Par Philippe Delbauvre
Après réflexions, je ne pense
pas que le mode de gouvernement soit essentiel au sens où il ne constitue pas
l’essence de la cité. Il ne s’agit que d’un moyen, d’une cause, dont on ne peut
pour autant négliger les conséquences. Fatalement, suivant le modèle
constitutionnel choisi, la vie au sein de la communauté en sera nettement
affecté : le sujet méritait donc d’être posé.
A titre d’exemple et pour
prendre des exemples exclusivement issus de la république française, les
troisième, quatrième et cinquième république, de part leur contenu juridique
différent, ont eu des conséquences majeures sur la vie politique des Français
des différentes périodes concernées. L’instabilité gouvernementale de la
quatrième république et la solidité de la cinquième ne sont pas la conséquence
des acteurs politiques ou du corps électoral, mais bien de la constitution de
ces deux républiques. On peut conjecturer aussi que si l’on maintenait la
cinquième république en l’état, tout en introduisant la proportionnelle
intégrale pour les élections législatives, la vie politique en serait nettement
affecté et par répercussion, le quotidien des Français.
Je ne suis pas favorable au
suffrage universel et ce pour plusieurs raisons.
1/ Dans une telle structure,
les politiques pratiquent la surenchère auquel le corps électoral succombe.
2/ Les problèmes auxquels
sont confrontés tant la France que l’Europe sont tellement complexes
(géopolitique, finance internationale) que le corps électoral ne dispose pas de
la compétence requise afin de pouvoir s’exprimer avec lucidité. Paradoxalement,
on demande via le vote de se prononcer sur des problématiques pointues, mais on
ne leur demande pas de quelle couleur ils souhaitent voir leur immeuble repeint
ou ce que l’on fera du terrain vague situé à proximité.
3/ Le suffrage universel,
parce qu’il donne des résultats variés, empêche la nécessaire continuité de la
politique suivie, ce qui semble pourtant nécessaire.
En toute logique, le suffrage
universel présuppose un investissement au quotidien et d’importance qui a trait
à la connaissance pointue de l’actualité. Or, militants mis à part (et encore),
les Français ne font pas ce nécessaire effort intellectuel et culturel, ce qui
les rend malléables à la démagogie. De surcroît, le phénomène médiatique, notamment
via la télévision qui est essentielle lors des échéances politiques, accorde le
primat de la petite phrase, du contenant sur le contenu, bref de l’apparence.
En ce qui me concerne, j’ai
une prédililection pour une gouvernance de type héréditaire basée sur des
principes juridiques solides afin qu’il n’y ait pas d’accrcos en cas de
problèmes. Ce type de constitution permet la continuité historique, limite les
ambitions personnelles et formate dès l’enfance le futur souverain. Elle a
aussi le mérite de court-circuiter la partitocratie qui est facteur de
divisions, nuisibles et quelquefois factices sachant que des structures
présentées comme opposées partagent en réalité l’essentiel. A titre d’exemple,
il existe quelquefois plus de différences aujourd’hui entre deux structures
d’extrême droite qu’entre les partis situés de la gauche du parti socialiste à
la droite de l’Ump.
Bien évidemment, les parties
ne sont pas uniquement concernés dans leur mise au pas par une structure
héréditaire et autoritaire. Il en va de même pour tous les lobbies, à commencer
par ceux qui ont trait à l’économie, dont les objectifs sont bien souvent
contraire à l’intérêt national.
Je ne postule pas que ce que
j’ai affirmé ainsi que le choix que j’ai fait doive être nécessairement
rattaché au Bien et au Vrai, mais je vous ai livré mon point de vue sur le
sujet.