VIA CONTRE-INFO
Ci-dessous un article de François-Xavier Rochette paru dans Rivarol, à propos de l’ouvrage de Michel Desmurget : TV lobotomie, la vérité scientifique sur les effets de la télévision.
Un livre que l’on peut commander en ligne ici.
« L’avènement de l’ère internautique démocratisée laisse à penser que la domination télévisuelle dans le champ médiatique ne cesserait dès lors de décroître.
Or, paradoxalement, c’est l’inverse qui est observé par les scientifiques ayant eu le courage de se pencher sur cette question fondamentale.
Du courage, il en faut en effet pour nos chercheurs qui ne connaîtront aucune gloire en analysant l’expansion de la gangrène télévisuelle puisque le principal relais informatique reste la télévision qui n’a jamais cultivé un goût prononcé pour la remise en cause salvatrice. Pourtant les études sur la nocivité intrinsèque de la télévision sont fort nombreuses mais restent cloisonnées au sein des bibliothèques universitaires (américaines en particulier), ou bien au chaud dans de prestigieux laboratoires qui ne peuvent faire leur beurre à partir de ces travaux.
Heureusement les journaux alternatifs et quelques internautes diffusent les découvertes étonnantes sur la malfaisance dévastatrice de la petite lucarne (les études et les chiffres dépassent les préjugés que l’on peut avoir à propos du phénomène abrutissant télévisuel).
Mais ces avertissements parcimonieux ne touchent malheureusement pas la masse et l’immense majorité des familles qui se font décérébrées d’une manière indolore au quotidien. Le neuroscientifique Michel Desmurget vient de publier un livre complet sur cette drogue dure que constitue la télévision.
C’est aussi l’occasion pour nous de faire un point sur la dangerosité et la progression de ce poison dans le corps social.
D’abord, remarquons que le temps moyen passé devant la télévision (des Français et des hexagonaux) est de 3H40 par jour pour un adulte et de 2H40 pour un enfant scolarisé : Cette durée de soft lobotomie a encore augmenté ces cinq dernières années malgré Internet et la prolifération des DVD. Ce temps passé devant la téloche correspond à 25% du temps de veille des gens et à 75% de leur temps libre ; l’équivalent de 56 jours par an. Les conséquences de cette surexposition médiatique sont (bien sûr) très graves. Chaque heure quotidienne consommée augmente le risque de décès de 10%, augmente le nombre d’obèses de 2% : Plus de deux heures par jour augmente le risque de surpoids de 55%. Chaque heure de TV consommée avant 3 ans augmente de 10% la quantité de « junk food » consommée à 10 ans. Si la télé prend de plus en plus de place dans les foyers, elle est devenue par ailleurs plus venimeuse encore. La phrase de Patrick Le Lay sur le « temps de cerveau disponible », écrit à propos Michel Desmurget qui a bien désarticulé pour mieux le comprendre le processus cognitif imposé à tous les téléspectateurs, est en effet d’une terrible honnêteté. Aujourd’hui la fonction principale de la télévision (ses films, ses émissions, ses programmes d’une manière générale) est de stresser le consommateur ; de le stresser continûment, avec force et détermination. Car il s’avère selon Desmurget que « si vous stressez une personne avant de lui passer une publicité, elle va beaucoup mieux retenir le message. L’évolution fait que nous sommes beaucoup plus prompts à retenir les choses qui nous menacent, nous ont fait peur, que les choses qui nous ont fait plaisir ou aucun effet. Ce n’est donc pas un hasard que l’on montre autant de violence. » (Notons que les programmateurs bourrent de plus en plus de pubs les séries diffusées, mais évitent également, de plus en plus, de passer de la réclame immédiatement après un épisode, le happy end typiquement américain n’étant pas propice à l’aggravation du stress publiphile). Alors les scénaristes se sont adaptés aux nouvelles exigences psycho-publicitaires : violences tous azimuts, souffrances perpétuelles, angoisse communicative, perversions sexuelles fantastiques… Et le péquin tombe sur Les Experts de TF1, Esprits criminels, Le Mentaliste et John Le Rouge (rouge comme le sang…) en devant se mettre à la place d’un sériôl quilleur pour le comprendre. Les gamins de 10 ans deviennent les premiers fans, ils sont shootés à l’adrénaline et aux odeurs de cadavres en état de décomposition : Le stress est leur came, la pub leur héroïne. Déflorés à 5, 7 ou 8 ans avec quelques sitcoms, empalés par Plus belle la vie à ces âges, les gamins plongent dans le grand bain à neuf ou 10 ans avec Les Experts – le top du top ! La téléphonie mobile, le gel pour les cheveux, les capotes, les chewing-gums dégueulasses et leurs acolytes se portent bien. Mais les méfaits du Moloch ne s’arrêtent pas là. Donnons la parole à Desmurget : « Les études montrent que les gens qui regardent (trop) la TV finissent par voir la réalité telle qu’elle y est montrée. Si l’on amène des télévisions sur une île Fidji, on voit que les dossiers médicaux montrent qu’avant la TV le nombre de filles au régime est quasi nul et le nombre d’anorexiques est nul. Trois ans après, vous avez 70% de gamines qui se sont mises au régime, et 12% qui se font vomir, parce que la TV a insufflé cet idéal de minceur. » Les scientifiques ont observé le même phénomène pour la consommation de tabac et d’alcool… Non contente de pourrir les esprits, la télévision putréfie également les corps et exténue les organismes : Si l’on enlève la télévision à un adolescent, il gagne ainsi une heure de sommeil par nuit. Une étude canadienne a d’autre part montré que l’introduction de la TV dans une zone enclavée qui n’y avait pas accès a diminué de 30 à 40% la fréquentation des installations sportives et culturelles, dont les bibliothèques.
La télévision agit donc comme une drogue dure et particulièrement nocive. Elle ronge les âmes et les corps mais elle entraîne également une addiction sévère chez ses consommateurs (l’immense majorité d’entre eux). Pour Desmurget, il n’existe qu’une seule solution pour s’en sortir : Se débarrasser de sa télévision, la fracasser sur l’autel de la consommation et de la manipulation ! A vos masses !
François-Xavier Rochette. »