VIA PREFERENCE NATIONALE
Vendredi 11 novembre se déroulait la 5e journée de Synthèse
nationale. Il était question cette année de la candidature de Carl Lang à la
présidentielle et d’une réflexion sur l’action sociale des nationalistes. De
quoi marquer des différences de position entre les militants s’estimant de
droite et ceux cherchant une voie plus socialisante.
Carl Lang, candidat de l'UDN, prononce le discours de
clôture de la 5e journée de Synthèse nationale. © Julien Licourt
La Synthèse nationale, organisée par la revue du même nom,
s’impose comme le carrefour automnal des nationalistes radicaux. L’an dernier,
la succession de Jean-Marie Le Pen à la tête du Front national (FN) était dans
toutes les têtes. Même celles de responsables politiques, qui, pour bon nombre,
ont fait partie du Front à un moment ou un autre de leur parcours, avant de le
quitter, déçus par le changement de ligne. De fait, tous avouaient leur
préférence pour Bruno Gollnisch. Avec le résultat que l’on sait en janvier
dernier.
«Traîtres à la patrie française»
Preuve que le Front national est toujours la référence
incontournable de l’extrême droite, Carl Lang, candidat de l’Union de la droite
nationale (UDN), s’en est violemment pris à son ancien parti et sa présidente,
se gardant néanmoins de les nommer. «La France et l’Europe ne sont pas terre
d’Islam, a expliqué le président du Parti de la France (PdF), brandissant d’une
main sa carte d’identité et de l’autre le Coran. […] Quand j’entends dans ce
domaine l’hypocrisie, l’irresponsabilité, le double langage, la démagogie, d’un
certain nombre de politiciens français, qui voudraient nous faire croire [que
les] valeurs de la République, autour des notions de citoyenneté républicaine,
ou de laïcité républicaine, […] allaient nous préserver de la révolution islamique
ou de la colonisation islamique, s’ils vous disent cela, Mesdames et Messieurs,
ils vous mentent. […] Ceux qui vous font croire que la laïcité et la
citoyenneté serraient un bouclier contre l’islamisation de notre société sont
des traîtres à la patrie française.»
Dans un discours volontairement catastrophiste, le président
du Parti de la France a également déclaré que le pays «était au bord de la
débâcle». Un avis partagé par le chef de file des courants néo-païens, Pierre
Vial qui a annoncé que l’on allait assister à une «série d’explosions en
chaînes». Le ton grave, le président de Terre et Peuple a cependant estimé que
la voie du succès passerait par un ébranlement du système. «C’est peut-être sur
les ruines du monde pourri sur lequel nous sommes que nous pourrons bâtir un
monde nouveau», a t-il dit. Revendiquant une lecture «ethno politique», M. Vial
a exhorté ses troupes à un combat qui a désormais «une dimension européenne».
Ni droite, ni gauche, fasciste
Alors que Carl Lang continue de se revendiquer de la vraie
droite, la table ronde précédente, consacrée au social, a présenté un discours
sensiblement différent. Etaient présents Sébastien Magnificat (CasaPound),
Gabriele Adinolfi (fondateur de la Casapound) , Serge Ayoub (Troisième voie),
Pasal Cornet (Nation, Belgique) et enfin André Gandillon (Militant).
Sébastien Magnificat, de la CasaPound, mouvement italien
basé dans un squat romain, a pu ainsi en expliquer la stratégie, qui ressemble
étrangement en certains points à ce que l’on peut trouver en France, mais
pratiqué par l’extrême gauche. A savoir le squat d’immeubles, des actions pour
reloger des familles, l’entraide grâce à des bénévoles sympathisants de la
cause, proximité avec le milieu de la culture, de groupes de rock. A une
différence près, celui-ci explique que le positionnement politique de son
mouvement n’est «ni de droite, ni de gauche, c’est le fascisme». M. Magnificat
explique ainsi que la CasaPound (selon lui forte de 2000 militants et
compterait 10000 sympathisants) a laissé tomber le folklore et la nostalgie du
passé pour se tourner vers «un fascisme du troisième millénaire». Il souhaite,
à travers son mouvement, reprendre «ce qui n’a pas été dans le fascisme pour le
changer».
Solidarisme
Une expérience qui intéresse le leader de Troisième voie,
Serge Ayoub. Même si celui-ci estime que «le fascisme est une idéologie
italienne, pas française» et ne fait donc pas partie «des références» qu’il
utilise, mais qu’il dit néanmoins comprendre. Il concède par exemple, «trouver
très bien la République sociale italienne». Si l’on attend toujours le
programme que Troisième voie souhaite mette en œuvre, M. Ayoub explique que le
Front populaire solidariste pratique lui aussi l’entraide et explique avoir
sauvé une entreprise du Nord, à Douai, du dépôt de bilan. Politiquement, Serge
Ayoub a déclaré devant l’assemblée que le nationalisme était de nature
«socialiste». «Si nous sommes des nationalistes, si nous sommes des
socialistes, forcément, nous sommes donc évidemment des antilibéraux. Le symbole
vivant du libéralisme c’est la droite. Nous ne pouvons plus donc être d’extrême
droite, être à l’extrême d’une droite que nous combattons.»
Sabotages
Les organisateurs de la manifestation ont par ailleurs fait
part de menaces reçues au cours de la semaine. A la fin de la journée, Robert
Spieler, responsable de la Nouvelle Droite Populaire, a ainsi lu deux mails
envoyés par une mystérieuse «Organisation de défense juive», au propriétaire du
Forum de Grenelle, où se tenait la réunion. Elle y revendique les «sabotages
successifs [des] serrures ainsi que les tags, fait dans la nuit de lundi à
mardi et de jeudi à vendredi», entendant protester contre un «congrès […]
regroupant la crème des négationnistes et antisémites», assurant qu’il «n’aura
pas lieu, quelqu’en soit le prix à payer». Mais en fin de compte, la journée
s’est déroulée sans incident. Dans son allocution, Robert Spieler s’est
également étonné de l’absence d’Yvan Blot, haut fonctionnaire ayant appartenu
par le passé au FN et au MNR. «Étrangement le ministère auquel il appartient a
prolongé sa mission à Londres», s’est contenté de commenter le patron de la
NDP.
Parmi les stands présents cette année, on pouvait compter
celui du GUD/Jeunesses nationalistes, de Terre et Peuple, de L’Union de la
droite nationale, des journaux Rivarol et Militant, du Front comtois, des
Belges de Nation et enfin de Troisième voie qui en plus d’avoir un stand,
gérait le bar et la sécurité de cette rencontre. Parmi les invités remarqués,
signalons la présence de Pierre Sidos et d’Yvan Benedetti de l’Œuvre française.
Julien Licourt et David Doucet