VIA EUROPE MAXIMA
Un mot nouveau, le plus souvent critiqué dans les médias, a fait son apparition : la démondialisation.
Selon Pascal Lamy, socialiste carriériste à l’O.M.C. baignant dans le
libre échangiste anglo-saxon, style Dominique Strauss-Kahn et Christine
Lagarde, la démondialisation est un concept réactionnaire (1). Les
droits de douane nourriraient la xénophobie et le nationalisme, bref, la
démondialisation ne serait rien d’autre que « l’horreur
national-protectionniste ».
Quant
à Patrick Artus, suite aux fonctions rémunérées qu’il exerce chez dans
le Système, il n’est pas à une contradiction près ! Après avoir écrit Globalisation, le pire est à prévoir (2), il pense désormais qu’il serait fou de « refuser la mondialisation » (3).
Frédéric
Lordon (4), lui, se demande, à juste titre, si la Chine dont le salaire
mensuel moyen est de 150 euros, ne deviendra pas à son tour victime de
délocalisation au Vietnam, au salaire moitié moindre de 75 euros !… à
moins que la mondialisation ne connaisse un rebond en direction du
continent africain « encore entièrement à enrôler et qui cassera tous
les prix ». Il s’interroge aussi pour savoir si les rapports entre les
nations doivent se concevoir sous l’exclusive perspective de la
marchandise et constate que les libéraux lessivent les entendements au
point de faire oublier qu’entraver un peu la circulation des conteneurs
et des capitaux n’interdit nullement de « promouvoir la plus grande
circulation des œuvres, des étudiants, des artistes, des chercheurs, des
touristes, comme si la circulation marchande était devenue la jauge
exclusive du degré d’ouverture des nations (5) ».
Avec
la même approche que le Prix Nobel Maurice Allais, je suis intervenu
plusieurs fois dans tous mes ouvrages (6) et de multiples chroniques
pour montrer que le libre échange mondialiste était en fait un véritable
suicide économique de l’Occident orchestré par les sociétés
multinationales. Ce qui est bon pour les entreprises multinationales est
de plus en plus nuisible aujourd’hui pour les États-Unis (taux de
chômage réel de 17,2 %) et les salariés européens qui perdent leurs
emplois industriels ! Un protectionnisme européen salvateur, afin de
garder les économies d’échelle compétitives que ne peut offrir un espace
national, s’imposera donc lors des révolutions nationales à venir !
L’Union européenne n’est aujourd’hui qu’un agent de la décadence
industrielle et de la mondialisation, « un sas de décompression » selon
Régis Debray, au service des entreprises multinationales avec des
conséquences gravissimes pour les peuples européens :
désindustrialisation, précarisation, perte de « savoir faire »
industriel, paupérisation, déqualification des emplois, développement
des services à la personne sans aucun intérêt technologique, perte
d’identité et immigration extra-européenne.
Au-delà
du dogme libre échangiste mondialiste, il est possible de concevoir une
économie mondiale avec plusieurs espaces autarciques autocentrés et des
flux d’échanges maîtrisés entre ces espaces. La
démondialisation correspond au simple bon sens de nos pères et à la
nécessité de défense urgente, de survie identitaire et économique des
peuples européens !
Marc Rousset
Notes
1 : Éditorial, dans Le Monde, 1er Juillet 2011.
2 : Patrick Artus et Marie-Paule Virard, Globalisation, le pire est à prévoir, La Découverte, 2008, 166 p.
3 : Patrick Artus, « Ce n’est pas le moment de refuser la mondialisation », dans Flash Économie – Natixis, n° 472, 21 juin 2011.
4 : Frédéric Lordon, dans Le Monde Diplomatique, août 2011, p. 8.
5 : Ibid., p 9
6 : dont Marc Rousset, La Nouvelle Europe Paris – Berlin – Moscou, Éditions Godefroy de Bouillon, 2009, pp. 47 et 65.