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samedi 19 novembre 2011

L’avenir du nationalisme fait débat à la synthèse nationale

VIA PREFERENCE NATIONALE




Vendredi 11 novembre se déroulait la 5e journée de Synthèse nationale. Il était question cette année de la candidature de Carl Lang à la présidentielle et d’une réflexion sur l’action sociale des nationalistes. De quoi marquer des différences de position entre les militants s’estimant de droite et ceux cherchant une voie plus socialisante.

Carl Lang, candidat de l'UDN, prononce le discours de clôture de la 5e journée de Synthèse nationale. © Julien Licourt

La Synthèse nationale, organisée par la revue du même nom, s’impose comme le carrefour automnal des nationalistes radicaux. L’an dernier, la succession de Jean-Marie Le Pen à la tête du Front national (FN) était dans toutes les têtes. Même celles de responsables politiques, qui, pour bon nombre, ont fait partie du Front à un moment ou un autre de leur parcours, avant de le quitter, déçus par le changement de ligne. De fait, tous avouaient leur préférence pour Bruno Gollnisch. Avec le résultat que l’on sait en janvier dernier.
«Traîtres à la patrie française»

Preuve que le Front national est toujours la référence incontournable de l’extrême droite, Carl Lang, candidat de l’Union de la droite nationale (UDN), s’en est violemment pris à son ancien parti et sa présidente, se gardant néanmoins de les nommer. «La France et l’Europe ne sont pas terre d’Islam, a expliqué le président du Parti de la France (PdF), brandissant d’une main sa carte d’identité et de l’autre le Coran. […] Quand j’entends dans ce domaine l’hypocrisie, l’irresponsabilité, le double langage, la démagogie, d’un certain nombre de politiciens français, qui voudraient nous faire croire [que les] valeurs de la République, autour des notions de citoyenneté républicaine, ou de laïcité républicaine, […] allaient nous préserver de la révolution islamique ou de la colonisation islamique, s’ils vous disent cela, Mesdames et Messieurs, ils vous mentent. […] Ceux qui vous font croire que la laïcité et la citoyenneté serraient un bouclier contre l’islamisation de notre société sont des traîtres à la patrie française.»

Dans un discours volontairement catastrophiste, le président du Parti de la France a également déclaré que le pays «était au bord de la débâcle». Un avis partagé par le chef de file des courants néo-païens, Pierre Vial qui a annoncé que l’on allait assister à une «série d’explosions en chaînes». Le ton grave, le président de Terre et Peuple a cependant estimé que la voie du succès passerait par un ébranlement du système. «C’est peut-être sur les ruines du monde pourri sur lequel nous sommes que nous pourrons bâtir un monde nouveau», a t-il dit. Revendiquant une lecture «ethno politique», M. Vial a exhorté ses troupes à un combat qui a désormais «une dimension européenne».
Ni droite, ni gauche, fasciste

Alors que Carl Lang continue de se revendiquer de la vraie droite, la table ronde précédente, consacrée au social, a présenté un discours sensiblement différent. Etaient présents Sébastien Magnificat (CasaPound), Gabriele Adinolfi (fondateur de la Casapound) , Serge Ayoub (Troisième voie), Pasal Cornet (Nation, Belgique) et enfin André Gandillon (Militant).

Sébastien Magnificat, de la CasaPound, mouvement italien basé dans un squat romain, a pu ainsi en expliquer la stratégie, qui ressemble étrangement en certains points à ce que l’on peut trouver en France, mais pratiqué par l’extrême gauche. A savoir le squat d’immeubles, des actions pour reloger des familles, l’entraide grâce à des bénévoles sympathisants de la cause, proximité avec le milieu de la culture, de groupes de rock. A une différence près, celui-ci explique que le positionnement politique de son mouvement n’est «ni de droite, ni de gauche, c’est le fascisme». M. Magnificat explique ainsi que la CasaPound (selon lui forte de 2000 militants et compterait 10000 sympathisants) a laissé tomber le folklore et la nostalgie du passé pour se tourner vers «un fascisme du troisième millénaire». Il souhaite, à travers son mouvement, reprendre «ce qui n’a pas été dans le fascisme pour le changer».
Solidarisme

Une expérience qui intéresse le leader de Troisième voie, Serge Ayoub. Même si celui-ci estime que «le fascisme est une idéologie italienne, pas française» et ne fait donc pas partie «des références» qu’il utilise, mais qu’il dit néanmoins comprendre. Il concède par exemple, «trouver très bien la République sociale italienne». Si l’on attend toujours le programme que Troisième voie souhaite mette en œuvre, M. Ayoub explique que le Front populaire solidariste pratique lui aussi l’entraide et explique avoir sauvé une entreprise du Nord, à Douai, du dépôt de bilan. Politiquement, Serge Ayoub a déclaré devant l’assemblée que le nationalisme était de nature «socialiste». «Si nous sommes des nationalistes, si nous sommes des socialistes, forcément, nous sommes donc évidemment des antilibéraux. Le symbole vivant du libéralisme c’est la droite. Nous ne pouvons plus donc être d’extrême droite, être à l’extrême d’une droite que nous combattons.»
Sabotages

Les organisateurs de la manifestation ont par ailleurs fait part de menaces reçues au cours de la semaine. A la fin de la journée, Robert Spieler, responsable de la Nouvelle Droite Populaire, a ainsi lu deux mails envoyés par une mystérieuse «Organisation de défense juive», au propriétaire du Forum de Grenelle, où se tenait la réunion. Elle y revendique les «sabotages successifs [des] serrures ainsi que les tags, fait dans la nuit de lundi à mardi et de jeudi à vendredi», entendant protester contre un «congrès […] regroupant la crème des négationnistes et antisémites», assurant qu’il «n’aura pas lieu, quelqu’en soit le prix à payer». Mais en fin de compte, la journée s’est déroulée sans incident. Dans son allocution, Robert Spieler s’est également étonné de l’absence d’Yvan Blot, haut fonctionnaire ayant appartenu par le passé au FN et au MNR. «Étrangement le ministère auquel il appartient a prolongé sa mission à Londres», s’est contenté de commenter le patron de la NDP.

Parmi les stands présents cette année, on pouvait compter celui du GUD/Jeunesses nationalistes, de Terre et Peuple, de L’Union de la droite nationale, des journaux Rivarol et Militant, du Front comtois, des Belges de Nation et enfin de Troisième voie qui en plus d’avoir un stand, gérait le bar et la sécurité de cette rencontre. Parmi les invités remarqués, signalons la présence de Pierre Sidos et d’Yvan Benedetti de l’Œuvre française.

Julien Licourt et David Doucet