette actuelle supportée par les États-Unis, les ménages et
les entreprises américaines atteint le niveau record de 375 % du P.I.B.
américain, ce qui place les États-Unis dans le même état de
« banqueroute » virtuelle que l’Espagne ou le Portugal. À titre de
comparaison, à la veille de la grande crise de 1929, ce ratio
ne s’élevait qu’à 270 % ! Là est la principale bombe à retardement du
système financier outre-Atlantique, comme le remarque très justement
Yves de Kerdrel (1).
De
plus, suite à la folie du libre échangisme mondialiste, le salaire
médian des ménages américains s’établit désormais outre-Atlantique à
1530 euros par mois, ce qui représente un salaire inférieur à celui des
principaux pays européens, France incluse. Et chaque ménage américain,
suite à son appauvrissement salarial, supporte une dette personnelle
moyenne de 75 600 dollars ! En fait, l’Amérique entière est endettée, de
l’État fédéral aux comtés, en passant par les ménages. Et comme
écrivait Jacques Rueff : « Ce qui doit arriver, arrive ! »
Le
résultat, c’est que les investisseurs (vous et moi) ont perdu toute
confiance, tant dans les banquiers centraux manipulateurs des monnaies
de papier que dans les dirigeants politiques intervenant dans les
mécanismes économiques. Rien n’est en fait résolu à ce jour tant en
Europe qu’aux États-Unis ! Tout indique que les États-Unis vont retomber
dans une récession, pour autant qu’ils en soient sortis grâce aux
miracles et aux mensonges du politiquement correct ! Après l’escroquerie
de la titrisation des « subprimes », les mauvaises recettes des 600 milliards de dollars du Quantitative Easing par l’État américain auprès de la Réserve fédérale
et le laxisme monétaire avec des taux d’intérêt ridiculement bas, les
pouvoirs publics, après avoir tout vainement utilisé, sont maintenant
impuissants aux États-Unis.
En Europe, in fine,
tout va dépendre de l’Allemagne ! Ou bien l’Allemagne prend peur pour
ses banques engagées en Italie et en Espagne et pense qu’économiquement,
dans son propre intérêt, la Zone euro doit survivre, ou bien elle se
résigne à l’éclatement de la Zone euro fin 2011, ce qui est le plus
probable pour des raisons politiques intérieures et constitutionnelles,
les Allemands se refusant à payer pour les autres ! Et nous, Français,
suite au laxisme irresponsable de nos gouvernants, de nos syndicats qui
ont rendu la France pas compétitive par rapport à l’Allemagne (politique
sociale trop généreuse en comparaison avec le Hartz IV allemand d’un
homme politique allemand intelligent et courageux prénommé Gerhard
Schröder, la folie des trente-cinq heures, la civilisation des loisirs,
un trop grand nombre de fonctionnaires qui représentent une charge de
13,2 % du P.I.B. en France contre seulement 7 % en Allemagne,
c’est-à-dire les frais généraux démesurés de l’entreprise France) nous
risquons aujourd’hui de ne plus pouvoir suivre l’Allemagne. Il convient
de noter que, lors de la création de l’euro, la France était compétitive
par rapport à l’Allemagne. La fin de l’euro serait regrettable pour le
noyau dur politique de la seule vraie Europe européenne ! La Zone euro
pourrait alors éclater en deux (France et pays latins d’un côté,
Allemagne, Pays-Bas, Autriche, certains pays de l’Europe du Nord de
l’autre) ou plus probablement s’orienter vers le rétablissement des
monnaies nationales avec les dérives des dévaluations compétitives et
les fuites en avant inflationnistes pour permettre aux États européens
de se libérer du poids insurmontable des dettes publiques souveraines.
Cette
crise financière est donc avant tout en Europe la crise du laxisme et
de l’irresponsabilité de l’État-Providence, symbolisée par les
rêveries socialistes françaises de Madame Aubry, mais aggravée par
l’escroquerie anglo-saxonne du « subprime ». Les gouvernements européens, tout comme les États-Unis, sont maintenant le dos au mur !
Marc Rousset
Note
1 : Yves de Kerdrel, « La bombe à retardement de l’Oncle Sam », Le Figaro, 2 août 2011.